mercredi 12 février 2020

Un jour une étoile - Jean-Luc Marcastel


Un jour une étoile, Jean-Luc Marcastel

Editeur : Gulf Stream
Nombre de pages : 242
Résumé : Saru et son clan vivent à M’martre, une cité en ruines en proie aux guerres intestines. Le jour où son frère, ayant atteint ses 6 570 matins, est emmené par les maraudeurs, des monstres de fer qui surgissent de nulle part, Saru est désemparé. Au même moment, une capsule tombe du ciel avec en son sein deux créatures vêtues d’armures étincelantes. L’une d’elles, à la voix d’ange et à la silhouette troublante, bouleverse Saru. Ce dernier apprend petit à petit à connaître celle qu’il appelle « sa fée de métal » et comprend qu’il a vécu jusqu’à présent dans un gigantesque leurre…


- Un petit extrait -

« Et je crois que, s’il y a une chose qu’avaient comprise mes parents, qu’ils m’ont transmise et que je veux transmettre à mes enfants, c’est que cette étoile que nos ancêtres sont partis chercher, cette étoile qu’ils ont crue si lointaine, celle qui réchauffe, donne sens à la vie, ils ont fini par la trouver, non pas à des milliards de kilomètres, mais là, tout près, dans le cœur de l’autre. »

- Mon avis sur le livre -

Depuis que je reçois régulièrement des services de presse, je me rends compte que j’ai de moins en moins la possibilité de choisir ma prochaine lecture : pas besoin de rester plantée devant ma bibliothèque en me demandant quel livre je souhaite lire, puisque je n’ai qu’à attraper le suivant sur la liste. Etrangement, c’est sécurisant, comme sensation. Mais voilà, il m’arrive, parfois, de venir à bout de cette pile de services de presse. Et alors, le dilemme commence : lequel des 500 ouvrages qui composent ma PAL vais-je lire à présent ? De quoi ai-je envie actuellement ? Parfois, la réponse vient aisément, mais parfois, c’est le vide intersidéral : aucun titre ne me traverse l’esprit, ou bien il s’agit d’une longue saga alors que je n’ai pas le courage de me plonger dans une longue saga, même chose pour les gros pavés … Après avoir longuement observé d’un regard vide les étagères, je me suis tout simplement tournée vers une valeur sûre : Marcastel, collection Electrogène, space opera, le trio parfait !

Saru est fier de son frère ainé et rêve de lui ressembler un jour : Saïh est fort et courageux, il est respecté des siens et craint par les autres clans. Il est son protecteur, son confident, son modèle. Mais arrive le terrible jour où Saïh est emmené par les maraudeurs, terrifiantes machines de métal qui viennent chercher régulièrement tous les habitants de M'Martre ayant plus de 6570 jours. Désormais, Saru est seul pour affronter l’avenir … mais aussi les surprenants évènements qui s’accumulent dans la cité. Le ciel clignote, s’éteint brièvement. Et une mystérieuse capsule tombe du ciel, et à son bord, une fée de métal. Une créature aussi fragile qu’attirante, dont il tombe irrésistiblement amoureux, et qui l’attire dans une véritable course contre la montre, tout en lui révélant l’impensable …

Il est difficile de vous résumer ce roman, et plus difficile encore de vous en parler sans trop vous en dire ! C’est en effet un livre dans lequel il faut se plonger sans rien en savoir, sans rien en attendre. Il faut l’ouvrir avec naïveté, avec candeur, pour mieux se laisser surprendre par les révélations qui parsèment le récit. Pour se laisser sidérer par la dernière phrase du chapitre 14. Pour avoir l’envie irrésistible de tout reprendre du début pour redécouvrir l’histoire avec cette perspective nouvelle, chercher les petits indices semés ci et là. Se demander comment on a pu passer à côté de cela, pour finalement comprendre qu’on est passé à côté car ce n’est pas essentiel : l’essentiel, c’est l’amour naissant entre Saru et Maïa, au mépris des différences, c’est leur quête pour la survie de tous. Ils viennent de se rencontrer, et tout semble les séparer. Et pourtant, c’est main dans la main qu’ils vont faire face à l’adversité, une adversité grisée par le pouvoir et la peur de perdre ce dernier, une adversité qui a perdu toute humanité tout en s’imaginant être le représentant le plus « pur » de cette dernière. Et la question, sous-jacente : qui est, finalement, le plus humain ?

Mais Jean-Luc Marcastel nous offre en premier lieu un space opera magistral, un récit d’aventure incroyable, une course effrénée contre la montre. A chaque embûche qui se dresse sur le chemin de Saru et Maïa, à chaque obstacle qui vient mettre en péril leur mission, à chaque complication qui vient ajouter une touche de difficulté à cette entreprise déjà risquée, le lecteur impuissant ne peut que croiser les doigts en espérant qu’ils vont s’en sortir, qu’ils vont trouver une solution, qu’ils vont mener à bien leur quête. On a envie d’y croire, on a besoin de cet espoir que représente leur amour interdit, cet espoir qui les pousse toujours vers l’avant même quand tout semble perdu. J’ai aimé l’abnégation de Maïa, qui ne pense qu’aux siens, avant de penser à elle, qui est prête à donner sa vie pour sauver celle des autres. J’ai aimé le dévouement de Saru, qui fait aveuglément confiance à sa petite fée de métal, qui va tout mettre en œuvre pour aider et protéger cette dernière, lui qui n’était avant que l’ombre effacée de son frère ainé, le véritable guerrier. Et j’ai aimé leur amour, foudroyant, peut-être cliché, mais émouvant à souhait, véritable amour comme on n’en trouve que dans les romans. Ils sont beaux, tous les deux, tellement beaux, on ne leur souhaite que le meilleur …

En bref, vous l’aurez bien compris, il est inutile de faire durer cette chronique plus longtemps : j’ai vraiment beaucoup aimé ce petit roman de science-fiction, qui aborde avec brio la question de la différence, de la tolérance, mais aussi celle de l’humanité, de l’éthique scientifique et politique … Mais c’est surtout, avant tout, un roman qui vous capture et vous captive, un roman qui vous fait passer par toutes les émotions possibles et inimaginables, de la peur à la surprise en passant par l’espoir, la fierté et l’attendrissement. C’est un très beau roman, qui déplaira peut-être aux plus féministes, mais qui ravira assurément les lecteurs passionnés de science-fiction et de belles histoires d’amour, ceux qui cherchent dans la lecture l’émerveillement et non la polémique, ceux qui veulent s’évader dans les étoiles aux côtés de deux personnages aussi courageux qu’attachants. Ceux qui croient en l’humanité, et ceux qui ont envie de retrouver cette foi en l’humanité. Ceux enfin qui ont envie de se laisser conter une belle histoire d’amour et d’aventure, car Jean-Luc Marcastel est assurément un des plus grands conteurs qu’il m’ait été donné de rencontrer, et c’est toujours un pur bonheur que de se laisser entrainer par une de ses histoires, et celle-ci ne fait évidemment pas exception !

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