Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre
de pages : 479
Résumé : Après le divorce de ses parents, McLean a
suivi son père et n'a plus de contact avec sa mère. Ensemble, ils n'en
finissent pas de déménager : quatre villes différentes en deux ans. Chaque
nouvel endroit lui donne l'opportunité de se créer une nouvelle personnalité.
Mais aujourd'hui, pour la première fois, McLean a envie de rester où elle est,
pour découvrir qui elle est. David, le garçon d'à-côté, pourra sûrement l'aider
...
- Un petit extrait -
« "Chez soi", ce n’est pas une maison, ou une ville, sur un plan. Chez soi, c’est là où se trouvent ceux que nous aimons, là où on est tous réunis. Ce n’est pas un lieu, mais un moment, puis d’autres, qui, comme des briques, échafaudent un refuge solide que vous emportez partout avec vous, pendant toute votre vie. »
- Mon avis sur le livre -
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je suis
malade et que j’ai besoin de songer à autre chose que ces courbatures et ce nez
tout irrité à force de me moucher, je me tourne toujours vers les mêmes
livres-doudous. J’ai personnellement élus les romans de Sarah Dessen au rang de
« livres à lire et relire sans modération quand ça va pas », et comme
je suis actuellement enrhumée, je n’ai pas hésité bien longtemps avant de
sortir celui-ci des étagères. C’est typiquement le genre de bouquins qui se lit
en compagnie d’une bonne tisane, d’une couette bien douillette et d’un chat en
pleine séance de ronrons sur les genoux. Bon, pour être parfaitement honnête,
pour le chat, c’est raté : mes deux minettes ne sont pas très portées sur
la lecture et préfèrent transporter (très bruyamment, en les faisait glisser
sur le sol) leurs gamelles de la cuisine jusqu’au canapé pour me faire
comprendre qu’elles sont vides … Mais
vous aurez compris le principe : Te revoir un jour fait partie de ces romans qui font le
bonheur de ceux qui aiment associer lecture et détente.
Nous faisons donc la connaissance de McLean.
Ou Lizbet, ou Eliza, ou peut-être Beth. On ne sait pas trop, et elle non
plus : à force de changer d’identité à chaque déménagement, on finit par
en oublier qui on est vraiment, au fond de son âme. D’autant plus quand on
tente de faire table rase sur le passé et qu’on sait pertinemment bien qu’on ne
va pas s’éterniser dans notre nouvel environnement. Mais très rapidement, le
célèbre adage « Chassez le naturel, il revient au galop » prend tout
son sens dans la vie de McLean qui, pour la première fois en l’espace de deux
ans de pérégrinations, s’est retrouvée incapable de se cacher derrière un
nouveau rôle. Soudainement obligée d’être de nouveau elle-même, elle va
progressivement renouer avec son passé, sa famille et son identité. Et quelque
chose pousse à croire que David, son nouveau voisin, n’est pas totalement
étranger à ce soudain revirement de situation …
Une fois de plus, Sarah Dessen nous offre un
roman aussi profond que léger, une histoire qui fait sourire et réfléchir. Par
l’intermédiaire d’une narration aussi fluide que vivante, elle nous invite à
s’immiscer dans les pensées d’une adolescente en souffrance suite au divorce de
ses parents, d’une jeune fille en conflit permanent avec sa mère depuis qu’elle
a décidé de suivre son père dans ses nombreuses tribulations professionnelles.
Il ne faut pas bien longtemps pour comprendre les grandes étapes de la vie de
McLean, moins longtemps encore pour distinguer son mal-être et s’attacher à
elle. L’éclatement de sa famille a également sonné la rupture de son
identité : à chaque nouveau déménagement, son père voguant de restaurants
en faillite en restaurants en faillite pour tenter de les remettre sur les
rails, McLean change d’identité pour ne plus avoir à porter le fardeau de son
passé, mais aussi pour ne pas s’attacher trop profondément à ceux qu’elle rencontre
et qu’elle va quitter quelques mois plus tard. Au bout de quelques chapitres,
on comprend cependant que cela ne peut plus continuer ainsi et que nous allons
assister au grand chamboulement qui va l’aider à renouer avec sa véritable
identité.
Autour de McLean gravitent un certain nombre
de personnages secondaires, qui ont cependant le mérite d’être bien plus
profonds que de simples figurants destinés à servir l’intrigue. Ce que je veux
dire par là ? C’est que tous les personnages, tous, sans exception, sont
terriblement bien construits et qu’on pourrait parfaitement bien imaginer un
roman consacré à chacun d’entre eux. Je pense par exemple à Deb, personnage qui
m’a particulièrement touchée car elle a une histoire en dehors de celle que nous
raconte ce roman. Je serai terriblement ravie si Sarah Dessen se décidait à
nous en apprendre plus sur ce personnage, sur son passé ou son futur, dans un
autre roman. Et je pourrais dire la même chose pour absolument tous les
personnages dits secondaires, David en premier lieu : on sent que l’auteur
a veillé à ce qu’ils ne soient pas uniquement des individus croisant la route
de McLean, mais qu’ils soient au contraire de véritables personnages à part
entière. Des personnages qui ont une vie avant et après l’instant I de l’intrigue.
J’ai ainsi eu le plaisir de retrouver Jason, déjà présent dans Pour toujours
jusqu’à demain et dans En route
pour l’avenir, qui a bien
évolué depuis ces deux romans mais qui fait allusion à ce passé que seuls les
lecteurs de la bibliographie complète de Sarah Dessen peuvent comprendre. Même
remarque pour Heidi, personnage secondaire d’En route pour l’avenir, que nous retrouvons ici des années plus
tard, dans un autre contexte, un autre cadre, et qui a également changé depuis
l’autre roman.
Une fois encore, Sarah Dessen a misé sur la
simplicité pour son intrigue. Contrairement à certains auteurs qui s’obstinent
à vouloir insérer des mystères et des complots dans leur histoire pour la
pimenter, Sarah Dessen se contente de nous raconter les conflits intérieurs d’une
adolescente en plein bouleversement émotionnel. Et c’est tout. Alors bien sûr,
afin de servir cette évolution psychologique, l’auteur a choisi d’insérer
quelques éléments annexes : le devenir du restaurant que son père tente de
remettre sur pieds, la construction de la maquette en prévision du centenaire
de la ville, le voyage estival des nouveaux amis de McLean … Ce sont des
événements du quotidien, qui n’ont rien d’extraordinaire mais qui servent
admirablement le récit par leur simplicité même. Il est vrai qu’il ne se passe « pas
grand-chose » dans ce récit : pas de suspense insoutenable, pas d’actions
spectaculaires, non, juste la représentation fidèle de cette étape dans la vie
de McLean. Même la romance présente dans ce récit est d’une simplicité
merveilleuse : pas de cliché, pas de surcharge, non, juste deux jeunes
gens qui apprennent progressivement à se connaitre et à s’aimer. Bref, vous l’aurez
compris, j’aime cette simplicité.
Et plus généralement, j’ai aimé ce livre,
tout simplement. Ce n’est bien évidemment pas le chef-d’œuvre du siècle, mais c’est
vraiment un roman très sympathique à lire et relire. On s’attache très
facilement aux personnages, on accroche très rapidement à la narration simple
et épurée, on prend plaisir à suivre l’évolution de McLean. Un roman tout en
douceur et en finesse qui invite le lecteur à prendre conscience de la
déchirure que représente un divorce, pas uniquement pour le couple en question
mais aussi pour les enfants, qui sont parfois amenés à choisir l’un ou l’autre
de leur parent et en ressentir une certaine culpabilité. Une histoire d’amour
et d’amitié, de tolérance et de pardon, qui ravira tous les lecteurs, jeunes ou
moins jeunes, ceux qui cherchent à se détendre comme ceux qui souhaitent
réfléchir. Une narration fluide qui porte admirablement ce récit, sans lourdeur
ou longueur. Bref, un très beau roman !
Ce livre a été
lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus
d’explications sur cet article)
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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