Asha, tueuse de dragons
Editeur : Gallimard jeunesse
Nombre
de pages : 421
Résumé : Au royaume de Firgaard, les légendes sont
interdites: elles sont dangereuses. Pourtant, le sort d'Asha, princesse
solitaire, leur semble étroitement lié. Asha est une tueuse de dragons crainte
par tout son peuple: elle est Iskari.
- Un petit extrait -
« C'était assez simple : les histoires des temps anciens attiraient les dragons. Et les dragons apportaient le chaos, la trahison, le feu. Oui, le feu, surtout. Et les brûlures. Asha le savait mieux que quiconque. Son visage en portait la preuve. »
- Mon avis sur le livre -
Depuis que je suis toute petite, mon premier
réflexe quand j’entre dans un magasin est de saluer ma maman en déclarant « je
vais au rayon livres ! ». Généralement peu fréquenté, souvent
excentré, ce rayon est indiscutablement la planque parfaite pour moi qui ne supporte
pas la foule, le bruit, le mouvement. Et cela d’autant plus lorsque les stimuli
sonores et visuels deviennent trop insupportables, j’ai à ma disposition des
centaines de romans pour m’accaparer l’esprit. C’est ainsi que la semaine
dernière, tandis que les hauts parleurs crachaient trois musiques différentes
et que les télévisions d’exposition projetaient divers films et émissions, j’ai
choisi un roman alléchant sur les rayonnages et me suis accroupie dans un coin
de l’Espace Culturel en lisant de tout mon saoul en attendant que maman ait
terminé ses emplettes. Cent soixante pages plus tard, je n’ai pas eu le cœur de
le reposer, ayant beaucoup trop envie de connaitre le fin mot de l’histoire, et
j’ai donc allégrement piétiné mes bonnes résolutions en l’achetant illico
presto … Et le moins que je puisse dire, c’est que je ne regrette pas le moins
du monde cet achat imprévu !
Du haut de ses dix ans, Asha, fille du roi,
réveilla le Premier Dragon en racontant au vent les histoires interdites des temps
anciens. Alors le feu et la mort s’abattit sur le royaume, et Asha devint l’Iskari,
la voleuse de vie, la chasseuse de dragons. Haïe par son peuple, le cœur rongé
par la culpabilité, le visage à jamais défigurée comme pour lui rappeler ses
crimes, la jeune fille tente jour après jour de se racheter, et surtout de
réprimer l’irrésistible attrait qu’exercent toujours sur elle les légendes
bannies. Promise à Jarek, jeune commandant des armées qui la sauva des flammes
alors qu’elle n’était qu’une enfant, Asha n’a plus que quelques jours pour
mener à bien la mission qui la libérera de ce mariage arrangé : elle doit
redresser définitivement ses torts passés et tuer le Premier Dragon, symbole
vivant de la noirceur qui étouffe son cœur. Car tuer Kozu, c’est effacer
définitivement des mémoires et parchemins les histoires des temps anciens, ces
légendes interdites qui corrompent l’esprit et attisent les flammes des
dragons. Mais ces récits des temps révolus sont-ils véritablement aussi
dangereux que son père le roi l’affirme … ?
C’est un monde de fantasy pas tout à fait
comme les autres que l’autrice nous invite à arpenter aux côtés d’Asha, qui n’est
pas non plus une héroïne de fantasy tout à fait comme les autres. Comme indiqué
sur la quatrième de couverture, l’ambiance de ce récit rappelle celle des
contes des Mille et une nuits : c’est au cœur d’un royaume niché dans le désert que se déroule
cette histoire. L’histoire d’une jeune femme honnie par son propre peuple pour
avoir apporté le désespoir sur la cité, pour s’être laissée corrompre par l’interdit.
A chaque dragon tué, Asha s’imagine faire un pas de plus sur le chemin de la
rédemption. Car elle veut se racheter, elle veut expier ses fautes passées.
Elle a beau sembler forte et insensible, le lecteur ne met pas longtemps à
comprendre qu’Asha n’est qu’une jeune femme brisée, et que les cicatrices qui
parcourent son corps ne sont que les reflets de celles qui cisèlent son cœur. Alors
même qu’elle est persuadée d’être mauvaise, le lecteur est le spectateur de sa
grandeur d’âme : c’est si émouvant de la voir veiller sur sa cousine,
enfant bâtarde née d’une mère esclave, c’est si bouleversant de la voir protéger
Torwin, l’esclave de son fiancé, qui n’a pas hésité à enfreindre la loi pour la
soigner. Tout en elle clame la contradiction avec celle qu’elle est au plus
profond d’elle-même et celle que tout le monde voit en elle.
Car il faut le souligner : ce n’est pas
une simple histoire de fantasy que nous conte Kristen Ciccarelli. Elle ne se
contente en effet pas de nous relater la quête d’Asha pour échapper à son
destin, quête contrariée par les découvertes et autres embûches qui se dressent
sur sa route. A travers ce récit, l’autrice évoque ainsi la question de l’esclavagisme,
et plus généralement de la ségrégation, la question des mariages arrangés et
forcés … Et plus profondément encore, la question de l’identité. Car n’est-on
finalement pas celui ou celle que les autres voient en nous, quand bien même
cette représentation est faussée, créée de toute pièces par des mensonges ?
On se rend effectivement compte au fur et à mesure, tout comme Asha, que les
choses ne sont pas aussi « simples » qu’on ne veut nous le faire
croire, que la réalité et la vérité sont bien différentes de ce qui nous est
présenté de prime abord. Je ne m’attendais tellement pas à certaines
révélations, à certains retournements de situations, j’étais à la fois ébahie
et effarée à chaque découverte que faisait la pauvre Asha ! La comparaison
avec Game of Thrones prend
effectivement son sens dans la seconde moitié du récit : luttes de pouvoir
et autres complots se multiplient et se dévoilent, nous offrant un final en
apothéose !
En bref, vous l’auriez bien compris, je suis
tombée sous le charme de ce récit magistral, premier opus d’une trilogie qui
promet d’être admirablement palpitante ! L’autrice a un véritable don de
conteuse, car on a véritablement le sentiment de vivre l’aventure aux côtés de
notre jeune héroïne, et on ressort de ce récit comme on sort d’un rêve, un peu
dans le brouillard, l’esprit encore embrumé par l’histoire et les péripéties. J’ai
énormément apprécié ce roman d’oriental fantasy, qui nous transporte dans une ambiance très particulière, celle du
désert, ce calme feutré qui menace de tout submerger. J’ai tout simplement
adoré les personnages, Asha en premier lieu, mais également Torwin et Safire,
ainsi que Dax (même si je dois avouer ne pas réussir à lui faire pleinement
confiance, j’ai une sorte de mauvais pressentiment, et j’ai hâte de me procurer
le second opus pour voir si mon intuition est juste ou bien si je suis juste
trop méfiante), sans oublier les dragons, qui se font assez discrets dans la
première partie du récit mais qui prennent de plus en plus d’importance par la
suite. C’est donc un excellent premier tome que nous propose Kristen Ciccarelli :
avis aux amateurs de fantasy, vous tenez votre prochain coup de cœur !
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