samedi 31 août 2019

Chroniques des secondes heures de Tanglemhor, tome 3 : La Pyramide du lac perdu - Azaël Jhelil


Chroniques des secondes heures de Tanglemhor3, Azaël Jhelil
La Pyramide du Lac Perdu

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 406 (+ une soixantaine de pages d’annexes)
Résumé : Poursuivie par la vindicte du semi-lacertys, la Conjuration de Tanglemhor a traversé les mers pour arriver en Australie. Guidés par la vision du vénérable Kannlis, les rebelles s’aventurent dans le Jardin de l’Hiver, à la recherche du repaire disparu du plus terrible sorcier de tous les temps. Au pays de la nuit éternelle, harcelés par un froid insupportable, les conjurés sont engagés dans une entreprise suicidaire. Sur leurs épaules reposent tous les espoirs des peuples du Levant…

Un grand merci à Azaël Jhelil pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Depuis leur entrée dans le Jardin de l’Hiver, ils mesuraient l’écoulement du temps à l’aune de leurs estomacs. Les journées d’Elperin paraissaient excessivement courtes tandis que celles de Serpent de Lune semblaient interminables. Aussi avaient-ils décidé de prendre l’estomac d’Oriana comme repère chronologique. »

- Mon avis sur le livre -

Je tiens tout d’abord à rassurer les plus fidèles et perspicaces lecteurs du blog, qui sont sans doute en train d’écumer en vain le sommaire pour trouver où diable s’est donc cachée la chronique du second volume : c’est parfaitement normal que vous ne la trouviez pas ! Tout simplement parce que l’auteur a choisi de scinder le gros pavé qui me sert de premier tome en deux opus de taille plus « raisonnable » (personnellement, je suis vraiment heureuse d’avoir l’énorme brique de 770 pages : plus un livre est gros, plus je sautille d’allégresse au moment de le commencer) … Du coup, ma précédente chronique fait office de « deux en un » : elle concerne aussi bien le « nouveau » premier tome, toujours intitulé L’œuf de Tanglemhor que le « nouveau » second tome, L'Odyssée du Liokûmkän. Ceci étant dit, laissez-moi vous raconter à quel point, une fois encore, j’ai eu l’immense joie de suivre la Conjuration de Tanglemhor dans ses formidables péripéties !

Après une éprouvante épopée maritime, les conjurés arrivent enfin en Australie. Mais leur quête est loin d’être terminée : il leur faut désormais trouver la Pyramide du Lac Perdu, demeure éternelle du plus effroyable sorcier de l’histoire, créateur de l’Œuf de Tanglemhor et de l’artefact permettant de détruire ce dernier. Selon les légendes, ce lac enchanté se situerait au fin fond du continent, là où le soleil jamais ne se lève et où le froid devient meurtrier, à proximité du Pic du Désespoir que nul ne peut approcher sans revivre les pires moments de son existence … Pendant ce temps, le Divin Krûl doit faire face aux irréductibles rebelles de la Marche, qui ne cessent de mettre en déroute ses centuries, mais aussi à d’intolérables attaques à l’encontre de sa personne … sans oublier cette maudite conjuration que même ses démons n’ont pas réussi à arrêter ! Croyez-le ou non, la vie d’un usurpateur, ce n’est pas tous les jours la joie !

Une fois encore, les mots me manquent pour exprimer tout le bien que je pense de ce nouvel opus des Chroniques des secondes heures de Tanglemhor … Comment faire honneur à cet incroyable ouvrage que j’attendais avec impatience depuis plus d’un an (une cruelle année de frustration et de lamentations), et sur lequel je me suis littéralement jetée lorsque maman est entrée en clamant « Marie, du courrier pour toi » ? Pour tout avouer, la chose me semble infaisable, car mon amour grandissant pour cette saga tient de l’indicible, mais je vais tout de même tâcher de vous en dire quelques mots … Suffisamment, je l’espère, pour vous faire comprendre à quel point vous pouvez – voire même devez – vous lancer les yeux fermés dans cette formidable série où se côtoient allégrement aventure, humour et magie, pour le plus grand bonheur des amoureux de fantasy ! Et quand bien même ce genre littéraire n’est pas votre tasse de thé, laissez donc sa chance à la Conjuration de Tanglemhor : j’en suis convaincue, leur épopée saura vous faire changer d’avis sur la fantasy !

Car il n’y a pas à tortiller bien longtemps : ce livre fait indiscutablement partis des meilleures lectures de toute ma vie. Azaël Jhelil a le Don, celui du Conteur : phrase après phrase, page après page, il happe tant et si bien le lecteur que celui-ci finit par en oublier que ce qu’il lit n’est que de la pure fiction … Les mots, qu’il manie comme personne, deviennent sons, images, odeurs, sensations, et voici le lecteur transi de froid aux côtés des conjurés qui progressent dans l’obscurité pour libérer le monde de la cruauté qui émane de l’usurpateur. On a le cœur qui bat, car l’urgence se fait ressentir jusqu’au plus profond de notre être : ils doivent s’en sortir, ils doivent y arriver, il le faut, ou sinon tout le monde sera condamnés ! On a la respiration qui se coupe, car l’angoisse s’installe progressivement dans toute notre âme : les dangers sont si grands, la nature si hostile, et l’ennemi si puissant, comment pourront-ils vaincre toutes ces menaces sans périr ? Et nous, pauvres spectateurs impuissants que nous sommes, ne pouvons rien faire pour les aider : nous ne pouvons que tourner avidement les pages, la gorge nouée de crainte de voir un de nos amis de papier nous quitter définitivement … A ce stade, on ne peut même plus parler de « simple » page-turner !

Heureusement pour la santé mentale – et même physique – du lecteur, l’auteur a semé un peu partout des touches d’humour pour faire retomber régulièrement la pression et la tension nerveuse ! Vous n’imaginez même pas le nombre de fous rires que ce livre a déclenché ! Le narrateur, que je qualifierai de facétieux, n’hésite pas à s’immiscer un peu partout : dans les notes de bas de page quand il est sage, mais bien souvent aussi au beau milieu d’une scène tragico-dramatique … Et parfois, ce sont les personnages eux-mêmes qui décident de dédramatiser un peu la situation ! Il faut dire qu’ils en ont bien besoin, les pauvres : leur créateur ne leur épargne absolument rien … ce qui les rend d’autant plus attachants qu’ils ont l’immense qualité d’avoir pas mal de défauts. Je sais que cela peut sembler contradictoire, mais c’est vraiment parce qu’ils sont tout sauf « parfaits » que je les aime tant. Même le Fléau de Feen, grand possédé impulsif et sanguinaire de la déesse de la Folie, m’est devenu sympathique dans cet opus … alors que lui et moi, on n’était clairement pas fait pour s’entendre ! Aussi surprenant que cela puisse paraitre, c’est bien souvent lui qui vient apaiser la situation, lui qui ne prend rien au sérieux et s’amuser plus que tout d’une bonne bagarre … Il est probablement le seul à ne pas prendre toute cette aventure au sérieux, et c’est suffisamment saugrenu pour faire sourire le lecteur même dans les moments les plus haletants !

Je pense que je peux m’arrêter là, car vous l’aurez bien compris : je n’ai absolument aucun reproche à faire à ce roman (à part, peut-être, d’avoir une fin : quel supplice que de devoir à nouveau quitter Oriana et ses compagnons, surtout après un cliffhanger pareil !) et que des éloges à exprimer à son égard (même si, malgré tous mes efforts et les heures passées pour rédiger cette chronique, je n’ai pas réussi à les manifester comme je l’aurai souhaité) ! Même l’expression « coup de cœur » suffit à peine à traduire ce que je ressens vraiment … Car les Chroniques des secondes heures de Tanglemhor réunissent absolument tous les éléments que j’aime dans un récit : des personnages hauts en couleurs, inoubliables et attachants, des rebondissements et des retournements de situations toujours plus imprévisibles, des moments de grande tension mais aussi des instants de calme (avant la tempête) … Sans oublier cet humour que j’aime tant en fantasy, qui nous aide à garder une certaine distance avec le récit (car on serait bien tenter de se laisser définitivement happé par cet univers d’une richesse inouïe) ! Bref, est-il encore nécessaire de préciser que je vous le conseille à 50 000% ?

samedi 24 août 2019

The prison experiment, tome 2 - Eric Costa


The prison experiment2, Eric Costa

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 544

Résumé : Zone 51, désert du Nevada. Un dôme immense, à la peau cuivrée, se dresse tel un monstre sous les étoiles. Son nom : « L’Œuvre », prison expérimentale secrète dotée d'une intelligence artificielle. Nul ne sait ce que recèle l’édifice depuis que la CIA en a perdu le contrôle. Que sont devenus les 5300 détenus, livrés à eux-mêmes après sept ans d'abandon ? Un commando de douze hommes et une femme pénètre en secret dans ce labyrinthe mortel. Leur mission : retrouver Dédale, son architecte, à n’importe quel prix.


Un grand merci à Eric Costa pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Poussez un homme sur la mauvaise pente, il tombera encore plus bas. Montrez-lui la lumière de la connaissance vous aurez des chances que son âme s’élève.   »

- Mon avis sur le livre -

Souvenez-vous : le premier tome était arrivé chez moi en plein hiver, tandis qu’il pleuvait, qu’il ventait, et que le froid s’engouffrait à travers ma doudoune tandis que je progressais laborieusement vers la boite aux lettres. Ironie du sort, ce second tome est arrivé quant à lui en pleine canicule, au point que j’ai très lâchement attendu onze heures du soir avant d’aller récupérer le courrier car je n’étais plus qu’une loque lamentablement échouée devant le ventilateur durant la journée … Je ne suis clairement pas à la hauteur pour entrer dans l’Œuvre : nul doute qu’au bout d’une petite heure, je serai déjà morte et enterrée (dans le meilleur des cas) ! Fort heureusement pour moi, c’est à travers les pages d’un livre que je me suis aventurée dans cette terrible prison expérimentale, aux côtés de personnages infiniment plus courageux, débrouillards et résistants que moi …

Quatre jour après leur infiltration au sein de l’Œuvre, et moins de trois jours avant leur rendez-vous avec l’hélicoptère censé les exfiltrer de la zone, le groupe de treize militaires engagés pour récupérer Dédale, l’architecte de la prison, ne compte plus que quatre membres … Séparée de ses compagnons d’infortune, Elena est secourue par l’Explorateur Jackson, qui accepte de l’aider à retrouver Lombardi et sa précieuse carte. Mais si la mercenaire est bien décidée à mener à bien sa mission, l’ancien militaire ne désire qu’une seule chose : sortir de cet Enfer … Sortir de cet Enfer, c’est bien ce qu’a fait Agellos, suite à un indécent coup de chance. Maintenant, l’ancien scientifique enfermé par malchance dans cette prison expérimentale se retrouve face à un choix de taille : tout dévoiler au monde et prendre le risque de s’attirer les foudres des puissants, ou se taire et vivre avec le poids de la culpabilité jusqu’à la fin de ses jours ? L’ancien Explorateur en vient à se demander si l’extérieur vaut mieux que l’Œuvre …

Nous avions laissé Elena en bien mauvaise posture … et nous la retrouvons quelques heures plus tard à peine, tandis qu’elle se réveille sous la surveillance attentive de Jackson. Autant vous dire que cette rencontre, je l’ai attendue pendant tout le premier tome ! En effet, dans un environnement clos telle que l’Œuvre, il me semblait hautement improbable que les chemins ces deux protagonistes ne finissent pas par se croiser … Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fait des étincelles. Dans ce tome, Elena, qui apparaissait jusqu’alors comme la « Gentille avec un Grand G », se retrouve face à un homme à l’honneur inébranlable, qui brandit ses valeurs comme autant de bannières au-dessus de sa tête … Aux yeux de Jackson, la liberté n’a pas de prix, ou plutôt, l’argent ne fait pas la liberté, contrairement à ce qu’affirme Elena, qui tente désespérément de le convaincre du bien-fondé de sa position … à moins qu’elle ne tente de se convaincre elle-même, de se raccrocher coute que coute à cette idée qui lui permet de légitimer ses actes et de préserver sa conscience.

Elena n’est pas la seule à faire face à de tels questionnements : Agellos, lui aussi, est tiraillé entre sa volonté de dénoncer les agissements des puissants et sa crainte de s’attirer les foudres de ces mêmes puissants, entre sa volonté de mettre fin à cette cruelle expérimentation et sa crainte d’être emprisonné pour y avoir pris part … Entre son égoïsme finalement si humain et sa conscience qui lui hurle de penser à tous ces malheureux livrés à eux-mêmes, et surtout livrés en pâture aux atrocités que certains commettent au sein de ce huis-clos effroyable. J’aime beaucoup le parallèle qui s’opère entre le duo Elena-Jackson dans l’Œuvre et le duo Agellos-Robert à l’extérieur … tout comme j’aime la façon dont le journal de Josh, détenu d’un centre pénitentiaire et volontaire pour l’expérimentation, fait écho aux pérégrinations d’Elena et Agellos. Trois pièces d’un même puzzle, qui s’imbriquent pour créer un récit incroyablement captivant, qui happe le lecteur sans jamais lui laisser de répit, et qui l’invite insidieusement à réfléchir sur le monde qui l’entoure et sur la nature humaine …

Nature humaine qui n’est clairement pas présentée sous son meilleur aspect ici, malgré quelques actes d’un héroïsme et d’une noblesse assez remarquables. Eric Costa ne ménage ni ses personnages ni ses lecteurs : certains passages sont vraiment difficiles, à la limite de l’insupportable … et cela d’autant plus que tout ceci semble tellement réel. Tout ceci pourrait être vrai, et on le sait, et c’est bien ce qui rend ce récit aussi effroyable … et d’une certaine façon, un peu malsaine finalement, aussi captivant. On en vient à s’inquiéter réellement pour Elena, comme si elle était quelque part sur le globe en train de faire face à cette terrible Œuvre. On en vient à prendre réellement Agellos en pitié, comme s’il était quelque part sur le globe en train de faire face à ces journalistes avides de sensations fortes et à ces représentants du Pentagone mécontents que quelqu’un dévoiler leurs plus sombres secrets. On tremble avec et pour eux, d’inquiétude mais aussi d’excitation : ce sont tous leurs déboires successifs qui font tout le piment de ce récit que l’on dévore sans même sans rendre compte, happé par cette intrigue haletante à souhait. Et même si on soupire de soulagement quand ils parviennent à s’en sortir, on ne peut s’empêcher d’attendre avec une certaine impatience la nouvelle embûche qui viendra se dresser sur leurs chemins respectifs …

En bref, vous l’aurez bien compris, ce second tome est encore plus palpitant que le premier, et je l’ai ainsi dévoré en l’espace d’une après-midi, aussi prisonnière de ces cinq-cents quarante pages qu’Elena peut l’être de l’Œuvre ! Il ne s’agit plus seulement d’une course contre la montre pour retrouver un architecte complétement illuminé, mais bien plus d’une sorte de quête initiatique pour Elena et d’une quête rédemptrice pour Agellos. L’auteur opère à un parallèle qui fait froid dans le dos : entre les atrocités commises par les prisonniers livrés à eux-mêmes et celles que commettent impunément les puissants de ce monde, il n’y a qu’un pas … Mais les actes des premiers sont réprouvés par la loi tandis que les seconds sont au-dessus de la loi. J’avoue que je ne m’attendais pas à trouver tant de questions éthiques et morales dans un « simple » thriller, mais je suis vraiment agréablement surprise ! J’aime donc cette saga sous toutes les coutures, et il me tarde de retrouver Elena et Agellos dans le troisième et ultime opus : cette fin promet du lourd, et surtout, elle est incroyablement frustrante !

samedi 17 août 2019

Dragon de sable, tome 2 : Chroniques Royales suivi de Mémoires d'Outremer - Marc Ismier


Dragon de Sable2, Marc Ismier
Chroniques royales suivi de Mémoires d’Outremer

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 690
Résumé : Le Premier Marcheur continue sa Queste pour mettre à jour les Puissances qui ont bouleversé l’ordre des Royaumes. Accompagné de Nils, simple serviteur aux étranges Pouvoirs Royaux, il se lance dans l'exploration du désert, en direction de Blatand, colossal Artefact dont nul ne connaît la nature. Au même moment, Gylfi - le nouveau Roi légitime de Gladsheim, Sylvain de la Nuit et Bryan - fils du Premier Marcheur, regroupent leurs forces pour contrer Snorri, usurpateur du Trône alors que dans le lointain royaume de Glitnir, Hérian, jeune héritier du Premier Mage défunt, se lance dans ces affrontements meurtriers pour rendre justice à son père.

Un grand merci à Marc Ismier pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Pardon pour la peine que je vais te cause. Je sais que tu pleureras - et que tu pleureras beaucoup - et je m’en réjouis, dans un sens. J’espère que mon départ n’éteindra pas ton espérance et qu’au contraire, mystérieusement, il la nourrira. Que ta joie soit plus profonde, plus pleine, plus vraie, transformée qu’elle sera par mon Départ. Car il faut que je m’en aille. Quoi de plus terrible que le monde qu’on nous prépare, sans cœur ni pitié, sans conscience ni égard pour les faibles ? Je n’en veux pas. C’est la Puissance qui obnubile ce monde, et cette Domination, je vais l’affronter, ou au moins sa plus formidable représentante, dans un combat que je ne peux pas perdre […]. »

- Mon avis sur le livre -

Lorsque j’étais plus jeune, je souffrais d’une forme extrême de boulimie livresque : trente secondes à peine après avoir terminé un livre, j’entamais le suivant, sans jamais faire de pause, sans jamais ressentir l’envie ou le besoin de « digérer » tranquillement ma lecture … Aujourd’hui, les choses sont bien différentes : j’ai parfois tellement de mal à sortir d’un univers que je dois au contraire me faire violence pour passer au livre suivant et ne pas me contenter de relire indéfiniment le même ouvrage ! Je m’attache désormais beaucoup plus aux personnages d’un récit, et c’est parfois un véritable crève-cœur de devoir les quitter en tournant la dernière page du roman … Pour tout vous avouer, après avoir terminé Chroniques Royales – et après avoir lu Mémoires d’Outremer, récit annexe et complémentaire sur lequel je vais revenir un peu plus tard –, je me suis octroyée le privilège de relire quelques chapitres, glanés ci et là, parmi ceux qui m’ont le plus touchée, le plus captivée … C’est rare que je le fasse (surtout quand d’autres services presse attendent patiemment sur le bureau), mais j’en avais vraiment besoin.

Accompagné de Nils, adolescent ordinaire aux pouvoirs extraordinaires qui est devenu un fils à ses yeux, Bryan, Premier Marcheur, se rend en plein désert pour tenter de comprendre l’origine des bouleversements qui agitent les Royaumes … Rien ne l’avait préparé aux terrifiantes révélations qui allaient s’imposer brusquement à lui. Pendant ce temps, le Dauphin Gylfi, désormais Roi légitime de Gladsheim, organise avec Sylvain de la Nuit et Bryan, fils du Premier Marcheur, la reconquête de son Trône usurpé par Snorri, Premier Sculpteur. Au même moment, le jeune Hérian, Premier Mage, cherche à découvrir pourquoi son père a été tué. Trois quêtes, trois routes, qui finiront inexorablement par se rejoindre … Car l’heure de la Convergence est venue, quand bien même personne ne sait comment ni pourquoi elle est survenue.

Difficile de vous parler de ce second tome sans trop vous en dévoiler ! Car sachez-le : cet opus est assurément celui des grandes révélations et des grands basculements. Rien ne sera jamais plus comme avant pour Bryan, Nils, Sylvain et leurs compagnons. De grands bouleversements, dont nul ne comprend l’origine ni les conséquences, sont à l’œuvre, et nos protagonistes ne sont finalement que des pantins de paille ballotés par le vent et les vagues. Ils tentent désespérément de lutter contre le courant, de remonter à la source des problèmes pour mieux les résoudre, mais les Forces en présence les dépassent. Et dépassent le lecteur, qui est lui aussi dans la plus parfaite des ignorances : nous marchons réellement aux côtés des personnages principaux, qui deviennent pages après pages de véritables amis. On s’attache beaucoup à eux … Beaucoup trop peut-être. Car je me dois de vous prévenir : ils vont souffrir, et vous allez souffrir. Vous n’imaginez même pas le nombre de larmes que j’ai versé au cours de ma lecture. Ne prenez rien pour acquis, car tout peut survenir. Même l’impensable. Surtout l’impensable, finalement.

Une fois encore, Marc Ismier n’hésite pas à se jouer des codes du genre pour nous offrir un récit tout à fait unique : ici, point de grandes bataillés épiques avec deux troupes enragées qui se jettent l’une sur l’autre ; ici, point de déferlement de magie avec des flammes bleues ou violettes qui dévastent tout sur leur passage … Non, ici, les affrontements sont plus subtils, bien que tout aussi meurtriers. Il y a une dimension presque métaphysique à la magie mise en place par l’auteur, et cette dimension s’affirme progressivement au cours du récit … jusqu’au moment du Grand Basculement, passage le plus court et sobre, mais aussi le plus tragique déchirant de toute l’intrigue (je ne m’en suis toujours pas remise, je suis dans le déni, ceci ne peut pas avoir eu lieu, non, je refuse). Il ne s’agit d’ailleurs pas de magie, mais de Pouvoirs : rien que le nom l’indique, la question de la domination, de la puissance, de l’ascendance, de l’influence et de l’emprise sont finalement au cœur-même de ce récit. Et j’aime vraiment beaucoup cette double dimension des Pouvoirs, à la fois puissances magiques et politiques.

Pouvoirs dont on comprend mieux l’origine en lisant la seconde partie de ce gros ouvrage : Mémoires d’Outremer. Loin de constituer la suite des aventures de Bryan, Nils et Sylvain – que nous retrouverons, je l’espère, du moins pour certains, dans un troisième tome, car à mes yeux l’histoire est loin d’être achevée, même si un cycle s’est éteint –, ce livre constitue une « annexe » bienvenue pour le lecteur, qui comprend mieux la prise de décision soudaine et irrévocable d’un personnage. Car Mémoires d’Outremer, finalement, c’est un livre dans un livre : un des protagonistes l’a tenu dans ses mains, et l’a lu … J’aime beaucoup le principe, même si j’admets avoir été bien moins captivée par cette seconde partie. Je suis certes ravie de mieux comprendre le pourquoi du comment, de découvrir la genèse de tous ces bouleversements, de saisir les tenants et aboutissants de tout ceci, mais je n’ai ressenti aucun attachement pour le narrateur des Mémoires, ce récit-là ne m’a pas fait vibrer, alors que les aventures des « vrais » protagonistes de la saga me fascinent … Mais quelle satisfaction de comprendre les raisons qui ont poussé ce personnage à agir ainsi !

En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai eu un réel coup de cœur pour ce second opus, qui est encore plus captivant et palpitant que le premier ! L’auteur n’épargne ni ses personnages ni ses lecteurs, et même si c’est un déchirement constant que l’on ressent au fur et à mesure que l’on progresse dans cette intrigue, qui s’avère toujours plus complexe que prévu, c’est vraiment un ouvrage qui se dévore à une vitesse folle ! Je suis vraiment tombée amoureuse de cet univers, mais encore plus de ces personnages, principaux comme secondaires, si attachants, si innocents finalement, qui sont les héros d’une histoire qui les dépasse … C’est tellement difficile de les quitter lorsqu’arrive la fin du tome. J’espère vraiment qu’un troisième volume est prévu, car je ne suis clairement pas prête à leur dire adieu – même si, et c’est le seul spoiler que je m’autoriserai, je suis bien obligée de le faire pour l’un ou l’autre ! En tout cas, je confirme ce que je disais dans la conclusion de ma chronique précédente : Marc Ismier est un conteur et dramaturge de génie, n’hésitez pas une seule seconde à vous plonger dans ses récits, vous ne le regretterez pas !