Editeur : Au diable vauvert
Nombre
de pages : 829
Résumé : 2095. Les Puissances – ces grands empires
industriels qui règnent sur l’économie mondiale – rassemblent leurs forces.
Demain, à New York, le Sénat des Nations Unies ouvre ses portes… Une
conspiration est en marche – si vaste qu’elle pourrait bien faire basculer le
destin de l’humanité. De l’autre côté de l’Atlantique, un groupe de
scientifiques, d’intellectuels, de diplomates et d’espions prépare la riposte.
Ils n’ont pas de nom, pas d’argent, pas de statut… Mais leur détermination est
digne des utopistes de la Renaissance.
Un grand merci à lecteurs.com
pour l’envoi de ce volume dans le cadre des Explorateurs de l’imaginaire.
- Un petit extrait -
« Vous ne trouverez rien ici. Ni chaleur, ni douceur, ni lumière. Seulement la souffrance et le travail. Quand la tension deviendra trop forte, et que vous aurez besoin d'aide, il n'y aura personne pour vous écouter. Vous devrez tout inventer vous-mêmes." Le sergent fit une pause. Il se tourna vers eux et les dévisagea, l'un après l'autre. Ses yeux étaient vides. "Ceci est votre première leçon... Apprenez à vous connaître, et à vous aimer. Protégez-vous. Sauvez ce que vous pourrez. Soyez des Défenseurs. Parce que lorsque j'aurai achevé ma tâche, vous ne serez plus réellement des êtres humains. »
- Mon avis sur le livre -
Lorsque cet énorme pavé a fait son apparition
dans la boite aux lettres, en lieu et place de l’un des quatre petits ouvrages
de moins de 200 pages que j’avais sélectionnés, autant vous dire que j’ai ressenti
une bonne vague de panique : entre ses 800 pages, sa minuscule police d’écriture
et la renommée de son auteur, je ne me sentais clairement pas à la hauteur pour
tenir les délais demandés par lecteurs.com pour cette opération « Explorateurs
de l’imaginaire » ! Fort heureusement pour moi, cette imposante
intégrale – regroupant la trilogie F.A.U.S.T. et deux novellas se déroulant dans le même
univers – s’est avérée bien plus agréable et facile à lire que prévu :
bien sûr, c’est écrit tout petit (une galère pour la grande myope que je suis),
bien sûr, c’est un des plus gros pavés de ma bibliothèque (il pèse son poids),
bien sûr, c’est un classique de la science-fiction française (moi qui jusqu’à
présent me cantonnait à la science-fiction jeunesse) … mais tout cela n’est
rien face au haut potentiel romanesque de cette saga !
2095. Après des dizaines d’années de
recherches et de manigances, les Puissances économiques mondiales vont enfin
faire passer au Sénat des Nations-Unies la loi la plus audacieuse de l’histoire
de l’humanité … Mais également la plus dangereuse. Après s’être accaparé le
contrôle de toutes les prérogatives auparavant dévolues aux Etats – sécurité,
santé, éducation, communications, énergie … tout passe désormais par elles –,
voici que les Puissances s’approprient ce qui jusqu’à présent n’appartenait à
personne : le monde, et les hommes qui y grouillent. Mais la Fédération
européenne n’a pas dit son dernier mot : sur l’impulsion de la présidente
est créé le Square, qui doit lutter coute que coute contre la prise de pouvoir
de l’Instance, qui règne désormais en maitre sur le Village comme sur le Veld …
La résistance est en marche.
Difficile de vous résumer le contenu de cinq
ouvrages en quelques lignes. Plus difficile encore de vous parler de cette
incroyable intégrale sans trop vous en dévoiler. Et cela d’autant plus que j’aurai
grandement besoin d’une deuxième lecture pour en saisir toutes les subtilités,
tous les messages. Car ce que je peux dire sans problème, c’est que Serge Lehman
nous offre ici un récit incroyablement dense. Il nous plonge dans un futur qui
peut sembler effroyable, effrayant, mais qui pourrait bien être le nôtre un
jour au rythme où vont les choses : déjà l’économie prend le pas sur la
politique, déjà nous assistons à une uniformisation mondiale qui trouve chez
Serge Lehman son aboutissement dans le Village, immense agglomération où Paris,
New-York et Tokyo ne forment finalement qu’une seule entité. Dans ce futur
littéraire, les grandes entreprises, les Puissances, ont finalement plus de
poids que les reliquats d’Etats dans la gestion du monde : elles font la
pluie et le beau temps, elles gèrent les écoles, les hôpitaux, les moyens de
communication … Et à côté du Village, il y a le Veld, où vivent les « indésirables »
de cette société où seul compte l’argent, le profit, la productivité, l’utilité,
la réussite. Décharge matérielle mais aussi humaine, le Veld est une zone de
non-droit où s’entassent tous ceux qui feraient « tâches » dans le
beau Village, avenir de l’humanité …
Les deux novellas sont des préquelles à la
trilogie F.A.U.S.T. qui
donne son nom à l’intégrale. La première nous présente la quête de Paul Coray,
historien médiéviste, dont les recherches intéressent grandement les plus
grandes Puissances … Mais Paul, soudainement conscient des implications
possibles de ses trouvailles, bien conscient qu’il vient de condamner l’humanité
à une nouvelle forme d’esclavage, cherche Liverion, la ville qui n’existe pas …
Je dois avouer avoir eu un peu de mal à m’immerger dans ce premier récit, le
temps de m’habituer à tous les termes spécifiques à l’univers – mais qu’est-ce
donc qu’un bondisseur ? un B-man ? –, mais une fois tous ces mots
intégrés, ce ne fut que du bonheur. Une entrée en « douceur » dans
cet univers d’une richesse incroyable, mais surtout une belle introduction à l’intrigue
de la trilogie. La seconde novella est, de ce fait, moins intéressante : j’ai
un peu de mal à en saisir l’intérêt pour la chronologie globale du récit. Elle
nous présente plus en détail la vie au sein du Veld, parfois surnommé
Wonderland, mais n’apporte à mes yeux rien d’essentiel pour la suite. Cette
histoire m’a donc moins passionnée que le reste de l’intégrale …
Et enfin, la trilogie F.A.U.S.T., le cœur même de la saga. Un vrai régal,
tout simplement. Serge Lehman nous offre à la fois des personnages grandioses,
soit détestables soit attachants, une narration d’une finesse et d’une fluidité
rare, associée à un style d’une élégance inouïe, sans oublier une intrigue à
couper le souffle où s’entrecoupent machinations économiques et politiques,
luttes de pouvoirs et d’influences médiatiques, mais aussi quêtes personnelles
et idéologiques. Je suis encore toute époustouflée par le génie littéraire de cet
auteur que je découvre … Il nous offre à la fois un univers et une intrigue d’une
complexité incroyable, où les complots et autres conspirations se mêlent et s’entremêlent,
et une histoire captivante et passionnante qui se lit sans peine. J’ai adoré
suivre les pérégrinations de Chan Coray, ce jeune homme qui ne cherchait qu'à
venger la mort de son père et qui devient bien malgré lui le symbole, à la fois
adulé et haï, de l’ultime résistance à l’omniscience des Puissances. Chan est
un paradoxe ambulant, il est capable du pire comme du meilleur, il n’a tantôt
rien d’un héros et parfois l’âme du plus grand humanisme. Il nous mène d’un
bout à l’autre du monde pour nous faire vivre à ces côtés la déchéance d’une l’humanité
à bout de souffle, dépassée par l’ambition des plus grands et le pouvoir de l’argent.
Il porte sur ses épaules cette histoire pleine de nœuds qui fait le régal des
lecteurs.
En bref, vous l’aurez bien compris, une fois
ma panique initiale passée, je suis tout simplement ravie de découvrir enfin
cette « œuvre majeure de la science-fiction française », pour
reprendre les mots d’Alain Damasio, qui a rédigé la préface de cet ouvrage. J’ai
passé une dizaine de jours merveilleux en compagnie de ces personnages, au cœur
de ce futur aussi effrayant que fascinant, au sein de cette histoire tout simplement
palpitante et poignante. A chaque fois que je posais ce livre pour reprendre d’autres
occupations – mes études par exemple –, je n’avais qu’une envie :
reprendre ma lecture, découvrir la suite de cette intrigue incroyable, de cette
véritable course contre la montre. On se laisse totalement happer par ce récit
haletant, et une fois la dernière page tournée, on en redemande. Car on le
sent, rien n’est véritablement fini, il y aurait encore tellement de choses à
dire ! Car dans ce livre comme dans la vie, l’homme ne s’arrête jamais de
comploter, de grignoter la moindre miette de pouvoir supplémentaire, de trouver
le moyen de discréditer son adversaire … Mais aussi de sauver ce qui peut
encore l’être. Un vrai coup de cœur pour cette saga que je relirai fort
volontiers un jour ou l’autre, car elle a tant de choses à apporter à ces
lecteurs, tant de messages à déchiffrer, et une seule lecture n’est clairement
pas suffisante pour déceler tout le potentiel de cette histoire !
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