Editeur : Bayard
Nombre
de pages : 361
Résumé : Ma maladie est aussi rare que célèbre, mais
vous la connaissez sans doute sous le nom de « maladie de l’enfant-bulle ». En
gros, je suis allergique au monde. Je viens d’avoir dix-huit ans, et je n’ai
jamais mis un pied dehors. Un jour, un camion de déménagement arrive. Je
regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand,
mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l’observe, et nos yeux se
croisent pour la première fois. Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais
on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber
amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.
- Un petit extrait -
« Mais il n'y a pas qu'un seul moment. Il y en a toute une série. Et votre vie peut partir dans des centaines de directions différentes. Peut-être existe-t-il des versions de votre vie correspondant à tous les choix que vous avez faits et tous ceux que vous n'avez pas faits. »
- Mon avis sur le livre -
Maintenant que j’ai (enfin) tourné la
dernière page de ce roman, après des années d’attente et de frustration (non,
non, je n’avais pas du tout commencé à le lire au Super U en attendant que
maman finisse les courses …), je me rends compte de la chance inouïe qui fut la
mienne : plus de trois ans après la sortie de ce livre, et malgré une
adaptation cinématographique, je suis parvenue à passer à travers le moindre
spoiler … Je me suis plongée dans ce récit sans rien savoir de plus que ce que
m’annonçait la quatrième de couverture, et j’en suis immensément ravie !
Je suis très heureuse également, a posteriori, que le petit cinéma associatif
de la vallée ait zappé ce film l’an dernier : je pense que j’aurai
drôlement moins savouré ce roman si je connaissais déjà l’histoire à travers l’adaptation !
Maddie a dix-huit ans, et n’est jamais sortie
de chez elle. Le monde extérieur, elle ne le connait qu’à travers ses lectures,
qu’à travers les films qu’elle regarde le soir avec sa mère, qu’à travers la
fenêtre hermétiquement close de sa chambre. Le monde extérieur est plein de
danger pour elle, atteinte de la maladie communément connue sous le nom de « l’enfant-bulle ».
Tout ce qui est mis en contact avec elle - air, nourriture, objet, individu -
doit être décontaminé, filtré, purifié. Jusqu’à présent, Maddie ne se plaignait
pas vraiment de cette existence monotone : elle avait sa mère, et Carla
son infirmière, elle avait ses livres et ses cours d’architecture passionnants,
elle avait ses habitudes et ses petits rituels rassurants. Mais voilà que l’arrivée
des nouveaux voisins, et plus particulièrement d’Olly, va bouleverser ce
quotidien bien rythmé … Voilà que soudainement, Maddie ressent l’envie, le
besoin, de connaitre le monde extérieur pour de vrai …
En débutant cette lecture, je m’attendais forcément
à quelque chose de fort, à quelque chose de puissant, à quelque chose d’émouvant … et pourtant, je
n’étais clairement pas préparée à ce qui m’attendait réellement dans ce roman.
Cela allait infiniment au-delà de toutes mes espérances, de toutes mes
attentes. C’est un livre qui commence doucement, comme une petite brise fraiche
et agréable un soir d’été, et qui se termine violemment, brusquement, comme une
tornade imprévisible qui vous secoue dans tous les sens avant de vous laisser tout
hébété sur le bord de la route. C’est un livre qui vous fait passer par toutes
les émotions possibles et inimaginables, joie, tristesse, colère, surprise, peur,
espoir … C’est un livre profondément bouleversant : vous n’en sortez pas
indemne, vous n’êtes clairement plus pareil à la fin qu’au début. Parce que c’est
un livre qui, sans que l’on ne s’en rende véritablement, brouille les
frontières entre narrateur, personnage et lecteur : c’est un peu comme si
on se fondait en Maddie, ou comme si Maddie se fondait en nous, même si on n’a pas
grand-chose en commun avec elle. Alors, du coup, tout ce que vit Maddie, tout
ce que ressent Maddie, on le ressent intensément, nous aussi … et lorsque
Maddie a le cœur brisé, alors on l’a nous aussi.
Comme je l’ai déjà dit, c’est un roman qui
commence calmement. On ressent bien toute la monotonie et la platitude du
quotidien de Maddie : étude, lecture, soirée-filles avec sa maman, le tout
rythmé par les différents contrôles médicaux effectués par son infirmière à
plein temps. Et puis, lorsqu’Olly fait son irruption, tout s’accélère … en
particulier les battements de cœur de Maddie, qui se découvre une nouvelle
maladie, au moins aussi grave que la première : elle est amoureuse. Elle
est amoureuse, et alors, tout ce qui lui semblait convenable et supportable
jusqu’à présent ne l’est plus. Elle n’en peut plus d’être enfermée, de ne voir
personne d’autre que sa mère et son infirmière, d’être contrainte de tout vivre
à travers les personnages de romans. S’impose alors une grande question : quel
est le plus important, sa santé physique ou mentale ? Peut-être encore
supporter longtemps cet enfermement au nom de la sécurité ? N’est-elle pas
suffisamment grande pour décider de prendre le risque de sortir, de vivre
enfin, d’être heureuse, malgré les dangers que cela implique ? Mais plus
encore : doit-elle penser d’abord à elle, à ce bonheur intense que sortir
en compagnie d’Olly entrainera, ou bien à sa mère qui l’aime tant, qui va tant
s’inquiéter et qui sera si seule et dévastée s’il lui arrivait quelque chose ?
Plus qu’une simple histoire d’amour, bien que
cette dernière soit absolument adorable et émouvante, ce roman évoque le
passage à l’âge adulte, les relations familiales - qu’il s’agisse du lien entre
Maddie et sa mère, entre Carla et sa fille, entre Olly et ses parents -, l’espoir,
le doute … Ce récit ne se contente donc pas de nous parler d’Olly et Maddie, de
Maddie et d’Olly, de leur amour contrarié par la maladie de Maddie, de leur
amour qui va pousser cette dernière à prendre des risques pour pouvoir le vivre
plus intensément. S’il ne s’agissait que de cela, l’histoire aurait finalement
été bien prévisible. Et croyez-moi, quoi que vous imaginiez, vous n’y êtes pas :
je ne m’attendais pas du tout, mais alors vraiment pas, au tournant que prend l’histoire,
au coup de théâtre qui transforme une histoire d’amour somme toute assez banale
en quelque chose de bien plus profond, de bien moins mignon. Car se pose alors
une ribambelle de nouvelles questions, c’est une autre thématique qui s’ouvre
alors que rien ne l’annonçait. Ce fut une belle surprise que ce rebondissement inattendu,
car je compte bien, un jour ou l’autre, relire tranquillement le roman en gardant
bien cette fin à l’esprit pour voir si quelques indices ne se cachent pas ci et
là, des indices auxquels j’aurai été aveugle lors de ma première lecture
puisque je ne pouvais absolument pas me douter d’une chose pareille …
Avant de clôturer cette chronique, je tiens
tout de même à évoquer un dernier élément : la narration. Quelle fraicheur
que cette plume, agrémentée de dessins, de schémas, de tableaux, de mails, de
conversations instantanées … Maddie raconte sans témoigner, elle nous expose sa
vie, des pensées, ses états d’âme, sans jamais rien omettre, sans jamais rien
rajouter. Nous avons des chapitres qui n’en sont pas vraiment, des extraits de
journal intime, des captures d’écran de commandes sur internet … J’aime
beaucoup la plume de l’auteur, à la fois riche en émotions et pleine de
vitalité et d’humour. Le ton est tantôt léger, tantôt grave, selon l’humeur de
Maddie, selon ses réflexions du moment, selon le livre qu’elle est en train de
dévorer … Les phrases sont courtes, percutantes, rythmées. C’est clairement un
roman qui se dévore à une vitesse incroyable, à la fois parce qu’on est happé
par l’histoire et qu’on ressent le besoin presque vital de savoir ce qui va
arriver par la suite, et parce que la narration est vraiment très fluide et
agréable, ça se lit sans que l’on ait conscience de le lire, c’est étrange et
impressionnant !
En bref, vous l’aurez bien compris, quel
merveilleux roman ! Emouvant à souhait, étonnant au possible, et surtout
incroyablement rafraichissant, ce roman est à la fois léger et très profond,
selon le point de vue que l’on porte sur l’histoire, selon l’aspect du récit
auquel on est le plus sensible. Plus d’une fois, Maddie évoque Le petit
prince, et sa principale
caractéristique qui est que « le sens change à chaque nouvelle lecture »
(ce en quoi je suis parfaitement d’accord avec elle) … mais je pense vraiment
qu’il en est de même pour Everything, everything : c’est un livre qui, clairement, résonnera différemment dans le cœur
du lecteur selon son humeur du moment, selon ses préoccupations du moment,
selon ses affinités pour telle ou telle thématique … Derrière ce résumé
finalement assez banal se cache une histoire bien plus riche et bien moins
prévisible que je ne l’imaginais ! Lisez ce livre, et préparez-vous à changer
de regard sur le monde …
Ce livre
a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus
d’explications sur cet article)
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