lundi 4 juillet 2016

La fille de Belle - Sophie Audouin-Mamikonian



La fille de Belle, Sophie Audouin-Mamikonian

Editeur : La Martinière Jeunesse
Nombre de pages : 388
Résumé : Née du mariage de Belle et de la Bête, Isabelle a hérité de la malédiction de son père, le roi Damien de Lancovit. La jeune fille peut à sa guise se transformer en une bête puissante et féroce, couverte de fourrure et dotée de crocs et de griffes. Hélas ! Le peuple, qui voit d’un mauvais œil le retour d’une bête au pouvoir, la rejette. Et ses parents, diplomates, pourraient lui préférer Mérié, son petit frère, pour leur succéder. Dans l’ombre de Lancovit, pourtant, se prépare un complot diabolique qui pourrait plonger le royaume dans le chaos. Un complot qu’Isabelle, princesse et bête, pourrait bien être seule capable d’éviter …

- Un petit extrait -

« La malédiction ne s’était pas éteinte si facilement. Pendant des années et des années, elle avait coulé dans les veines du Roi, modifié son apparence, contaminé ses pensées. Puis Belle était venue, et tout avait changé. La malédiction avait dû quitter la chair et le sang de son hôte pour s’évanouir dans l’air aussitôt beaucoup plus pur. Mais pas tout à fait, non pas tout à fait. Dans certains endroits stratégiques il restait quelques infimes résidus. Et personne ne s’en aperçut. Jusqu’au jour où naquit leur premier enfant. »

- Mon avis sur le livre -

Après avoir dévoré les douze tomes de la saga Tara Duncan, il me semblait parfaitement logique et normal de découvrir cette nouvelle série se déroulant dans le même univers mais 450 ans avant. Avec La fille de Belle, Sophie a réussi le pari de plaire à ses fidèles lecteurs qui connaissent sur le bout des doigts AutreMonde mais également d’attirer de nouveaux lecteurs que la longueur de la saga d’origine pouvait effrayer. Personnellement, j’ai été conquise par ce roman et j’en suis déjà à ma … troisième ou quatrième relecture. Je vous explique tout de suite pourquoi j’aime tellement ce livre !

L’histoire prend racine au cœur du Lancovit, un royaume aux fondations encore fragiles : cela ne fait que quelques années que l’amour de Belle avait permis à Damien, le roi, d’être libéré de la malédiction qui l’avait changé en Bête. Si le couple royal nage dans le bonheur et voit l’avenir avec confiance, le peuple reste traumatisé par cette sombre époque où la Bête rodait. Aussi, lorsque l’on découvre que la malédiction ne s’est pas éteinte et qu’elle touche Isabelle, la princesse héritière – qui peut quant à elle se métamorphoser à volonté –, le royaume encore instable se voit de nouveau déstabilisé. Le peuple ne veut pas d’une Bête à la tête du pays, et Damien et Belle se retrouvent confrontés à un choix déchirant : doivent-ils oui ou non écarter Isabelle de la succession ?

C’est dans ce contexte politique agité qu’Isabelle va grandir, entourée de ses amis humains comme non-humains (car AutreMonde est une planète où cohabitent nombre d’espèces fantastiques, tels les elfes et les licornes, les trolls et les Vampyrs …). Isabelle est une enfant heureuse et insouciante, qui aime faire tourner en bourrique sa nourrice et qui adore faire des blagues. Cependant, Isabelle va grandir soudainement lorsqu’elle comprend que le peuple la rejette et que son petit frère risque bien de monter sur le trône à sa place à cause de la malédiction. Isabelle est un personnage que j’apprécie énormément : à la fois déterminée et fragile, enjouée et réservée, son caractère est suffisamment poussé et complexe pour attirer l’attention du lecteur. Sa personnalité haute en couleur fait d’elle un personnage principal féminin comme je les aime.

Les autres personnages sont également très intéressants et ont une véritable place dans l’intrigue. Les deux amis d’enfance d’Isabelle, Gradis et Kris, m’ont particulièrement intéressée. Gradis est un jeune homme honnête, droit et peureux qui a le malheur d’être le fils d’un noble fourbe et autoritaire, qui se verrait bien roi à la place du roi. Gradis est tiraillé entre sa fidélité et son amitié envers Isabelle et la crainte que lui inspire son père, et il va être amené à faire de terribles choix qui lui pèseront sans doute toute son existence. Kris, quant à lui, est un garçon qui ne sait plus trop ce qu’il ressent envers Isabelle : la considère-t-il comme une petite sœur, une amie ou bien plus ? On ne sait pas encore grand-chose de lui mais je pense qu’il aura un rôle à jouer dans les tomes à venir … J’ai également apprécié Tames, Mérié et Bovit, ainsi que Katra et Chemnashaovirodaintrachivu (que je ne m’attendais absolument pas à retrouver dans ce livre !).

En ce qui concerne l’intrigue, elle est principalement politique. Tout tourne autour du trône et de la succession. Cependant, les complots qui se mettent en place et s’imbriquent les uns dans les autres ont des répercussions en dehors du simple cadre politique. Ce qui est particulièrement intéressant pour ceux qui ont lu Tara Duncan avant de lire La fille de Belle, c’est qu’on découvre la mise en place d’éléments qui ont une place importante dans la saga « principale ». Mais pour ceux qui n’ont pas encore lu Tara, ce n’est pas grave car cela s’intègre parfaitement dans le reste de l’histoire. De la même façon, Sophie a réussi à doser le flux d’informations sur l’univers d’AutreMonde, ce qui évite à ceux dont l’univers est familier de s’ennuyer mais qui permet aux novices de comprendre le cadre dans lequel s’inscrit l’histoire. Bref, c’est du grand art !

Le rythme est également bien maitrisé : au départ, tout est assez lent, le temps que les choses se mettent progressivement en place. Et puis, cela s’accélère : de nombreuses ellipses temporelles permettent de faire avancer rapidement les choses, les complots se mettent en place, l’action se fait plus présente et tout va crescendo jusqu’à l’apothéose finale. Ce final … On a de tout dans ce final : de la bonne bagarre, de la magie noire, de l’émotion et du courage. Contrairement à nombre de romans jeunesses, ce livre ne se termine pas sur une victoire mais sur l’attente de la confrontation finale. Il s’agit d’une véritable ouverture au tome suivant, que j’attends d’ailleurs avec grande impatience !

Mais la grande force de ce roman, c’est bel et bien l’écriture de l’auteur. Sophie a une plume que j’aime énormément lire et relire. Elle arrive à concilier récit et humour, légèreté et profondeur. Les phrases sont fluides, les descriptions imagées et les dialogues vivants. Pour tout avouer, bien souvent, je me disais que cette histoire aurait fait sensation chez les seigneurs médiévaux : je trouve que le style s’accorderait parfaitement avec la voix des conteurs et des troubadours ! C’est donc un roman très agréable à lire. Et c’est aussi un roman qui donne le sourire : l’humour de Sophie est tout simplement merveilleux. Des petites pointes d’ironie par-ci, des plaisanteries par-là, une remarque bien placée de temps en temps … Bref, on rigole du début à la fin, et ça fait du bien !

Pour résumer tout ça, La fille de Belle est un très bon premier tome. Inspiré de la légende de la Belle et de la Bête, ce roman nous plonge au cœur d’un univers fantasque et fantastique, nous offre une intrigue complexe et nous présente des personnages terriblement attachants et passionnants. Le tout raconté par une auteure à la plume d’or, qui sait concilier récit et humour. Un livre que je recommande à tous les amoureux des mondes imaginaires qui ont envie de s’évader et de découvrir un univers qui fait rêver.




Ce livre a été lu dans le cadre de mon Tarathon
(plus d’explications sur cet article)

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