mercredi 29 novembre 2017

Les épées de glace, tome 2 : Le chatiment de l'Empire - Olivier Gay



Les épées de glace2, Olivier Gay
Le chatiment de l’Empire

Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 672 pages pour l’intégrale
Résumé : Lorsque Deria, fille d’un obscur baron du Nord, est retrouvée assassinée dans la capitale, les plus puissants de l’Empire font tout pour cacher sa mort à son père. Les deux amis les plus proches de la jeune fille, Shani, sa servante, et Mahlin, un garde du palais, se retrouvent alors mêlés malgré eux à cette conspiration. N’écoutant que leur cœur, ils décident de se rendre dans le Nord annoncer eux-mêmes la nouvelle au mystérieux baron. Ils n’auraient sans doute jamais entrepris un tel voyage, s’ils avaient su qui était réellement le père de Deria. Car, désormais, l’Empire va trembler. (Résumé de l’intégrale)

- Un petit extrait -

« Eleon n’était pas content. Habillé en marchand, la capuche de son manteau tirée sur son visage, il venait de s’entretenir avec les armuriers de la place d’Armes. Les hommes aux bras musculeux, au visage tanné par la chaleur de la forge, ne parlaient que d’une chose : Rekk le Boucher était en vie. Ici, à Musheim ! La légende avait pris corps. Certains n’étaient que des enfants lors de la disparition du Boucher, d’autres le connaissaient de l’époque des guerres Koushites. Dans les deux cas, l’homme était devenu un mythe. Les colosses baissaient la voix pour évoquer le sort de Rekk, le fléau de l’Empereur Bel, l’exécuteur des basses œuvres, le monstre vomi des enfers. »

- Mon avis sur le livre -

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour ma part, lorsque je finis une série, je suis toujours partagée entre deux émotions contraires et paradoxales : d’un côté, je suis très heureuse de savoir enfin le fin mot de l’histoire, et de l’autre, je suis totalement effondrée de devoir quitter les personnages que j’ai accompagnés durant plusieurs tomes. Mais dans le cas des Epées de glace s’ajoutent également la frustration intense qu’entraine cette fin atrocement ouverte qui laisse espérer une suite (par pitié, monsieur Gay, une suite, pour la survie de vos lecteurs !) et l’ahurissement complet mêlé de profond respect face à cet ouvrage dont on rêverait tous d’être l’auteur tellement il est … bah parfait, le mot est dit.

Poussés - dans les deux sens du terme - par Rekk, Mahlin et Shani ont fait le grand saut dans le fleuve, tandis que le Boucher se fait charcuter par l’épée de son adversaire et finit dans une geôle aussi inhospitalière qu’efficace. Pour le faire s’évader, Laath, Mahlin et Shani vont devoir s’associer à Eleon, l’assassin prodige qui refuse de laisser sa proie se faire exécuter alors que c’est à lui de le tuer au terme d’une traque. Mais la soif de vengeance de Rekk reste inassouvie … L’Empire, déjà fragilisé par la mort de l’Empereur Marcus et l’ascension au pouvoir de l’impétueux et prétentieux Héritier Théorocle, déjà vulnérable face au risque de soulèvement du peuple Koushite, va devoir se préparer à faire face à une menace bien plus grande encore : la colère du Boucher, qui ne compte pas renoncer à venger la mort de sa fille, quel que soit le prix à payer …

Trop souvent, les seconds tomes commencent avec un long, pénible et ennuyant rappel des événements antérieurs, pour replonger le lecteur dans l’ambiance. Ici, rien de tout cela : on retrouve nos personnages là où on les avait laissés, et l’action redémarre au quart de tour comme si rien ne s’était passé, comme s’il n’y avait pas eu de coupure et de changement de livre. Pour moi qui lit toujours - sauf quand cela n’est pas possible - les tomes d’affilée, c’est une aubaine : tout est encore bien frais dans ma tête et je suis ravie de pouvoir me replonger aussitôt dans de l’action et non pas de la rétrospective ! Plus généralement, ce second et dernier tome est riche en actions, en rebondissements, en coups de théâtre, en révélations … Pas moyen de s’ennuyer, et surtout, pas moyen de s’arrêter de lire tant chaque fin de chapitre est absolument insupportable : on tourne les pages comme si on était poursuivis par des assassins fous furieux, comme si l’avenir du monde dépendait de la suite de l’histoire, comme si il y avait urgence à savoir ce qui va se passer parce que c’est trop terrifiant de ne pas savoir. Je vous préviens, ce livre est dangereux pour les cœurs fragiles ou les âmes sensibles !

Car on ne va pas se mentir, ce second tome est encore plus violent, plus sanguinolent que le premier. Le mot d’ordre : pas de quartier. L’auteur n’hésite pas à malmener lecteur et personnages. Il y a du sang, de la sueur, des larmes, il y a de la douleur, de la frayeur, de la peur. Il y a des meurtres, il y a des trahisons … Ne vous attachez à personne, n’ayez confiance en personne, cela faut à la fois pour nos héros et pour nous-mêmes. Plus d’une fois, je suis restée bouche bée, interloquée, médusée, estomaquée, incapable de croire à ce que je venais d’apprendre tellement cela semble impossible, inimaginable, impensable. Parfois, c’est la colère qui suivait cet état d’ahurissement, parfois, c’était tout simplement de l’admiration face à ce rebondissement inattendu, et parfois aussi, c’était les deux à la fois. Même si c’est parfois un peu frustrant de se rendre compte que l’auteur nous a mené par le bout du nez du début à la fin, cela reste la preuve que l’auteur en question est un véritable génie ! 

Pour tout dire, j’ai beau chercher, je ne trouve rien à reprocher à ce second tome. Les personnages sont toujours aussi complexes, toujours aussi intéressants, toujours aussi insaisissables, finalement. On ne sait jamais quelle direction ils vont prendre, quel choix ils vont faire, de vrais électrons libres impossibles à cerner ! Certains personnages que nous pensions sans cœur se révèlent être terriblement et profondément humains, d’autres que nous croyions inoffensifs s’avèrent être plus fourbes que le roi des fourbes … Impressionnant, déstabilisant. L’intrigue est toujours aussi bien menée, aussi emberlificotée, si bien ficelée que l’on se demande bien, au fur et à mesure qu’approche la fin, comment tout cela va réussir à se démêler. Et aussi étonnant que cela puisse paraitre, mais cela se démêle très rapidement, de façon très brutale, mais très efficace également. Je ne suis d’ordinaire pas trop pour la tactique « on fonce dans le tas », mais je dois reconnaitre que cela marche finalement plutôt pas mal ! Et enfin, la plume est toujours aussi extraordinaire, c’est à la fois sombre (c’est quand même l’histoire d’une Vengeance faite homme qui vient châtier un Empire, comme le dit le titre) et léger (j’aime décidément énormément l’humour d’Olivier Gay, qui débarque au moment le plus impromptu pour donner lieu à des situations cocasses, des conversations burlesques), avec en prime cette petite touche d’émotions (j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps pour les cinquante années à venir !). Chapeau.

En bref, ce livre, c’est LE livre que j’aurai aimé écrire, celui qui réunit tout ce que j’aime, celui qui a réussi à me surprendre, celui qui m’a donné envie de me relever au milieu de la nuit pour savoir la suite, celui que je n’avais finalement pas vraiment envie de terminer car je ne voulais pas quitter ces personnages, cet univers, aussi éblouissant qu’impitoyable. C’est le livre qui me rappelle pourquoi j’aime tellement la fantasy. Mais c’est aussi le livre qui me fait me sentir toute vide : qu’est-ce que je vais bien pouvoir lire, maintenant ? Je n’ai qu’une envie : aller me procurer La main de l’Empereur pour retrouver Rekk, mais surtout, aller harceler l’auteur nuit et jour pour qu’il m’écrive une suite, j’veux savoir ce qui se passe ensuite ! Alors voilà, lisez ce livre, lisez ce dyptique, car même si vous n’en ressortirez pas complétement indemnes, vous verrez, elle est parfaite, cette saga !

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus d’explications sur cet article)

dimanche 26 novembre 2017

Wagenia : les pécheurs intrépides du Congo - Dominique Mwankumi



Wagenia : les pécheurs intrépides du Congo, Dominique Mwankumi

Editeur : L’école des loisirs
Nombre de pages : 37
Résumé : Sa mère, qui est veuve et l’élève seule, a confié Mopeta à son frère, pour qu’il vive la vie des pêcheurs Wagenia. Mopeta est heureux d’apprendre le métier, mais il a le mal du pays. Le soir, souvent, il s’en va rêver seul en pirogue. Une nuit, des malfaiteurs dérobent du poisson. C’est Mopeta qui est accusé. Comment prouver sa bonne foi ? Personne ne le croit. Il est consigné dans la maison de son oncle. Pendant ce temps, les villageois mênent l'enquête et trouvent le coupable.


- Un petit extrait et aperçu des illustrations -


 « Le lendemain, Mopeta se lève tôt. Son oncle l’emmène en pirogue au milieu du fleuve. Il découvre un grand portique de bois et de lianes. Au ras de l’eau sont fixées des nasses, de grands cônes dans lesquels les poissons viennent se prendre. Ces échaffaudages d’un genre unqiue font la réputation des Wagenia. »

- Mon avis sur l’album -

C’est le second album de Dominique Mwankumi que je lis, et je ne me lasse pas de l’admirer : cet auteur-illustrateur congolais retranscrit à merveille l’ambiance si particulière des petits villages africains. En une petite trentaine de pages à peine, il parvient à nous plonger dans le quotidien de ces hommes et de ces femmes du bout du monde, qui vivent en harmonie avec leur environnement, qui s’y adaptent sans le défigurer, qui le respectent, aussi. Cette fois-ci, c’est sur les rives du fleuve Congo qu’il nous emmène afin de faire la connaissance des Wagenia, un peuple de pécheurs aux méthodes aussi acrobatiques qu’efficaces : ils sont réputés pour être les meilleurs pécheurs du pays … si ce n’est du monde, selon leurs propres mots !

Mopeta est heureux avec sa mère et ses frères et soeurs : il aime son quotidien, il a des bons copains et apprécie son quartier. Toutefois, quand sa mère l’envoie chez son oncles afin qu’il apprenne le métier de pécheur auprès des Wagenia, Mopeta comprend qu’il n’a pas le choix : il doit assurer son avenir. Il part donc chez le frère de sa mère et entame cette nouvelle vie loin de chez lui. Bien souvent, la nuit, le cœur empli de mélancolie, le petit garçon emprunte une pirogue et s’approche des rapides pour observer le paysage. Lorsqu’une nuit, des poissons sont volés, il est immédiatement désigné comme coupable par certains habitants du village … 

Comme bien souvent chez l’Ecole des loisirs, cet album a avant tout comme objectif de conduire le jeune lecteur à découvrir une autre partie du monde, un autre mode de vie à travers le quotidien d’un enfant du même âge que lui. C’est pourquoi, comme bien d’autres albums de la collection Archimède, le récit est complété par un dossier documentaire d’une petite dizaine de pages, agrémentés de photos et de nombreuses illustrations. Si l’histoire est ciblée sur le peuple Wagenia, ce petit dossier parle plus généralement du Congo, de son histoire, de ses coutumes … C’est vraiment très intéressant, même à 21 ans j’apprends encore des choses à travers ces quelques pages explicatives rédigées par un historien congolais.

Toutefois, si les illustrations, très jolies et très colorées, ont parfaitement joué leur rôle et sont parvenues à me faire voyager dans ce pays lointain, à me faire découvrir ces paysages pleins de beauté et de charme, j’ai été quelque peu déçue par l’histoire : généralement, dans les albums de cette collection, l’intrigue est assez palpitante, à la fois drôle et émouvante. Mais cette fois-ci, rien à faire : tout se passe tellement rapidement, que cela soit l’irruption de l’élément perturbateur ou le dénouement de la situation, que je n’ai pas réussi à me plonger dans cette petite histoire. De la même façon, je ne suis pas parvenue à m’attacher à Mopeta, et je pense que le petit lecteur aura bien du mal à s’identifier à lui. 

En bref, cet album a beau être magnifiquement illustré et proposer un joli voyage au pays des pécheurs Wagenia, il n’a pas réussi à me convaincre : une histoire trop rapidement bouclée, un personnage principal pas suffisamment attachant … Je ne déconseille pas ce livre, bien au contraire, il est superbe et apporte tout de même beaucoup de connaissances à son lectorat, mais ce n’est pas celui que je vous conseillerais en priorité si vous souhaitez donner le gout de la lecture aux enfants !

samedi 25 novembre 2017

Les épées de glace, tome 1 : Le sang sur la lame - Olivier Gay



Les épées de glace1, Olivier Gay
Le sang sur la lame

Editeur : Bragelonne
Nombre de pages : 672 pages pour l’intégrale
Résumé : Lorsque Deria, fille d’un obscur baron du Nord, est retrouvée assassinée dans la capitale, les plus puissants de l’Empire font tout pour cacher sa mort à son père. Les deux amis les plus proches de la jeune fille, Shani, sa servante, et Mahlin, un garde du palais, se retrouvent alors mêlés malgré eux à cette conspiration. N’écoutant que leur cœur, ils décident de se rendre dans le Nord annoncer eux-mêmes la nouvelle au mystérieux baron. Ils n’auraient sans doute jamais entrepris un tel voyage, s’ils avaient su qui était réellement le père de Deria. Car, désormais, l’Empire va trembler.

- Un petit extrait -
« Les alentours du palais restaient d’habitude au calme durant la nuit. La majeure partie des cris et des rires résonnait dans les salles de banquet, et les jardins extérieurs désertés faisaient l’objet d’une surveillance suffisante pour décourager les indésirables. Seuls quelques amoureux de haut lignage se promenaient à travers les parterres de fleurs, prenant la lune à témoin et se promettant une fidélité extravagante qu’ils oublieraient à la prochaine beuverie. Rien ne bougeait jamais dans ce havre de paix. Jusqu’à ce soir. »
- Mon avis sur le livre -

J’ai toujours énormément apprécié le principe des intégrales : vous achetez un seul livre, et vous possédez aussitôt une saga entière sans avoir besoin de faire des suivis alambiqués du type « Alors, j’ai déjà les tomes 1, 2, 4 et 7, il ne me reste plus qu’à trouver les autres pour pouvoir enfin débuter ma lecture ! » … Parce que oui, je déteste commencer une série sans avoir en ma possession tous les tomes, j’ai besoin de savoir qu’une fois le premier tome terminé, je pourrais enchainer sur le second et ainsi de suite. Il m’arrive ainsi d’attendre des années et des années avant de me lancer dans la lecture d’un premier tome car j’attends que tous les tomes soient sortis pour tous me les procurer et pouvoir ainsi « marathonner » la saga ! Les intégrales, malgré leur taille généralement très impressionnante, font donc mon bonheur … d’autant plus quand la série ainsi regroupée est tout simplement époustouflante, ce qui est le cas aujourd’hui !

Mahlin a toujours été trop impulsif, et cela finit toujours par lui retomber dessus. Ce soir-là ne fait pas exception à la règle : en décidant soudainement de parier ses tours de garde avec le soldat le plus chanceux du palais, il s’est retrouvé à surveiller la porte la plus désolée du royaume tandis que gronde un terrible orage nocturne. Et les choses ne s’arrangent pas lorsque débarque une jeune fille aussi belle que charismatique, Deria, qui demande à rencontrer séance tenante l’Empereur. Mahlin n’aurait jamais dû tomber sous le charme de la jeune noble sauvageonne … Puisque lorsque celle-ci est retrouvée assassinée dans la Basse-Ville, il n’y a que Shani, une jeune servante, et lui-même qui jugent nécessaire d’en avertir le père de Deria … sans savoir sur qui ils allaient tomber après cet éprouvant voyage dans les confins de l’Empire. Lorsque les légendes les plus terrifiantes refont surface, lorsque les démons qui hantent les mythes reprennent vie, il n’est plus question de simple vengeance mais bien d’une véritable boucherie.

Que dire sur ce premier tome, hormis qu’il est tout simplement exceptionnel ? J’y ai trouvé tout ce que j’aime : des personnages complexes (mention spéciale à Rekk, dit « Le Boucher », qui semble au premier abord atrocement sanguinaire et impitoyable mais qui est bien plus profond et sensible qu’il ne veut bien le montrer …), des complots politiques emberlificotés et entremêlés (la distinction manichéenne entre le Bien et le Mal n’a plus court dans ce récit, tellement on ne sait pas qui est « gentil » et qui est « méchant » ... si tant est qu’il y est des gentils et des méchants !), de l’action, des rebondissements, une bonne dose d’humour … Tous les ingrédients sont là, mais Olivier Gay a su inventer une recette qui lui est propre pour faire du premier tome de ce dyptique un ouvrage exceptionnel qui m’a captivée du début à la fin (et quelle fin, quelle fin, j’en suis restée « comme deux ronds de frites », pour reprendre l’expression de la grand-mère de mes cousins !). Ce livre était tellement passionnant que je suis passée outre la fatigue oculaire liée à la police de caractère minuuuuscule pour savoir ce qui allait se passer dans le chapitre suivant … puis celui d’après, et encore celui qui suit … jusqu’à la fin. Impossible de me détacher de ce roman !

Comme je viens de le dire, j’ai énormément apprécié les personnages de ce roman. Alors certes, il est vrai que certains (bonjour Mahlin !) sont insupportables, arrogants, égoïstes, que d’autres (bonjour Rekk !) sont sanguinaires, presque barbares, et que d’autres enfin (bonjour Laath !) sont lâches, faiblards et semblent ne pas avoir leur place dans cet univers impitoyable … mais c’est justement cela qui fait leur particularité, et c’est pour cela que je les aime ! J’ai eu envie de donner des baffes à Mahlin pour le faire descendre de son petit nuage de supériorité, j’ai eu envie de secouer Laath pour qu’il cesse d’être aussi naïf et aussi candide, j’ai eu envie de botter les fesses de l’Héritier Theorocle pour compenser la mauvaise éducation qu’il a eu … et j’ai adoré ressentir tout cela contre les personnages, parce qu’on ne trouve pas assez de personnages de cet acabit dans les récits de fantasy. Ici, pas d’Elu, pas de prophétie, juste une vengeance en marche, juste des complots en préparation, juste la promesse d’une effusion de sang. 

A côté de ces personnages masculins qui n’ont rien de héros respectables, trois personnages féminins tirent leur épingle du jeu : Deria, libre et digne héritière du caractère de son père, qui nous quitte bien trop vite, Shani, jeune servante au départ discrète et fragile qui décide de prendre sa vie en main et qui est probablement le personnage le plus intéressant de l’histoire de par son évolution, et Dareen … Ha, Dareen, que je l’aime cette bonne femme ! Elle est capable de ficher un carreau d’arbalète dans le cœur de quelqu’un puis de vous inviter à venir boire le thé sans se préoccuper du cadavre qui trône dans le salon, elle n’hésite pas à ordonner au Boucher lui-même d’essuyer ses bottes sur le paillasson pour ne pas salir la maisonnée (même si un cadavre sanguinolent est encore sur le tapis) avec l’aplomb de celle qui a la certitude de se faire obéir des Démons des Enfers eux-mêmes. J’aime les récits qui présentent des personnages féminins qui ont la classe et ne se contentent pas de suivre aveuglément leurs confrères masculins comme des petites choses fragiles ! 

Quant à l’intrigue … bah je n’ai honnêtement rien à lui reprocher. Certains y verront peut-être quelques lenteurs, quelques schémas stéréotypés ou que sais-je encore, mais pour ma part, je suis conquise, tout simplement. Il y a un fantastique entremêlement de sous-intrigues qui rend l’ensemble merveilleusement explosif ! Il y a de l’instabilité politique, un Empereur que l’âge commence à rendre fragile, un Héritier pourri-gâté qui n’a pas l’étoffe d’un dirigeant avisé mais qui convoite le trône, une Impératrice qui tente de concilier la chèvre et le chou (ou plutôt le Lion et le Loup), des nobles qui cherchent à acquérir plus de pouvoir … Un vrai nid de vipères que ce palais ! Rien qu’avec ça, il y a de quoi faire, alors si vous ajoutez à cela la véritable croisade vengeresse d’un père dévasté par la mort de sa fille, qui cherche l’assassin pour lui faire payer ce crime dans le sang et la douleur … vous vous doutez bien que le mélange sera détonnant ! Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, mais je n’ai pas fait d’overdose d’actions et de rebondissements non plus : quelques passages plus calmes, plus introspectifs, étaient placés ci et là pour permettre au lecteur de reposer son petit cœur éprouvé par tant d’émotions ! On sent que l’auteur tient à garder ses lecteurs en vie … sauf à la fin. Là, je crois qu’il voulait m’achever. Bon sang, heureusement que j’ai la suite à disposition, sinon je serai morte d’impatience ! Pour tout avouer, je suis présentement morte de peur car je ne sais pas du tout ce que va m’apprendre le début du second tome … C’est cruel de faire ça ! Une fin digne de Gabriel Katz dans Aeternia, ça se sent qu’ils sont copains ces deux-là !

Encore un petit paragraphe pour évoquer la plume d’Olivier Gay, car elle a également eu son rôle à jouer dans ce véritable coup de cœur ! J’ai vraiment énormément apprécié le style d’Olivier Gay, à la fois très riche et très fluide, à la fois très expressif et très descriptif … Le genre de narration que je cherche vainement à mettre en place dans mon propre roman, pour tout vous dire ! J’aimerai tellement que ma plume sache fait rire, sursauter, pleurer, grogner … les lecteurs autant que celle d’Olivier Gay a su me faire rire, sursauter, pleurer, grogner … Des petites traces d’humour pour « dédramatiser » un peu la situation lorsque celle-ci devient trop tendue pour les nerfs des lecteurs, un vocabulaire suffisamment riche pour satisfaire les lecteurs exigeants mais toutefois compréhensible, une tension dramatique parfaitement maitrisée qui se ressent jusque dans la rythmique des phrases, c’est tout simplement du génie je dis ! Les dialogues sont vivants, les descriptions sont évocatrices, les explications sont à la fois suffisantes sans devenir envahissantes, je suis vraiment tombée sous le charme de cette plume qui a absolument tout de la narration parfaite à mes yeux ! C’est un vrai régal littéraire que de lire cet ouvrage ! 

En bref, je pense que cela ne sert à rien de poursuivre, vous aurez bien compris quel est mon verdict puisque je l’ai déjà énoncé ci et là : ce premier tome a été un véritable coup de cœur intersidéral ! Une intrigue captivante et bien menée, des personnages atypiques, certains attachants en dépit de leurs défauts, d’autres insupportables, mais dans tous les cas particulièrement complexes et intéressants, une plume fantastique … tout est bon dans le cochon ce livre ! Franchement, que vous aimiez la fantasy ou non, lisez ce livre, je suis certaine que tout le monde peut y trouver son compte ! De plus, l’objet-livre en lui-même est superbe : l’illustration est magnifique, les détails de la couverture (on dirait un grimoire !) sont sublimes … Qu’il est beau ce livre, de l’extérieur comme de l’intérieur ! Sur ce, je vous laisse et je vais dévorer le second tome !

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus d’explications sur cet article)