Editeur : Lynks
Nombre
de pages : 263
Résumé : Oklahoma, avril 1935. Témoin impuissant du
meurtre de son père, Kush fuit la demeure familiale en proie aux flammes. En
quête de justice et de vérité, le jeune Forgeron découvre l'existence d'un
complot qui pourrait bien changer l'histoire du pays. Déterminé à s'opposer aux
plans des Alchimistes, l'ordre occulte responsable de sa mort et de celle de
nombreux mages Forgerons à travers les siècles, L'adolescent traverse le pays
ravagé par le Dust Bowl, tempêtes de poussières dévastatrices nées par la faute
des hommes. Au cours de son périple, Kush croise Ruben, un étrange golem, un
inquiétant groupe de forains et Alexandria, tireuse de cartes, dont il tombe
éperdument amoureux...
Un grand merci aux éditions
Lynks pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu
ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Je reste planté là, à regarder ces enfants qui se font la guerre. D’horribles images surgissent devant mes yeux. Je suis tétanisé. Ma mémoire est secouée. C’est assez bref. Juste assez pour me demander si j’ai été comme eux, petit. Juste assez pour me demander pourquoi dès le plus jeune âge, l’humain apprend à tuer. Suis-je humain ? »
- Mon avis sur le livre -
Pour tout avouer, c’est la curiosité qui m’a
poussée vers ce livre : je ne connaissais l’auteur que de nom, je ne
savais pas très bien ce que signifiait le terme « Dust Bowl » … Je n’avais
donc aucune idée de ce qui m’attendait vraiment lorsque j’ai commencé ma
lecture. Et quelle surprise, quelle belle surprise ! Bien que ce roman ne
soit pas un coup de cœur – probablement parce que l’intrigue se résout trop
rapidement, mais sans être réellement bouclée, brouillant les pistes : y-aura-t-il
une suite ou non ? –, j’ai vraiment adoré ce livre qui a su dépasser
toutes mes attentes ! Derrière cette belle et intrigante couverture se
cache un récit riche, palpitant, intéressant, qui brouille les frontières entre
récit historique, roman fantastique, réflexion philosophique et plaidoyer
écologique …
Kush vient de voir son père mourir sous ses
yeux. Aveuglé par son désir de vengeance, l’adolescent quitte son foyer dévasté
par les flammes pour traquer les meurtriers de celui qui représentait sa seule
famille. N’ayant pour seule possession que le manuscrit que ce dernier lui a
ordonné de protéger, Kush découvre qu’un immense complot se trame : les
Alchimistes en veulent au Président et comptent dominer l’économie agricole du
pays par l’intermédiaire de graines génétiquement modifiées ne produisant que
des plantes stériles … Bientôt rejoint par Ruben, lui-même issu d’une sombre
expérimentation des Alchimistes, le jeune Forgeron va tout faire pour enrayer
cette machination, même si cela l’oblige à braver les tempêtes de poussière qui
ravagent alors l'Oklahoma, le Kansas et le Texas ...
Véritable page-turner, ce roman vous happe de
la première à la dernière phrase. Le lecteur ressent, comme Kush, un sentiment
d’urgence qui le prend aux tripes : il faut poursuivre la lecture, avant
qu’il ne soit trop tard. On s’attache rapidement à ce jeune garçon, devenu
orphelin en l’espace de quelques minutes, désormais livré à lui-même avec pour
seule force sa colère, avec pour seule alliée sa maitrise encore fragile du
feu. Kush n’est plus un enfant, mais il n’est pas un homme non plus : il
est à la croisée des chemins, et on peut très facilement s’identifier à lui.
Alors on a peur, on a mal pour lui. On voudrait l’aider, le soutenir, le
conseiller. Mais le lecteur est impuissant … la seule chose qu’il puisse
faire, c’est tourner les pages, dévorer les chapitres, pour savoir ce qui va
advenir de Kush … et de Ruben. Deuxième narrateur de ce récit au rythme effréné,
Ruben se débat avec les différents fils qui composent sa mémoire, héritage des
multiples corps à partir desquels il a été créé. On a envie de protéger Ruben
de toutes les atrocités du monde, lui qui malgré sa carrure imposante semble si
fragile et démuni … Ces deux personnages sont d’une complexité rare, et ils ont
su conquérir mon petit cœur de lectrice !
Les embuches sont nombreuses sur leur chemin,
et on a la gorge nouée et le souffle court à chaque fois qu’ils se retrouvent
dans une situation délicate. L’auteur n’épargne ni ses personnages ni ses
lecteurs : la chance ne sourit jamais bien longtemps à ces deux
adolescents déjà bien malmenés par la vie, et l’on en vient à se demander s’ils
parviendront au bout de leur quête … C’est un livre avec lequel on ne s’ennuie
pas une seule seconde. Une ambiance pesante, oppressante. Une tension omniprésente,
grandissante. La fin se rapproche, inexorablement, et le Destin semble vouloir
mettre toujours plus de bâtons dans les roues de nos deux amis. Le Destin
occupe une place importante dans ce récit, à travers le personnage d’Alexandria,
Tisseuse, qui lit l’avenir dans les cartes … Le futur est-il figé, ou bien
sont-ce nos choix qui le déterminent ? Ce livre ne donne pas de réponse à
cette question. Plus encore, il laisse quelque peu le lecteur sur sa faim :
moi qui m’attendais à un final grandiose, je me suis retrouvée avec une fin en
demi-teinte. A la fois trop rapide et pas assez tranchée : quelques
dizaines de pages supplémentaires auraient été les bienvenues ! Rien n’est
véritablement résolu, finalement, et pourtant il semblerait que ce roman soit
un stand-alone : quel dommage d’avoir mis en place un univers si riche
pour finalement laisser tant de questions en suspens …
Mais l’auteur nous offre bien plus qu’une
simple course contre la montre pour contrer les machinations d’une organisation
malveillante. Ce livre est bien plus qu’un page-turner. C’est une bouteille à
la mer, un cri dans la nuit. Ce n’est pas pour rien que l’histoire prend place
au cœur du Dust Bowl. Les effroyables tempêtes de sable qui ont ravagés ces
régions ne sont que les conséquences de l’avidité de l’homme, qui a voulu
produire plus, toujours plus, qui ne jure plus que par une chose : la
croissance, le progrès, mais surtout la richesse … et cela au détriment de tout
le reste. Ce livre, il nous invite à veiller sur la Terre qui nous porte et
nous nourrit sans rien demander d’autre qu’un peu d’attention pour pouvoir
survivre et continuer à nous apporter ses bienfaits. Il nous invite à ne plus
être repliés sur nous-mêmes mais à s’ouvrir à la nature, à l’autre … Car ce livre
offre également une belle réflexion sur l’humanité, sur la société d’hier mais
aussi celle d’aujourd’hui : « Est-ce ça, être vivant alors ?
S’abaisser, se torturer mutuellement, dominé ou être dominé … Je ne comprends
pas ce que Kush appelle l’humanité », nous dit Ruben … L’humanité, c’est
censé être la « bienveillance de l'homme pour ses semblables », mais
Ruben ne voit pas cette bonté, il ne voit que l’égoïsme et l’individualisme, il
ne voit que la violence et l’indifférence. Sans jamais être moralisateur, ce
récit nous invite tout simplement à la réflexion …
En bref, je suis tombée sous le charme de ce
roman ! L’auteur a une très belle plume, très vivante, très percutante.
Des phrases courtes, fulgurantes, qui s’accordent à merveille au rythme effréné
du récit. Une histoire haletante, qui ne laisse au lecteur aucun répit, qui le tient
en haleine. La tension, monte, progressivement, et on s’attend à une fin en
apothéose … Et voilà bien le seul point faible de ce roman, finalement :
cette fin qui n’en est pas vraiment une, qui tombe un peu à plat tant elle
détonne avec le rythme palpitant et riche en rebondissements auquel le lecteur
était habitué jusqu’alors. C’est un livre à double-tranchant, qui conviendra
tout autant aux amoureux des page-turner captivants qu’aux adeptes des romans d’apprentissage,
qui plaira assurément aux passionnés de road-trio tout en fascinant les lecteurs
de fantastique ! Un livre qui surprend, mais qui surprend agréablement !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
Ce livre
a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus
d’explications sur cet article)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire