Grandir
Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 498
Résumé : Imaginez un monde où ni la pauvreté, ni la
guerre, ni les livres n’existeraient plus. Le technomonde. Imaginez un lieu
hors du temps, qui abriterait tous les rêves de l’humanité. La Bibliothèque.
Imaginez que ces deux univers se rencontrent. A 10 ans, Emilie est choisie pour
devenir la nouvelle Bibliothécaire. Elle a le pouvoir d’entrer dans les rêves,
et de les vivre comme s’ils étaient réels. Son premier livre la conduira sur
une voie semée d’embûches, de magie et de doutes. L’accompagnerez-vous ?
Un grand merci à Pauline
Deysson pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Je ne comprends pas pourquoi les hommes sont malheureux. Ils rêvent toutes les nuits de ce qu’ils veulent, et sur Terre ils ont tout ce qu’ils réclament. Que leur manque-t-il ?- C’est une question délicate. Avant, les hommes étaient malheureux pour beaucoup de choses : la laideur, la maladie, la solitude, la mort… Aujourd’hui, je dirais plutôt qu’ils manquent de liberté.- Mais si vous les soignez toutes les nuits ?- Tu oublies qu’ils ne rêvent pas comme nous. Et le meilleur Bibliothécaire de tous les temps reste impuissant si l’âme ne veut pas être soignée.- Cela peut arriver ?- Oui. Certaines âmes sont si tristes qu’elles refusent d’ouvrir les livres que je leur donne. Les plus difficiles à soigner sont celles qui ne savent pas qu’elles sont malheureuses. Elles interprètent tous les rêves de la même manière, et sautent les passages qui les dérangent. Si j’essaye de rêver avec elles, elles m’ignorent ou me contredisent. »
- Mon avis sur le livre -
Pendant des années, je dois bien avouer que
j’étais particulièrement réfractaire à la lecture d’autoédités. J’entendais parler
de romans bourrés de fautes, sans queue ni tête, aux incohérences plus grosses
les unes que les autres … Rien de très rassurant ! Et voilà que La
Bibliothèque arrive dans ma
vie, et que tous ces aprioris négatifs sur l’autoédition s’effacent : ce
premier tome est la preuve en pages et en encres qu’autoédité peut parfaitement
rimer avec qualité. En effet, je ne vais même pas attendre le cœur de la
chronique pour l’annoncer : ce roman a été plus qu’un coup de cœur. Il a
été une révélation, un voyage, une rencontre. Une très belle rencontre, un
merveilleux voyage et une extraordinaire découverte.
Comme tous les enfants du technomonde, à
l’âge de 10 ans, Emilie va passer le Test d’Aptitude pour ainsi recevoir son
Revery, une machine qui lui sera personnellement accordée et qui veillera à son
bien-être quotidien en la guidant et la conseillant. Mais Emilie s’interroge de
plus en plus sur le monde qui l’entoure et refuse de prendre le Revery qui lui
est attribué. Placée dans un Centre d’Apprentissage de l’Aptitude pour palier à
cette résistance, Emilie va longuement hésiter sur la conduite à tenir …
jusqu’à ce qu’une fleur de lys rentre dans sa chambre et la transporte dans la
Bibliothèque. Un lieu où les livres sont des rêves, des songes à faire lire aux
âmes endormies qui viennent chaque nuit s’échapper d’un quotidien peut-être pas
aussi joyeux qu’on ne veut le leur faire croire. Devenue Apprentie
Bibliothécaire, Emilie va ouvrir un premier livre …
Ce livre fera le régal de tous ceux qui,
comme moi, aiment les récits qui ne se cantonnent pas à un genre mais qui au
contraire empruntent allégrement à plusieurs genres. Le lecteur se retrouve
tout d’abord plongé dans un univers dystopique merveilleusement bien construit :
au sein du technomonde, sous couvert de permettre aux technocitoyens d’être
heureux en réalisant le moindre de leur désir, le système enferme ces derniers dans
une vie monotone de loisirs incessants où le libre-arbitre n’a pas sa place.
Abrutis par les jeux vidéo qui constituent leur quotidien, les technocitoyens
suivent aveuglément la masse sans même se rendre compte de ce formatage. Arrive
ensuite une bonne dose de fantasy, avec l’histoire épique de la naissance de la
Bibliothèque, ce lieu où sont créés et distribués les rêves en fonction des
besoins de chaque âme. Et puis, dans l’aventure que vit Emilie lorsqu’elle
ouvre son premier livre, de bonnes doses de fantastiques font leur apparition :
les sirènes, les fées, les nymphes et autres créatures légendaires lui viennent
en aide. Et ce fabuleux mélange fait de ce livre un roman unique en son genre,
une histoire d’une richesse incroyable.
D’autant plus que cet ouvrage possède
également de nombreux éléments le rapprochant du conte philosophique ou du
récit initiatique. L’histoire que nous compte ce joli pavé de presque 500
pages, finalement, ce n’est pas uniquement l’histoire que déroule le premier
livre des rêves ouvert par notre jeune Apprentie Bibliothécaire. Il est bien
plus question de l’épanouissement intérieur d’Emilie, de l’évolution de sa
psyché. Au début du récit, Emilie n’est encore qu’une petite fille :
rebelle et curieuse, insouciante et à la pensée très manichéenne - les choses
sont soit parfaitement bonnes, soit irrémédiablement mauvaises - et optimiste -
le Bien, la bonté, la gentillesse, la joie, triompheront forcément. A la fin du
récit, Emilie est une adolescente qui a non seulement saisi la complexité du
monde et de la nature humaine, mais qui a également pris conscience de la contingence
de la vie tout en ayant ouvert les yeux sur la question du bien, de la liberté,
de l’éthique … De nombreuses pistes de réflexion s’ouvrent alors au lecteur. Suis-je
libre lorsque je réalise mes propres désirs égoïstes ? Dois-je sacrifier
le bonheur des autres pour augmenter le mien ? Quel est le sens de mon
existence ? J’en passe et des meilleures.
J’avoue être particulièrement impressionnée
par l’auteur. En premier lieu, elle a d’excellentes idées : qu’il s’agisse
qu’il s’agisse de ce monde futuriste dominé par la satisfaction éphémère de
désirs passagers jamais réellement assouvis, de cet univers hors du temps et de
l’espace qu’est la Bibliothèque des rêves, ou encore des demeures féériques des
Sirènes, des Fées et des habitants d’Avalon, tout est vraiment très original.
Mais plus spectaculaire encore, elle a réussi à combiner toutes ces idées apparemment
disparates pour former un tout cohérent et harmonieux : le risque, lorsqu’on
a autant d’éléments en tête et qu’on souhaite les réunir en un seul récit, c’est
de ne pas parvenir à les unifier correctement, et que cela deviennent
inintelligible pour le lecteur. Pauline Deysson a su éviter ce piège : pas
une seule fois je ne me suis sentie perdue ou submergée par les informations
distillées progressivement. Il y a des histoires dans les histoires, des
intrigues dans les sous-intrigues, et pourtant, tout s’accorde parfaitement. C’est
vraiment époustouflant !
En bref, l’auteur nous propose avec ce
premier tome un ouvrage merveilleusement bien construit et admirablement bien
écrit (quelle plume ! c’est un vrai plaisir que de lire une narration
aussi belle, aussi fluide, aussi riche !) qui happe le lecteur sans le
laisser reprendre son souffle. De l’action, de l’émotion, de la réflexion, il y
a vraiment de tout dans ce roman qui peut s’avérer un peu compliqué au premier
abord mais dont l’intrigue coule finalement de source. C’est un vrai déchirement
que de quitter tous les personnages rencontrés durant ce premier Livre, mais la
fin est une véritable promesse qui permet au lecteur de surmonter cette
douleur. Depuis que la dernière page s’est tournée, je n’ai plus qu’une seule
hâte : avoir le second tome entre les mains pour marcher aux côtés d’Emilie
dans une nouvelle aventure. Vivement …
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire