Au bord du ruisseau
Editeur : Flammarion
Collection : Bibliothèque du chat perché
Nombre
de pages : 349
Résumé : La famille Ingalls quitte la petite maison
dans la prairie pour un endroit plus paisible. Après un long voyage en chariot,
ils s’installent près du village de Walnut Grove, dans le Minnesota. Leur
nouvelle maison est située près d’un ruisseau : les Ingalls prennent un nouveau
départ…
- Un petit extrait -
« - Si tout le monde souhaitait toujours le bonheur de tous, alors ce serait Noël tous les jours ? demanda Laura.- Oui, Laura, lui répondit Maman. »
- Mon avis sur le livre -
Je devais avoir une petite dizaine d’années lorsque
ma maman m’a offert l’intégrale de La petite maison dans la prairie : huit magnifiques ouvrages reliés que
je ne me lassais pas d’admirer, et dans lesquels je me suis aussitôt plongée … Avant
d’arrêter, en larmes, au beau milieu du tome dans lequel Marie perd la vue et
Jack perd la vie. Le visionnage de la série ne m’avait pas préparée à quelque
chose d’aussi tragique et d’aussi triste ! Il m’a fallu attendre douze
années avant de prendre mon courage à deux mains et redonner sa chance à cette
saga autobiographique : je suis toujours aussi sensible, mais après avoir
lu des témoignages aussi déchirants que Deux petits pas sur le sable mouillé ou J’ai pas pleuré sans être
traumatisée, je me suis dit que j’étais prête pour me replonger dans La petite
maison dans la prairie !
On ne va pas se mentir, certains passages restent difficiles, mais clairement,
cela ne m’a pas secouée comme lors de ma première tentative !
Après un nouveau long voyage à travers le
Kansas et le Minnesota, la petite famille Ingalls arrive enfin sur les rives de
Plum Creek : Charles vient d’acheter ces terres à M. Hanson, qui quitte la
région. Tandis que Charles construit une belle maison en planches pour les
siens, Caroline, Marie et Laura aménagent la petite maison souterraine … La vie
est belle, au bord du ruisseau : la terre est fertile et leur promet de
bonnes récoltes, la ville est suffisamment proche pour qu’ils puissent aller à
l’église et que les petites filles aillent enfin à l’école, ils ont des chevaux
et une vache … Mais voilà que des nuées de sauterelles s’abattent sur le pays,
dévorant tout sur leur passage. Voilà que des étranges boules de feu pénètrent
dans la maison tandis que le blizzard souffle au dehors. Voilà que la
sécheresse détruit les récoltes à peine plantées …
Je le reconnais volontiers : je n’ai pas
pu m’empêcher de faire un constant parallèle entre ce livre et la première
saison de la série télévisée ! Bien que cette dernière ait grandement
enjolivé les choses, en supprimant ou modifiant certains passages et en
ajoutant au contraire de nouvelles péripéties totalement inventées, elle
reprend en grande partie le récit de Laura … en particulier en ce qui concerne
la rencontre avec Nelly Oleson à l’école et la « partie de campagne »
où notre petite intrépide se venge de la petite peste en la conduisant près de
l’écrevisse du bassin ! Si dans le premier tome, Laura était finalement
assez sage et obéissante, en grandissant, elle devient bien plus « rebelle »
et audacieuse, parfois même un peu insolente, même si elle regrette rapidement
ses écarts de conduite. Car Laura aime ses parents, elle les respecte car elle
se rend de plus en plus compte de tout ce qu’ils font pour ses sœurs et elles …
Ils se privent d’un nouveau manteau ou d’un nouveau châle pour leur offrir de
jolies bottines ou une belle robe. En retour, que fait-elle ? Elle joue
dans le foin, elle entraine sa sœur ainée dans ses bêtises, sans penser à son
pauvre Papa qui va devoir travailler dur pour remettre le foin en meules pour l’hiver.
Au fil de cette année passée sur les rives de Plum Creek, la petite fille
apprend l’altruisme, la générosité, le don de soi … J’ai été très triste pour
elle lorsqu’elle a été obligée de donner sa poupée à sa petite voisine, parce
qu’elle est une « grande fille » maintenant et que ce serait égoïste
de sa part de garder Charlotte alors qu’elle ne joue plus avec.
Les préoccupations des pionniers sont bien
éloignées des nôtres : tandis que nous nous inquiétons de savoir si nos
vêtements sont encore à la mode ou si notre dernier post Instagram va récolter
beaucoup de « J’aime », les Ingalls vivent avec la peur permanente de
voir leurs récoltes détruites par une quelconque catastrophe. Car sans ce
blé à venir, ils ne pourront payer les planches qui ont servi à construire la
maison, ils ne pourront acheter de quoi se nourrir pour l’hiver à venir … Et
même quand les sauterelles ravagent tout, même quand la sécheresse détruit
tout, même quand tous leurs efforts sont réduits à néant, ils ne se lamentent pas.
Et pendant ce temps, nous protestons car nous n’avons « pas assez d’argent »
pour aller au cinéma au moins une fois par mois, comme si c’était vital, comme
si c’était nécessaire, comme si c’était indispensable ! Les Ingalls n’avaient
pas de sécurité sociale ni d’assurance : l’Etat ne faisait rien pour ses
habitants, mais aucun pionnier n’allait manifester, au contraire, ils
consacraient leur énergie à reconstruire ce que la nature avait détruit. Lire
ce livre à notre époque nous aide à relativiser, à nous rendre compte que nous
n’avons pas à nous plaindre : si nous avons les moyens de nous offrir ce
roman ou de songer aux loisirs, c’est que nous avons amplement de quoi mettre
dans l’assiette et que nous avons un toit sur la tête ! Je suis très
admirative de Charles et Caroline, de leur courage et de leur foi …
Je sais que c’est un aspect qui dérange
beaucoup, justement : la religion. Maintenant qu’ils vivent à proximité d’une
ville, les Ingalls se rendent chaque semaine à l’église, et les petites filles
vont à l’école du dimanche où elles apprennent par cœur des versets de la
Bible. Laura évoque à plusieurs reprises les prières du soir, les chants de
louange que Charles accompagne au violon, et cite même quelques fois des
passages entiers du texte biblique … Contrairement à bien des lecteurs qui
considèrent cet aspect « pénible » voire « énervant », j’ai
beaucoup aimé le fait que la foi trace son chemin dans le cœur et l’esprit de
la petite Laura. La religion faisait partie intégrante de la vie des pionniers
américains de cette époque, cela me semble donc parfaitement normal et évident
que Laura en parle dans ses mémoires … d’autant plus qu’elle ne pensait sans
doute pas qu’un jour, quelqu’un irait reprocher à des parents d’avoir transmis
leur foi à leurs enfants ! De la même façon, j’ai du mal à comprendre
pourquoi tout le monde s’insurge contre l’éducation qu’elles ont reçue :
en quoi apprendre la politesse et la gentillesse à des enfants est-il mal ?
Auriez-vous préféré que Laura embarque ses cadeaux de Noël sans remercier le
révérend Alden grâce à qui elle a reçu cette adorable petite cape de fourrure
dont elle rêvait tant ? Bien sûr, Marie et Laura nous semblent « trop
sages », mais il n’y a qu’à voir toutes les bêtises que fait la petite
Laura, parfois suivie par la discrète Marie, pour se rendre compte qu’elles
sont loin d’être parfaites !
Bref, vous l’aurez bien compris, ce second
tome confirme ce que je disais à propos du premier : cette saga est
vraiment fort sympathique ! Laura a un vrai don de conteuse, elle fait
voyager le lecteur à travers le temps et l’espace pour lui faire revivre à
travers des mots son enfance, faite de longues après-midi de jeux dans la
prairie et de studieuses matinées à apprendre à lire ou à coudre, où la joie d’être
en famille est toujours supérieure aux malheurs qui vient ébranler leur
quotidien. La vie est rude, mais elle est belle, voici ce qui pourrait résumer
la vie des Ingalls, et voilà également le message que le lecteur peut tirer de
ce récit. Récit qui s’adresse normalement à des enfants, de par la simplicité
de la narration et l’âge de la petite Laura, à condition que ces enfants ne
soient pas trop sensibles – mais je pense que maintenant, vu tout ce qu’ils
voient à la télévision dès leur plus jeune âge, ils ne seront pas choqués par
ce livre comme j’avais pu l’être à leur âge … – mais qui plaira aussi aux
adultes nostalgiques de la série, ou tout simplement curieux de connaitre la
vie des pionniers !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus
d’explications sur cet article)
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