Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 289
Résumé : Bastien Regnault part à la recherche de Diane, sa sœur jumelle, dont
la famille n'a plus de nouvelles depuis plusieurs mois. Des indices convergents
le mènent très vite à la Défense. Le quartier d'affaires, chargé d'histoire,
va, petit à petit, se dévoiler à lui, lui révélant un monde inconnu et
souterrain, où, semble-t-il, officie une mystérieuse et très ancienne société
secrète : la Panse.
Un grand
merci aux éditions Folio pour l’envoi de ce volume ainsi qu’à la plateforme
Livraddict pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Je me
demande combien d’entre eux sont au courant. Je me demande combien d’entre eux
sont descendus au fond, combien d’entre eux ont vu ce que j’ai vu et se
taisent. Il n’y a rien à faire de cette connaissance, il n’y a rien à tirer de
cette histoire, il faut juste, maintenant, continuer d’avancer. Il faut juste
tâcher de vivre en sachant qu’elle est là. Qu’elle ne dort qu’à moitié. Qu’un
jour, si la Panse arrête son travail ou si le temps est venu, elle se
réveillera, elle surgira, et que nous ne pourrons plus feindre de l’ignorer. »
- Mon avis sur le livre -
Lorsque j’ai
cliqué sur l’onglet des partenariats Livraddict ce vendredi-là, je m’attendais
absolument à tout sauf à avoir un coup de cœur pour une simple couverture. Et c’est
pourtant ce qui m’est arrivé : la sublime illustration de ce thriller m’a
immédiatement conquise. L’ambiance qui se dégage de cette image vendait du
rêve, tout simplement : cet homme qui s’enfonce dans ce qui semble être un
tunnel aux parois étrangement lacérées nous invite à le suivre vers cette
lumière lointaine, en dépit du danger qui semble se cacher dans les zones d’ombre.
Puis ce fut le titre, énigmatique, qui m’a aussitôt fait penser au système
digestif des ruminants, ce qui m’a bien évidemment intriguée au plus haut point :
qu’est-ce qui va digérer quoi – ou qui ? – dans ce récit ? Le résumé,
enfin, me promettait un récit palpitant, angoissant sûrement, aussi. Bref,
lorsque j’ai appris que j’étais sélectionnée, j’étais sur un petit nuage, et
lorsque le facteur me l’a apporté, j’étais vraiment impatiente de le commencer.
Bastien et sa sœur
Diane n’ont jamais été fusionnels comme peuvent l’être certains jumeaux. Pas de
liens spirituels à la limite de la télépathie, pas de besoin irrésistible d’être
collé l’un à l’autre. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois qu’ils ne se sont pas
vus, et cela ne constitue pas quelque chose d’exceptionnel ou de dramatique.
Cependant, un mauvais pressentiment ronge Bastien, hanté par des cauchemars étranges
et perturbants. Quand il apprend que Diane, anciennement officier de l’armée de
terre désormais affectée dans une brigade de Sapeurs-Pompiers, a été démise de
ses fonctions puis a mystérieusement disparu après avoir fait la connaissance d’un
mystérieux jeune homme, Bastien décide de se lancer à sa recherche. Il va ainsi
plonger au cœur d’une société aussi dangereuse d’une plante carnivore :
séduisante mais redoutable …
La Panse, c’est
un roman à la narration brute, hachée, rythmée. Ici, pas de longues phrases
pleines de métaphores et de circonvolutions. Juste des informations,
entièrement destinées à poser le décor, à planter l’ambiance, à décrire l’atmosphère.
On lit, et on imagine, clairement, nettement, parce qu’il n’y a rien de
superflu. L’auteur va à l’essentiel, sans jamais rien ajouter qui ne soit pas
parfaitement nécessaire à l’économie du récit. Parfois, on a presque l’impression
de lire les didascalies de décor en début d’un texte de théâtre ou d’un
scénario de cinéma. Et j’aime bien. C’est assez rare que je rencontre de telle
plume, mais j’aime beaucoup. Car aussi étonnant que cela puisse paraitre, ces descriptions
lapidaires et elliptiques en disent bien plus sur le milieu dans lequel évolue
le héros que de longs paragraphes présentant des détails tellement précis que l’on
s’y perd. La narration est donc un des points vraiment positif de ce roman.
La Panse, c’est
également une ambiance vraiment spéciale. Le lecteur n’en sait jamais plus que
Bastien, et Bastien ne sait pas grand-chose. Il se retrouve plongé dans un
engrenage d’événements dont il ne soupçonne ni les tenants ni les
aboutissements, il suit le mouvement sans jamais parvenir à en distinguer
ni le point de départ ni celui d’arrivée. Il est perdu, tout simplement, et le
lecteur est perdu avec lui. On nage dans l’incertitude la plus complète, dans l’incompréhension
la plus élémentaire, car on découvre la Panse en même temps que Bastien, c’est-à-dire
par morceaux, petit à petit. Mystères et secrets, mensonges et révélations,
tout cela, on les accueille sans jamais les anticiper. En lisant ce livre, on
retient son souffle, de crainte de perturber l’équilibre fragile qui se joue
entre nos mains, dans ces pages. Car on le sent : un seul faux pas, et la
catastrophe se déclenchera …
La première moitié
du livre a été un véritable coup de cœur, une révélation comme on n’en trouve
que peu. Une société secrète, ancienne, aux secrets qu’on devine
progressivement terribles et dangereux. Un héros tombé là-dedans par hasard,
cherchant uniquement à retrouver sa sœur jumelle, qui ne se méfie pas tout de
suite de cette entité. Bref, il y avait un potentiel de folie dans cette
histoire. Mais, parce qu’il y a un mais, le dénouement a brisé mon enthousiasme.
J’ai tourné la dernière page avec un gout d’inachevé. C’est comme si l’auteur,
parvenu à ce stade du récit, s’était soudainement dit « Il me faut une fin ».
Alors il a mis une fin, comme cela. Une fin rapide, trop rapide, simple,
beaucoup trop simple. Trop banale, alors qu’il aurait pu faire quelque chose de
tellement plus construit, de tellement plus complexe, de tellement plus époustouflant.
Je suis déçue, clairement, parce que l’auteur a mis en place quelque chose d’extraordinairement
exceptionnel pour finir avec quelque chose de terriblement ordinaire … et c’est
vraiment dommage !
En bref, une
lecture en demi-teinte parfaite : un véritable coup de cœur pour la
première moitié, et une monumentale déception pour la seconde. Nous avons ici
une intrigue de départ qui tient la route, avec une tension dramatique de plus
en plus forte, avec des questions de plus en plus nombreuses et présentes, avec
des révélations au compte-gouttes qui accentuent le besoin irrésistible de
poursuivre sa lecture. Mais pourtant, malheureusement, un roman qui ne convainc
pas totalement, à cause de son dénouement trop rapide et trop simplifié, en
profond décalage avec la complexité et la lenteur qui caractérisent le début du
récit. Je dois bien l’avouer : je ne sais pas trop si je dois vous
recommander ce livre ou non. Il ne m’a pas totalement plu, mais pas
complétement déplu non plus : mon ressenti final se situe entre ces deux
extrêmes, sans pencher parfaitement d’un côté ou de l’autre ….
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