samedi 30 novembre 2019

Un couple irréprochable - Alafair Burke


Un couple irréprochable, Alafair Burke

Editeur : Presses de la cité
Nombre de pages : 428
Résumé : Angela, trente ans, vit une vie confortable et routinière avec son fils surdoué de treize ans et Alex, son mari, professeur d'économie en pleine ascension professionnelle. Mais leur bonheur de façade explose lorsque Alex est soupçonné d'être un prédateur sexuel, et que l'une des deux jeunes femmes qui l'accusent disparaît. Tandis que la presse de tout le pays se repaît du scandale, Angela est partagée entre la honte, le désir de défendre son mari, et le besoin de préserver un sombre secret.

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« On prend les décisions qu’il faut au moment où il le faut, et ensuite on va de l’avant. C’est une question d’instinct. De survie. »

- Mon avis sur le livre -

Jusqu’à présent, les propositions de thrillers de Babelio avaient toujours été couronnées de succès chez moi, si bien que j’ai désormais tendance à accepter les yeux fermés dès que je reçois un mail de leur part. Preuve en est que j’ai à peine survolé le résumé d’Un couple irréprochable lorsqu’on me l’a proposé dans le cadre d’une opération privilégiée : j’ai vu le logo de l’éditeur, j’ai vu « thriller psychologique » dans la présentation, et j’ai immédiatement cliqué sur « Je veux recevoir ce livre » … Malheureusement, cette fois-ci, ça n’a pas aussi bien marché que les fois précédentes. Il faut dire qu’on se rapproche bien plus du thriller domestique que du thriller psychologique, et ce n’est assurément pas mon sous-genre préféré. Et puis, les thématiques abordées – ce roman surfe allégrement sur la vague du mouvement #metoo et #balancetonporc – ne font définitivement pas parti de ce que je recherche dans les thrillers (je l’avoue, je préfère les meurtres … heureusement, Alafair Burke a pensé à moi au milieu de roman). Bref, autant vous dire que ça ne l’a pas fait chez moi, alors qu’objectivement, c’est un bon thriller … 

En apparence, Angela a absolument tout pour être heureuse : un mari aimant et brillant, dont la notoriété leur assure une situation plus que confortable, un grand garçon de treize ans qui semble avoir décidé de ne pas faire sa crise d’adolescent … Oui, tous les ingrédients du bonheur semblent être réunis. Mais cette quiétude se brise en mille morceaux lorsque Jason est accusé d’agressions sexuelles par deux femmes. Aussitôt, la pression médiatique et judiciaire fait voler en éclat l’équilibre qui régnait dans leur petite famille recomposée. Incapable de croire en la culpabilité de son mari, effrayée à l’idée que son propre passé puisse ressurgir et être exposé par les médias, Angela agit sans réfléchir et défend farouchement Jason. Quitte à mentir. Quitte à le couvrir. Et cela y compris lorsqu’une de deux jeunes femmes disparait …  

Autant le dire tout de suite, je suis vraiment perplexe face à ce livre : objectivement parlant, il est plutôt bon, voire très bon … mais rien à faire, ça n’a pas marché avec moi, je suis restée complétement hermétique à ce thriller domestico-psychologique. Déjà à la fin du prologue, j’avais envie de baffer Angela, nunuche à souhait, soi-disant torturée par son traumatisant passé, mais qui a en réalité tout d’une sorte de girouette sans consistante. Je n’ai clairement pas réussi à m’attacher à elle, et tous ses atermoiements concernant la terrible épreuve qu’elle surmontait à cause de la mise en examen de son Saint Mari m’ont plus agacée que touchée. Et comme c’est notre narratrice, autant vous dire que ces quatre-cent pages furent bien longues … Et cela d’autant plus que l’intrigue sonne comme une énième histoire d’adultère qui tourne mal, avec quelques considérations économiques pour « pimenter » un peu l’affaire, et qu’on se demande bien si et quand cette histoire banale à souhait va enfin se transformer en véritable thriller digne de ce nom ! 

Heureusement pour moi, cela arrive. Petit à petit, au fur et à mesure qu’on en apprend plus sur le passé d’Angela, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire, dans cette famille. Tandis que l’enquête piétine lamentablement, à cause de l’action civile surmédiatisée, tandis que les preuves et contre-preuves s’accumulent et que tout le monde semble prendre conscience que l’affaire est plus complexe qu’elle n’en a l’air au premier abord, le lecteur pressent confusément que quelque chose cloche, sans jamais parvenir à mettre le doigt dessus, jusqu’à ce que cela lui soit explicitement révélé. A ce moment-là, il ne peut que dire « oh mais oui », car tous les indices étaient bels et bien présents, mais on était tellement concentré ailleurs que l’on a rien vu. C’est brillant, je dois le reconnaitre, même si ça me semble finalement assez classique comme retournement de situation. On comprend mieux la réticence d’Angela à parler de son passé, sa crainte de voir sa séquestration éclater au grand jour. Tous les éléments de ce puzzle s’emboitent enfin …

Et pourtant, il manque quelque chose. On a l’impression que toute cette histoire n’était qu’un prétexte pour nous dévoiler ce qui s’est réellement passé dans le passé d’Angela, et tout cela fait finalement assez artificiel, du coup. Tout ça pour ça. C’est un peu ce que j’ai pensé suite à la Grande Révélation Finale. Le lecteur sait. Mais c’est tout. L’histoire s’arrête là. Et c’est assez frustrant, car on a l’impression que l’autrice n’a pas osé, ou souhaité, aller au bout de cette histoire. Comme si son seul but était de nous mener par le bout du nez pour nous conduire vers ce retournement de situation aussi inattendu que prévisible, sans rien de plus. Et c’est vraiment dommage, car ce thriller ne m’a du coup rien faire ressentir : ni compassion pour les personnages, ni curiosité pour le dénouement de l’intrigue, ni même surprise lors du dévoilement. Ce fut tellement long, tellement lent, que je n’ai pas réussi à m’y plonger. Quand bien même je reconnais qu’il était captivant et bien mené.

En bref, vous l’aurez bien compris, bien que ce ne soit pas un mauvais roman, ce ne fut clairement pas une lecture passionnante. Il y avait de bonnes idées, mais l’autrice n’a clairement pas su les exploiter : elle voulait une protagoniste au passé compliqué, elle a fait une protagoniste au passé compliqué, en essayant vaguement de tisser une intrigue autour, mais sans grand succès, car l’intérêt pour cette histoire « artificielle » retombe rapidement. La narration est assez classique, elle aussi : cela se lit vite et bien, pas de fioritures inutiles, pas de circonvolutions littéraires, l’autrice va droit au but, pour une fois. Car voilà, c’est finalement ce que je reproche à ce roman : beaucoup de bruit pour au final pas grand-chose. Je suis donc assez attristée, car c’est la première fois que Presses de la Cité me déçoit, eux qui m’avait habituée à bien mieux ! Et je suis d’autant plus embêtée que j’ai le sentiment d’être passé à côté de ce livre, qui, objectivement, semble pourtant plutôt bon …

mercredi 27 novembre 2019

Phaenomen, tome 2 : Plus près du secret - Erik L'Homme


Phaenomen2, Erik L’Homme
Plus près du secret

Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 742 pour l’intégrale

Résumé : Claire, Violaine, Nicolas et Arthur sont quatre adolescents atteints d’étranges troubles du comportement. C’est pourquoi ils ont été confiés à la Clinique du Lac, spécialisée dans les cas désespérés. Mais dans cet établissement, seul le docteur Barthélémy s’intéresse à eux. Aussi, lorsque celui-ci est enlevé par trois hommes sinistres, les adolescents décident de s’enfuir de la clinique et de partir à sa recherche. Ils vont alors découvrir que leur handicap, à force de courage et de volonté, peut se transformer en pouvoir hors du commun.



- Un petit extrait -

« A Paris, l'obscurité n'existe pas, elle est tuée par les réverbères, les enseignes clignotantes, les bâtiments qui se goinfrent d'énergie électrique. D'accord, les hommes ont peur du noir, ce n'est pas une nouveauté, mais il ne faut pas exagérer. Pas tricher, plutôt. Parce qu'ils ont peur du noir, c'est vrai, mais également de la pleine lumière. Celle qui montre les gens et les choses tels qu'ils sont vraiment. »

- Mon avis sur le livre -

Je ne suis pas une grande adepte des livres de poche, bien plus fragiles que les brochés et parfois moins confortable du fait de la petitesse de la police de caractères, mais j’adore les intégrales : quel plaisir que de pouvoir transporter une saga entière en un seul livre ! A mes yeux, c’est vraiment l’idéal pour les vacances ou autres longues sorties loin de sa bibliothèque : avec une intégrale, on est assuré d’être occupé jusqu’au retour … A moins, bien sûr, de lire sans s’arrêter, et dans ce cas-là, on dévore les trois tomes en quelques jours, bien plus rapidement que si on avait les trois volumes séparés (parce qu’on n’a pas besoin d’aller chercher l’autre livre dans les étagères, on peut directement passer à la suite). Autant vous dire que j’ai dû batailler contre moi-même pour faire une petite pause à la fin de ce second opus afin d’écrire cette chronique : j’avais vraiment envie d’enchainer avec le troisième sans m’arrêter !

Désormais « domiciliés » dans un garage souterrain au cœur de Paris, Claire, Violaine, Arthur et Nicolas profitent de leur liberté nouvellement acquise. Mais les stupéfiantes découvertes de leur précédente aventure ne cessent de les hanter : se pourrait-il vraiment que l’homme ne se soit jamais posé sur la Lune, qui habiterait déjà une forme de vie extraterrestre ? Plus encore : et s’il existait un lien entre ces êtres lunaires et eux ? Bien décidés à découvrir toute la vérité, les quatre adolescents se lancent sur les pistes de nouvelles preuves, de nouveaux indices …. Sans savoir qu’ils font eux-mêmes l’objet d’une véritable traque de la part d’institutions aussi puissantes que secrètes. De Londres au Chili, les voici plongés dans une nouvelle course contre la montre, avec pour seules forces leurs étranges pouvoirs dont ils découvrent jour après jour de nouvelles facettes … Parviendront-ils à s’en sortir, une fois de plus ?

On s’en doutait bien : les révélations surprenantes du premier tome n’étaient qu’une première étape vers quelque chose de toujours plus complexe et incroyable. De nouveaux antagonistes entrent en jeu avec le MJ-12, très mystérieuse et très puissante organisation américaine dont nul ne semble connaitre l’existence et qui semble bien décidé à mettre les mains sur nos quatre jeunes héros, qui ne se doutent de rien et manquent de tomber dans les pièges tendus par les agents des Majestics … Heureusement, un improbable allié entre dans la danse et les sort de nombreux mauvais pas, bien décidé lui aussi à comprendre qui en veut à ses jeunes « protégés ». Le lecteur, spectateur omniscient mais totalement impuissant, est rongé par les questionnements : il a beau assister aux réunions des Majestics, il est parfaitement incapable de comprendre quel est ce brulant secret qu’ils souhaitent protéger à tout prix, il est parfaitement incapable de saisir pourquoi les « Quatre Fantastiques » – nom de code de la mission destiné à les enlever – sont si importants à leurs yeux. On le sent bien, ce n’est pas seulement pour les empêcher de parler, il y a quelque chose de plus …

Le premier tome était rythmé par les énigmes du Doc et par les confrontations entre Clarence et les quatre compagnons. Celui-ci ressemble bien plus à un véritable voyage initiatique : tandis qu’ils marchent sur les traces des archives perdues des Templiers (mais que viennent-ils faire ici, ceux-là ?), poursuivis par un mercenaire vengeur qui ne compte pas obéir simplement aux ordres de son employeur, protégés par un mystérieux allié aux motivations inexpliquées, Claire, Violaine, Nicolas et Arthur se retrouvent face à eux-mêmes. Face à leurs doutes, leurs espoirs, leurs peurs. On les voit sombrer, un par un, terrassés par les « effets secondaires » de leurs dons, par de véritables questionnements éthiques, par le découragement aussi. Ils sont loin d’être des héros sans failles ni faiblesses, ils restent de simples gamins livrés à eux-mêmes avec un secret gouvernemental beaucoup trop grand pour eux. Il y a, bien sûr, beaucoup d’action dans ce livre, mais j’ai beaucoup aimé cet aspect plus « introspectif », plus « psychologique », qui rend nos quatre héros bien plus humains, plus fragiles, plus proches de nous malgré leurs pouvoirs, malgré leur différence. 

On pourrait, bien sûr, reprocher à cette histoire d’être beaucoup trop incohérente, beaucoup trop improbable. Certes. Ça peut paraitre « gros » de voir quatre ados fugueurs se débrouiller seuls alors qu’ils ont été internés quasiment toute leur vie. Ça peut paraitre « gros » de voir quatre gamins se tirer de tous les pièges tendus par des agents surentrainés des forces spéciales. Mais personnellement, c’est exactement ce que je recherche quand je me lance dans un thriller fantastique jeunesse. Il faut bien que leurs pouvoirs leur servent à quelque chose, à ces gamins : se tirer de mauvais pas est indiscutablement une situation dans laquelle on s’attend à ce qu’ils s’en servent ! Il faut bien qu’ils triomphent de leurs antagonistes : ce sont les héros, le jeune lecteur – qui a leur âge et rêve de voir des ados être plus malins et plus forts que des adultes – veut les voir réussir, veut savoir ce qu’il en retourne … et il ne le saura que si Claire, Arthur, Violaine et Nicolas s’en sortent. Et puis, c’est un livre tellement haletant, captivant, passionnant, que ces quelques « invraisemblances » passent au énième plan, loin derrière les mystères à élucider, derrière les pièges à éviter, derrière les situations catastrophiques à dénouer. On se laisse embarquer par l’histoire, tout simplement !

En bref, vous l’aurez bien compris, ce second opus est clairement à la hauteur du premier : les attentes du lecteur sont comblées, et même dépassées, et on en redemande aussitôt ! Toujours plus de suspense, toujours plus de secrets, toujours plus de mystères, et par conséquent toujours plus d’action, toujours plus de rebondissements, toujours plus de révélations … Quel plaisir, vraiment, que de marcher aux côtés de ces quatre jeunes pas comme les autres, auxquels on s’attache un peu plus à chaque phrase ! Alors bien sûr, tout ceci fait vraiment « théorie du complot », mais c’est justement ceci qui donne tellement de piquant à cette intrigue où se côtoient espionnage, magie, histoire et voyage. Le combo est aussi explosif qu’incroyable, et la plume d’Erik L’Homme fait le reste : on est subjugué, et on dévore ce livre avec un plaisir grandissant. Loin d’être « mou » comme peuvent parfois l’être les seconds tomes, celui-ci vous happe du début à la fin, on ne s’ennuie pas une seule seconde et on veut savoir la suite … Alors voilà, n’hésitez pas à vous plonger dans cette trilogie, elle s’améliore de tome en tome !

dimanche 24 novembre 2019

Top 5 : Les mangas qui me tentent le plus


- Top 5 : Les mangas qui me tentent le plus -

C’est le retour des tops ! Et cela grâce à Mange-Nuages qui a mis en place un petit challenge/jeu que je vous invite à retrouver sur Livraddict ! Un thème par semaine, rien de plus simple, d’autant plus que j’ai décidé de faire ceci sous forme de mini-article pour ne pas me surcharger … Ne pouvant répondre au thème de la semaine, je reste dans le même thème avec :

Les mangas qui me tentent le plus

Je ne lis quasiment aucun manga, tout comme je ne lis que très peu de bandes-dessinées, et je ne peux donc pas répondre au thème « Vos mangas favoris », mais cela ne m’empêche pas d’être intriguée et attirée par certains titres, que je vois souvent passer sur Livraddict ou sur les blogs !


Et voici donc mon petit top 5 :

Miaou ! : Le quotidien de Moustic de Minori Kakio
Un petit chaton trop mignon ? C’est suffisant pour me donner atrocement envie de me plonger dans cette série, d’autant plus qu’elle ne comporte apparemment que quatre tomes !

Père & fils de Mi Tagawa
Pareil, ça m’a l’air tellement mignon, tellement plein de douceur et d’amour, que je ne peux que craquer ! A vrai dire, je me suis même renseignée pour voir si la série n’était pas à la bibliothèque municipale (spoiler alert : ils ne l’ont pas) …

Créatures fantastiques de Kaziya
Les illustrations de couverture sont vraiment très jolies et donnent vraiment envie, et il est question de magie et d’animaux magiques, il semblerait que cette série ait tout pour me plaire !

Les enfants loups : Ame & Yuki de Yoshiyuki Sadamoto, Mamoru Hosoda et Yû
J’ai déjà vu le film d’animation, donc je connais déjà l’histoire, et celle-ci m’avait vraiment émue aux larmes, donc j’avoue que je serai vraiment curieuse et ravie de la redécouvrir via un autre support !

Magus of the Library de Mitsu Izumi
Le style de dessin m’attire nettement moins que les précédents, mais il est question de livres, et encore plus d’une capitale des livres, alors autant vous dire que cette série m’intrigue tout de même énormément !

Le bonus Takane & Hana de Yuki Shiwasu
J’ai déjà lu les trois premiers à la bibliothèque (mais ils n’avaient la suite, bien sûr, c’est tellement sympa de laisser les lecteurs en plan), et j’aimais beaucoup, donc j’aimerai bien poursuivre, c’était tellement drôle !

samedi 23 novembre 2019

Phaenomen, tome 1 - Erik L'Homme


Phaenomen1, Erik L’Homme

Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 742 pour l’intégrale

Résumé : Claire, Violaine, Nicolas et Arthur sont quatre adolescents atteints d’étranges troubles du comportement. C’est pourquoi ils ont été confiés à la Clinique du Lac, spécialisée dans les cas désespérés. Mais dans cet établissement, seul le docteur Barthélémy s’intéresse à eux. Aussi, lorsque celui-ci est enlevé par trois hommes sinistres, les adolescents décident de s’enfuir de la clinique et de partir à sa recherche. Ils vont alors découvrir que leur handicap, à force de courage et de volonté, peut se transformer en pouvoir hors du commun.




- Un petit extrait -

« Achille est sourd. Le monde pourrait s'écrouler autour de lui, il n'entendrait rien. Sauf s'il décidait d'entendre. Mais le silence est un nectar, y goûter c’est boire avec les dieux. Car les dieux ne parlent pas. Pas besoin. Ils sont sages … Celui qui est aveugle, c'est Alfred. Enfin, il n'est pas vraiment aveugle. C'est juste qu'il ne veut pas de la lumière. Qu'il aime la sérénité du noir. L'obscurité est peuplée de démons, dit-on. Quelle importance si on ne peut pas les voir... Anatole, enfin, est muet. Disons qu'il est muet parce qu'il préfère ne pas parler. Les phrases que 'on ne dit pas n'existent pas. Si tout le monde ressemblait à Anatole, Achille n'aurait pas besoin d'être sourd... »

- Mon avis sur le livre -

Je gardais un très bon souvenir de ma première lecture de la trilogie, alors que j’étais encore au collège … Un si bon souvenir que je n’osais pas la relire, alors même que j’avais acheté l’intégrale aux Imaginales il y a quelques temps, de peur d’être déçue et de ne plus ressentir l’enthousiasme que cette saga avait fait naitre. C’est, à mes yeux, le plus gros « risque » de la relecture : se rendre compte que nos gouts ont changés, que nos souvenirs sont émoussés par le temps, et qu’un livre qui avait été un coup de cœur à la première lecture se transforme en déception à la seconde … Fort heureusement pour moi, ce ne fut pas le cas ici : j’ai dévoré ce premier opus comme si c’était la première fois, avec les mêmes étoiles dans les yeux, avec cette impression de retomber en adolescence – comme on retombe en enfance ! C’était l’époque où je découvrais avec émerveillement les littératures de l’imaginaire …

Claire, Violaine, Nicolas et Arthur. Quatre jeunes abandonnés à leur triste sort dans la sinistre Clinique du Lac, soit disant spécialisée dans les troubles du comportement les plus désespérés, mais où on se contente en réalité de les abrutir à coup de calmants quotidiens. Seul le docteur Barthélémy semble réellement vouloir les aider, persuadé que quelque chose se cache derrière les troubles de ses jeunes patients. Le jour où celui que les adolescents nomment affectueusement « le Doc » est enlevé par trois bonhommes tous droits sortis d’un film d’espionnage, ils n’hésitent pas une seule seconde à quitter l’enceinte « protectrice » de la Clinique pour se lancer à sa recherche. Au gré des indices semés sous forme d’énigmes par le facétieux Doc, les voici entrainés dans une véritable course contre la montre pour récupérer avant le terrible trio les documents que Barthélémy a pris soin de mettre en sécurité …

Ce livre, c’est donc avant tout l’histoire de quatre jeunes « pas comme les autres ». Nicolas ne supporte pas la lumière. Claire est sujette à d’inexplicables pertes d’équilibre. Arthur défaille sous le surplus d’informations emmagasinés par son prodigieux cerveau. Violaine souffre d’imprévisibles crises d’angoisse quand on la touche. Aux yeux de leurs parents et du personnel « soignant » de la sombre Clinique du Lac, ils sont condamnés à sombrer un jour ou l’autre dans la plus profonde des folies. On a peur d’eux, de leur différence, alors on les enferme, on les drogue. Alors que ça crève les yeux que ces quatre adolescents ont le cœur gros comme le monde, qu’ils ne demandent qu’un sourire, qu’une main tendue, qu’une oreille attentive. Ils auraient besoin qu’on les écoute, qu’on essaye de comprendre leur mal-être. Ils sont si attachants. Et leur amitié est si belle, si pure. Ils prennent mutuellement en compte les particularités des autres, sans le moindre jugement, sans le moindre reproche. C’est beau. Tout le monde devrait prendre exemple sur Claire, Arthur, Violaine et Nicolas.

Mais ce livre, c’est bien sûr l’histoire d’une aventure. Et quelle aventure ! Tandis que les quatre adolescents ne cherchaient qu’à retrouver le seul docteur qui leur prête un peu d’attention, les voici lancés sur les traces de documents « explosifs ». A leurs trousses, des agents de la National Security Agency, dépêchés par la NASA pour récupérer ces documents compromettants avant qu’ils ne tombent entre les mains de quelqu’un. Au premier abord, ça peut sembler simpliste, voire franchement manichéens : les vilains services secrets versus les gentils petits héros innocents. C’est vrai, il y a un peu de cela, mais n’oublions pas que ce livre est avant tout destiné à des adolescents : à cet âge, on s’en contrefiche un peu de la cohérence, et on est tout simplement super excités de voir de simples jeunes tenir tête à ces crapules de la NSA ! On a envie de les voir réussir, de les voir achever leur quête, pour savoir enfin ce qui se cache derrière ces mystérieuses « preuves » dont parle le Doc ! Et surtout, on a tellement envie de les voir mettre KO ces agents super-secrets grâce à leurs mystérieux pouvoirs qu’ils apprennent progressivement à comprendre et maitriser …

On ne va pas se mentir, malgré l’adrénaline qui monte au fur et à mesure que l’histoire avance, au fur et à mesure que nos quatre jeunes héros se rapprochent du but ultime, ce tome est indéniablement un tome introductif : leur seul objectif, finalement, c’est de retrouver leur docteur. Rien de plus. Parce qu’il est le seul à les regarder comme des êtres humains et pas comme des monstres ou des bêtes de foire. Parce qu’il est le seul à avoir envie de les aider. Alors les quatre amis refusent de le laisser croupir entre les mains de ces trois hommes terrifiants. Si le Doc n’était pas le détenteur du gros secret qu’ils vont progressivement découvrir, l’histoire aurait pu s’arrêter là … et ça aurait été particulièrement frustrant, car au final, il ne s’est pas passé grand-chose. « Uniquement » une trépidante course poursuite entre ces jeunes et ces adultes. Fort haletante, fort captivante, mais assez inutile en elle-même : on sent qu’elle n’est que le point de départ d’une histoire bien plus surprenante encore, et j’ai vraiment hâte ! 

En bref, vous l’aurez bien compris, cette relecture est une véritable réussite : ce fut un vrai plaisir que de rencontrer à nouveau ces quatre jeunes dont les handicaps se transforment en véritable force au fur et à mesure qu’ils cessent de les considérer comme un fardeau. La plume d’Erik L’Homme est vraiment entrainante, d’une simplicité efficace : elle vous happe, vous capture, et vous mène d’un bout à l’autre de l’intrigue sans que vous n’en ayez véritablement conscience. C’est un premier opus qui se dévore à une vitesse folle, avec le cœur qui accélère progressivement. Il y a, bien sûr, ce petit bémol du tome un peu trop introductif, qui ne s’autosuffit clairement pas, qui ne prend tout son sens que si on choisit de poursuivre notre lecture de la trilogie … mais clairement, c’est un petit volume qui joue parfaitement son rôle : les personnages sont présentés, le contexte est posé, il ne reste plus qu’à entrer dans le vif du sujet. Alors n’hésitez plus et venez rencontrer Claire, Violaine, Arthur et Nicolas, vous allez voir, leurs aventures sont vraiment captivantes !