samedi 22 septembre 2018

Vangual : Le verrou du temps - Forman


Vangual : Le verrou du temps, Forman

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 331
Résumé : Dwilom, vieux nain et maître brasseur, n’est vraiment pas en veine. Alors qu’il effectuait un acheminement important de tonneaux de bière jusqu’à Tamatur, la cité souveraine, le voilà maintenant encombré d’un compagnon de voyage indésirable dont la bêtise est aussi profonde que le gouffre qui lui sert d’estomac. Et comme si cela ne suffisait pas, Dwilom va se retrouver mêlé à un sombre complot aux répercussions inimaginables. Loin de là, à Borthalion, un frère et une sœur reviennent au pays après de longues années d’absence. Mais de mystérieux meurtres sévissent dans la région et semblent être les prémices d’une plus grande tragédie. Des destins différents … (Voir le résumé complet)

Un grand merci à Forman pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Avoir le vertige pour quelqu’un qui prend tout le monde de haut … Elle est bien bonne celle-là ! J’te jure … »

- Mon avis sur le livre -

Il y a quelques années, alors que je participais à un atelier d’écriture hebdomadaire, l’animateur nous avait proposé un petit jeu fort intéressant. La consigne était fort simple : il allait nous distribuer à chacun la trame d’une petite histoire qu’il nous fallait rédiger à notre guise, du moment que nous ne modifions rien au déroulement de l’intrigue, avec interdiction formelle d’en discuter avec les autres participants … Pas une seule seconde nous n’avions imaginé qu’il nous avait en réalité distribué rigoureusement le même scénario ! Nous ne nous en sommes rendu compte qu’au moment de se lire mutuellement nos écrits ... et nous avons alors constaté qu’au final, l’histoire avait beau être la même, nos textes étaient vraiment différents : l’une l’avait rédigé à la manière d’un thriller, l’autre en avait fait un récit historique, et je l’avais moi-même inséré dans un univers de science-fiction ! C’est ainsi, grâce à la plume de l’auteur, qu’une histoire au premier abord assez « classique », assez « banale », peut se transformer en quelque chose de vraiment unique et innovant.

Dwilom est un vieux nain grincheux, mais il est surtout l’un des maitres brasseurs les plus réputés de toutes les terres de Vangual. Tandis qu’il se rend à Tamatur afin de vendre sa marchandise lors du Festival de l’Alliance des cinq, il se fait attaqué par une bande de voleurs. Bien qu’il lui coute de l’admettre, il ne serait pas sorti vainqueur de cette embuscade sans l’aide d’un mowk, animal aussi gourmand qu’agaçant dont il ne parvient plus à se débarrasser. Peu de temps après, il sauve un petit garçon, rendu muet par un étrange collier de métal serti de symboles mystérieux. Le vieux nain au grand cœur le prend alors sous son aile, bien décidé à l’aider et à le protéger des nombreuses attaques de ses ravisseurs, qui semblent prêts à tout pour le récupérer … Pendant ce temps, les jumeaux Carissa et Andéol reviennent au pays après une dizaine d’années d’absence afin de rendre un dernier hommage à leur père et assister au couronnement de leur frère ainé. Mais une sombre magie semble à l’œuvre dans la région : les meurtres se multiplient et les morts se relèvent … Se pourrait-il que tout soit lié ?

Rien qu’en lisant la quatrième de couverture, j’ai su que j’allais passer un très bon moment de lecture : entre la biographique totalement loufoque de l’auteur et le résumé incroyablement saugrenu, je pleurais déjà de rire avant même de me plonger dans le premier chapitre ! Car la grande force de ce roman, c’est bien son humour décapant : des personnages complétement givrés (mention spécial au Comte Umstack et à son cheval !), des situations burlesques à souhait (la relation … tumultueuse entre Dwilom et le mowk donne naissance à des scènes vraiment drôles), des interventions sarcastiques du narrateur (ce cher Andéol en prend pour son grade !) … J’ai tellement rigolé que j’ai désormais des crampes aux zygomatiques ! On sent que l’auteur s’est fait plaisir en écrivant cette histoire, et qu’il avait envie de donner le sourire à ses lecteurs. Qu’il soit rassuré : il a parfaitement réussi, cette lecture m’a fait un bien fou au moral et je compte bien ajouter cet ouvrage à la liste des « romans antidépresseurs » dans laquelle je pioche des titres lorsque je me sens devenir aussi déprimée que ce cher Comte Umstack ! Plus d’une fois, je me suis exclamée « bon sang mais c’est du n’importe quoi ce livre », tout en me disant « ce serait un régal que de l’adapter au théâtre, ce roman » … voire même en comédie musicale (ce n’est pas Phil Philandreux qui dirait le contraire … même si je jure solennellement qu’il ne sera pas le compositeur) !

Cependant, l’auteur ne se contente pas de nous faire rire. Derrière cette apparente légèreté se cache une histoire bien plus sombre et complexe qu’on ne pourrait l’imaginer ... Petit à petit, tandis que les deux histoires parallèles progressent, tandis que les morts s’accumulent et que les attaques se multiplient, tandis que les mystères s’épaississent et que les complots se dévoilent, l’ambiance se refroidit considérablement, au point qu’on commence à avoir un peu peur de ce qui attend nos personnages, auxquels on s’attache si rapidement ! On se doute que tout est lié, bien qu’on se demande quel peut être le rapport entre ce petit garçon muet et les massacres perpétrés à l’autre bout du continent … Pour tout dire, pendant une grande partie du roman, on se demande bien où tout cela va nous mener : tout comme les personnages, le lecteur navigue à vue, sans vraiment saisir l’imminence et l’importance du danger qui approche, sans se douter une seule seconde de la tournure que vont prendre les événements … Certains se lasseront peut-être, pestant contre cette ribambelle de péripéties qui semblent n’avoir ni queue, ni tête, ni intérêt, mais d’autres, comme moi, prendront plaisir à se laisser ainsi mener en bateau ! Car c’est bien ce qui arrive, finalement : on était bien loin de s’attendre à CA ! J’ai dévoré le dernier quart du récit en une soirée, tellement j’étais captivée par ce rebondissement final, par cette apothéose inattendue, par ces révélations insoupçonnées. Quelle surprise, quel coup de théâtre ! 

En bref, vous l’aurez compris, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman de fantasy qui ne ressemble à aucun autre. L’auteur a su trouver un équilibre très atypique entre humour et noirceur, tant et si bien qu’on ne peut classer ce récit ni dans la light-fantasy (car certaines scènes sont vraiment gores, vraiment effrayantes) ni dans la high-fantasy (parce que l’histoire n’est clairement pas assez sérieuse pour cela) … C’est un roman rafraichissant, car l’auteur a fait le choix de l’extravagance, du burlesque, voire même de l’ubuesque par moment, pour raconter cette histoire qui n’a finalement rien de drôle. L’heure du combat entre le Bien et le Mal, entre la Lumière et les Ténèbres, a sonné … et cela promet une suite bien plus épique, plus sinistre, plus captivante encore. J’ai vraiment hâte de retrouver Dwilom, le Gamin et le mowk ainsi que Carissa et le Comte Umstack ! En clair, c’est un livre fort sympathique qui plaira à tous ceux qui ont envie de rigoler un bon coup … mais surtout à ceux qui ont envie d’une histoire sans prise de tête ! Parce que ça fait tellement de bien, parfois, de se laisser embarquer par un récit rocambolesque !

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus d’explications sur cet article)

Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
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