Le combat des âmes soeurs
Editeur : Gallimard jeunesse
Nombre
de pages : 415
Résumé : Roa, héritière de la Maison des Chants et
reine de Firgaard, a juré de défendre les peuples de la Terre des Brousses.
Elle a levé une armée pour le jeune roi Dax en échange de son soutien. Mais son
époux manque à sa parole. Roa se sent trahie et isolée alors que le lien
magique qui l'unit à sa sœur faiblit. Seul le couteau de la tisseuse de Ciel,
une légende ancienne, pourrait l'aider à sauver à la fois sa sœur et son
peuple...
- Un petit extrait -
« Voici ce que ça faisait d’avoir perdu sa sœur … C’était tendre la main dans la nuit pour ne trouver que les couvertures aplaties, vides et froides. C’était l’histoire qu’elle ne raconterait jamais et le secret qu’elle ne chuchoterait jamais sous les couvertures. C’était le rire qu’elle n’entendait plus. Et la douleur qui ne s’arrêtait jamais. Et le vide qui ne pourrait jamais être comblé. […] C’était se réveiller d’un cauchemar et se tourner vers celle qui l’aidait toujours à se rendormir en lui chantant une chanson, pour s’apercevoir qu’elle était seule dans le noir. Seule dans le noir pour toujours. Voilà ce que ça faisait d’avoir perdu sa sœur. »
- Mon avis sur le livre -
J’espère ne pas être la seule, mais ça m’arrive
fréquemment, lorsque j’entre dans une librairie en me disant « je n’achète
que celui que je suis venue chercher », de sortir finalement avec un, ou
deux, voire parfois trois, livres imprévus en plus … Et pourtant, c’est promis,
j’essaye d’être raisonnable ! Mais voilà, j’avais lu le premier tome il y
a quelques semaines, je l’avais adoré, donc quand j’ai vu le second opus sur la
même étagère que le nouveau tome de La guerre des clans que je venais acheter, je n’ai pas pu m’empêcher
de le prendre par la même occasion ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est
qu’il n’a pas fait long feu : moins d’un mois dans la PAL, presque un
record pour un livre qui n’est pas un service presse ! Exceptionnellement,
je n’ai pas relu le premier opus avant de me plonger dans Le combat
des âmes sœurs, déjà parce que
ma lecture était plutôt récente, et aussi parce que l’autrice les présente comme
des livres compagnons, pouvant être lus indépendamment l’un de l’autre. Et c’est
plutôt vrai, même si j’étais bien contente d’avoir lu le premier, l’histoire
ayant tout de même lieu après les événements relatés dans Asha, tueuse de dragons !
Roa, héritière de la Maison des Chants, a
aidé le prince Dax et sa sœur Asha à destituer le Roi Dragon pour lui prendre
son trône. En échange, elle demande à celui qui est devenu son mari de lever
les sanctions qui pèsent sur le peuple de la Terre des Brousses. Mais Dax,
nouvellement couronné, ne tient pas les promesses qu’il a faites à sa reine …
Cette trahison attise la colère de Roa, qui a déjà bien des choses à reprocher
au Roi, en particulier la mort de sa sœur jumelle, Essie. Car le lien qui
continue à les relier, le lien qui empêche Essie de quitter définitivement le
monde des vivants pour rejoindre celui des esprits, faiblit progressivement au
fil des années … La jeune femme décide donc de faire d’une pierre deux coups :
retrouver son double et se débarrasser du parjure. Pour cela, elle part en
quête d’un légendaire couteau, celui de la Tisseuse de Ciel. Mais pour parvenir
à ses fins, elle va devoir nouer de nouvelles alliances, sans savoir si
celles-ci seront honorées ou non …
Je dois l’avouer, au début, j’étais plutôt
triste à l’idée qu’Asha et Torwin ne soient plus au cœur de l’histoire : non
seulement je m’étais attachée à eux, mais en plus j’étais plutôt perplexe quant
à l’idée de changer de personnages principaux en cours de saga. D’autant plus
que Roa ne m’avait pas laissé une très bonne impression dans le premier opus … Et c’est justement là toute la magie de ce
nouveau tome : nous faire découvrir cette jeune femme sous un jour nouveau,
avec un regard nouveau. Et alors, on se rend compte qu’elle est bien moins
détestable que ce l’on pouvait penser jusqu’à présent. C’est même tout le
contraire : elle s’avère tout aussi attachante, si ce n’est plus, qu’Asha !
Roa, c’est une jeune femme esseulée : sa sœur jumelle est morte, et elle a
tourné le dos à son fiancé pour épouser l’homme qu’elle haït le plus au monde,
pour sauver son peuple de la misère. Mais son mari ne tient pas ses promesses,
et elle est plus désespérée que jamais. Désespérée au point de songer à
commettre l’impensable, pour sauver la seule personne qui ne l’ait jamais
abandonnée : Essie. Sa sœur, enfermée dans le corps d’un faucon depuis sa
mort, car son esprit n’a pas voulu la quitter. Essie, morte à la place d’un
autre : c’est bien cela qui donne l’idée à Roa de rétablir l’ordre de
choses en échangeant l’âme de sa sœur et celle de celui qui aurait dû mourir ce
jour-là …
Mais on a beau comprendre la terrible douleur
de Roa, qui peine à faire son deuil, on a beau comprendre également sa légitime
colère face à cet homme qui piétine allégrement ses engagements pour se plier
aux exigences d’un Conseil refusant de perdre une miette de privilèges, on ne
peut s’empêcher de se demander si Dax mérite le funeste sort qui l’attend si
Roa parvient à mettre la main sur ce légendaire couteau. Dax est vraiment un
personnage insaisissable, incernable : déjà dans le premier tome, j’oscillais
entre la haine et l’amour à son égard. Tantôt il apparait comme un monstre sans
cœur, qui renie sans le moindre remord ses promesses, tantôt il apparait comme
un jeune homme sensible, qui ne veut que le meilleur pour son royaume. Plus
généralement, c’est vraiment difficile, dans cette saga, de savoir à qui faire
confiance, de qui se méfier : entre machinations et trahisons, entre
complots et manipulations, nul ne dévoile jamais ses véritables objectifs, ses
véritables forces et faiblesses. Et ça, j’aime beaucoup : on se laisse
mener par le bout du nez, on tente d’anticiper mais on se laisse surprendre d’un
bout à l’autre du récit … Du génie, vraiment !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce second
opus est clairement à la hauteur du premier ! Je dois reconnaitre
toutefois avoir eu un peu de mal à m’immerger dans le récit : l’histoire
est un peu longue à se mettre en place, et il faut attendre une bonne centaine
de pages pour comprendre où on va. Mais une fois l’intrigue lancée, rien à
redire : c’est palpitant, captivant et même émouvant. Car Roa va devoir
faire des choix, va devoir faire le bon choix, celui avec lequel elle
arrivera à vivre. Et c’est déchirant, car parfois, le bon choix, c’est aussi se
sacrifier, sacrifier son propre bonheur. Faire le bon choix, c’est parfois
renoncer. Et derrière ces jeux de pouvoir, derrière ces ribambelles de
machinations qui s’entremêlent, derrière les doutes et les trahisons, se cache
finalement une magnifique histoire d’amour. Un amour plus fort que tout, qui
résiste à tout, même à la mort. Surtout à la mort. Sachez-le : après avoir
tremblé d’inquiétude et d’effroi pendant une bonne partie du récit, vous allez
probablement verser quelques larmes (voire même plus si vous êtes aussi
sensibles que moi) ! Ce fut donc une belle lecture, et je n’ai maintenant
plus qu’une seule hâte : que le troisième et dernier opus sorte en France !
Avec ce questionnement : de qui va-t-il être question cette fois-là ?
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