Editeur : Scrineo
Nombre
de pages : 284
Résumé : Accusés de meurtre, Ivar, Kaya et Oswald
sont injustement condamnés à un sort pire que la mort. Enfermés dans un royaume
en ruines, coupés du monde, il leur reste sept jours d’humanité. Sept jours
pendant lesquels le parasite qu’on leur a inoculé va grandir en eux, déformant
leur corps et leur esprit pour les changer en berserkirs, ces
hommes-bêtes enragés destinés seulement à tuer ou être tués. Commence alors une
course contre le temps, effrénée, angoissante, où les amis d’hier devront
rester forts et soudés, pour lutter contre les autres ... et surtout contre la
bête qui grandit en eux. Existe-t-il un
salut quand son pire ennemi n’est autre que soi-même ?
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Un petit extrait -
« Je vais vous donner une dernière recommandation en souvenir des hommes que vous êtes, alors écoutez-moi bien. Vous allez pénétrer dans Hadarfell, la province abandonnée aux berserkirs – votre territoire. Le lehrling va grandir dans votre organisme et dans sept jours, vous serez devenus des animaux. Je vous conseille de vous éloigner les uns des autres, car sans les talismans, vous serez incapables de vous contrôler. Vous tuerez quiconque s’approchera de vous, amis comme ennemis. Cachez-vous, terrez-vous. Dans moins d’une semaine, les seigneurs vous donneront la chasse. Des mercenaires tenteront des razzias pour vous revendre aux plus offrants. Fuyez. Vous pouvez survivre dans Hadarfell, comme les bêtes que vous allez devenir. Alors, courrez à toutes jambes vous réfugier là où personne ne vous trouvera. »
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Mon avis sur le livre -
Je crois l’avoir déjà dit dans une de mes
chroniques : non seulement je suis une vraie froussarde, mais en plus j’ai
la sale manie de rêver de mes lectures. Et je ne vais pas y aller par quatre
chemins : je sais pertinemment bien que je vais cauchemarder toute la nuit
– voire même toute la semaine – à cause de ce livre. Livre qui, bien que
particulièrement traumatisant, est vraiment très bon, ne vous y méprenez pas !
Mais si vous êtes du genre sensible et que votre imagination est très fertile
durant votre sommeil, je vous conseille tout de même de passer votre chemin …
ou de vous acheter une veilleuse, un doudou, ou que sais-je encore pour vous aider
à surmonter cette épreuve ! Ouvrir ce livre, c’est plonger dans un univers
sombre, voire malsain, c’est suivre l’équilibre précaire d’une âme entre
humanité et bestialité, c’est accepter de se laisser embarquer dans une
véritable descente aux enfers sans passer par le purgatoire. Vous êtes prévenus !
Alors qu’ils ne cherchaient qu’à ramener un
peu de gibier pour nourrir leurs familles, Ivar, Kaya et Oswald se voient
accusés de tentative meurtre sur la personne du seigneur Jarl, qui s’est brisé
les jambes en tombant dans un précipice tandis qu’il cherchait à exécuter les jeunes
braconniers. Et les trois adolescents en viendraient presque à regretter qu’il
n’ait pas réussi … Capturés, emprisonnés puis jugés, ils sont finalement
condamnés à un sort pire que la mort : destinés à se transformer en
berserkirs, ces monstrueux hybrides entre l’homme et la bête, ils n’ont plus
que sept jours devant eux avant que leur humanité ne laisse place à la folie la
plus meurtrière et la plus incurable. Ils seront ensuite chassés par les
braconniers pour être ensuite asservis et exploités par les nobles qui les ont condamnés
à cette déchéance. Mais Ivar refuse de se laisser abattre et lutte de toutes
ses forces contre cette inexorable transformation, contre cette colère
inexplicable qui grandit en lui en réclamant du sang, poussé par la lueur d’espoir
que lui insuffle une vision : il existe, quelque part aux fins fonds de ce
territoire désolé, un être capable de les sauver de cette malédiction. Alors,
bien décidé à éviter à ses deux meilleurs amis ce terrible sort, il les exhorte
à tenir bon tandis qu’ils se rapprochent du château où vit le Roi des Fauves …
Ce qui fait la particularité de ce livre, c’est
bien l’ambiance qui s’en dégage. Ce n’est pas seulement sombre ou glauque, c’est
tout simplement malsain. Parqués dans un immense territoire en ruines, bouclé
par un sortilège, les condamnés savent d’avance ce qui va leur arriver, et la
crainte et la colère combinées ne font qu’accentuer la folie qui les guette. Il
est particulièrement terrifiant de voir ces hommes se changer peu à peu en
bêtes assoiffées de sang. Et, en dépit de leur résistance acharnée, nos trois
héros ne sont pas épargnés par cette transformation : petit à petit, leur
caractère change et se voit remplacé par les instincts de leur animal. Les
conflits se font toujours plus forts et toujours plus fréquents, tandis que s’installent
les antagonismes naturels entre proies et prédateurs. On se rend finalement
compte que notre humanité ne tient qu’à un fil, qu’un petit rien peut
transformer l’adolescente la plus altruiste en une jeune femme uniquement
soucieuse de sa propre survie au dépend de celle des plus faibles, qu’il n’y a
pas besoin de beaucoup pour faire ressurgir les instincts les plus primaires
chez un individu équilibré et moral. C’est très intéressant, mais aussi très
dérangeant et assez perturbant.
Nous avons ici un trio puissant car ses
membres se complètent entre eux : Ivar est celui qui protège, Kaya est
celle qui dirige et Oswald est celui qui maintient l’harmonie. Ensemble, ils
sont forts, mais à partir du moment où ils sont séparés, ils courent à leur
perte. Et le plus terrible dans cette histoire, c’est bien cela : aucun
personnage n’est épargné, et le lecteur non plus. Ne vous attendez pas à une happy end avec ce roman : bien que destiné aux
adolescents, il offre une fin aussi brutale et noire que le reste du récit. Le
lecteur est littéralement plongé dans une ambiance angoissante, éprouvante, qui
donne la chair de poule et fait accélérer le rythme cardiaque. Il y a de la
violence, dans ce livre, du sang et des tripes, de la chair et des boyaux, mais
cela n’est rien comparé à ce que nous apprennent les visions d’Ivar quant au
commencement de toute cette sombre affaire. Malgré tout, une petite étincelle d’espérance
et de douceur se cache au cœur de l’histoire, tandis que l’innocence perdue d’une
fillette se transforme en l’envol majestueux d’un cygne enfin libéré de sa
misère. Ce passage fait du bien, je peux vous le dire, une véritable bouffée d’air
frais dans cet univers si sombre et si complexe.
Complexe, l’intrigue l’est également :
bien plus riche que ne le laisse penser le résumé, qui ne met l’accent que sur
cette cruelle transformation sans évoquer le moins le monde ce fameux Roi des Fauves
et tout ce qui tourne autour de lui, elle a su me surprendre et m’étonner.
Voire même me captiver. Il y a quelque chose derrière ces monstrueuses
mutations, une histoire de malédiction et de vengeance, une histoire de pouvoir
et de puissance. Je ne peux pas en dire plus pour ne pas gâcher la surprise à
ceux qui désirent se lancer, mais je suis vraiment ravie de cette bifurcation
imprévue de l’histoire, ravie que le résumé taise cet aspect car mon intérêt a ainsi
été renouvelé tandis que je grimaçais face aux descriptions si peu ragoutantes
de ces hybrides sanguinaires aveuglés par la haine. Donc si vous aviez peur de
vous retrouver face à un remake fantasy de la Métamorphose de Kafka (classique que je n’ai par ailleurs
pas réussi à terminer), soyez rassuré : l’histoire ne s’arrête pas là !
Laissez-vous surprendre par ce mystérieux Roi des Fauves qui donne son titre au
roman …
Derrière cette magnifique couverture aussi
soignée qu’intrigante se cache donc un récit d’une richesse inouïe. Des
personnages en proie à la folie, au désespoir et à la perte progressive de leur
humanité au profit d’une bestialité sauvage et sanguinaire. Une ambiance
oppressante et angoissante qui permet au lecteur de s’identifier à ces
condamnés qui sont conscients de ce qu’il va leur arriver sans savoir s’ils
parviendront à lutter. Une histoire bien plus complexe qu’elle ne peut le paraitre
au premier abord, qui surprend et captive le lecteur sans lui laisser le temps
de respirer. Le tout porté par une narration efficace qui va droit au but, sans
jamais épargner les lecteurs qui ont intérêt à avoir le cœur bien accroché et à
ne pas être sujet aux cauchemars ! Un livre qui perturbe, mais qui se
place tout de même dans les bonnes surprises de l’année. Je compte bien lire d’autres
romans de l’auteur qui a su attiser ma curiosité avec ce livre qui sort des
sentiers battus et qui, finalement, aurait mérité à être un tantinet plus long !
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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