L’ainé
Editeur : Bayard Jeunesse
Nombre
de pages : 793
Résumé : Eragon et Saphira sont à
peine sortis vainqueurs de la bataille de Farthen Dûr que des Urgals attaquent
de nouveau et tuent le chef des Vardens ... Nasuada, sa fille, est nommée à
leur tête. Après lui avoir prêté allégeance, Eragon entreprend avec Saphira un
long et périlleux voyage vers Ellesméra, le royaume des elfes, où ils recevront
les enseignements d’un vieux Dragonnier. Pendant ce temps, Roran, le cousin
d'Eragon, organise la défense de son village contre les Ra'zacs. Le jeune homme
est persuadé qu'ils veulent récupérer la mystérieuse pierre trouvée par Eragon
sur la Crête ...
- Un petit extrait -
« Le fait d'être quelqu'un de bien ne suffit pas à garantir la justesse de tes actes, ce qui nous ramène à l'unique protection que nous ayons contre les démagogues, les tricheurs et les foules en folie, et notre guide le plus sûr dans les aléas de la vie : un esprit clair et logique. La logique ne te trahira jamais, sauf si tu as mal estimé - ou délibérément ignoré - les conséquences de tes actes. »
- Mon avis sur le livre -
La saga de L’Héritage occupe une place particulière dans mon cœur :
c’est grâce à ces livres que j’ai noué une belle – bien qu’éphémère – amitié. J’étais
au collège, et j’avais cette (vilaine) manie de lire pendant les cours, le
roman installé en équilibre précaire sur mes genoux. Et c’est ainsi que mon
voisin de table, en latin, m’a un jour vu en train de dévorer le premier tome
de la saga … et a aussitôt déclaré que c’était son livre préféré. Et c’est
ainsi que pendant toute une année scolaire, Vivien est devenu Eragon, Orphée
est devenu Saphira, François est devenu Roran, et je suis devenu Arya. Le
terrifiant contrôle de maths représentait à nos yeux une épique bataille contre
les armées de Galbatorix, et les sorties scolaires étaient l’occasion de vivre
de nouvelles aventures fictives. J'ai le souvenir très net d’une randonnée en
raquettes durant laquelle nous avons fait tourner le guide en bourrique à force
de nous poursuivre en hurlant (les boules de neige devenant dans notre
imagination des sortilèges mortels !) … Et je ne peux le nier :
aujourd’hui encore, Eragon porte les traits de Vivien, et Saphira a la voix d’Orphée !
L’attaque des Urgals a été repoussée … mais à
quel prix ? Les Vardens ont perdu leur chef, les Nains pleurent la
destruction d’un joyau de leur architecture, et Eragon n’est plus que l’ombre
de lui-même depuis qu’il a vaincu le terrible sorcier Durza. Le dos déchiré par
une douloureuse cicatrice, le jeune homme sait pourtant qu’il ne peut manquer à
ses devoirs de Dragonniers : c’est pourquoi il prête allégeance à Nasuada,
nouvellement nommée à la tête des rebelles, et se rend chez les Elfes afin d’achever
sa formation, entamée par Brom. Son séjour à Ellesméra sera riche en surprises,
mais aussi en désillusions … Pendant ce temps, son cousin Roran doit lui aussi
faire face à de terribles épreuves : les Ra’zacs sont de retour au
village, et le jeune homme est prêt à tout pour protéger ses voisins et amis. Mais
malgré tous ses efforts, il n’a pu empêcher les créatures de Galbatorix d’enlever
sa fiancée, Katrina. Fou de rage et de douleur, celui que l’on nomme désormais
Puissant Marteau va convaincre les villageois de se lancer dans la plus folle des
épopées : rejoindre les rebelles Vardens au sud du continent …
Je gardais un souvenir plutôt mitigé de ce
second tome, qui s’est finalement avéré être une excellente (re)découverte !
Sans doute est-ce dû à la différence d’âge : à quatorze ans, seules les
grandes batailles m’intéressaient, alors que maintenant, je suis bien plus
sensible à l’évolution des personnages, à leurs luttes intérieures … Et
indiscutablement, malgré quelques échauffourées, ce second tome comble
parfaitement mes attentes actuelles ! Nous suivons Eragon et Saphira dans leur
apprentissage auprès d’un vieux Dragonnier désormais incapable d’utiliser la
magie et de son dragon mutilé. Jusqu’à présent, Eragon n’était encore qu’un
garçon de ferme, un peu naïf et très impulsif, jeté en pâture face à un destin
qui le dépassait. Il n’était animé que d’un simple désir de vengeance, alors qu’on
attend de lui qu’il rétablisse la paix et la justice dans le pays. Il agissait
sans jamais réfléchir aux conséquences de ses actes pour les autres, car il n’avait
pas encore conscience de toutes les responsabilités qu’impliquait son nouveau
statut de Dragonnier. Au fil de ce tome, Eragon murit : il devient plus
réfléchi, plus sensible aussi. Il se rend compte que ses incroyables pouvoirs
ne peuvent et ne doivent pas être utilisé à la va-vite, n’importe comment. Il
se rend compte qu’il ne peut pas se permettre d’être égoïste ou de faire des
erreurs … ce qui ne l’empêche pas d’en faire. Car Eragon n’est pas parfait,
loin de là, et c’est ce qui le rend si attachant !
A côté de cela, nous suivons également Roran
dans son combat contre les sbires de l’Empire, venu semer la terreur au
village. Je dois le reconnaitre, au
début, je n’étais pas vraiment ravie de quitter Eragon pour suivre son cousin,
fier, colérique et belliqueux à souhait. Je comprends sa douleur d’avoir perdu
son père dans des circonstances aussi cruelles, mais je le trouve très dur à l’encontre
d’Eragon, son presque-frère, qu’il connait depuis toujours : le premier
tome les montrait très proches et soudés, et on a le sentiment que l’auteur a
fait subir un lavage de cerveau à Roran pour des facilités scénaristiques !
Heureusement, cela s’arrange au fil du temps, et Roran doit lui aussi faire
face à ses responsabilités nouvelles : le voici propulsé à la tête d’un
village honni par Galbatorix, et il est le seul à pouvoir leur éviter l’esclavage
ou la mort. Les actes de Roran sont terribles, mais dictés par la nécessité, et
c’est un crève-cœur de le voir ainsi renoncer à son intégrité pour le bien
collectif. Je l’admire pour cela, même si je n’ai pas réussi à m’attacher
autant à lui qu’à Eragon … ou à Nasuada, que nous suivons également tout au
long du roman. Nouvellement nommée chef des Vardens, la jeune femme a dû
imposer son autorité face aux Conseil des Anciens ou aux magiciens du groupe. J’ai
beaucoup aimé son ouverture d’esprit, elle n’hésite pas à mettre de côtés ses
propres ressentiments et préjugés pour mettre en place de nouvelles alliances
bénéfiques pour la cause. Elle est bien plus sage qu’Eragon, bien plus douce
que Roran, et c’est un régal de mieux la connaitre !
Trois personnages, trois intrigues
parallèles, qui finissent par se rejoindre lors du grand final. Je dois l’avouer,
le premier tiers du roman traine en longueur : il faut mettre en branle
ces trois récits, et cela prend un peu de temps. Par la suite, même s’il semble
ne pas se passer grand-chose – Eragon étant en plein apprentissage, Roran en
plein voyage, et Nasuada en pleins préparatifs –, on se laisse happer par l’histoire,
et par la plume majestueuse de Christopher Paolini, qui affirme ici tous ses
talents de conteurs. Les descriptions sont d’une beauté rare, les dialogues
sont superbement bien menés, et les scènes d’action ou de révélation sont tout
simplement palpitantes … Plus d’une fois, mon cœur s’est emballé, plus d’une
fois, mes yeux se sont embués. Au fil des chapitres, on se laisse complétement
immerger dans cette histoire d’une intensité incroyable. Fini l’émerveillement
du premier tome, Eragon, Saphira et le lecteur doivent faire face à la terrible
réalité : c’est tuer ou être tué. C’est la lutte entre le despotisme de
Galbatorix et l’espoir que représentent le jeune Dragonnier et sa dragonne. C’est
l’éternel combat entre le bien et le mal, entre la lumière et l’obscurité. Oui,
ça peut paraitre manichéen, mais dans un livre de fantasy tel que celui-ci, c’est
tout simplement époustouflant !
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai
vraiment adoré ce second tome ! Ce fut un vrai plaisir que de cheminer aux
côtés de personnages aussi « authentiques », d’apprendre à mieux les
connaitre (j’aimais déjà beaucoup Arya auparavant, mais je l’apprécie de plus
en plus à chaque page), de les voir évoluer tandis que se prépare l’affrontement
final. On le sent, si Eragon et Saphira sont les héros de cette éprouvante
épopée, ils ne seraient rien sans leurs compagnons … Et cela d’autant plus que
la fin de cet opus laisse Eragon face à une terrible vérité :
parviendra-t-il à assumer cet effrayant héritage qui est le sien ? Dans un
univers où chacun se présente comme « fils de » ou « fille de »,
cette parenté nouvellement découverte ne risque-t-elle pas de remettre en
question son identité même ? Même si je suis tout aussi effarée et
chagrinée qu’Eragon par cette improbable découverte, je dois avouer être fort
curieuse de voir comment il va se dépatouiller avec tout cela. Car c’est un
joli sac de nœud que cette histoire, mais quel régal ! On en redemande
toujours plus, et on voudrait ne jamais avoir à interrompre sa lecture ! Un
excellent tome qui m’a donc bien plus convaincue que la première fois !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire