mercredi 24 février 2021

L'infinuit, tome 1 - Ross MacKenzie

L’infinuit, tome 1, Ross MacKenzie

 Editeur : Auzou

Nombre de pages : 380

Résumé : Au royaume d'Argent, c'est la redoutable Mme Hester qui règne, accompagnée de ses mages blancs et du terrifiant Jack Dombre. Elle est à la recherche du Dernier Sort, qui lui permettra de contrôler la malédiction de l'Infinuit et de vaincre les derniers sorciers libres... Larabelle, orpheline, vit dans les quartiers pauvres et vend des objets trouvés dans les égouts pour survivre. Lorsque de mystérieux événements se multiplient autour d'elle, la jeune fille est loin d'imaginer qu'elle est peut-être la seule à pouvoir contrecarrer les plans de Mme Hester.

 Un grand merci aux éditions Auzou pour l’envoi de ce volume.

 

- Un petit extrait -

« Les livres sont des objets magiques, lui dit Bernie. Pas besoin de baguette ou de chaudron. C’est une magie différente, bien sûr. Elle est contenue dans les pages, les mots. Une bonne histoire se fraye un chemin à l’intérieur de toi, elle fait partie de toi et te change en profondeur.  »

- Mon avis sur le livre -

 Les adultes, qui semblent souvent oublier qu’ils ont été des enfants avant d’être « des grands », ont également oublié la véritable raison pour laquelle les enfants aiment tant les contes : c’est que ces derniers ont en eux une certaine noirceur qui fait naitre de délicieux frissons, entre effroi et exaltation. Les enfants aiment jouer à se faire peur : c’est pour cela qu’ils aiment tant s’aventurer dans les sous-bois les plus sombres, c’est pour cela qu’ils s’amusent tant à approcher les demeures inhabitées et probablement hantées. Et c’est pour cela qu’ils aiment les histoires qui font peur – pas trop, mais juste assez pour retrouver ce petit frisson qui annonce une véritable Aventure avec un grand A. Heureusement pour eux, les auteurs sont des adultes qui ont gardé en eux une petite part d’enfant : ils n’ont donc pas oublié cet amour enfantin pour les aventures un tantinet effrayantes, et s’efforcent subtilement de leur en offrir … sans inquiéter les parents qui ont quant à eux oublié à quel point c’est amusant d’avoir un petit peu peur en suivant les aventures d’un héros de papier !

Comme tant d’autres enfants et adolescents du bidonville, Larabelle Goupil, treize ans et orpheline, doit passer ses journées à glaner dans les égouts pour gagner sa pitance : les bons jours, elle trouve suffisamment de pièces de monnaie ou de petits objets à revendre pour se payer un repas chaud. Un jour, elle met la main sur une drôle de boite, à l’intérieur de laquelle se cache un magnifique petit oiseau mécanique qui s’anime en sa présence. La jeune fille n’a aucun moyen de le deviner, mais elle vient de trouver le sort le plus puissant du monde, celui que la terrifiante et cruelle Mme Hester recherche avidement, car il lui permettra de contrôler la malédiction de l’Infinuit qu’elle s’apprête à jeter sur le royaume pour se débarrasser une bonne fois pour toute des derniers sorciers libres qui menacent sa toute-puissance. Traquée par l’horrifiant Jack Dombre, djinn au service de Mme Hester, la petite Larabelle va découvrir qu’elle n’est pas tout à fait comme les autres enfants, et qu’elle est peut-être l’unique personne à pouvoir sauver le monde tout entier …

Cela faisait bien longtemps qu’un livre ne m’avait pas fait cet effet : le sentiment de renouer avec la petite fille que j’étais, cette petite fille qui cachait un roman et une lampe de poche sous son oreiller pour pouvoir continuer sa lecture en pleine nuit, car c’est délicieusement plus angoissant de lire une histoire un tantinet effrayante quand tout le monde est endormi, quand le vent souffle et que la lune scintille. Car dans ce roman, j’ai retrouvé tout ce qui me faisait vibrer lorsque j’étais enfant, tout ce qui me faisait rêver et frissonner à la fois. Tout commence avec « un homme taillé dans l’étoffe même de la nuit » : ces premiers mots ont suffi à faire s’emballer mon petit cœur, à me donner la chair de poule car je sentais que ce livre allait me faire (re)vivre une aventure comme je n’en avais plus vécu depuis bien des années. Car en quelques phrase sà peine, le tour est joué : le lecteur est totalement, complétement, absolument happé par cette histoire à la fois haute en couleurs et particulièrement sombre. Et c’est justement dans ce paradoxe que se cache toute la richesse, toute la profondeur de ce récit qui ravira les petits comme les grands ! Il ne faut en effet pas se laisser tromper par la classification jeunesse de ce roman : il y a clairement de quoi intéresser les adultes dedans !

Car ce roman, c’est bien plus qu’une histoire aux allures de conte de fées, aux airs de récits d’aventure, c’est aussi une quête initiatique qui conduit la jeune Lara à se questionner : qu’est-ce que l’âme humaine ? Qu’est-ce qui  nous différencie de notre voisin, qu’est-ce qui nous rend pleinement unique, qu’est-ce qui nous anime, qu’est-ce qui nous rend pleinement vivant ? Qu’est-ce qui nous rend libre de faire nos propres choix, de suivre notre propre voix ? La jeune orpheline va ainsi apprendre à penser par elle-même, à ne plus croire aveuglément à tout ce qu’on lui a toujours dit, à ne plus prendre comme argent comptant tout ce qu’on veut lui faire croire. Elle va prendre conscience de la complexité de la vie, de sa beauté et de sa fragilité aussi. C’est un roman qui évoque aussi la peur de la différence, le réflexe qu’a l’être humain de mettre à l’écart ceux qui ne sont pas comme lui, cette banalisation de l’exclusion, de la discrimination et de la haine. De bien tristes réalités que ce récit illustre sans en avoir l’air, à travers la « traditionnelle » chasse aux sorcières. « Ca arrange le royaume qu’on ait peur les uns des autres. Quand les gens ont peur, c’est facile de les contrôler » … réflexion fort sage de la petite Lara que le lecteur va méditer sans même s’en rendre compte.

Car le lecteur est avant tout happé par l’histoire ! Elle peut paraitre un peu simpliste au premier abord, elle peut paraitre un peu manichéenne au premier abord, mais elle n’en reste pas moins admirablement palpitante et captivante. On se prend vite d’affection pour la petite Lara, cette gamine qui a fui l’orphelinat et qui a pris sous son aile un autre petit gamin des rues, qui se retrouve bien malgré elle entrainée dans une formidable épopée pour sauver le royaume tout entier ! Alors bien sûr, on pourrait lever les yeux au ciel en se disant « et voilà, encore une orpheline crasseuse qui découvre qu’elle est l’élue destinée à tous les sauver », mais on est juste tellement charmé par les (més)aventures de notre petite héroïne qu’on n’y pense même pas une seule seconde ! Il faut dire que le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer : il n’y a aucun temps mort, aucune longueur, aucune description ou explication inutile. On a vraiment le sentiment de vivre cette incroyable aventure avec Lara, on a le cœur qui s’emballe, on a les yeux qui pétillent … On tremble quand l’Infinuit recouvre le royaume en chassant toute lumière et toute joie, on exulte quand Lara réalise son tout premier sort, on pleure quand elle s’apprête à tout risquer pour le bien de tous …

En bref, vous l’aurez bien compris, je suis totalement conquise par ce premier tome qui nous invite à faire la connaissance d’une jeune héroïne vraiment attachante, qui nous invite à découvrir un univers haut en couleur qu’on a envie d’explorer de fond en comble, qui nous invite à vivre une aventure extraordinaire comme celles qui hantaient nos rêves d’enfants. C’est une histoire qui ravive en nous cette âme et ce cœur d’enfant, une histoire de magie et d’amitié, une histoire où la lumière est toujours plus forte que les ténèbres … mais où les ténèbres sont suffisamment présentes pour nous faire frissonner juste ce qu’il faut pour renouer avec cet émerveillement enfantin pour les contes de fée. J’espère vraiment pouvoir retrouver Lara assez vite, car même si ce tome nous offre une conclusion plus que satisfaisante à l’intrigue, on sent bien qu’il y a encore tellement de choses à vivre avec elle, tellement de choses à découvrir ! Vraiment, si je n’avais qu’un seule conseil à vous donner, c’est de ne pas hésiter une seule seconde : pour vous ou pour les enfants de votre entourage, ce roman a vraiment tout pour plaire ! Et, point non négligeable, la couverture est vraiment absolument sublime, elle brille de mille feux et reflète toute la richesse du récit !

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