Editeur : Flammarion jeunesse
Nombre
de pages : 155
Résumé : «- Je vous amène la nouvelle élève.
Silence total. Tristan avait
une drôle de boule nouée à l'intérieur du ventre. Une boule faite d'un
sentiment étrange qu'il n'avait pas envie d'analyser. Pas encore.»
Dans la rue de Vienne où se
dresse la tour B2, un premier amour s'écrit sur le béton.
- Un petit extrait -
« Je suis Tristan, chuchota-il, mais tu n'es pas Iseult. Tu es Clélia, mais je ne suis pas Fabrice. J'habite la tour B2 dans la rue Vienne pas un château ou un livre de poésie. Je suis moi, Clélia. Tu m'as transformé, tu as illuminé ma vie, mais je reste moi. Je t'aime à en mourir, je souhaiterais au-delà de mes rêves les plus fous que rien ne soit arrivé ce matin, pourtant je suis moi et je ne peux rien y changer, juste me battre pour progresser. Je comprends que tu ne veuilles plus de moi, je l'accepte, même si j'ai l'impression que mon cœur est devenu glaçon même si j'ai mal comme jamais je n'aurais cru pouvoir avoir mal. Devenir invisible pour que tu guérisses. Tu m'as tant offert, Clélia, tout était si beau. »
- Mon avis sur le livre -
S’il y a bien une chose que je peux reprocher
aux petits contemporains de Bottero, c’est qu’ils sont vraiment beaucoup trop
courts : ils se lisent tellement vite que je suis toujours toute étonnée d’être
déjà arrivée à la dernière page ! Et c’est toujours un déchirement que de
quitter un livre de Bottero, que de devoir revenir à la « vraie vie »,
que de devoir quitter ce petit cocon de poésie qui ouvre grand ses bras pour
accueillir le lecteur en manque de douceur. Car voilà, une fois encore, Bottero
nous offre un roman plein de tendresse, un roman qui nous chuchote des mots
réconfortants, qui nous rappelle que la vie n’est pas si douloureuses si on
sait s’ouvrir aux petits bonheurs que nous propose le monde … Mais surtout, il
nous offre un récit sur la force du premier vrai grand amour, cet amour qui
transforme tout, mais surtout soi-même …
Tristan est un enfant de la cité : dès
son entrée au collège, il a rapidement appris à respecter les règles tacites
qui régissent les relations sociales dans le quartier. Au grand désespoir de sa
mère, le jeune homme est loin d’être un bon élève : désireux de ne pas se
faire remarquer, et également de garder ses copains – malgré leurs
fréquentations de plus en plus douteuses –, il se désintéresse de plus en plus
de ses études. Cependant, le jour où Clélia débarque dans sa classe, tout son
monde est chamboulé. C’est plus fort que lui, il est intrigué – attiré ? –
par cette grande timide, si différente de toutes les autres filles du quartier,
qui parle comme un livre. Petit à petit, les deux adolescents se rapprochent et
apprennent à se connaitre … Et voilà que surgit cet étrange sentiment qu’ils n’ont
jamais éprouvé avec tellement de force, tellement de pureté : se
pourrait-il qu’ils soient … amoureux ?
Ce livre, c’est l’histoire d’une rencontre.
Entre deux êtres, entre deux mondes. Tristan a grandi dans ce quartier, réputé « difficile » :
son quotidien, ce sont les tirs aux pigeons du vieux cinglé de Maurice, qui a
une véritable collection d’armes chez lui, ce sont les petits trafics de CDs
piratés et d’autoradios, ce sont les voitures qui flambent au milieu de la
nuit, ce sont ces immenses tours et ce béton qui envahit tout. Alors, quand
Clélia débarque avec son amour de la littérature et de la nature, avec son
petit air perdu et triste, avec ses grandes idées sur la vie et le bonheur, c’est
le choc. Tout les oppose, et pourtant … pourtant entre eux, l’alchimie est
immédiate. Grâce à l’alternance de points de vue, on remarque rapidement que l’attirance
est réciproque, mais ni l’un ni l’autre n’est prêt à se jeter à l’eau. Clélia
car elle ne veut pas voir s’envoler ses rêves sur le grand amour. Tristan parce
qu’il a peur du regard et des réactions des autres, prompts à juger et
critiquer. Cette thématique est grandement exploitée dans ce livre : pour
se conformer aux attentes de ses « amis », Tristan va faire de
grosses erreurs …
Car Tristan n’a rien d’un héros. Il n’est qu’un
adolescent comme les autres, qui ne veut pas faire de vague, qui se laisse
porter sans jamais se rebeller, parce que c’est plus facile, qu’il ne veut pas
d’ennui. Mais voilà, maintenant, il y a
Clélia. Au contact de la jeune fille, Tristan va oser s’émanciper du contrôle
que les autres ont sur sa vie, il va prendre de l’assurance et affirmer avec force
sa présence au monde. Il va regretter son comportement de « gros macho »,
parce qu’il a découvert quelque chose de beau, de doux : l’amour, celui
qui fait naitre des papillons dans le cœur et dans l’âme, celui qui envahit
tout au point de tout transformer dans votre vie … Je suis tombée amoureuse de
cette histoire d’amour, mignonne à souhait, attendrissante à souhait. Tristan
et Clélia sont deux personnages très attachants, chacun à leur manière, le
premier par sa fragilité touchante, la seconde par sa naïveté désarmante. Contrairement
à beaucoup trop d’ouvrages jeunesse qui présentent le premier amour comme
quelque chose de lisse et idéal, ce livre montre bien que tout amour naissant
est fragile, qu’un rien peut venir faire des nœuds dans ce lien encore timide
qui unit deux êtres encore en construction …
En bref, une fois encore, Bottero a su faire
vibrer mon petit cœur de lectrice à l’unisson de ceux de ses personnages :
Tristan et moi n’avons rien en commun, et pourtant je me suis si rapidement
sentie si proche de ce jeune homme perdu face à cette nouvelle élève qui vient
bouleverser toutes ses certitudes … Rares sont les histoires d’amour à être
contées du point de vue du garçon, et c’est vraiment très intéressant de voir
que, pour Tristan, ce n’est pas si facile qu’on pourrait l’imaginer que d’aborder
une fille : il y a le regard des autres, il y a la peur d’être rejeté, de
montrer sa sensibilité ... Comme toujours, Bottero nous offre un récit plein de
douceur, de tendresse, de délicatesse, de poésie : ce livre, c’est une
bouffée d’air frais dans notre quotidien pas toujours facile, c’est un livre
qui fait du bien parce qu’il est beau. C’est un livre dont on tourne la
dernière page avec un grand sourire aux lèvres et du baume au cœur, on se sent
léger et revigoré, on se sent apaisé …
Ce livre
a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus
d’explications sur cet article)
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