Editeur : Ex Aequo
Nombre
de pages : 67
Résumé : Cette histoire raconte la rencontre d'une
enfant avec Mut-Muk, petit garçon qui s'est retiré du monde à cause de sa
différence. Est-il réel ou pas? Peu importe, la fillette l'invite chez elle,
dans son monde imaginaire. Il y fait la connaissance de la coquette Poupée
Caroline et du philosophe Vieux Nounours.
Un grand merci aux éditions
Ex Aequo pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir
rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Son visage figé se cache derrière un masque blanc qui m’empêche d’y déceler le moindre sourire. Ses deux yeux rouges, pareils à deux boutons lumineux, me dévisagent à leur tour.Alors, timidement, je lui demande :— Qui es-tu ?Les oiseaux, au-dessus de ma tête, me répondent. Mais comme toi, je suis incapable de comprendre leurs gazouillis. »
- Mon avis sur le livre -
Quelques jours à peine après m’être promis de
ne plus demander ou accepter de nouveaux services de presse avant d’avoir
vaincue la pile de romans tanguant dangereusement sur mon bureau, je suis
tombée sur la proposition de Suzanne Max, directrice de la collection
Saute-Mouton aux éditions Ex Aequo, sur Simplement.pro … et devant la promesse
d’un « joli conte, tendre et poétique, qui interroge en douceur sur la
différence », toutes mes bonnes résolutions ont fondues comme neige au
soleil ! Pour couper court aux protestations naissantes de ma conscience,
j’ai cependant décrété que je ne lirais ce tout petit roman jeunesse qu’une
fois les services presse les plus urgents lus et chroniqués … Et le moins que l’on
puisse dire, c’est que Mut-Muk a parfaitement joué son rôle de récompense : cette histoire est
tout simplement adorable, mignonne et douce à souhait !
Alors qu’elle déambulait dans son jardin afin
de trouver une idée de récit à écrire pour sa poupée Caroline et son Vieux
Nourson, la petite fille se retrouve face à Mut-Muk, étrange petit garçon qui
lui demande de raconter son histoire … Au fil des jours, au fil des pages, elle
fait la connaissance de cet enfant si sensible rejeté à cause de sa différence.
Elle lui fait découvrir son monde, il lui fait découvrir ses rêves … Et petit à
petit, les larmes cèdent leur place aux sourires, les pleurs laissent leur
place aux éclats de rire, tandis que le regard de Mut-Muk se fait moins
tourmenté, plus joyeux, plus lumineux … Et si l’amitié de la petite fille était
le remède dont il avait besoin pour aller mieux ?
J’étais bien loin d’imaginer à quel point ce
tout petit roman allait me secouer, à quel point l’histoire de ce petit garçon
pas tout à fait comme les autres allait me bouleverser. Mut-Muk, c’est un
enfant qui souffre énormément de sa différence, ou plutôt du regard que les
autres portent sur sa différence, un regard « qui te vide complétement,
qui te ratatine et te dévore », un regard de crainte et de mépris. Un
regard qui juge et qui exclut … car nous vivons dans un monde affreusement
conformiste où tout ce qui diffère un tantinet de la norme est rejeté, à l’instar
des mauvaises herbes que l’on arrache. La poupée Caroline, coquette et
hautaine, représente à elle-seule cette société où « tout doit être lisse
est parfait » et qui « ne laisse place à aucune excentricité ». Le
petit lecteur est invité à suivre l’exemple de cette poupée, « capricieuse
et égoïste », qui « comprend peu à peu que la vrai beauté est dans le
cœur de chacun » … Ce petit conte est une véritable exhortation à la
tolérance, au respect et à la bienveillance !
Mais ce livre est également une véritable ode
à l’imaginaire … La petite fille le dit bien : « tout est une
question d’imagination », et elle s’énerve contre la poupée Caroline qui « manque
sévèrement d’inventivité », ne comprenant pas que des petits pois modelés
en pâte à modeler sont aussi délicieux qu’une mousse au chocolat, du moment qu’on
y croit ! Mut-Muk, au contraire, a l’imagination incroyablement débordante :
d’un souffle, les akènes des pissenlits deviennent poussière d’étoiles en s’envolant
… Plus encore, il suffit à la petite fille d’écrire ou de dessiner dans son
carnet pour qu’ils marchent pieds nus sur la plage, il suffit à Mut-Muk de
peindre l’intérieur de la cabane pour faire naitre un ruisseau chantant … A
travers ce récit, l’autrice démontre la force de l’imagination et les bienfaits
du rêve. « Les histoires sont là pour réparer le monde », nous dit
Mut-Muk … Au final, on ne sait pas vraiment qui il est, d’ailleurs : est-il un
véritable petit garçon, ou bien est-il un ami imaginaire ? A chaque fois
que la fillette pose son carnet noir, Mut-Muk s’endort … A chacun d’y voir ce
qu’il désire !
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai
beaucoup aimé ce petit livre, magnifiquement illustré par l’autrice elle-même !
C’est un livre porteur de beaux et grands messages, raconté avec beaucoup de
douceur et de poésie, même si je suis restée un peu sur ma faim : à peine
a-t-on le temps de faire la connaissance de Mut-Muk que la dernière page se
tourne déjà … Quelle tristesse que de quitter si rapidement ce petit garçon qui
nous rappelle que la différence est une force ! Quelle tristesse que de
quitter cette petite fille au grand cœur, qui lui fait la plus belle des
promesses : « celle de l’aimer ». Soyons donc comme cette petite
fille, soyons bienveillants les uns envers les autres, tendons nos mains à ceux
qui sont seuls, offrons nos sourires à ceux qui souffrent et qui sont esseulés
à cause de leur différence … A l’instar de la poupée Caroline, laissons nous
transformer par ce récit à mettre en toutes les mains, petites comme grandes !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus
d’explications sur cet article)
Un grand merci pour cette belle chronique qui résume si bien mon petit roman. Tellement heureuse avoir pu écrire pour ces enfants qui souffrent de différence.
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