Editeur : Gulf Stream
Nombre
de pages : 242
Résumé : Saru et son clan vivent à M’martre, une
cité en ruines en proie aux guerres intestines. Le jour où son frère, ayant
atteint ses 6 570 matins, est emmené par les maraudeurs, des monstres de fer
qui surgissent de nulle part, Saru est désemparé. Au même moment, une capsule
tombe du ciel avec en son sein deux créatures vêtues d’armures étincelantes.
L’une d’elles, à la voix d’ange et à la silhouette troublante, bouleverse Saru.
Ce dernier apprend petit à petit à connaître celle qu’il appelle « sa fée de
métal » et comprend qu’il a vécu jusqu’à présent dans un gigantesque leurre…
- Un petit extrait -
« Et je crois que, s’il y a une chose qu’avaient comprise mes parents, qu’ils m’ont transmise et que je veux transmettre à mes enfants, c’est que cette étoile que nos ancêtres sont partis chercher, cette étoile qu’ils ont crue si lointaine, celle qui réchauffe, donne sens à la vie, ils ont fini par la trouver, non pas à des milliards de kilomètres, mais là, tout près, dans le cœur de l’autre. »
- Mon avis sur le livre -
Depuis que je reçois régulièrement des
services de presse, je me rends compte que j’ai de moins en moins la possibilité
de choisir ma prochaine lecture : pas besoin de rester plantée devant ma
bibliothèque en me demandant quel livre je souhaite lire, puisque je n’ai qu’à
attraper le suivant sur la liste. Etrangement, c’est sécurisant, comme
sensation. Mais voilà, il m’arrive, parfois, de venir à bout de cette pile de
services de presse. Et alors, le dilemme commence : lequel des 500
ouvrages qui composent ma PAL vais-je lire à présent ? De quoi ai-je envie
actuellement ? Parfois, la réponse vient aisément, mais parfois, c’est le
vide intersidéral : aucun titre ne me traverse l’esprit, ou bien il s’agit
d’une longue saga alors que je n’ai pas le courage de me plonger dans une
longue saga, même chose pour les gros pavés … Après avoir longuement observé d’un
regard vide les étagères, je me suis tout simplement tournée vers une valeur
sûre : Marcastel, collection Electrogène, space opera, le trio parfait !
Saru est fier de son frère ainé et rêve de
lui ressembler un jour : Saïh est fort et courageux, il est respecté des siens
et craint par les autres clans. Il est son protecteur, son confident, son
modèle. Mais arrive le terrible jour où Saïh est emmené par les maraudeurs,
terrifiantes machines de métal qui viennent chercher régulièrement tous les
habitants de M'Martre ayant plus de 6570 jours. Désormais, Saru est seul pour
affronter l’avenir … mais aussi les surprenants évènements qui s’accumulent
dans la cité. Le ciel clignote, s’éteint brièvement. Et une mystérieuse capsule
tombe du ciel, et à son bord, une fée de métal. Une créature aussi fragile qu’attirante,
dont il tombe irrésistiblement amoureux, et qui l’attire dans une véritable
course contre la montre, tout en lui révélant l’impensable …
Il est difficile de vous résumer ce roman, et
plus difficile encore de vous en parler sans trop vous en dire ! C’est en
effet un livre dans lequel il faut se plonger sans rien en savoir, sans rien en
attendre. Il faut l’ouvrir avec naïveté, avec candeur, pour mieux se laisser
surprendre par les révélations qui parsèment le récit. Pour se laisser sidérer par
la dernière phrase du chapitre 14. Pour avoir l’envie irrésistible de tout
reprendre du début pour redécouvrir l’histoire avec cette perspective nouvelle,
chercher les petits indices semés ci et là. Se demander comment on a pu passer
à côté de cela, pour finalement comprendre qu’on est passé à côté car ce n’est
pas essentiel : l’essentiel, c’est l’amour naissant entre Saru et Maïa, au
mépris des différences, c’est leur quête pour la survie de tous. Ils viennent
de se rencontrer, et tout semble les séparer. Et pourtant, c’est main dans la main
qu’ils vont faire face à l’adversité, une adversité grisée par le pouvoir et la
peur de perdre ce dernier, une adversité qui a perdu toute humanité tout en s’imaginant
être le représentant le plus « pur » de cette dernière. Et la
question, sous-jacente : qui est, finalement, le plus humain ?
Mais Jean-Luc Marcastel nous offre en premier
lieu un space opera magistral, un récit d’aventure incroyable, une course effrénée
contre la montre. A chaque embûche qui se dresse sur le chemin de Saru et Maïa,
à chaque obstacle qui vient mettre en péril leur mission, à chaque complication
qui vient ajouter une touche de difficulté à cette entreprise déjà risquée, le
lecteur impuissant ne peut que croiser les doigts en espérant qu’ils vont s’en
sortir, qu’ils vont trouver une solution, qu’ils vont mener à bien leur quête.
On a envie d’y croire, on a besoin de cet espoir que représente leur amour
interdit, cet espoir qui les pousse toujours vers l’avant même quand tout
semble perdu. J’ai aimé l’abnégation de Maïa, qui ne pense qu’aux siens, avant
de penser à elle, qui est prête à donner sa vie pour sauver celle des autres. J’ai
aimé le dévouement de Saru, qui fait aveuglément confiance à sa petite fée de
métal, qui va tout mettre en œuvre pour aider et protéger cette dernière, lui
qui n’était avant que l’ombre effacée de son frère ainé, le véritable guerrier.
Et j’ai aimé leur amour, foudroyant, peut-être cliché, mais émouvant à souhait,
véritable amour comme on n’en trouve que dans les romans. Ils sont beaux, tous
les deux, tellement beaux, on ne leur souhaite que le meilleur …
En bref, vous l’aurez bien compris, il est
inutile de faire durer cette chronique plus longtemps : j’ai vraiment
beaucoup aimé ce petit roman de science-fiction, qui aborde avec brio la
question de la différence, de la tolérance, mais aussi celle de l’humanité, de
l’éthique scientifique et politique … Mais c’est surtout, avant tout, un roman
qui vous capture et vous captive, un roman qui vous fait passer par toutes les
émotions possibles et inimaginables, de la peur à la surprise en passant par l’espoir,
la fierté et l’attendrissement. C’est un très beau roman, qui déplaira
peut-être aux plus féministes, mais qui ravira assurément les lecteurs
passionnés de science-fiction et de belles histoires d’amour, ceux qui
cherchent dans la lecture l’émerveillement et non la polémique, ceux qui
veulent s’évader dans les étoiles aux côtés de deux personnages aussi courageux
qu’attachants. Ceux qui croient en l’humanité, et ceux qui ont envie de
retrouver cette foi en l’humanité. Ceux enfin qui ont envie de se laisser
conter une belle histoire d’amour et d’aventure, car Jean-Luc Marcastel est
assurément un des plus grands conteurs qu’il m’ait été donné de rencontrer, et
c’est toujours un pur bonheur que de se laisser entrainer par une de ses
histoires, et celle-ci ne fait évidemment pas exception !
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