Une nouvelle vision de Peter Pan
Editeur : Pygmalion
Nombre
de pages : 254
Résumé : À peine né, Charlie Gabian est déjà une
farce ambulante. Personne, dans sa grande famille sétoise, ne se résout
d’ailleurs à y croire. Un garçon, aujourd’hui, le 1er avril ? Allons donc! Eh
bien si. Les yeux écarquillés, il découvre le monde, ses formes et ses
couleurs, tous ces gens qui se pressent autour de lui pour le tatouer de bisous
baveux. Lorsqu’on naît huitième merveille du monde, il n’est pas aisé de
grandir. Alors, tout en croisant quelques fées clochettes et capitaines
Crochet, notre Peter réincarné va se battre pour trouver son Pays Imaginaire.
Un grand merci aux éditions Pygmalion
et à l’auteur pour l’envoi de ce volume.
- Un petit extrait -
« Mais la vie n'est pas foutue comme ça. Elle t'oblige sans cesse à te remettre en question, à te battre contre les autres, contre toi-même, contre tout ce qui voudrait t'enfouir dans la tombe. Elle te montre les dents, te griffe, te charcute le cœur jusqu'à ce que tu apprennes une bonne fois pour toutes à relever la tête. A tordre le cou à tes peurs. A ces milles choses dans lesquelles tu t'englues et qui t'empêchent d'avancer. De grandir.Le mot est lâché.Je ne veux pas grandir.C'est une arnaque. Un jeu pipé dont personne ne ressort vivant. »
- Mon avis sur le livre -
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai
toujours été fascinée par le mythe de Peter Pan … Toute petite déjà, je
regardais le dessin-animé Disney en boucle des semaines entières et attendais
chaque soir en vain l’arrivée de ce cher Peter à la fenêtre, m’inventant mille
et une aventures au Pays Imaginaire. Et, autant apprendre que le Père Noël
n’était qu’une invention des adultes ne m’a fait ni chaud ni froid, du moment
que des cadeaux m’attendaient chaque année au pied du sapin, autant prendre
conscience que Peter Pan n’existait pas et que je n’avais aucun moyen de
rejoindre les Garçons Perdus m’a littéralement dévastée. Il ne m’a pas fallu
longtemps pour additionner un et deux, et j’ai rapidement compris que je
n’avais pas d’autre choix que de grandir, que rien ne pouvait arrêter cette
effrayante machine et que j’étais condamnée, un jour ou l’autre, à devenir
adulte. Le cauchemar absolu pour l’enfant que j’étais alors … et pour la « jeune
adulte » que je suis censée être aujourd’hui. Aussi, lorsque Guilhem Meric
m’a parlé de cette transposition contemporaine du conte sur fond d’autofiction,
je n’avais plus qu’une seule envie : lire ce roman ! Et c’est
maintenant chose faite …
Quand on nait un 1er avril, il ne
faut surtout pas s’attendre à avoir une vie banale, et ce n’est pas Charlie
Gabian qui va vous dire le contraire ! Bichonné par sa mère, ses
grands-mères et sa ribambelle de tantes, le petit dernier de la famille ne se
plains pas d’être fils unique : lorsqu’on a des mondes imaginaires pleins
la tête, pas besoin d’un petit frère ou d’une petite sœur, on s’auto-suffit …
Jusqu’au jour où il ressent le besoin viscéral de faire sortir les milliards
d’histoire de sa tête afin de les partager au monde entier et de voir briller,
au moins une fois, une lueur de fierté dans les yeux de son père obnubilé par
son abbaye en ruine … De la bande-dessinée au roman en passant par le cinéma,
la musique et la comédie-musicale, Charlie s’efforce de donner vie à ses rêves.
Contre vents et marées. En dépit des embuches que le monde s’obstine à placer
sur son chemin. Envers et contre tout. Sans jamais se laisser abattre. Car tout
le monde le sait : tant qu’on croit aux fées, celles-ci existent. Tant
qu’on est persuadé de pouvoir voler, alors on vole …
« Quant à moi, je n’ai guère envie de
sortir. Cette histoire de naissance flaire l’arnaque. Je le sens, je vais en
baver pour des lustres » … Le pauvre Charlie ne croyait pas si bien
dire ! En quelques lignes à peine, en effet, le ton est donné : la
huitième merveille du monde n’en est qu’au début de ses déboires avec la vie,
cette traitresse, qui vous fait miroiter le bonheur pour mieux vous l’arracher
quand il est à votre portée. Quel régal que cette narration, vivante, drôle et
décalée à souhait ! Quel plaisir que de suivre les pérégrinations de
Charlie le rêveur, Charlie le passionné, qui se bat sans jamais – trop –
baisser les bras malgré les déboires et les désillusions ! A chaque fois
que ce malheureux Charlie voit l’un de ses incroyables projets tomber à l’eau
et être piétiner par la cruauté du monde, on est triste pour lui. Et à chaque
fois qu’il se redresse vaillamment pour se plonger dans une nouvelle entreprise
encore plus audacieuse, on a le cœur qui se gonfle d’espoir avec lui. Charlie
nous apprend à ne jamais laisser le monde des adultes éteindre tout à fait la
flamme de l’enfance en nous, parce que c’est elle qui nous pousse en avant,
elle qui nous pousse à vivre nos rêves au lieu de les enterrer sur les conseils
de la raison … Charlie, c’est celui qui nous rappelle qu’il faut toujours
croire en ses rêves, même si la vie s’acharne contre eux, parce qu’ils ne
peuvent se réaliser que si l’on ne les laisse pas tomber.
Mais ce roman est loin d’être une simple
fiction … et Charlie est loin d’être un simple personnage. Derrière cette
histoire à l’humour décapant se cache en réalité une autofiction pleine
d’autodérision : Charlie Gabian et Guilhem Meric ne forme qu’une seule et
même personne, et la frontière entre fiction et réalité est bien floue pour qui
ne connait pas bien l’auteur ! Auteur qui nous relate son parcours du
combattant pour faire vivre les histoires qu’il a dans la tête, qui nous raconte
ses mésaventures sans jamais tomber dans l’auto-apitoiement, qui nous expose
ses espoirs et ses doutes … Quelle expérience singulière que de suivre, à travers
cette histoire où le « vrai » se mêle au « faux », la
genèse de la fantastique saga grâce à laquelle on a découvert l’auteur !
Ce livre montre à quel point un auteur déverse une partie de son être dans ses
histoires, à quel point l’écriture est à la fois un exutoire et une thérapie.
Découvrir la blessure qui se cache derrière la thématique des Ames-Sœurs si
chère à l’auteur m’a bouleversée, et prendre conscience du long chemin parcouru
pour donner vie à ces romans qui siègent désormais sagement dans mes
bibliothèques m’a impressionnée … Je suis pleine d’admiration et de gratitude
envers Guilhem Meric, qui a mis tout son cœur et toutes ses forces dans ses livres,
qui a lutté pour que des lecteurs puissent avoir l’immense joie de les lire et
de les relire. Deux mots, donc : merci, et bravo.
En bref, vous l’aurez compris, ce livre m’a
fait rire à en pleurer et m’a émue aux larmes. Ce livre, c’est à la fois une
belle histoire et un beau témoignage. C’est un livre qui invite à croire en ses
rêves, qui nous appelle à chercher coûte que coûte notre Pays Imaginaire, qui
nous exhorte à fuir les Capitaine Crochet qui nous font du mal et à se
rapprocher de nos Fées Clochette qui nous aime et nous soutienne. C’est un
livre qui nous pousse à se battre pour mener à bien nos projets, qui nous donne
la force de nous relever quand tout semble perdu ou désespérer, qui nous aide à
garder courage et motivation pour laisser la magie opérer en nous. C’est un
livre qui montre à quel point le monde, malgré sa cruauté et sa dureté, a
quelque chose à offrir à chacun de nous, même si ce quelque chose est bien
différent que ce que l’on s’imaginait avoir besoin pour être heureux. C’est un
livre qui fait du bien au moral, un livre qui met du baume au cœur, un livre
qui donne le sourire. C’est un livre d’espoir pour tous les Peter Pan de notre
monde : la magie existe, elle vit en chacun de nous …
Ce livre
a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
(plus
d’explications sur cet article)
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