Editeur : Dreamland
Nombre
de pages : 349
Résumé : 2059, empire du Japon. Dans un monde
post-apocalyptique, les adolescents grandissent sans connaître ni beauté ni
laideur, le visage en permanence dissimulé. Pour Miya, qui va avoir 17 ans,
l’heure est venue d’enlever ce masque lors de la « Cérémonie des visages ».
L’Empereur décidera alors de son sort : s’il estime qu’elle n’est pas assez
belle, ce sera l’expulsion de la capitale et elle devra vivre parmi les reclus.
Au contraire, si Miya est admise à la Cour, son avenir est assuré et elle
pourra épouser son fiancé officiel. Mais, secrètement, la jeune fille aspire à
autre chose qu’un destin tout tracé. Et sa rencontre avec Wallace, un jeune
prisonnier américain, va encore attiser cette flamme de liberté qui ne demande
qu’à s’embraser…
Un grand merci aux éditions Dreamland
pour l’envoi de ce volume.
- Un petit extrait -
« Nos règles sont strictes, mais c'est pour notre bien. L'égalité est la chose la plus importante dans notre monde, et le visage, la beauté ou la laideur doivent rester cachés le plus longtemps possible afin que tous puissent grandir égaux. »
- Mon avis sur le livre -
L’une de mes plus grandes frayeurs de
lectrice ? Qu’un de mes (futurs) livres se perde dans les méandres de la
Poste et ne rejoigne jamais mes étagères … A chaque fois que je passe une
commande, c’est la même histoire : j’attends avec impatience le mail « votre
commande a été expédiée », et ensuite je commence à guetter l’arrivée de
la factrice avec une angoisse grandissante au fur et à mesure que la « date de
livraison estimée » approche. Si par malheur mon précieux n’est toujours
pas arrivé ce fameux jour, c’est le début de la fin : « c’est
certain, il n’arrivera plus maintenant, ça sert à plus rien d’attendre, c’est
fichu … ». L’inquiétude est plus grande encore lorsque je ne sais pas
si le livre est effectivement en route ou non, dans le cas des concours ou
partenariats tout particulièrement. Autant vous dire que ce livre m’a fait
passer par le désespoir le plus profond – entre quiproquos sur mon adresse et erreurs
de la Poste – et lorsqu’il est enfin arrivé dans ma boite aux lettres, je n’y
croyais même pas : il était là ! Du coup, j’ai attendu les vacances
pour le lire, pour vraiment profiter de ce petit miracle de papier …
Comme toutes les jeunes gens de son pays,
Miya n’a pas vu son visage depuis l’âge de sept ans : grâce à ce masque qu’ils
doivent tous porter jusqu’à leurs dix-sept ans, les jeunes japonais de ce monde
post-apocalyptique vivent dans l’égalité la plus parfaite et dans le respect
des règles inflexibles qui garantissent la paix et l’unité de leur société.
Mais, alors qu’approche la Cérémonie des Visages, qui orientera son avenir –
sera-t-elle Belle et admise à la Cour, ou Laide et envoyée à la Campagne ?
–, le petit monde de Miya s’écroule progressivement : tandis que son
fiancé ne la demande pas en mariage, couvrant de honte et de déshonneur sa
famille, la jeune fille rencontre Wallace, prisonnier américain dont elle doit
soigner les blessures afin d’honorer sa tâche de citoyenneté … A son contact,
une brulante envie de liberté s’insinue insidieusement dans son âme et dans son
cœur : toutes ces règles et interdictions qui rythment son quotidien
sont-elles si bénéfiques et nécessaires que ce qu’on veut leur faire croire ?
Au premier abord, donc, une dystopie
young-adult au schéma assez classique : une société à la législation
implacable fermée sur elle-même, une héroïne disciplinée qui s’apprête à vivre
une étape importante de son existence, jusqu’à ce qu’un événement – ou une
rencontre – ne vienne chambouler ses croyances et ses aspirations, une révolte
qui enfle et qui ne demande qu’à éclater …. Pas de doute possible, ce roman
rentre parfaitement dans les codes du genre ! Mais il s’en démarque
également, par l’originalité de l’idée-phare : celle des masques. Dans ce
japon post-apocalyptique, afin de garantir leur égalité, tous les jeunes âgés
de sept à dix-sept doivent dissimuler leur visage. J’ai trouvé ce concept très
intéressant, d’autant plus que les réflexions de Miya ouvrent la porte à bien
des questionnements : « Je crois que je ne sais pas qui je suis
vraiment. Pas tant que je n’aurai pas vu mon vrai visage », nous dit-elle …
Est-il possible de se connaitre, de se construire en tant qu’individu à part
entière, en étant privé d’une partie de soi-même ? Si rien ne vous
différencie de votre voisin ou de votre voisine, est-il possible de prendre
conscience de son unicité ? L’égalité, est-ce vraiment l’uniformité ?
Mais, au fur et à mesure que nous découvrons
ce monde, que nous apprenons les conséquences de la Cérémonie des visages, une
nouvelle question apparait : à quoi bon cette égalité éphémère si, au
final, c’est bien notre « beauté » ou notre « laideur » qui
détermine notre avenir ? Mais plus encore : pourquoi s’appuyer sur ce
seul critère physique et subjectif pour juger la valeur d’une personne ?
Pourquoi faudrait-il une peau immaculée et des traits agréables à la vue pour
faire de brillantes études et faire partie des privilégiés ? Ces
questions, malheureusement, ne s’appliquent pas uniquement au Japon fictif de
2059, mais bien à notre société actuelle, où le culte de la beauté est fort
présent, bien que l’on s’en défende à grands cris. Ainsi, on ne recrute pas
seulement une hôtesse d’accueil sur ses compétences, mais bien sur son physique :
les candidates jugées trop « laides » pour accueillir les clients
sont reléguées au standard, où elles ne risquent pas de renvoyer une « mauvaise
image » de l’entreprise … Comme toute dystopie qui se respecte, Mask ne se contente donc pas de raconter une
histoire, mais nous invite à réfléchir sur notre propre monde en brisant les œillères
qui nous aveuglent, plus ou moins consciemment …
Mais n’oublions pas l’essentiel : l’histoire
de Miya, notre jeune héroïne et narratrice, qui voit approcher avec autant d’impatience
que d’anxiété ce grand jour qui marque son entrée dans l’âge adulte. On s’attache
très vite à cette adolescente à la fois docile et rebelle, pleine de rêves et
de doutes. On a envie de la voir heureuse, même si on se doute que tout ne va
pas se passer comme prévu et qu’elle va se retrouver embarquée dans quelque
chose qui la dépasse … C’est un vrai plaisir que de l’accompagner au cours de
ses trois-cent pages, riches en rebondissements : on ne sait jamais à quoi
s’attendre, on n’arrive jamais à rien prévoir, on est balloté par les événements
et on se laisse surprendre. C’est typiquement le genre de roman qui vous fait
sursauter à intervalles réguliers : « quoi ?! mais c’est pas
possible !? c’est pas vrai ?! quand même pas !? » … D’un
bout à l’autre du récit, les coups de théâtre et autres retournements de
situations viennent stupéfier le lecteur totalement captivé … Mention spéciale
à la fin, incroyable, impensable, qui m’a laissée totalement abasourdie :
comment l’autrice peut-elle songer à une suite après cela ? Je suis
vraiment curieuse de savoir comment elle va se dépatouiller pour nous offrir un
tome deux, et suis d’ailleurs fort impatiente de le lire, car beaucoup de
mystères restent encore en suspens …
En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut
une merveilleuse lecture : un page-turner bourré d’action, riche en
rebondissements, mais qui nous offre également des passages plus calmes, pleins
d’émotions, un rythme ni trop lent ni trop effréné, une plume saisissante qui
happe le lecteur sans jamais le relâcher, une héroïne sensible et attachante qu’on
a envie de protéger … Ce roman a tout pour lui, et je ne voyais plus le temps
passer lorsque j’étais plongée dans ma lecture ! L’autrice nous offre une
histoire aussi intéressante que captivante que je recommande bien volontiers
aux amateurs du genre, ainsi qu’à ceux qui ne le sont pas encore … Un petit
bémol toutefois : le triangle amoureux prend parfois un peu trop de place
et relègue la dystopie au second plan, ce qui est drôlement dommage vu la
richesse et le potentiel de la société mise en place par l’autrice ! J’espère
que cela se calmera par la suite …
Ce livre
a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus
d’explications sur cet article)
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