Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 272
Résumé : Il est possible de mesurer une distance à l'aide d’un pouce, d’un pied ou d’un pas. Ces mêmes outils permettent de déterminer la taille d'un objet. Et un objet peut en mesurer un autre. Tout dépend de la référence et de la cohérence avec laquelle on utilise ces outils. Nombreuses sont les références. Nombreux les outils. Toutefois il existe certaines choses dont la règle de mesure est unique. En voilà une : l'être d'une personne. Cette règle est immatérielle. L'être humain se mesure par la série de changements qui s'opèrent tout au long de sa vie.
Un grand merci à Yann Français pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
« Combien est courte et misérable la vie de l’homme qui s’adonne à l’oisiveté ! Cajolé par la moleté de ses coussins et par la douceur des caresses de ses filles de joie ; sirotant les vins les plus capiteux ; avalant les meilleurs mets sans jamais prendre le temps de mâcher ; le malheureux ne se rend pas compte que tous ces plaisirs dorénavant acquis, instantanés et constants, l’enchainent à sa fonction dont le seul but est de faire honneur de sa présence à ses différents sujets. »
Tous les éditeurs vous le diront : ils n’ont jamais reçu autant de manuscrits que depuis le premier confinement. Selon les sondages, un français sur dix aurait en effet profité de cette période pour se plonger dans l’écriture d’un roman. Mais combien d’eux se sont posé cette question cruciale : pourquoi, pour qui écrivent-ils ? Pour eux-mêmes, ou pour un lectorat ? Ecrivent-ils ce qui leur plait à eux, ou ce qui pourrait plaire à un lecteur ? Car ce n’est pas la même chose. Bien sûr, un des conseils (que je considère personnellement un peu bateau) généralement donné aux jeunes auteurs, c’est d’écrire le livre qu’ils aimeraient lire … mais la réalité, c’est que quand on écrit avec une visée éditoriale, il faut tout de même avoir en tête les attentes plus ou moins inconscientes du lecteur ciblé. Les gouts du plus grand nombre, et pas uniquement les siens. Et c’est sans doute parce que, grisés par la redécouverte de l’écriture, trop peu ont oublié cette étape fondamentale que les maisons d’édition déclarent se retrouver submergées de manuscrits « impubliables ». Ils ont sans nul doute joué leur rôle libérateur pour l’auteur, mais ils ne sont pas destinés à atterrir entre les mains d’un quelque lecteur. Et c’est très bien ainsi : il faut de tout pour faire un monde, y compris littéraire !
Il y a plusieurs années de cela, Keylan n’était qu’un mercenaire comme tant d’autres. Après avoir vaillamment débarrassé le royaume Hurk des barbares qui le menaçait, après la lutte meurtrière pour le trône qui déchira la noblesse, Keylan est propulsé au pouvoir par le peuple qui l’estimait et le respectait. Mais cette maudite couronne posée sur sa tête, ce maudit trône sur lequel reposait son derrière, eurent raison de sa vigueur et de sa joie de vivre : il ne reste plus de lui qu’un roitelet apathique qui se prélasse dans ses jardins tantôt que son royaume va à veau l’eau. Toutefois, lorsqu’un démon polymorphe usurpe son trône et son identité, Keylan n’a d’autre choix que de renouer avec l’action : il doit à tout prix débarrasser le pays de ces hommes-serpents qui n’attendent rien de mieux que d’asservir puis de décimer l’espèce humaine ! Se laissant guider par Ina la sorcière, secondé par ses anciens compagnons d’armes et par de nouveaux alliés, l’ancien-roi compte bien reconquérir son trône. Mais à qui faire confiance, quand vos ennemis peuvent à tout instant revêtir les traits de vos amis ? A qui se fier, quand le monde n’est plus qu’illusions et trahisons ?
Vous vous demandez sûrement le pourquoi du comment de mon introduction : quel rapport entre cette déferlante de manuscrits et le présent roman ? C’est bien simple : je pense qu’écrire ce roman a fait énormément de bien à son auteur, que celui-ci a pris plaisir à coucher sur le papier les (més)aventures de son héros Keylan … mais je pense aussi que ce roman n’est soit pas prêt, soit pas fait pour être édité et proposé « au grand public ». En tant que lectrice, je n’y ai pas forcément trouvé mon compte : l’intrigue n’avait pas de réelle consistance à mes yeux, je ne parvenais pas à déterminer quels en étaient les enjeux et la finalité, et je me demandais quel était le sens de cette histoire. Je suis finalement restée très détachée du récit : que Keylan parvienne ou non à reconquérir son trône et à débarrasser le royaume des hommes-serpents ne m’importait pas le moins du monde, je n’arrivais vraiment pas à me sentir véritablement concernée par cette quête. Je pense que c’est parce que, malgré tous mes efforts, je n’ai pas réussi à m’attacher le moins du monde à ce roi déchu, ni même à aucun autre personnage secondaire … alors qu’ils sont très (trop) nombreux !
Tout n’est pourtant pas mauvais dans ce récit : il y avait des idées pleines de potentiel. Mais l’ensemble manque de maturité : les personnages ne sont pas suffisamment construits et n’attirent donc ni la sympathie ni l’antipathie, les rebondissements sont tantôt trop prévisibles tantôt trop incongrus, les dialogues ne sont pas assez vivants et manquent de naturel … On a vraiment le sentiment de se retrouver en présence d’un premier jet qui n’a pas été relu et non d’un roman pleinement abouti ayant subi les cinq ou six relectures et réécritures qui s’imposent. Prenez le rythme, par exemple : tantôt il ne se passe rien de très palpitant, ça traine en longueur, et tantôt il se passe tellement de choses que le lecteur est complétement perdu sous cette déferlante de rebondissements pas toujours bien narrés. Car si la plume n’est pas « mauvaise », elle manque elle aussi de travail : beaucoup de répétitions, des termes parfois trop « simplistes » et parfois trop « soutenus », et surtout beaucoup de fautes d’orthographe et d’erreurs de syntaxe … Tout ceci alourdit considérablement la lecture, et empêche le lecteur de se concentrer véritablement sur l’histoire.
D’autant plus que cette dernière avait visiblement vocation à proposer un double sens de lecture : le premier centré exclusivement sur l’aventure, le second plus philosophique. C’est d’ailleurs ce deuxième aspect que j’espérais trouver en lisant la quatrième de couverture, mais je suis quelque peu restée sur ma faim. Alors certes, nous voyons bien que toute cette affaire a obligé ce roi indolent et suffisant à reprendre sa vie en main et à retrouver un sens à son existence, mais ce n’est pas assez approfondi pour que ça soit une évolution vraiment marquante. C’est beaucoup trop brutal pour être convainquant : ça lui tombe du ciel comme une révélation mystique, et poum, il redevient soudainement l’ancien-lui … J’aurai préféré quelque chose de plus subtil, car on ne comprend finalement pas ce qui a déclenché ce brusque bouleversement en lui ! De même, même si c’est une construction que j’aime énormément, je n’ai pas réussi à saisir l’intérêt des petites « introductions » qui ouvrent chaque chapitre. Sur le coup, c’est tellement métaphysique que je n’ai absolument pas compris ce que ces poèmes ou ces envolées lyriques signifiaient, et j’ai encore moins saisi leur lien avec l’histoire. C’est dommage, car je pressens que l’auteur avait des tas de choses à dire, mais la forme a noyé le message !
En bref, vous l’aurez bien compris, même si ça m’attriste de l’écrire car je n’aime pas faire de la peine aux auteurs qui m’envoient leurs ouvrages, ce roman n’a pas su me convaincre. Il y avait indéniablement de bonnes idées, mais elles n’ont pas été exploitées à leur maximum. Pour tout avouer, à un moment donné, j’ai été tenté d’enlever ma casquette de chroniqueuse pour enfiler celle de béta-lectrice, car j’ai plus eu le sentiment de me retrouver face à un premier jet « brut » qu’à un roman, et c’est là tout le problème, finalement. Il y a assurément de quoi offrir au lecteur une épopée captivante et haletante, à condition de retravailler en profondeur le fond et la forme : rendre les personnages plus profonds, éviter les descriptions à rallonge pour mieux se concentrer sur le déroulé des actions, redonner du peps aux dialogues, et surtout, surtout, corriger et faire corriger pour éviter les grosses fautes d’orthographe et les formulations grammaticalement incorrectes. Ne pas se précipiter pour éditer, même si je comprends aisément cette fougue et cette impatience, mais prendre le temps de laisser murir cette historie qui a du potentiel ! Tout comme un sculpteur repasse plusieurs fois au même endroit pour que chaque millimètre soit parfait, l’auteur doit repasser plusieurs fois sur chaque passage pour l’affiner le plus possible et le faire briller de mille feux !
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