Editeur : Albin Michel
Nombre
de pages : 392
Résumé : En 2004, au Texas, Rowan a deux ans quand
les médecins diagnostiquent chez lui une forme rare et violente d'autisme,
laissant ses parents désespérés. Anéantis, les rêves et projets d'une famille
heureuse. Pourront-ils un jour communiquer avec leur enfant ? Seul réconfort
aux crises de Rowan : chevaucher avec son père sur Betsy, une vieille jument.
Une idée folle traverse alors la tête de Rupert Isaacson. Emmener son fils en
Mongolie, l'une des dernières cultures équestres de l'humanité, et un pays où
le chamanisme est toujours très présent, où les rapports entre le corps et
l'esprit ne sont pas les mêmes que dans le monde " civilisé ".
- Un petit extrait -
« J'avais eu accès à quelque chose d'unique - un aperçu de la réflexion de Rowan sur sa propre existence, la vision fugitive, comme à travers une fenêtre, de la vie intérieure d'un enfant autiste. Et cette vie, ce monde, comme ils étaient riches ! »
- Mon avis sur le livre -
Il y a quelques années de cela, maman est
revenue de la bibliothèque municipale avec ce livre … Quelques minutes plus
tard, j’étais affalée sur le canapé en train de le dévorer, littéralement. La
couverture me promettait à la fois un ouvrage sur l’autisme - sujet qui m’intéresse
depuis fort longtemps - et la présence de chevaux - ma passion de toujours. Ce
témoignage m’avait alors terriblement émue, et je m’étais promis de le relire
un jour, à tête reposée. L’ayant trouvé sur les rayonnages de la bibliothèque
spécialisée sur l’autisme que je fréquente depuis quelques mois, j’ai
immédiatement sauté sur l’occasion pour procéder à cette relecture tant
attendue. Autant vous prévenir tout de suite : il m’a tout autant
bouleversée que la première fois, et j’ai toutes les peines du monde à
organiser mes idées pour rédiger cette chronique !
Au premier abord, Rowan était un bébé des
plus agréables à vivre : pas de réveils intempestifs, pas de pleurs
incompréhensibles … Toutefois, plus le temps passait et plus sa maman,
psychologue de formation, s’inquiétait : Rowan ne parlait pas mais
répétait inlassablement les mêmes extraits de dessins animés, il ne pointait
pas du doigt, ne réagissait pas à son prénom. Et puis commencèrent les colères,
des déferlements impromptus et atroces de hurlements de rage et de douleur,
inexplicables et inexpliqués. Peu après avoir fêté le deuxième anniversaire de
Rowan, Rupert et sa femme se retrouvent confrontés au diagnostic :
autisme. Désespérés, prêts à tout pour aider leur enfant à sortir de cet
enfermement, ils vont tenter thérapie sur thérapie, méthode après méthode, sans
le moindre résultat, sans la moindre amélioration … Seul le contact avec Besty, la vieille jument
du fermier voisin, semble apaiser le petit garçon … ainsi que sa brève
rencontre avec des guérisseurs africains. Rupert se met alors à imaginer un
projet fou : emmener Rowan en Mongolie, terre natale du cheval et terre ancestrale
de chamanisme …
Ce livre, c’est avant tout la déclaration d’amour
inconditionnel d’un père à son fils. Un père complétement désemparé, qui n’en
peut plus de voir son fils souffrir et s’enfermer progressivement dans son
propre esprit, qui ne sait pas comment faire pour l’aider, qui n’a aucun moyen
de l’aider à son propre niveau et qui en souffre. Imaginez : cela fait
cinq ans que vous regardez, complétement impuissant, votre enfant se tordre de
douleur, hurler de désespoir, sans que vous ne puissiez rien faire pour lui car
le simple contact le rend plus hystérique encore. N’auriez-vous pas envie,
besoin, de tenter quelque chose, juste pour avoir le sentiment d’être utile, pour
avoir l’impression d’être présent pour ce petit être qui dépend de vous ? Rupert,
lui, ne peut plus rester planté là, à accueillir ces dizaines de thérapeutes
plus ou moins compétents et compatissants qui défilent, à attendre avec crainte
la prochaine éruption de fureur douloureuse de Rowan, à voir cette enfance
volée par cette étrange maladie qui semble n’avoir aucune cause définie … Rupert
aime son fils, voilà ce que montre ce livre en tout premier lieu.
La seconde chose que l’on peut retenir de ce
livre, c’est bien évidemment l’aspect « témoignage d’un papa d’enfant
autiste ». Ce livre montre ainsi l’incompréhension et le désarroi que
connaissent bien des parents face aux premiers signes de l’autisme, ces signes
que même les médecins ne savent pas détecter et reconnaitre. Ces signes qui
diffèrent d’un enfant à l’autre et qui rendent le diagnostic tellement délicat
à établir. Et une fois celui-ci définitivement posé, une nouvelle terrible
question nait : que faire ? Que faire face à cette maladie que l’on
ne guérit pas ? Que faire face à cet enfant que l’on ne comprend pas ?
Comme beaucoup de parents dans cette situation, Rupert et sa femme vont s’en
remettre aux « professionnels », vont laisser leur petit garçon déjà
tellement malmené par la vie entre les mains de thérapeutes aux méthodes plus
ou moins efficaces mais surtout plus ou moins humaines. On entend parler d’énormément
de méthodes basées sur la « sur-stimulation permanente » … Le
problème est que l’autisme rend toute stimulation, même la plus infime, très
douloureuse et très agressive, alors rapidement ils décident de mettre fin à
ces thérapies plus cruelles qu’autre chose … Sans toutefois savoir par quoi les
remplacer.
Arrive alors le troisième élément important
de cet ouvrage : le cheval. Comme énormément d’enfants avec autisme, Rowan
est très proche des animaux, et tout particulièrement des chevaux. A leur
contact, il s’apaise et semble même faire d’énormes progrès : il parle « pour
de vrai » et ne se contente pas de répéter inlassablement les mêmes bouts
de phrases complétement inintelligibles et incongrues entendues dans divers
dessins animés, il montre du doigt les animaux qu’il rencontre en les nommant …
et surtout, il semble heureux. A travers ce livre, Rupert Isaacson remercie
Betsy et tous les autres chevaux qui ont contribué à aider Rowan … mais pas
seulement. Car la « guérison » de Rowan - je reviendrais plus tard
là-dessus - ne résulte pas uniquement du contact avec les chevaux, mais
également de la rencontre avec différents chamans et guérisseurs rencontrés
tout au long de leur périple en Mongolie. Pour les Occidentaux que nous sommes,
tout cela peut sembler complétement absurde, mais toujours est-il que Rupert -
qui n’osait pas y croire tout à fait, de peur d’être déçu - est intimement
convaincu et persuadé que leurs interventions ont aidé son petit garçon. Ils ne
l’ont pas guéri, car l’autisme fait et fera toujours parti de son être, mais ils
ont été à l’origine de bien des progrès inespérés : à l’âge de six ans,
Rowan est enfin en mesure d’aller aux toilettes, est capable de jouer avec d’autres
enfants et de se faire des amis, arrive à monter seul sur un cheval sans perdre
l’équilibre et en sachant mener sa monture … Un vrai bon en avant qu’aucun
médecin ne croyait possible !
Ce livre, au final, est une lueur d’espoir
pour tous les parents d’enfants autistes : bien évidemment, l’auteur ne
conseille pas à tous ces parents de se ruer en Mongolie pour aller voir des
guérisseurs et des chevaux, mais il les invite à garder foi en l’avenir et à
oser sortir des sentiers battus pour aider leur enfant. Il est aussi un très
beau récit de voyage : c’est un vrai régal que de lire les descriptions de
Rupert Isaacson, on a vraiment l’impression d’être avec eux au cours de ce
délicat périple. Sentiment renforcé par le petit dossier photos au milieu du
livre : les paysages sont grandioses, mais surtout, les sourires qui
naissent progressivement sur le visage du petit Rowan réchauffent le cœur !
En bref, vous l’aurez bien compris, je vous conseille fortement de vous
procurer ce magnifique témoignage, écrit avec beaucoup d’honnêteté et d’émotions.
Pour ma part, je compte non seulement le re-relire dans quelques années, mais j’espère
également me procurer le second témoignage de l’auteur, L’enfant et
le cheval de vent, écrit quelques
années plus tard, et visionner le film-documentaire qui accompagne L’enfant
cheval …
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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