Editeur : Yves Michel
Nombre
de pages : 314
Résumé : Dans un futur proche, à la veille d’une
crise généralisée, se croisent un quadra parisien stressé aux prises avec une
ado rebelle, un vieux menuisier oublié des siens, une jeune fille des banlieues
qui fuit le machisme et la violence, un trader qui perd les pédales, un notaire
amateur de rock’n’roll et une jeune maman un peu provocatrice éprise de
littérature. Tous ont entendu à un moment ou à un autre le Cri du Colibri, et
décident de « faire leur part » avec confiance et lucidité. Ils choisissent de cultiver la
bienveillance, la solidarité et l’enthousiasme plutôt que le repli sur soi ou
la résignation.
- Un petit extrait -
« Un jour, dans un pays magnifique à la végétation luxuriante où tout le monde vivait bien peinard en se gavant de fruits délicieux, le feu se déclenche et commence à se propager. Bien sûr, tous les animaux se barrent ventre à terre pour fuir le danger et abandonner leur petit paradis à son triste sort. Tout à coup le tatou, qui court en tête du groupe, voit un petit colibri qui se pointe en sens inverse. Il s’arrête et interpelle l’oiseau. "Eh toi, le petit machin à plumes, va pas par là-bas, tu vas te cramer". Le colibri bat des ailes sur place, et il lui dit avec difficulté, parce qu’il a de l’eau dans son bec : "He vais lanher ma goukke g’eau hur le heu, et ahrès h’irai en herher une aukre". »
- Mon avis sur le livre -
Je pense que tout le monde a entendu parler
un jour ou l’autre de l’histoire de ce petit colibri qui, désireux de faire sa
part pour éteindre l’incendie alors que tous les autres animaux s’enfuient,
volait de toutes les forces de ses petites ailes, son petit bec chargé d’un peu
d’eau. Je pense, par contre, que beaucoup de personnes ignorent qu’un mouvement
est né à partir de cette légende amérindienne : le Mouvement Colibris, qui
invite chacun à faire sa part pour construire un monde plus harmonieux et plus
serein. Avec Le cri du colibri, Michel Hutt offre une fiction qui présente quelques initiatives
inspirées de ce mouvement de Transition.
L’histoire est ciblée sur le parcours de
Paul, divorcé en charge de la garde de sa fille, et de cette dernière, Léa,
adolescente rebelle à souhait. On s’en doute, entre le père et sa fille, les
conflits sont de plus en plus nombreux et de plus en plus virulents. Mais tout
va changer lorsqu’ils se rendent en Alsace, au cœur de la merveilleuse vallée
de Munster (je reviendrais plus loin sur ce point), pour l’enterrement du
grand-père de Paul. Enthousiasmés par ce cadre magnifique qui offre tout un tas
de possibilités sur le plan écologique et économique, ils s’installent dans la
maison léguée par l’aïeul. Au fil des rencontres et des événements, ce qui
n’était au départ qu’un rêve un peu utopique d’une vie différente va s’étendre
à tout un village qui, grâce à ce processus de Transition, va réussir à
surmonter une crise majeure.
Avant de passer à la chronique argumentée et
organisée, je me permets un petit paragraphe « mon cerveau a
disjoncté » : ça se passe chez moi ! Mais littéralement :
l’intrigue se déroule dans le village voisin, que je vois depuis la fenêtre de
ma chambre ! D’ailleurs, comme je suis gentille, je vous laisse une photo
de ce coin de la Vallée, prise par mes soins. Dans le fond, vous avez donc
Mulbach, où vivent donc Paul et Léo, avec ses deux clochers (en Alsace, il est
courant d’avoir une église catholique et une église protestante dans chaque
village – et bien sûr, j’habite dans celui où il n’y a ni l’une ni l’autre,
haha). C’est beau, n’est-ce pas ? Avec un cadre tel que celui-là, le roman
ne pouvait qu’être superbe !
Outre ces considérations purement
émotionnelles, j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman. Les
personnages, tout d’abord, sont d’une diversité et d’une profondeur incroyable :
ils ont tous leur vécu, leur personnalité et leur vision du monde. Ils sont
tous importants pour le récit et sont surtout terriblement attachants. Mais la
grande force de ce récit, c’est de mêler la fiction (une crise économique
planétaire, des retombées sociales spectaculaires, des histoires de famille et
d’amour) avec la réalité, en présentant des initiatives déjà mises en œuvre dans
tel ou tel endroit, en faisant le lien avec le Mouvement Colibris et en invitant
le lecteur à reconsidérer le bien-fondé de son mode de vie. J’ai trouvé l’articulation
entre ces deux versants très fluide, et selon notre humeur du moment, on peut
soit s’attarder sur le côté « fiction » soit se concentrer sur la
réflexion proposée par ce livre.
Il est assez compliqué, je trouve, d’en dire
beaucoup plus sur ce livre, car c’est typiquement le genre de récit qu’il faut
vivre, éprouver, et pas seulement survoler. C’est le genre de roman qui conduit
le lecteur à se poser des dizaines de centaines de questions, le genre d’histoire
qui marque et qui surprend, qui interpelle et qui agrippe l’attention du
lecteur. Je vais donc me contenter de redire que c’est vraiment un très beau
roman, que je conseille à tous ceux qui se posent des questions sur notre
société, notre mode de vie, notre relation à autrui et à la nature, mais aussi
à ceux qui aiment les récits d’anticipation qui pointent le doigt sur la
fragilité de notre système économique et les conséquences sociales d’une crise
majeure.
Pour conclure brièvement : Le cri du
colibri est un roman
assez court, à la narration digne d’une fable, qui nous invite à changer notre
vision du monde et à repenser notre mode de vie pour retrouver harmonie et
sérénité. On me souffle dans l’oreillette qu’un second tome est prévu pour
début 2017, et c’est une excellente nouvelle car je suis curieuse de savoir
comment la situation va évoluer et pressée de retrouver Léa, Hugo et les autres !
Ce livre a été
lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus
d’explications sur cet article)
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