Editeur : Librinova
Nombre
de pages : 286
Résumé : Après la catastrophe de Chanoo, la guerre
civile fait rage au sein du monde de Nanek. Trois hommes s’allient dans la
volonté de créer un monde meilleur. C’est ainsi que la cité-bulle de Machia voit
le jour. Sa spécificité ? Le Sommeil Aboli, une pilule obligatoire qui
neutralise votre besoin de sommeil. Le temps vous appartient désormais, mais
plus celui de rêver. Considéré comme un loisir illégal, ce que l’on appelle
dorénavant les drims, est devenu une nouvelle drogue. Arty Halfidre est un
drimeur, brisant les règles du Sommeil Aboli, il vend ses propres rêves.
Travaillant entre Machia et les extérieurs, il se retrouve impliqué malgré lui
dans les complots qui visent la cité …
Un grand merci à Christophe
Mogentale pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir
rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Le rôle d’une société efficace est de rendre ses sociétaires heureux. […] La société n’est rien de plus qu’une volonté collective, éphémère, puisque les gens changent. Ce n’est pas une « super-humanité ». Elle n’a pas à incarner les besoins primaires de ses membres, comme celui de se reproduire et de se propager. Est-ce que Machia assurera notre bonheur après ce que tu as fait ? Non. Tu nous as tous condamnés, mon ami. »
- Mon avis sur le livre -
Lorsque j’ai commencé la rédaction de mon
propre roman, il y a environ un an de cela, j’ai traversé une longue période de
doute et de remise en question : mon intrigue n’était-elle pas trop
banale, trop « déjà vue », trop « clichée » ? les
lecteurs trouveraient-ils un intérêt à un énième roman d’heroic fantasy où le
jeune héros est orphelin ? ne serait-ce pas perdre mon temps que de
combattre mon perfectionnisme maladif pour coucher laborieusement sur le papier
une histoire que nul n’acceptera jamais de lire ? Ce n’est qu’après avoir
discuté avec plusieurs autres écrivains en herbe et après avoir épluché nombre
de manuels et forums d’écriture que j’ai fini par tordre le cou à ces peurs :
au final, tous les auteurs piochent allégrement dans les mêmes archétypes, les
mêmes tropes, mais tous écrivent un roman différent … parce qu’on est tous
unique ! Le rebondissement final de ce roman – dont je ne dirais rien pour
ne pas vous gâcher la surprise ! – sera probablement qualifié par certains
de « cliché vu et revu » … mais je l’ai pour ma part trouvé
extraordinairement bien exploité et particulièrement cohérent avec l’histoire
dans son ensemble. Et en plus, je ne l’ai pas vu venir, preuve vivante de la
justesse de son utilisation !
Imaginez une ville qui ne dort littéralement
jamais … une ville dont les habitants ne dorment plus. Afin d’offrir à ses
citadins tout le temps dont ils ont besoin pour concilier travail et loisirs,
vie sociale et vie familiale, la cité-bulle de Machia a rendu obligatoire la
prise régulière de comprimés de Sommeil Aboli. Privés de la possibilité de
rêver, certains se tournent vers la consommation illégale de drims, enregistrement des rêves des rares
rebelles à refuser le Sommeil Aboli … Bien décidé à poursuivre l’œuvre de son
défunt père, un des trois pères fondateurs de Machia et créateur du drim, Arty Haldfire est un de ses « fournisseurs »
de rêves interdits. Comme tous les Drimeurs, il ignore tout du contenu de ses
songes : il est formellement défendu de consommer ses propres rêves. Mais
les retours de ses clients sont de plus en plus inquiétants, et le jeune homme
se retrouve bien contre son gré embarqué dans une mystérieuse machination …
Je pense ne pas être la seule à regretter de
manquer de temps pour faire tout ce que je souhaite : tout comme ma
professeure de musique, j’attends avec impatience l’invention de la journée à
48 heures ! Les fondateurs de Machia, bien conscients qu’ils ne
parviendraient pas à influencer la vitesse de rotation de la Terre, ont choisi
une autre approche pour offrir plus de temps à leurs concitoyens :
nous passons plus d’un quart de notre vie à dormir … que de temps gaspillé !
Grâce au Sommeil Aboli, les habitants de la cité expérimentale de Machia
profitent de chaque minute de chaque journée ... Mais avoir le temps de s’adonner
à tous les loisirs possibles et inimaginables, sans aucune restriction de
temps, suffit-il à être heureux ? Est-on réellement libre de faire tout ce
que l’on souhaite dans une cité aux lois implacables, où l’on a plus le droit …
de rêver ? Comme dans tout système dystopique, le meilleur côtoie le pire,
et les beaux idéaux fondateurs se transforment rapidement en dogmes
intransigeants … Et comme tout récit dystopique, celui-ci questionne nôtre
présent, notre futur, notre humanité …
On ne va pas se mentir : le début de ce
roman est assez lent … un peu trop lent, même. L’introduction traine en
longueur, et on se demande quand l’action va enfin pointer le bout de son nez,
on s’interroge quant aux enjeux de cette intrigue à peine ébauchée … Et
soudainement, sans crier gare, Arty est entrainé dans une spirale infernale de
découvertes toujours plus inquiétantes, dans un tourbillons d’événements
toujours plus dramatiques. On en oublie totalement la longueur du début, happé
que nous sommes par cette déferlante de révélations aux implications toujours
plus alarmantes. Et les machinations qu’Arty dévoilent se mêlent et s’entremêlent,
le bien et le mal se confondent jusqu’à disparaitre : qui sont les
gentils, qui sont les méchants ? y a-t-il des gentils, y a-t-il des
méchants ? ou bien n’y a-t-il que des hommes aux rêves aveuglés, aux
espoirs brisés, qui s’imaginent détenir la clé du bonheur universel ? Les
rebondissements s’enchainent, et alors, plus question d’interrompre sa lecture
une seule seconde : on a envie, besoin, de savoir comment tout cela va
bien pouvoir se terminer !
Ce livre a cela de particulier qu’il dégage
une ambiance vraiment particulière, que je n’ai rencontrée nulle part ailleurs :
c’est comme si nous étions suspendus hors du temps … Comme si l’histoire nous
glissait entre les doigts, sans jamais se laisser saisir totalement, tel un
mirage qui se désagrège lorsque l’on s’approche trop prêt. On se laisse porter,
sans vraiment saisir toutes les nuances des nombreuses révélations qui s’imposent
à nous, comme si tout cela n’avait finalement aucune importance. C’est un peu
comme lorsque vous avez une grosse crise de migraine et que, abruti par les
médicaments, vous avez le sentiment de flotter à l’intérieur d’une bulle de
coton : le monde tourne autour de vous, mais vous n’en faites plus tout à
fait partie … La narration est à la fois épurée et poétique, comme si l’auteur
jouait les funambules avec les mots. C’est vraiment une sensation très étrange,
agréable mais perturbante …. Quelque chose nous échappe, on le sent
confusément, quelque chose d’important pourtant, quelque chose de crucial. Et
ce quelque chose, l’épilogue nous le dévoile, et on tombe des nues. Tout s’explique,
y compris et surtout cette drôle d’ambiance ! On sait à présent d’où nous
vient cette impression aussi familière qu’insaisissable qui nous a titillé
durant toute la lecture ! C’est assez « classique », comme
révélation finale, mais ici, ça a vraiment un sens, tout en représentant une
énorme surprise, donc c’est génial !
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai
vraiment apprécié ce roman ! Après un début un peu lent, un peu long, nous
voici entrainés dans une histoire rocambolesque et fantasque aux nombreux
rebondissements et qui ouvre la voie à de nombreux questionnements forts
intéressants. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être un peu perdue face
aux nombreuses découvertes faites par le personnage principal, mais cela ne
m’a clairement pas empêchée de profiter de cette histoire ! Je suis vraiment
bluffée par la qualité de ce premier roman, qui souffre certes de deux ou trois
maladresses narratives sans importance, mais qui offre surtout à ses lecteurs
une expérience littéraire vraiment inédite ! Roman à double-niveau de
lecture, Sommeil aboli plaira
autant aux amateurs de science-fiction qu’aux adeptes de romans atypiques !
Foncez sans hésitation !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus
d’explications sur cet article)
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