Editeur : Autoédition (Publishroom)
Nombre
de pages : 167
Résumé : Dans un futur lointain, les hommes ont
découvert le secret de l’éternité, mais cette invention a un prix. La personne
qui choisit de suivre cette voie entre dans un processus inéluctable de
dégénérescence, qui fait ressortir ses plus bas instincts. Le monde se divise
alors, et se structure en « cercles », correspondant chacun à des stades de
décadence plus ou moins avancés. Face au déclin de l’humanité, le gouvernement finit par retrouver la trace d’un mystérieux
scientifique, dont les recherches sur l'immortalité auraient abouti. Laurie et
Simon sont chargés de ramener le professeur et
de redonner espoir aux habitants des cercles ...
Un grand merci à Jean-Louis
Ermine pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu
ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Tout était justifiable quand il s'agissait de découvrir le secret de l'éternité, cette obsession incessante qui les habitait tous... Tous sans exception, à partir du moment où ils voyaient qu'il était possible de faire quelque chose. »
- Mon avis sur le livre -
Une couverture sobre mais élégante, un titre
intriguant, et surtout, un résumé très prometteur, je n’ai pas mis bien
longtemps à me décider lorsque l’auteur m’a proposé cet ouvrage en service de
presse ! Après quelques mois sans lire de science-fiction, je me suis plongée
à corps perdu dans ce court roman, ravie de me retrouver face à une thématique
finalement assez peu abordée dans les récits d’anticipation. On voit de plus en
plus de robots, de vaisseaux spatiaux, de sociétés ultra-technologiques … mais
rares sont les ouvrages à se concentrer sur ce qui est pourtant l’une des
quêtes les plus anciennes et les plus importantes de l’humanité : la
recherche de l’immortalité, la quête de l’éternité, la lutte contre la mort et
l’oubli. J’étais donc vraiment curieuse de savoir ce que l’auteur allait fait
de ce thème !
Quel prix seriez-vous prêt à payer pour
atteindre l’immortalité ? Seriez-vous prêts, pour devenir éternel, à
renoncer à votre humanité ? Car voilà ce qui arrive à ceux qui font le
Choix : après l’euphorie hystérique des premières semaines, l’absorption
des drogues d’éternité conduit inévitablement à la décadence et la
dégénérescence. Les crises de violence résurgence se font de plus en plus
fréquentes, et les individus désormais immortels deviennent un danger pour les
autres et pour eux-mêmes, tandis que ressortent les instincts les plus
primaires et bestiaux. Pour canaliser les déviants, la société a été divisée en
plusieurs « cercles » : plus on s’éloigne des zones centrales « civilisées »,
plus on s’enfonce dans les cercles extérieurs, et plus la barbarie et la
bestialité, la sauvagerie et l’inhumanité montent en puissance. Laurie et
Simon, deux individus que tout oppose, sont missionnés pour s’aventurer au-delà
des cercles et partir à la recherche d’un mystérieux scientifique qui a
visiblement trouvé le moyen de vaincre cette décadence avant de disparaitre de
la circulation …
Il n’y a absolument rien à dire quant à l’idée
à la base de ce récit : l’humanité a trouvé la voie qui mène à l’immortalité,
mais important est le cout de l’éternité. Ceux qui décident de suivre ce chemin
et de tromper la mort doivent se préparer à perdre progressivement tout ce qui
fait d’eux des êtres humains, ils doivent accepter de redevenir des bêtes
soumises aux instincts les plus violents et les plus primitifs. L’idée des
cercles permettant de séparer les individus « sains » des déviants
est également très bonne, et la symbolique qui se cache derrière cette
organisation sociétale est forte. Au cœur de la ville vivent les personnes
mortelles et donc pleinement humaines. Et plus on s’enfonce dans l’immortalité,
plus on s’éloigne de cette zone civilisée, plus on s’éloigne de l’humanité. C’est
ainsi qu’est exprimé l’idée phare de ce roman : être humain, c’est être mortel.
Supprimez la mort, et vous supprimez l’humanité. Cela peut sembler paradoxal,
puisque l’immortalité semble plutôt être la promesse d’une humanité préservée
de la menace de la disparition, mais ce livre montre bien que la mort fait
partie intégrante de la vie humaine, et que l’abroger est un plus grand danger
que la mort elle-même …
Ce roman est donc fondé sur de très bonnes
idées, et ouvre la porte à de très bonnes réflexions philosophiques, mais aussi
sociologiques et même anthropologiques. Ce livre montre ainsi comment l’humain,
lorsqu’il est confronté à quelque chose qu’il ne peut contrôler (ici, la
violence résurgente), se tourne vers la spiritualité, la mysticité. Laurie et
Simon se retrouvent ainsi confrontés à divers communautés, toutes différentes
mais toutes semblables sur un point : par l’intermédiaire de sacrifices,
de transes hypnotiques, de règles morales strictes …, elles tentent de remédier
à cette déshumanisation progressive. Il y a vraiment de très belles pistes de
réflexion dans cet ouvrage, et j’ai beaucoup apprécié cet aspect - bien que je
ne sois pas toujours d’accord avec les opinions des divers personnages. Un bon
livre d’anticipation, à mes yeux, doit faire réfléchir le lecteur, doit lui
faire se demander : « est-ce vraiment cela que je veux pour l’avenir
de l’humanité ? ». Un bon livre d’anticipation doit rappeler que le
progrès peut être aussi dangereux qu’il est attractif, que toute découverte
peut être nocive. Depuis toujours, l’homme recherche l’immortalité, mais cette
quête ne risque-t-elle pas de causer la perte de notre humanité ?
Mais une bonne idée ne suffit pas à faire d’un
roman un coup de cœur : encore faut-il que l’histoire parvienne à faire
vibrer le lecteur … Et cela n’a malheureusement pas été le cas ici. Les
personnages, bien qu’intéressants dans l’absolu (Simon, dont le corps rejette
les drogues d’éternité et qui voit donc son rêve d’immortalité réduit à néant ;
Laurie, que cette violence résurgence terrorise et qui ne comprend pas comment
on peut volontairement choisir d’être réduit à cet état de bestialité), sont
finalement assez creux. Je n’ai pas réussi à m’attacher à eux, au point que je n’étais même pas inquiète pour eux lorsqu’ils
se retrouvaient en danger de mort. De l’indifférence, voilà tout ce que j’ai
ressenti pour eux, et c’est bien dommage : ils ne portaient pas du tout l’intrigue,
ces deux zigotos, et c’est difficile d’entrer dans une histoire quand on ne se
sent pas un minimum en empathie avec les personnages !
Mais le plus gros problème de ce récit, à mes
yeux, c’est bien trop rythme : à la fois trop rectiligne et trop rapide. A
chaque chapitre, c’était la même histoire : nos deux protagonistes
arrivent dans un nouvel endroit, tombent dans un piège (toujours mortel, bien
sûr), s’en sortent in extremis et fuient jusqu’à tomber dans un nouveau piège,
et ainsi de suite. Au final, certes, on ne s’ennuie pas car il y a toujours de
l’action, mais c’est assez répétitif à la longue, et l’intérêt s’émousse. J’ai
de plus trouvé le dénouement bien trop facile, la fin bien trop plate. Je me
suis même demandé s’il ne manquait pas des pages à mon exemplaire ! Les
personnages acceptent bien trop facilement sans broncher les révélations qui
leur sont faites, ainsi que le rôle qu’on leur demande de jouer. Cela fait très
artificiel, comme fin, pas du tout naturelle, et je suis donc restée sur ma
faim. D’une manière générale, donc, c’est un roman qui aurait amplement mérité
à être plus long, plus développé. Il y a avait de bonnes idées qui auraient pu,
et dû, être plus exploitée pour que l’intrigue de ce roman soit véritablement
palpitante et captivante.
En bref, vous l’aurez compris, si la
thématique de ce roman ainsi que les pistes de réflexion qu’il suggère ont su
me convaincre, cela n’a pas été le cas des personnages et de l’intrigue. De
très bonnes idées qui n’ont été que survolées, des rebondissements nombreux
mais répétitifs, un dénouement trop rapide … Tout cela m’a empêché d’être vraiment
happée par l’histoire, qui avait pourtant un énorme potentiel ! J’ai
toutefois énormément apprécié la plume de l’auteur, la narration était vivante,
riche et expressive tout en restant simple et fluide : quel régal à lire !
Ce fut donc pour moi une lecture en demi-teinte, certes, mais que je ne
regrette nullement : elle m’a donné à réfléchir et m’a redonnée envie de
me replonger pour de bon dans la science-fiction, genre que j’avais délaissé
ces derniers temps. Je conseille donc ce livre à tous ceux qui aiment se questionner
sur le monde qui les entoure, ainsi qu’à ceux qui aiment les récits courts et riches
en actions et rebondissements !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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