Editeur : Flammarion jeunesse
Nombre
de pages : 163
Résumé : Debout derrière la grille de l'école,
Agathe regarde son frère. Jules ne dit rien, il semble perdu et Agathe en est
malade. Depuis l'accident de voiture de leur père cet été, Jules ne parle
presque plus et court de moins en moins bien... Comme s'il avait perdu l'usage
de ses jambes. Qui rendra à Jules sa joie de vivre ?
- Un petit extrait -
« Après l'accident, Jules a arrêté de parler. D'abord les docteurs ont pensé que ce pouvait être dû au choc physique. En effet, il avait été éjecté de la voiture avant qu'elle ne percute l'arbre, et il se pouvait qu'il ait été victime d'un traumatisme crânien. Comme les radios n'ont rien montré, les psychologues ont pris le relais. Choc affectif en voyant brûler l'auto qui contenait mon père! »
- Mon avis sur le livre -
A chaque fois que je termine un livre de
Pierre Bottero, je me dis invariablement « Il est encore meilleur que ceux
que j’ai lus jusqu’à présent ! » … mais je pense que la vraie
explication, c’est tout simplement qu’ils sont tous extraordinaires ! Et
contrairement à ce qui arrive parfois avec d’autres auteurs, le fait de dévorer
tout ou partie de sa bibliographie en très peu de temps n’entraine absolument
pas d’overdose, bien au contraire, on en redemande … Cela fait maintenant jours
que je suis complétement immergée dans ces incroyables petits contemporains et
je pense que je ne m’en lasserai jamais. Malheureusement, il ne m’en reste plus
qu’un à lire parmi ceux que j’ai trouvé à la bibliothèque municipale, il va
donc falloir que je sorte de ce petit monde de douceur et de tendresse formé
par ces petits romans riches en émotions …
Depuis l’accident de voiture qui a couté la
vie à leur père, Agathe, quatorze ans, veille comme elle peut sur son petit
frère. Jules, six ans, est plongé dans un mutisme de plus en plus inquiétant et
ne semble plus capable de courir : ses bras et ses jambes s’agitent sans
qu’il ne parvienne à coordonner ses mouvements, et il finit inévitablement par
s’effondrer brutalement au sol. Désemparée, elle ne sait pas quoi faire pour
l’aider à retrouver gout à la vie … Et cela d’autant plus qu’elle vit dans
l’angoisse permanente de croiser Julien et sa bande, véritables terreurs du
collège qui semblent l’avoir pris comme cible privilégiée. Heureusement, il y a
Thomas, dont le cœur semble lui aussi alourdi par la tristesse, et dont la
simple présence suffit à l’apaiser … Et il y a Cornelia, leur nouvelle
pédopsychiatre, qui semble bien décidée à faire sortir Jules de son terrifiant
silence …
Une fois de plus, Pierre Bottero a su trouver
les mots justes pour aborder une thématique très sensible : la mort d’un
parent. Si Agathe se remet progressivement de cette terrible perte, malgré les
cauchemars qui la hantent chaque nuit, son petit frère semble au contraire
s’enfoncer toujours plus profondément dans son désespoir. Il ne prononce
désormais plus que deux mots, toujours la même question : « On
court ? ». Car voilà l’obsession du petit garçon : réussir à
courir à nouveau, sans ressembler à un pantin complétement désarticulé, sans perdre
continuellement son équilibre. On ressent la frustration de Jules et le
désarroi d’Agathe qui n’en peut plus d’espérer un miracle : elle supporte
de moins en moins les regards étonnés, compatissants ou goguenards des passants
ou des camarades de classe. Car voici la seconde grande thématique de cet
ouvrage : le harcèlement scolaire. Entre Jules qui subit les moqueries de
ses camarades à chaque fois qu’il tente de s’élancer, et Agathe qui vit dans l’angoisse
perpétuelle de croiser le brutal Julien, le sujet, bien que secondaire, est
bien présent dans ce roman.
Malgré tout, cette histoire est loin d’être
morose, triste, déprimante. Bien au contraire. Dès le début, le côté dramatique
induit par le blocage psychologique du petit Jules et l’attitude menaçante de
Julien à l’égard d’Agathe est contrebalancé par la force de l’amour qui unit le
frère et la sœur. C’est tellement beau, cette complicité, cette tendresse, que
cela met du baume au cœur. Ils sont tellement mignons, ces deux-là, tellement
attachants, c’est vraiment adorable ! On le sent bien : ce lien
fraternel va avoir son rôle à jouer dans la guérison de Jules, car Agathe est
finalement celle qui connait et comprend le mieux le petit garçon … Mais,
seule, la jeune fille ne peut rien pour son frère : elle a également
besoin de soutien. Et ce soutien va lui être apporté par trois personnes :
monsieur Ali, un grand ami de son père dont la bonne humeur est un rayon de
soleil dans la morne vie des deux enfants, Thomas, un de ses camarades de
classe avec qui elle se découvre de nombreux points communs et qui semble prêt
à se battre pour elle, et Cornelia, leur nouvelle pédopsychiatre, qui semble
avoir une idée révolutionnaire derrière la tête … L’union fait la force, n’est-ce
pas ?
En bref, le doute n’est pas permis : le
coup de cœur est bel et bien là. En moins de deux-cent pages, Bottero a réussi
à me faire rire et pleurer, mais surtout, il a réussi à me faire me sentir
bien. Parce qu’on a tous, au fond de notre cœur, des lourdeurs, des poids qui
nous empêche d’avancer, et que ce livre, étonnamment, parvient à les alléger. Ode
à l’amitié, ode à l’amour fraternel, plaidoyer contre la violence, contre le
découragement, ce livre invite le lecteur à ne pas s’enfermer sur lui-même mais
à s’ouvrir à autrui pour trouver du soutien. Des personnages intéressants, une
intrigue captivante malgré la simplicité du récit raconté, une plume incroyable
qui fait naitre des cascades d’émotions dans le cœur du lecteur … C’est une
vraie leçon de vie que nous apporte ce livre, sans en avoir l’air. Mention
particulière à l’épilogue, qui donne la parole à tous les personnages, même au
plus inattendu … Sans le moindre doute, je décerne à ce livre le statut de « livre-doudou-à-lire-quand-on-ne-se-sent-pas-bien » !
Ce livre
a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus
d’explications sur cet article)
Cet auteur et ses histoires font toujours vibrer le coeur... Je n'ai pas lu encore ses romans contemporains mais j'ai hâte !! Superbe chronique^^
RépondreSupprimerA vrai dire, au début, j'avais un peu peur de ne pas apprécier autant ses contemporains que ses ouvrages de fantasy, mais tous ses livres sont vraiment excellents !
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