dimanche 14 octobre 2018

Piège conjugal - Michelle Richmond


Piège conjugal, Michelle Richmond

Editeur : Presses de la cité
Nombre de pages : 478
Résumé : Le jour de leur mariage, Alice et Jake reçoivent un cadeau hors normes : une adhésion au Pacte. Le rôle de ce club ? Garantir à ses membres un mariage heureux et pérenne, moyennant quelques règles de conduite : décrocher systématiquement quand le conjoint appelle, s'offrir un cadeau tous les mois, prévoir une escapade trois fois par an ... mais surtout, ne parler du Pacte à personne. Alice et Jake sont d'abord séduits par l'éthique et la camaraderie que fait régner le Pacte sur leur vie... Jusqu'au jour où l'un d'eux contrevient au règlement. Le rêve vire au cauchemar. Mais comme le mariage, l'adhésion au Pacte, c'est pour le meilleur... comme pour le pire.

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« C'est l'histoire d'un universitaire qui marche sur une longue plage abandonnée. Au loin, il distingue une silhouette floue qui répète constamment le même geste. De plus près, il constate qu'il s'agit d'un petit garçon. Tout autour de lui, sur des kilomètres, gisent des étoiles de mer à l'agonie, rejetées sur la rive par la marée. L'enfant ramasse les étoiles de mer et les lance à l'eau. L'homme s'approche et l'interroge. Le garçon lui répond que la marée descend et que les étoiles de mer vont mourir. Étonné, l'universitaire rétorque : « Mais elles sont si nombreuses, il y en a des millions, quelle différence est-ce que ça fait ? » L'enfant en ramasse une autre, la lance aussi loin que possible dans l'océan et répond en souriant : « Ça fait une différence pour celle-ci ». »

- Mon avis sur le livre -

Pour tout avouer, je me demande encore comment diable me suis-je retrouvée dans la sélection pour cette Masse Critique privilégiée : je ne suis pas une grande lectrice de thriller ! J’aime bien en lire un de temps en temps, pour varier un peu mes lectures, mais ce n’est clairement pas mon genre de prédilection … Même s’il faut bien admettre qu’à chaque fois, j’apprécie suffisamment ma lecture pour me dire « il faudrait vraiment que j’en lise plus », bonne résolution que je ne tiens jamais de moi-même. J’étais donc aussi surprise que ravie de recevoir cette proposition, que je me suis empressée d’accepter : j’avais un bon pressentiment vis-à-vis de ce livre, j’étais persuadée qu’il allait me plaire. Et mon intuition fut juste, j’ai énormément apprécié ce livre qui m’a accompagnée à Strasbourg pour mes partiels !

Lorsqu’ils se sont rencontrés, Alice et Jack n’avaient pas grand-chose en commun, et nul ne pouvait deviner qu’ils allaient se marier quelques années plus tard. Parmi les dizaines de cadeaux reçus pour ce grand jour, celui d’un client d’Alice se démarque : ils viennent de gagner une adhésion au Pacte. Ils apprennent alors l’existence de ce club, très fermé, très secret, dont l’objectif est de garantir à chaque couple membre un mariage heureux et durable. Pour cela, un manuel leur impose certaines règles - qui vont de « offrir un petit cadeau tous les mois à son conjoint » à « organiser un voyage en amoureux chaque trimestre » en passant par « ne parler du Pacte à personne ». D’abord séduits par ce concept, nos jeunes mariés vont rapidement déchanter : chaque effraction au règlement est sévèrement puni, jusqu’à ce que les révélations d’une autre membre, ancienne collègue de Jack, leur fasse craindre pour leur vie …

Ne dit-on pas « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ? Dans le cas du Pacte, le proverbe prend tout son sens : derrière le but noble qu’elle s’est fixé - aider les couples à être heureux ensemble et à tenir dans la durée -, cette organisation cache de bien sombres secrets. Alice et Jack ne pouvaient pas deviner qu’en signant cette adhésion - plus par jeu, d’ailleurs, que par réelle conviction -, ils ne pourraient jamais faire marche arrière. Car le Pacte ne vous laissera pas partir, le Pacte ne vous donnera pas d’autre choix que de rentrer dans le rang si, par malheur, vous désobéissez au manuel, si vous montrez des signes de rébellion, si vous doutez de sa mission. Le lecteur découvre l’ampleur des dégâts en même temps que les personnages : les moyens dont dispose le Pacte pour surveiller ses membres et réprimer la moindre incartade sont faramineux, et les méthodes utilisées sont tout simplement effrayantes. Au fil des chapitres, l’horreur va crescendo, jusqu’à ce que l’on se dise « ils ne peuvent pas faire pire ». Et pourtant si, ils peuvent. Pour briser la volonté des plus récalcitrants, pour décourager les déviances des autres membres, pour satisfaire également les envies les plus perverses des dirigeants de ce club sectaire, tous les moyens sont bons … 

Ce livre nous présente donc littéralement une vraie descente aux enfers : notre narrateur, Jake, va passer de l’euphorie du jeune marié à l’angoisse la plus primaire, en passant par la culpabilité la plus profonde et le désespoir le plus sombre. Jake, c’est un personnage lambda, tout ce qu’il y a de plus banal : il n’est pas terriblement intelligent ni admirablement courageux, il fait des erreurs, il doute, il n’est pas la bonté incarnée … et ça fait du bien, un personnage aussi « normal » ! Cela rend d’ailleurs l’intrigue bien plus crédible : franchement, quel intérêt y aurait-il à lire un thriller psychologique si le personnage principal se sortait miraculeusement de toutes les situations, même les plus inextricables ? Non, vraiment, j’ai beaucoup aimé ce pauvre Jake, on s’inquiète pour lui, on a envie de l’aider - même si on ne sait pas trop comment -, on se sent mal pour lui … et pour Alice, à la fois si impulsive et si perfectionniste, qui tente coute que coute de suivre ce règlement même si cela l’oblige à renier sa propre identité, sa propre personnalité. On se rend progressivement compte que les deux se sentent responsables de cette situation, et que du coup ils se sentent tous deux dans l’obligation de réparer leurs torts en protégeant l’autre … parce qu’ils s’aiment, cela ne fait aucun doute, en dépit de leur divergence de caractère. On va pas se mentir, c’est un peu la facette « mignonne » de ce roman atroce !

Car l’auteur est douée, vraiment douée, pour faire monter la tension. Un rythme toujours plus effréné, avec toutefois des sortes de « parenthèses » un peu plus introspectives, qui ont visiblement pour objectif non pas de relâcher la pression mais bien au contraire de garder le lecteur sur des tissons ardents, pour l’inciter à aller toujours plus en avant dans le livre … C’est un roman qui se lit d’une traite, qui ne se lâche pas, un roman qui vous hante jusqu’à la dernière page : on attend l’apothéose, et le dénouement. On se demande comment tout cela va finir, on attend un drame, un vrai, une tragédie, on se dit que ça ne peut pas finir bien pour nos deux personnages, on attend le point de non-retour … Et, clairement, et c’est là le seul reproche que j’ai à faire à ce récit, j’ai été déçue par la fin. C’est atrocement banal, plat, limite incohérent avec le reste du récit tant ça fait artificiel en mode « il fallait une fin, j’ai pris la voie de la facilité ». C’est une de ses intrigues qui gagnent en puissance petit à petit et qui ne demandent qu’à exploser à la fin, en véritablement feu d’artifice d’émotions … et là, ce fut un flop. Une vraie déception pour cette fin, et c’est tellement dommage tant le reste était impressionnant !

En bref, un thriller psychologique palpitant, haletant, une histoire cruelle qui vous prend aux tripes et vous serre la gorge tant vous angoissez avec les personnages … Une narration vivante, une intrigue tortueuse, des personnages simples mais attachants malgré tout … que du bon, que du bon ! Sauf cette fin, qui laisse le lecteur sur sa faim : c’est trop simple ! C’est vraiment dommage de nous proposer plus de 450 pages de suspense et de tension toujours plus forte pour ensuite nous laisser afin une fin aussi plate ! Malgré tout, c’est un roman que je conseille volontiers à tous les adeptes de thriller, mais également à ceux qui ne sont pas familiers du genre : une fois rentré dans ce récit, on n’en ressort pas avant d’avoir tourné la dernière page, et ça, c’est vraiment top !

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
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