dimanche 26 octobre 2025

Les rôdeurs de l'Empire, tome 4 - Guy-Roger Duvert

Les rôdeurs de l’empire4, Guy-Roger Duvert

 Editeur : Autoédition

Nombre de pages : 307

Résumé : Ballottés par les flots, Ethan, Cassandra, Astrid et Tobias s’échouent sur une île oubliée, prisonnière des tempêtes de l’Abîme. Là, une colonie de naufragés s’est développée selon des codes de flibuste, où l’ordre ne tient qu’à un fil. Au cœur de cette confusion, un Sorcier s’est imposé, sondant les ruines mystérieuses laissées par Ceux d’Avant. Ses recherches font écho à celles de l’Empereur lui-même … Pour la première fois, les Rôdeurs entrevoient le cœur des machinations impériales.

Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Mon avis sur le livre -

 Cela fait déjà quatre tomes que nous suivons nos infortunés Rôdeurs dans leurs mésaventures … et il faut bien reconnaitre qu’il devient de plus en plus compliqué de vous donner envie de lire leurs péripéties sans risquer de vous divulgâcher toute l’histoire ! La difficulté est d’autant plus grande que notre bande de crapouilles collectionne les galères de toutes sortes : aucun de leur plan ne se passe jamais comme prévu, ils tombent toujours au mauvais endroit au mauvais moment ... Ce qui rend leurs aventures particulièrement complexes à résumer ! Tout ce qu’il faut retenir, c’est que notre petit groupe de malfrats aventuriers s’est retrouvé scindé en deux à la suite d’un naufrage : nous avions suivi Logan et Trevor dans le tome précédent, il est donc grand temps de découvrir ce qui est arrivé aux autres Rôdeurs … Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas vraiment mieux lotis que leurs camarades.

Les voici échoués sur une île entourée d’une perpétuelle tempête rendant tout retour vers le continent impossible, à en croire ceux qui sont carrément nés ici, descendants des premiers naufragés. Mais vous les connaissez comme moi, les Rôdeurs : ils ne vont pas se laisser abattre par « si peu » ! L’impossible, ils en ont fait en quelque sorte leur spécialité : là où tout le monde baisse les bras et se résigne, eux refusent de se laisser abattre. Ils ont une mission à accomplir, un mystère à percer : ils doivent quitter cette île, et ils la quitteront. Ils ne savent pas encore quand, ni comment, mais ils la quitteront. Quitte à s’allier avec l’énigmatique Sorcier qui cause tant de tracas à l’administrateur de la communauté de rescapés : visiblement, ce lanceur de sort partage la curiosité des Rôdeurs pour les vestiges des civilisations passées …

Je dois vous faire une confidence : j’adore les histoires où les héros s’échouent sur une île déserte. D’ailleurs, j’écris une histoire où les héros s’échouent sur une île déserte. Autant vous dire que j’étais folle de joie quand nos pauvres héros se sont réveillés sur une île déserte … enfin, plus si déserte que cela puisque des dizaines et des dizaines de naufrages y ont eu lieu ces dernières semaines, mais vous comprenez l’idée. Les voici coupés du reste du monde, sans aucun moyen de contacter d’éventuels secours, sans aucun moyen de reprendre la mer, bref, sans aucun moyen de rentrer chez eux et d’achever leur quête : pouvez-vous imaginer pire galère pour des héros de fantasy ?! Et pouvez-vous imaginer plus grand suspense que celui-ci : nos héros vont-ils réussir là où des générations entières ont échoué ? Parviendront-ils à quitter cet archipel ? Et surtout … comment y parviendront-ils ? Car honnêtement, connaissant Guy-Roger Duvert, on se doute bien qu’il ne laissera pas ses personnages croupir sur une île, et encore moins ses lecteurs se languir d’un dénouement digne de ce nom à la saga : il y en aura forcément au moins un qui parviendra à rejoindre le continent pour terminer la quête collective, c’est obligatoire !

Mais … c’est pas gagné, franchement. Et cela d’autant plus qu’au fur et à mesure, nous prenons conscience qu’il se passe des trucs drôlement louches sur cette île déjà bien louche. On sent qu’il y a quelque chose qui cloche encore plus qu’avant : c’est comme s’il y avait une anomalie dans l’anomalie, et ça titille autant notre curiosité que l’inquiétude des protagonistes. Les pauvres, quand même, à chaque fois qu’ils pensent avoir compris quelque chose, un nouveau mystère vient s’ajouter à tous les précédents, les plongeant dans une perplexité toujours plus grande. Et je dois bien reconnaitre que, par moment, j’ai bien failli me noyer, moi aussi : sans doute parce que je suis exténuée et confuse ces derniers temps (bonjour la santé mentale qui défaille), mais j’ai eu plus de mal que d’habitude à comprendre ce qui se passait dans ce tome. J’ai été perdue pendant une bonne partie du récit … ce qui ne m’a pas empêché d’y prendre plaisir, car l’action est suffisamment prenante pour pallier au manque de compréhension des subtilités. C’est quelque chose que j’apprécie d’ailleurs énormément chez Guy-Roger Duvert : même quand on n’est pas en forme, on profite de notre lecture, car c’est particulièrement divertissant et palpitant. Un peu comme un bon film, en fait !

En bref, vous l’aurez bien compris : ce fut comme toujours une bonne lecture. Ce n’est clairement pas le meilleur roman de l’auteur, car il y a une déferlante d’informations légèrement indigeste, mais j’ai tout de même pris beaucoup de plaisir à le lire. Je pense que le fait de deviner/savoir que cette saga allait converger avec Outsphere m’a quelque peu « gâché » la lecture : sachant qu’il y avait avoir un point de rencontre, je ne faisais que l’anticiper et l’attendre, et j’ai donc eu un peu de mal à profiter pleinement de cet opus « pour lui-même ». Je suis donc à la fois conquise par ce regroupement de sagas et légèrement frustrée, car on a parfois le sentiment que ces quatre tomes n’ont été qu’une (longue) introduction dont le seul but était cette rencontre avec les héros de l’autre saga … Impression renforcée par le fait que la suite et fin de l’histoire se fera dans le cinquième tome d’Outsphere : la saga des Rôdeurs de l’Empire est donc théoriquement achevée, mais sans avoir de réelle fin, et c’est un petit peu perturbant … Mais j’ai quand même hâte de découvrir cette suite et fin, même si elle se trouve dans une autre saga, le plus important est vraiment de connaitre le fin mot de toute cette histoire ! Vivement !

samedi 9 août 2025

Dans les yeux d’Orion - Jonathan Riant

Dans les yeux d’Orion, Jonathan Riant

 Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 411
Résumé : Une puce ultra-intelligente implantée chez chaque citoyen permet de surveiller en temps réel toutes les constantes de santé. Créée par la puissante société VitaLink Corp, elle promet un monde plus sûr… à condition d’en payer le prix. Orion, 17 ans, est prêt à tout pour sauver sa mère atteinte d’un cancer du cerveau. Aidé par sa seule véritable amie, Vega, il plonge dans les secrets bien gardés de cette technologie omniprésente. Ce qu’il va découvrir pourrait bouleverser non seulement sa vie, mais aussi les fondements de toute la société. Et si le prix de notre santé, c’était notre liberté ?

 Un grand merci à Jonathan Riant pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« "O," ce petit surnom dont m'affuble Vega depuis notre rencontre. Elle dit trouver ça plus court et percutant. Pour ma part, il ne m'est jamais venu à l'idée de l'appeler "V", mais pourquoi pas. Je m'y suis fait à la longue et cela me fait penser à l'eau, ce liquide qui se fraye un chemin à travers tout ce qui l'entoure, esquivant, creusant tout doucement et subtilement, mais parvenant toujours à ses fins. Et j'aime bien cette idée. Je me dis qu'à la longue, je parviendrai bien à me faire une place dans ce monde. Et à force de travail et de petits contournements, je sauverai ma mère. Je suis l'eau qui parcourt le monde et ma mère en est la source.   »

- Mon avis sur le livre -

Dans un futur qui semble relativement proche, il n’a jamais été aussi facile de prendre soin de sa santé : grâce à la puce neuronale créée par VitaLink Corp, toutes vos constantes sont analysées en continu, et le moindre dysfonctionnement vous est signalé en direct. Malheureusement pour Orion, dix-sept ans, petit génie de l’informatique, et surtout pour sa mère, atteinte d’une grave tumeur au cerveau, les soins coutent chers. Bien trop cher pour eux. Le jeune homme a beau accumuler les petits boulots, plus ou moins légaux, en plus de ses études afin de se procurer des médicaments auprès de fournisseurs plus ou moins douteux, il voit l’état de sa mère se dégrader à vue d’œil. Il doit aller se rendre à l’évidence : s’il veut la sauver, il va lui falloir se rapprocher des milieux les plus malfamés qui soient … et prendre le risque d’attirer l’attention de la très efficace milice sécuritaire. Mais Orion ne reculera devant rien … pas même devant les découvertes les plus effrayantes.

Faire original, c’est difficile. En tant qu’apprentie écrivaine, je suis bien placée pour le savoir : notre cerveau, biologiquement programmé pour la paresse, cherche toujours la solution de facilité et se contente donc bien volontiers de ce qu’il connait déjà. Par ailleurs, quand on débute, c’est rassurant de s’inscrire dans la lignée de ce qui existe avant nous : on se dit que si ça a marché pour les autres, cela fonctionnera aussi pour nous. Mais la frontière est bien mince entre archétype et stéréotype, ainsi qu’entre code et cliché : cela demande une attention de tous les instants pour rester fidèles aux premiers sans tomber dans les seconds. L’équilibre est loin d’être évident à trouver : il faut inscrire son roman dans une certaine continuité avec les autres ouvrages du même genre (voire du même sous-genre), tout en lui insufflant une touche d’unicité qui lui permet de se démarquer de ces-dits ouvrages. Si le roman est trop différent, le lecteur amoureux du genre se sentira floué. Mais s’il est trop semblable, le lecteur coutumier du genre n’aura aucune surprise à se mettre sous la dent …

Et malheureusement, c’est un peu ce qui m’est arrivé avec ce livre. Pour son premier roman, l’auteur nous offre une dystopie tout ce qu’il y a de plus classique … et pour moi qui en ait lu des tas et des tas depuis mes douze ans, cela a même été beaucoup trop classique. Vraiment trop classique. Sans nul doute, c’est un genre que l’auteur connait lui aussi très bien, et il a visiblement fait des recherches pour s’assurer que son récit correspondait bien aux conventions du genre … Mais, probablement pris dans l’enthousiasme de l’auteur débutant, il a appliqué ces-dits conventions un petit peu trop à la lettre. Résultat des courses : je dois bien avouer m’être un peu ennuyée. Au milieu du chapitre trois, j’avais énoncé mes petites prédictions sur la suite de l’intrigue à ma maman, ayant déjà perdu tout espoir que le récit s’écarterait de ce schéma bien balisé … et effectivement, tout s’est déroulé exactement comme je l’avais imaginé. Et du coup, tout m’a semblé bien trop prévisible, et mon intérêt pour l’histoire s’est peu à peu émoussé …

Cela ne veut pas dire que c’est un mauvais roman : je reconnais que c’est une dystopie qui répond fidèlement aux attentes du genre. Juste trop fidèlement pour les lecteurs déjà très familiers du genre, justement. Je pense vraiment que c’est un livre qui s’adresse plutôt à des lecteurs qui n’ont pas encore lu beaucoup de dystopies : ils y trouveront un récit qui mêle mystère, action et émotion, et ils seront probablement bien plus « éblouis » que moi par certaines révélations et certains retournements de situation. Pour une première immersion dans le genre, ce roman est idéal. Pour une centième immersion dans le genre, pas vraiment. Je n’étais donc clairement pas le bon public pour ce roman, et je dois donc honnêtement avouer ne pas avoir eu une expérience de lecture bien transcendante … Mais si vous voulez découvrir le genre, ne vous laissez pas décourager par ma déception : elle n’est pas liée au livre en lui-même, mais bien plus à ma relation déjà ancienne avec le monde de la dystopie !

vendredi 9 mai 2025

Les Chroniques occultes, tome 5 : Croisière Macabre - Guy-Roger Duvert

Les chroniques occultes5, Guy-Roger Duvert

Croisière macabre

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 295
Résumé : Printemps 1935. Le SS Haronga, élégant paquebot en partance de Hong Kong pour San Francisco, emporte avec lui nos quatre investigateurs, animés par une quête : suivre la trace d’un riche occultiste en possession d’un texte ancien qu’ils comptent récupérer. Mais à mesure que le navire fend les eaux du Pacifique, des phénomènes inexplicables commencent à se multiplier. Bienvenue à bord. Mais ne soyez pas trop pressés d’arriver à destination...

 Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Mon avis sur le livre -

 Au bout d’un certain nombre de tomes, il devient difficile de savoir quoi dire de nouveau sur une saga … Vous qui connaissez déjà les Chroniques occultes, qui avez déjà lu les quatre premier opus, et peut-être même celui-ci, je n’ai plus besoin de vous convaincre : vous savez déjà tout aussi bien que moi qu’on en redemande toujours plus ! Quand à vous, qui n’avez pas encore découvert la saga, ou qui n’avez pas encore lu ce tome, je ne voudrais surtout pas risquer de trop vous en dire : cela serait vous gâcher le plaisir de la pure découverte !

Je dois bien reconnaitre que cette saga n’est pas celle que je préfère de l’auteur : je garde un attachement tout particulier pour Outsphere, sans doute parce que c’est avec elle que j’ai découvert la plume de Guy-Roger Duvert. Par ailleurs, je ne suis pas forcément une grande adepte des mythes lovecraftiens, et nul besoin d’être un grand spécialiste du genre pour comprendre rapidement que les Chroniques occultes s’inscrivent dans cette lignée. Toutefois, j’ai vraiment apprécié ce cinquième tome, plus que le précédent par exemple !

Je pense que le côté « huis-clos » y est pour quelque chose : je trouve que cela confère immédiatement une ambiance toute particulière au récit. La tension est d’autant plus grande que nos héros ne peuvent pas échapper aux potentielles menaces : quoi qu’il arrive, ils seront obligés de faire face, sans pouvoir se défiler. Car admettons-le : un des petits plaisirs coupables de la lecture, c’est vraiment de prendre plaisir à voir les personnages embourbés dans des situations inextricables et particulièrement mortelles … Bien en sécurité de l’autre côté du livre, on frissonne d’excitation à laisser les héros se mettre en danger à notre place : grâce à eux, on vit par procuration des aventures incroyables, sans risquer la moindre égratignure, n’est-ce pas fabuleux ?

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec Milton, Kristen, Lillian et Howard, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Pas de repos pour les braves : nos quatre investigateurs ne prennent pas le bateau pour profiter d’une agréable croisière, mais bel et bien pour traquer de dangereux occultistes en possession d’un manuscrit plus dangereux encore … Et le temps presse : il faut agir avant qu’ils ne mettent en branle le mystérieux rituel contenu dans le livre ! Et tandis que des passagers disparaissent les uns après les autres, une palpitante course contre la montre débute : préparez-vous à retenir votre souffle, à sentir votre cœur s’accélérer et à ressentir le besoin de tourner les pages à toute vitesse pour découvrir la suite de l’histoire !

Histoire qui, comme souvent avec Guy-Roger Duvert, s’articule autour d’un très subtil équilibre entre des ressorts narratifs assez « connus » (si l’on fait bien attention aux indices disséminés par-ci par-là et si on est quelque peu familier du genre, on parvient à deviner ce qui se cache derrière toutes ces choses étranges) et de véritables coups de théâtre très difficilement prévisibles. J’aime bien, car c’est ce qui génère vraiment un effet de surprise : comme on baisse la garde en pensant avoir compris, on est d’autant plus étonné quand la seconde (voire troisième) révélation survint ! L’auteur est vraiment doué pour cela, et je ne m’en lasse vraiment pas !

Plus généralement, cet opus a vraiment ravivé en moi la « flamme » pour cette saga : elle reste toujours un peu en-deçà d’Outsphere selon moi (d’ailleurs … l’auteur a-t-il vraiment une fascination pour les raies manta volantes au point d’en mettre dans tous ses univers, ou bien est-ce les prémices d’une nouvelle convergence entre les sagas ?!), mais j’ai vraiment terriblement envie de découvrir la suite des aventures de nos quatre aventuriers ! Je pense que ce qui est vraiment le plus sympa, c’est que chaque tome a en quelque sorte son ambiance « propre » : bien sûr, il y a une continuité indéniable, mais il y a toujours un souffle de « nouveauté », et j’aime énormément !

dimanche 13 avril 2025

Lever de soleil sur la moisson - Suzanne Collins

Lever de soleil sur la moisson, Suzanne Collins

Editeur : Pocket Jeunesse
Nombre de pages : 465
Résumé : À l'aube des cinquantièmes Hunger Games, la peur s'empare des districts de Panem. Cette année, en l'honneur des Jeux de l'Expiation, le nombre de tributs arrachés à leur famille pour participer à ces jeux cruels sera doublé ! Dans le district 12, Haymitch Abernathy tente de ne pas trop penser au terrible tirage au sort. Alors, quand le destin le désigne comme tribut, son monde s'écroule. Alors que les Jeux sont sur le point de commencer, Haymitch comprend que les épreuves sont truquées et qu'il n'a aucune chance. Pourtant, quelque chose en lui le pousse à se battre... pour que ce combat dépasse les frontières de l'arène mortelle. 


- Un petit extrait -

« - Tu ne peux pas affirmer qu'une chose se produira demain sous prétexte qu'elle s'est toujours produite jusqu'à maintenant. C'est une logique douteuse.

- Ah bon ? Pourtant, c'est ainsi que la plupart des gens raisonnent.

- Justement. Croire que certaines choses sont inévitables, qu'on ne peut rien y changer, fait partie du problème.  »

- Mon avis sur le livre -

 Vous n’imaginez même pas à quel point j’étais ravie d’apprendre qu’un hors-série sur Haymitch allait voir le jour, et à quel point j’étais terriblement impatiente de le découvrir ! En effet, Haymitch a toujours été mon personnage favori de la trilogie « Hunger Games », et j’avais vraiment hâte de découvrir son passé avant le début de « l’ère Katniss ». Je désirais vivement « faire la connaissance » de l’Haymitch pré-arène, du gamin qu’il était avant que les Jeux ne le brisent à tout jamais … Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai clairement pas été déçue ! Bien sûr, on peut ressentir un peu de « fan-service » à certains moments, mais je trouve que c’est vraiment un hors-série qui apporte un vrai éclairage sur ce personnage à la fois très complexe et très « banal ».

Car c’est vraiment ce que je retiens de tout ce roman : contrairement à Katniss qui a toujours eu en elle cette étincelle de révolte, cette propension à briser les interdits et à s’affranchir des obligations, le jeune Haymitch a plutôt tendance à tout faire pour ne pas se faire remarquer. Prendre des risques, ce n’est clairement pas dans sa nature profonde : bien sûr, il fait tout ce qu’il peut pour aider sa mère et son petit-frère et pour améliorer leur quotidien (tout, y compris filer un coup de main à une fabricante d’alcool de contrebande : il semblerait que tout habitant du district Douze ait quand même cette attirance pour l’illégalité, comme un papillon de nuit pour la lumière), mais ce n’est clairement pas le genre d’ado rebelle qui va publiquement remettre en cause le système. Et tout au long du livre, on se rend bien compte qu’il n’a rien d’un véritable héros : sans être foncièrement égoïste pour autant, il n’a rien d’un « brave chevalier » prêt à mourir pour une cause qui le dépasse ou pour quelqu’un d’autre. Il a, humainement, très envie de rester en vie, même si cela signifie la mort d’autrui … Et je trouve que cela fait du bien, parfois, de se retrouver face à des personnages « normaux », qui nous ressemblent. On a certes besoin de modèles à la Katniss pour oser faire front contre l’injustice, mais on a aussi besoin d’être un peu « rassurés » : c’est normal de ne pas être à la hauteur de ces grands héros de romans, nous ne sommes qu’humains, après tout.

En bon petit gamin du Douze, le jeune Haymitch a tout de même tout au fond de lui cet appel à la lutte contre l’oppression et au dévouement pour les plus fragiles : du début à la fin, il enchaine les petits actes de rébellion, de défi vis-à-vis du Capitole. Il veut leur montrer qu’il ne jouera pas à leur petit jeu, qu’il ne servira pas volontairement leur propagande. Et même s’il se rend lui-même compte que, bien malgré lui, il se retrouve prisonnier du système et donc qu’il sert les intérêts de Snow, il a au moins le mérite d’essayer. Et essayer « c’est toujours mieux que de ne rien faire », même si l’essai se solde par un échec … Tout au long du livre, on oscille entre l’envie de féliciter cet ado qui tente de garder la tête haute, et celle de le réconforter lorsqu’il se rend compte qu’il n’a pas réussi à atteindre les objectifs qu’il s’éteint fixés ou à remplir la mission qu’on lui avait confié. Haymitch est vraiment très attachant, on sent qu’il a grand cœur, que c’est un brave garçon, qu’il n’est pas guidé par la haine mais plutôt par le désir de rendre les choses plus belles pour tout le monde … C’est vraiment un jeune héros qu’on a envie de soutenir de toutes nos forces, parce que si le monde était rempli de plus de personnes comme lui, les choses iraient sans doute mieux. Il n’est pas parfait, loin de là, mais il essaye d’être la meilleure personne possible … et c’est déjà beaucoup.

Mais l’émotion qui a vraiment prédominé ma lecture, c’est vraiment la peine : pauvre, pauvre Haymitch. La Moisson est déjà un système horrible et injuste, mais alors la façon dont il s’est retrouvé tribut (et le fait que cette irrégularité ait été si habilement masquée, ce qui prouve que la « vérité » est une chose bien fragile et bien manipulable) est absolument atroce. Et ces Jeux d’Expiation, avec deux fois plus de tributs et donc deux fois plus de morts nécessaires pour être le vainqueur … c’est horrible, vraiment. Surtout pour un jeune aussi sensible que ne l’ait Haymitch : c’est vraiment le genre de personne qui s’attache à tout le monde, et qui ne peut pas s’empêcher de prendre sous son aile tous ceux qui sont fragiles et délaissés … Et perdre tous ses petits protégés un à un, sans avoir pu rien faire pour les sauver, en ayant de plus cette culpabilité d’être resté en vie, cela doit vraiment être infernal à porter. On comprend donc bien pourquoi, au retour de cette épreuve, il sombre si rapidement dans l’alcool et devient, année après année, ce mentor las et désabusé que nous connaissons. Bien sûr, certains estimeront qu’il aurait dû lutter plus que cela, mais pour ma part, j’estime qu’Haymitch mérite plutôt la compassion que le mépris : très personnellement, je ne pense pas que j’aurai réussi à vivre avec ce poids, ce fardeau qui est le sien … alors je comprends qu’il tente d’oublier toutes ces horreurs. La résilience est un beau concept, mais c’est un concept très élitiste : tout le monde n’a pas cette force de caractère, et c’est normal, ce n’est pas être « un moins que rien », c’est juste être un humain « standard » …

En bref, je me suis vraiment « régalée » du début à la fin, car ce fut un plaisir de retourner dans cet univers si riche et si intéressant, et surtout, ce fut un plaisir de faire la connaissance du jeune Haymitch, même si on aurait préféré que cela se fasse dans d’autres circonstances … J’ai également beaucoup aimé rencontrer petit à petit d’autres personnages que nous retrouvons dans la trilogie originelle, on comprend bien mieux certaines choses maintenant. Mention spéciale à la toute jeune Effie : je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle apparaisse de cette manière, et cela la rend encore plus sympathique également ! J’espère que l’autrice nous proposera d’autres hors-séries de ce genre, je suis sûre qu’il y a encore des tas de personnages secondaires sur lesquels se concentrer pour nous offrir un tableau toujours plus complexe de l’histoire que nous connaissons déjà !