Le parfum de l’ombre
Editeur : La Martinière Jeunesse
Nombre
de pages : 458
Résumé : Avec son nez affûté et sa
grande connaissance des senteurs, Rakel espérait devenir parfumeuse et gagner
de quoi soigner son père malade. Mais le prince Nisaï est empoisonné et elle
est accusée à tort… Obligée de fuir, Rakel doit absolument découvrir l'antidote
au poison qui a plongé le prince dans le coma. Ainsi, seulement, elle pourra
laver son nom. Pour cela, elle devra s'allier avec Ash, le soldat envoyé sur
ses traces. Ensemble, ils découvriront d'anciens secrets enfouis aux confins de
l'empire – et au plus profond d'eux-mêmes. Mais parviendront-ils à déjouer la
machination qui menace la paix fragile d'Aramtesh ?
Un grand merci aux éditions La
Martinière Jeunesse pour l’envoi de ce volume et à Babelio pour avoir rendu ce
partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Il ne s'en est pas rendu compte, mais je l'ai vu. Dans la bibliothèque. La tête qu'il a faite quand j'ai montré la fiole de Séphine à la Chroniqueuse. Le soupçon dans ses yeux. Le frémissement de ses mains, comme s'il voulait m'attraper par la peau du cou et me ramener de force à la cité d'Aphoraï ou, pire, à la capitale impériale. Si prompt à croire le pire de ma part. »
- Mon avis sur le livre -
Face à la cascade de nouveaux titres qui
sortent chaque jour, nous noyant sous un déluge de romans de tous genres, on
peut parfois avoir la tentation de penser que tout a déjà été écrit, qu’il n’y
a plus rien à ajouter de nouveau au monde de la littérature, et que ces livres
nouvellement sortis ne sont que de pâles copies d’ouvrages antérieurs,
réutilisant tant bien que mal des thématiques et schémas déjà maintes fois
exploités … Fort heureusement, Muse l’inspiratrice n’est pas de cet avis-là, et
continue de murmurer à l’oreille des auteurs pour leur distiller l’envie de
faire naitre une nouvelle histoire qui saura se démarquer de tous ses prédécesseurs
et de tous ses successeurs. Et plus heureusement encore, certains auteurs ont
le courage de sortir des sentiers battus pour nous proposer des romans d’une
originalité inouïe. C’est indéniablement le cas de P.M. Freestone, qui nous
offre ici le premier tome d’une duologie qui ne ressemble à aucune autre, tout
en s’appuyant habilement sur les codes du genre pour ne pas trop nous dépayser.
Un équilibre aussi subtil qu’un bon parfum !
Orpheline de mère depuis sa naissance, Rakel
vit seule avec son père, ancien commandant de la garde d’Aphoraï … jusqu’au
jour où ce dernier contracte la Pourriture, un mal insidieux qui gangrène
progressivement l’organiste. Afin d’acheter les meilleurs remèdes, la jeune
fille décide de mettre à profit son fabuleux odorat et ses grandes
connaissances en parfumologie, et tente de rejoindre les rangs des apprentis du
parfumeur en chef d’Aphoraï … Mais l’épreuve de sélection tourne à son
désavantage, et la voici désormais au service de la Gardienne des Senteurs.
Pendant ce temps, Ash, Bouclier et meilleur ami du prince héritier, accompagne
ce dernier dans sa toute première visite diplomatique, à Aphoraï … Mais à peine
arrivé, le futur roi est empoisonné et sombre dans un mystérieux coma. Présente
au mauvais endroit au mauvais moment, Rakel est accusée à tort de ce crime. Bien
décidée à trouver l’antidote à ce poison inconnu, elle s’enfuit et part à la
quête de la légendaire Bibliothèque des Disparus. Elle sera rejointe par Ash
qui choisit de lui faire confiance et de l’accompagner dans cette course contre
la montre : qui sait combien de temps le prince survivra ?
Il semblerait que nombres de lecteurs aient eu
un mal fou à rentrer dans l’histoire … Je vais être l’exception qui confirme la
règle, car il ne m’a fallu que quelques lignes pour être totalement happée par
cette dernière. Car j’aime quand les auteurs nous plongent immédiatement dans
le vif du sujet, sans encombrer les premiers chapitres d’une ribambelle d’informations
et d’explications sur l’univers fictif dans lequel prend place l’intrigue :
je ne suis pas là pour découvrir un monde, mais pour suivre les aventures d’un
ou plusieurs protagonistes. Je ne suis pas contre les renseignements sur la
géographie, la politique, les us et coutumes ou encore les croyances d’un
univers fictif, mais je préfère quand ils sont distillés subtilement ci et là,
au bon endroit et au bon moment, plutôt que de me coltiner des pages et des
pages d’exposé magistral ! Ici, clairement, pas de risque : dès les
premières pages, nous suivons Rakel, indépendante et intrépide, bien décidée à
devenir l’apprentie du chef parfumeur malgré ses origines modestes. Rakel est
une héroïne comme je les aime : déterminée et audacieuse, mais aussi
sensible et un peu ingénue. Elle sait ce qu’elle veut, elle se donne les moyens
d’atteindre ses objectifs, n’a pas froid aux yeux, mais elle fait des erreurs,
aussi. Elle est tout en nuances, et j’aime beaucoup ces personnalités !
Sur ce point, Ash est peut-être un petit peu
trop stéréotypé : alors bien sûr, il y a une zone d’ombre le concernant,
nous faisant bien saisir qu’il n’est pas uniquement ce garde du corps dévoué
corps et âme à son prince et ami, qu’il n’est pas uniquement ce soldat prêt à
affronter tous les dangers possibles et inimaginables pour sauver son frère de cœur
… Mais il m’a moins convaincue, il m’a moins émue. Rakel reste pour moi la
véritable héroïne de cette histoire, celle autour de qui gravite toute l’intrigue.
Et quelle intrigue, vraiment, j’étais bien loin de m’attendre à cela quand j’ai
ouvert ce livre ! Bien qu’elle semble assez « classique » au
premier abord – une quête qui jette l’héroïne et son acolyte sur les routes –,
elle m’a tout simplement bluffée. Car derrière cette recherche d’un antidote,
on sent qu’il y a bien plus : quel est ce mystérieux Ordre d’Asmudtag qui
revient tel un leitmotiv à chaque étape de leur quête ? qui a empoisonné
le prince et pour quelles raisons ? quel est le secret qu’Ash tente à tout
prix de préserver ? qu’est-il réellement arrivé à la mère de Rakel et
quelles en sont les conséquences ? Ces questionnements tiraillent le
lecteur d’un bout à l’autre du récit, se superposant habillement aux péripéties
qui émaillent le cheminement de nos deux héros …
Pour tout avouer, j’ai bien du mal à vous
expliquer ce qui m’a tant plu dans ce livre … C’était viscéral, presque. L’autrice
a su faire vivre son récit de telle sorte qu’il entre en résonnance
profonde avec le cœur du lecteur, qui se laisse embarquer par l’histoire de ces
deux jeunes gens sur les épaules desquels reposent une lourde responsabilité :
sauver le prince héritier et, par la même occasion (même s’ils ne s’en rendent
pas forcément compte), mettre les bâtons dans les roues de celui qui a
empoisonné ce dernier … Car on s’en doute bien, Nasaï n’a pas été visé par
hasard ! Toute la question est de savoir qui et pourquoi. Entre complots
politiques et machinations religieuses, entre trahisons et alliances
inattendues, ce roman a su me surprendre d’un bout à l’autre. Il y a toujours
un nouveau mystère, ou au contraire une nouvelle révélation, pour nous donner l’envie
irrésistible de tourner une nouvelle page. Et même quand on fait une pause, on
ne peut s’empêcher d’y penser … C’est un roman aussi entêtant que les parfums
sacrés et autres encens qui volètent dans le récit. Mais surtout, c’est un
roman aussi ensorcelant que peuvent l’être les effluves d’un parfum discrètement
fleuri, aussi enchanteur qu’un arôme qui
nous rappelle les plus beaux souvenirs de notre enfance.
En bref, vous l’aurez bien compris, je suis
tombée sous le charme de ce premier tome, et je suis vraiment très désappointée
que le second et dernier tome de la duologie ne soit pas encore sorti (pas même
en anglais) ! Bien que le récit semble très classique au premier abord, il
a su me captiver et me happer, et j’ai tout simplement adoré suivre Rakel et
Ash dans leur quête ! L’autrice a su doser minutieusement tous les ingrédients
pour nous offrir une histoire très joliment racontée : une bonne pincée d’aventure,
une petite touche de magie, un soupçon de mystère, et une trace d’histoire d’amour,
sans oublier bien sûr une bonne dose d’action, et vous obtiendrez la recette
idéale pour envouter votre lecteur et lui donner envie de dévorer votre roman
jusqu’à la dernière page ! A mes yeux, c’est un roman qui peut plaire
aisément aux lecteurs adolescents, mais aussi aux adultes, car il est bien plus
profond qu’il n’en a l’air, et on sent que nos personnages vont devoir faire
face à bien des découvertes qui vont les bouleverser en profondeur. J’ai
vraiment hâte de découvrir la suite et fin de cette histoire vraiment
magnifique !
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