Brisingr
Editeur : Bayard Jeunesse
Nombre
de pages : 810
Résumé : Eragon a une double promesse à tenir :
aider Roran à délivrer sa fiancée, Katrina, prisonnière des Ra’zacs, et venger
la mort de son oncle Garrow. Saphira emmène les deux cousins jusqu’à Helgrind,
les Portes de la Mort, repaire des monstres. Or, depuis que Murtagh lui a
repris Zar’oc, l’épée que Brom lui avait donnée, Eragon n’est plus armé que du
bâton du vieux conteur.
- Un petit extrait -
« - Quand on refuse de me livrer certains renseignements, je n’en suis que plus déterminé à découvrir la vérité. Pour moi, une question sans réponse est une épine dans le pied qui me torture au moindre mouvement tant que je ne l’ai pas enlevée.- Je compatis.- Pourquoi ?- Parce que tu dois souffrir mille morts en permanence. La vie est un océan de questions sans réponses. »
- Mon avis sur le livre -
Comme pas mal de lecteurs, j’ai eu une
réaction plutôt partagée lorsque j’ai appris que la trilogie se transformait en
quadrilogie : d’un côté, j’étais heureuse de cheminer plus longtemps aux
côtés d’Eragon et Saphira … mais de l’autre, je craignais que l’ajout d’un
nouveau tome nuise au rythme trépidant auquel Christopher Paolini nous avait habitués.
J’étais un peu perplexe quant aux véritables raisons qui l’ont poussé à scindé
le dernier tome en deux opus : était-ce parce qu’il avait préjugé du
nombre de pages nécessaires pour boucler tous les nœuds de l’intrigue, ou
était-ce tout simplement pour obliger les lecteurs captivés à acheter deux
livres pour connaitre le fin mot de l’histoire ? Aujourd’hui encore, le
doute est encore présent dans mon esprit : en tant que lectrice, je ne
suis pas convaincue du bien-fondé de cet étalement. A chaque relecture, je me
fais ainsi la même réflexion : certains passages ont clairement été
ajoutés artificiellement, ils n’apportent rien à l’histoire et ne servent qu’à
combler les quelques dizaines de pages nécessaires pour avoir deux gros pavés
de 800 pages à faire ingurgiter aux lecteurs ….
Encore dévasté par la terrible révélation de Murtagh,
qui lui a appris l’identité de son père, Eragon refuse cependant de se laisser
abattre : en tant que Dragonnier, il doit continuer la lutte contre le
tyrannique Galbatorix pour ramener la paix sur l'Alagaësia. Il commence par
aider son cousin Roran à délivrer sa fiancée des griffes des Ra’zacs et à venger
la mort de son oncle Garrow. Il se rend ensuite chez les nains, pour assister
aux longues délibérations précédent l’élection d’un nouveau Roi, malgré les
menaces qui pèsent au-dessus de sa tête, et malgré l’urgence de la situation.
Car Eragon et Saphira savent que leur formation est loin d’être achevée, et qu’ils
ne peuvent en l’état pas envisager de vaincre leurs adversaires : ils
doivent à tout prix rendre visite à leurs formateurs pour les supplier de leur
en apprendre plus. Ils sont bien loin de se douter que les révélations qui les
attendent sont encore plus surprenantes que leurs dernières découvertes, et que
cette visite chez les Elfes leur apportera bien plus d’armes que de simples
connaissances …
Cela me fait un peu mal au cœur de l’admettre,
mais je suis plutôt déçue de ce troisième tome. Cela reste une bonne lecture, mais
on est bien loin du coup de cœur que j’ai eu pour les deux premiers opus. La
raison est fort simple : je ne voyais pas le bout de cet interminable pavé
de 800 pages rempli de … vide. Bien sûr, il y a des passages admirablement
palpitants, bien sûr, il y a des scènes d’une force inouïe, mais il y a
principalement des longueurs. A vouloir « approfondir la personnalité d’Eragon »,
l’auteur en a fait beaucoup trop, et on le voit pendant plus de la moitié du
récit se débattre avec ses états d’âme. Et on tourne en rond. Un pas en avant,
deux pas en arrière, retour à la case départ, on a gagné cent pages
supplémentaires ! Des simulacres de batailles, où Roran devient un
surhomme (malheur, je l’aimais tellement Roran, je suis attristée de le faire
se transformer en simple machine de guerre imbattable alors qu’il n’est qu’un
simple fermier), des complots politiques à n’en plus finir, des discussions
creuses à pleurer … Vraiment, cet opus ne tient pas ses promesses. Il apparait
comme une sorte de tome de transition alors qu’on nous faisait miroiter le
fameux face à face avec le grand méchant !
Ce fut laborieux, donc, mais fort
heureusement, les rares passages « utiles » sont admirablement
captivants, et on ne peut pas s’empêcher de tourner les pages car on a malgré
tout cette irrésistible envie de savoir ce qui va arriver ensuite ! Même
si j’ai plus d’une fois eu envie de lui mettre des claques pour qu’il cesse de
se comporter comme un imbécile fini, je ne peux pas m’empêcher d’être très
attachée à Eragon, ce jeune héros malgré lui, un peu perdu face à l’immensité
de la tâche qui l’attend. Comment lui, simple garçon de ferme, peut-il être
celui qui tuera Galbatorix l’invincible ? Comment peut-il être un héros
alors que son père était un Parjure et que son propre frère se bat aux côtés du
tyran ? J’ai eu de la peine pour lui, et cela d’autant plus que l’auteur a
décidé de consacrer un tome entier à ces considérations psychologiques :
si au moins il y avait plus d’action, ce pauvre Eragon n’aurait pas eu l’occasion
de réfléchir aussi longuement à tout cela ! De plus, je trouve que cela ne lui
ressemble pas : Brom comme Oromis se plaignaient de le voir aussi peu
porté sur la réflexion, et voilà qu’il passe 800 pages à réfléchir, le fossé
est un peu trop gros pour être honnête !
Malgré tout, ça reste un récit passionnant et
grandiose, riche en révélations et en rebondissements : on vole de
surprises en surprises, de découvertes en découvertes …. et c’est tout
simplement captivant ! Malgré quelques facilités scénaristiques que l’on
ne peut que regretter – je pense essentiellement au chapitre consacré à la
fabrication de l’épée d’Eragon –, on sent que l’auteur a tout prévu dans les
moindres détails : petit à petit, tous les éléments surgissent pour qu’Eragon
soit prêt à faire face à son destin, à son ennemi. On le sent, le compte à
rebours se met enfin en route, et la lutte finale se rapproche : on espère
juste qu’Eragon ne va pas soudainement décider de partir en visite touristique
avant d’aller affronter Galbatorix, car c’est un peu sa spécialité, de rajouter
des étapes superflues à ses péripéties ! Cela a au moins le mérite de
faire monter la tension, toujours plus, tout comme la frustration du lecteur
qui dévore chaque chapitre avec une impatience et une inquiétude grandissante.
Il faut dire que jusqu’à présent, jusqu’aux ultimes chapitres de ce tome,
Galbatorix reste un nom, un individu qu’on évoque mais qu’on n’a jamais
rencontré, et la crainte n’en est qu’encore plus forte … Rien n’est gagné, même
si on se doute qu’Eragon n’échouera pas (car on est en high fantasy, et qu’en
high fantasy, le bien triomphe toujours du mal), on a quand même peur pour lui !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un
bilan clairement mitigé pour cet opus : d’un côté je regrette que l’histoire
traine ainsi en longueur, mais de l’autre, j’ai apprécié de voir le dénouement
approcher tout doucement et non pas dans un grand fracas inattendu. Je pense
que l’équilibre n’a pas été trouvé : certains passages sont bien trop
longs, et d’autres sont au contraire trop brefs, certains passages sont
ennuyants, d’autres sont presque trop captivants pour notre rythme cardiaque … Mais
s’il y a bien UN point admirablement positif, c’est la plume de Christopher
Paolini : elle était déjà fort belle dans les premiers opus, mais là, c’est
juste grandiose ! C’est un vrai régal que cette narration, qui jongle avec
brio entre les descriptions et les dialogues, et qui ose sortir des sentiers
battus quand il s’agit de nous plonger au cœur des pensées des dragons, si
différents de nous autres pauvres humains. Et cette si belle plume est bien ce
qui sauve cette histoire qui a perdu son rythme effréné pour quelque chose de
plus chaotique … Il ne reste plus qu’à espérer que le dernier tome sera un peu
moins longuet que celui-ci, et que l’action reprendra à nouveau le dessus sur
les états d’âmes d’Eragon !
Une de mes sagas préférées !
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