Editeur : Bayard Jeunesse
Nombre
de pages : 300
Résumé : Barry Boone, dit Baboon, a douze ans,
collectionne les chapeaux et adore inventer des blagues. Son rêve: devenir un
comique renommé. Mais ses camarades le considèrent plutôt comme le bouffon de
la classe. Ses incessants jeux de mots ne font rire qu'Angeline, sa meilleure
amie, partie étudier dans une lointaine et prestigieuse école. Quand un
concours de jeunes talents est lancé dans son école, Baboon s'inscrit, bien
décidé à faire hurler de rire le public. Pour ne pas dévoiler son spectacle
avant le grand soir, il arrête de faire le pitre et commence alors à se faire
des amis. Troublé, il ne sait plus s'il doit monter sur scène...
- Un petit extrait -
« Barry prit plusieurs respirations profondes. C'était censé l'aider à se détendre, et pourtant il avait la tête qui tournait.- Nous avons vu beaucoup de candidats, lança Miss Longajey, mais il reste encore un jeune talent. Je vous présente Barry W. Boone !Barry fit pipi dans son pantalon. »
- Mon avis sur le livre -
C’est par un heureux hasard que je suis
tombée sur ce roman : c’est en cherchant d’occasion Des poissons dans la tête, livre
que j’avais emprunté des dizaines et dizaines de fois en bibliothèque et que je
souhaitais acheter, que j’ai remarqué la couverture de celui-ci, étrangement
similaire à celle de l’autre roman … J’ai donc lu le résumé, intriguée, et mon
petit cœur a explosé de joie : un roman centré sur Barry, personnage
secondaire mais capital des aventures d’Angeline, mais quelle merveilleuse
nouvelle ! Ni une ni deux, ce titre a sauté dans mon panier, et quelques
jours plus tard, il atterrissait dans ma boite aux lettres, avant de patienter
bien gentiment plusieurs années sur les étagères (enfin, sur les piles de « livres
sans étagère fixe » pour être exacte) … Car le problème est toujours le
même : j’achète et reçois bien plus de livres que je ne peux en lire, et
rares sont ceux qui sont lus rapidement après leur arrivée ! Il aura fallu
un coup de blues, l’envie de relire Des poissons dans la tête et le besoin de découvrir cette « suite »
pour sortir enfin ce petit roman de son antre !
Depuis qu’il est tout petit, Barry Bonne, dit
Baboon, a une passion : raconter des blagues. Etre sérieux, très peu pour
lui : à chaque minute de chaque journée, Barry ne pense qu’à sortir des
vannes plus grosses que lui. Mais il doit bien se rendre à l’évidence : personne
ne rit jamais à ses histoires drôles – sauf sa meilleure amie Angeline, avec
qui il joue au croquet tous les week-ends, quand elle revient de son école pour
petits génies. Pire encore, ses camarades de classe et ses professeurs le prennent
pour un idiot fini : les premiers le raillent et le rejettent, les seconds
l’exhortent à cesser ses bêtises et à se concentrer sur ses études. Comme s’il
avait besoin d’étudier pour devenir comique professionnel ! Non, ce qu’il
a vraiment besoin, c’est de participer et gagner au concours de jeunes talents
organisé par le collège : après cela, ils seront tous obligés de
reconnaitre qu’il a du talent ! Pour être certain de ne pas dévoiler son
numéro avant le grand soir, Barry cesse de raconter des blagues à tout bout de
champs … et jour après jour, le miracle survient : il se fait
progressivement des amis. Et cela vient tout remettre en question.
Le petit garçon blagueur et joyeux que nous
avons rencontré dans Des poissons dans la tête est entré au collège … mais grandir est une
chose bien compliqué, et Barry peine à s’adapter à ce nouvel environnement. Et
cela d’autant plus qu’il n’a pas d’amis pour l’aider et le soutenir : sa
seule et unique amie, Angeline, a reçu une bourse pour entrer dans un
prestigieux institut pour enfants surdoués, et même s’il est très fier d’elle,
il se sent bien seul. Chaque jour, il doit faire face aux moqueries et autres
injures de ses camarades, ainsi qu’aux réprimandes de ses professeurs et de ses
parents. Mais Barry ne pleure jamais. Plus il souffre, plus il rit. Plus il a
mal, plus il raconte de blagues. Et c’est un terrible cercle vicieux qui se met
en place, car plus il raconte de blagues, plus les autres élèves le traitent de
bouffon, de babouin … Autant vous dire que mon cœur s’est brisé en mille
morceaux à chaque brimade que subissait ce pauvre Barry, ce si gentil petit
Barry qui ne comprend pas pourquoi personne ne rit jamais à ses blagues. Alors
il faut être honnête, elles ne sont pas réellement drôles … mais c’est
effrayant de constater à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux,
de se rendre compte qu’ils cherchent le moindre prétexte pour humilier ceux qui
ont le malheur d’être un peu différent.
C’est d’autant plus déchirant que Barry ne
peut même pas compter sur le soutien de ses parents : non seulement ces
derniers ne l’encouragent pas lorsqu’il leur annonce qu’il s’est inscrit au
concours, mais en plus ils ne cessent de lui dire de ne pas y croire, de ne pas
prendre ça au sérieux. Alors certes, on pourrait considérer qu’ils veulent le
protéger en lui évitant une désillusion, mais briser systématiquement tous les
rêves d’un enfant, je trouve tout de même ça un peu cruel aussi. Ne devraient-ils
pas plutôt à chercher à comprendre pourquoi leur petit garçon se réfugie sans
cesse dans ses livres de blagues, au lieu de le rabrouer sans cesse à chaque
fois qu’il souhaite leur raconter une histoire drôle ? Ne voient-ils pas
les larmes qui se cachent derrière les sourires, les doutes qui se cachent
derrière ce masque d’assurance et d’insouciance ? On a parfois l’impression,
et ce livre ne fait que le mettre en lumière, que les humains deviennent
soudainement sourds et aveugles en devenant adultes : c’est tellement plus
simple de crier aux caprices et à l’insolence face à un enfant blagueur et
dissipé que de chercher à voir la souffrance soigneusement cachée … C’est
tellement plus simple de lui dire que c’est de sa faute s’il n’a pas d’amis,
que de combattre le harcèlement – que bien des adultes « approuvent »
presque en utilisant ce genre d’arguments, faisant ainsi passer la victime pour
le responsable de sa propre douleur ! Oui, c’est un récit bien plus
sérieux et bouleversant qu’il n’en a l’air au premier abord, tout comme Barry
est bien moins insouciant et joyeux qu’on ne le croit au premier regard.
Mais rassurez-vous, ce livre est loin d’être
déprimant, bien au contraire ! C’est un livre qui, étonnamment, rayonne d’espérance
et de joie. On le sent, malgré toutes les embûches, malgré toutes les épreuves,
malgré les moments de doute et de découragement, notre adorable petit Barry va
s’en sortir. Il va juste grandir un peu au passage. Au fil des chapitres, on le
voit qui prend conscience de son isolement, des regards railleurs et
hautains que les autres enfants portent sur lui, on le voit qui prend également
conscience que ses blagues perpétuelles sont loin d’être aussi drôles qu’il ne
le croyait, et que ce n’est pas en cherchant à tout prix à faire rire les
autres qu’il sera apprécié d’eux. Il y a ce douloureux dilemme entre l’envie d’être
accepté et le refus de rentrer dans le moule, de devenir quelqu’un qu’on n’est
pas, uniquement pour être « comme les autres ». Il y a les
maladresses de celui qui n’a pas encore compris les codes sociaux du collège, si
différents de ceux de l’école primaire, les codes sociaux de l’adolescence, si
différents de ceux de l’enfance. Oui, Barry grandit, murit, et cela passe par des
moments difficiles. Mais c’est avec un grand sourire que nous tournons la
dernière page, que nous disons au revoir à Barry qui se remet de toutes ses
émotions, que nous l’applaudissons pour être allé au bout de ses rêves. C’est
un livre rempli d’espoir.
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est
encore une très belle histoire que nous offre l’auteur. Bien que je l’ai légèrement
moins apprécié que Des poissons dans la tête, surement parce qu’il aborde une question
plus difficile, avec finesse mais sans détour, surement aussi parce qu’on perd
ici la magie de l’enfance pour entrer dans les déconvenues de l’adolescence, j’ai
tout de même pris un énorme plaisir à suivre Barry dans cette année scolaire
riche en émotions. C’est un petit héros incroyablement attachant, on ne peut
pas s’empêcher d’avoir de la peine pour lui, de vouloir le serrer dans nos bras
pour le réconforter, de vouloir aussi le défendre contre ses camarades, de
vouloir lui apporter notre soutien … C’est un livre au message éminemment
positif malgré tout, un livre qui donne la banane, un livre dont on ressort un
peu plus léger. Tout comme son prédécesseur, c’est un livre qui conviendra
autant aux petits lecteurs et petites lectrices en herbe qu’aux grandes
lectrices et grands lecteurs chevronnés : il se lit vite et bien, sans
pour autant être simpliste. Il aborde avec brio des thématiques délicates, mais
toujours avec délicatesse et poésie. Oui, vraiment, c’est un très beau petit
livre que je suis très heureuse d’avoir découvert par hasard !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire