samedi 10 août 2019

Les chemins d'Alana - Mido


Les chemins d’Alana, Mido

Editeur : Ex Aequo
Nombre de pages : 51
Résumé : Alana n'est qu'un bébé lorsque son papa disparaît en mer. Sa grand-mère pourrait lui parler de ce père qu'elle n'a pas connu mais elle s'enferme dans un mur de silence. Mamie Rose est méchante, à l'image de ce Bugul-Noz, créature des légendes bretonnes dont l'ombre s'étend sur les pas d'Alana. Ne pas se retourner et prendre le bon chemin. Est-ce bien celui-ci qu'Alana s'est choisi?

Un grand merci  aux éditions Ex Aequo pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.



- Un petit extrait -

« Le chemin qui mène à la plage aurait pu être si doux. Pourquoi faut-il que les légendes des hommes le peuplent de créatures malfaisantes ? »

- Mon avis sur le livre -

On s’imagine parfois que pour écrire une bonne histoire, un auteur doit nécessairement avoir une imagination débordante et des idées extraordinaires plein la tête … C’est peut-être vrai dans certains cas – quand on veut écrire de la fantasy, du fantastique ou de la science-fiction innovante, par exemple –, mais ce n’est à mes yeux assurément pas une obligation. Car une bonne histoire, ce n’est pas forcément une histoire pleine d’extravagance ou de loufoqueries … Car la plus belle des histoires, finalement, ne serait-ce pas la vie ? Avec tous ses rebondissements, dignes parfois d’un vrai polar, avec toutes ses émotions, qui n’ont rien à envier aux histoires les plus dramatiques, avec tous ses éclats de rire et ses mystères … Un bon auteur, ce serait peut-être finalement un bon observateur, capable de déceler dans les petites choses de la vie quotidienne quelque chose à raconter, quelque chose à figer sur le papier pour en faire une histoire captivante et émouvante. Et c’est pour cela que je l’affirme : Mido est un bon auteur, et Les chemins d’Alana est une bonne histoire !

Alana n’avait qu’un an lorsque son père a disparu en pleine mer. Elle a aujourd’hui douze ans, et est la seule personne de la famille que sa grand-mère accepte de voir … bon gré mal gré. Car le cœur de Mamie Rose s’est transformé en pierre la nuit où son fils unique s’est noyé : désormais, chaque mot qu’elle prononce est chargé de venin, de colère, de méchanceté, qui attriste et effraye Alana qui ne sait que faire pour redonner le sourire à sa grand-mère. Mais l’adolescente a un autre sujet de préoccupation : voilà que le soir, tandis qu’elle rentre chez elle en passant par la plage, une étrange présence semble la suivre. Serait-ce le Bugul-Noz, créature malfaisante des légendes bretonnes contre laquelle Mamie Rose la met si souvent en garde ?

Contrairement à ce que je pensais au vu du résumé, la mention du Bugul-Noz n’est qu’un prétexte à raconter une histoire tout ce qu’il y a de plus « réaliste ». Pas la moindre petite trace de fantastique dans ce court roman, et c’est tant mieux ! Car les « aventures ordinaires » d’Alana sont suffisamment intéressantes comme cela. Alana, c’est une petite fille qui apprend à grandir, mais surtout, c’est une petite fille profondément marquée par la méchanceté de sa grand-mère, méchanceté qu’elle ne comprend pas mais qu’elle subit de plein fouet à chaque fois qu’elle va lui rendre visite. Car Alana, c’est aussi une adolescente pleine d’amour et de bonté, qui s’est promis de redonner le sourire à sa Mamie Rose … Car Alana en est persuadée : son père, qu’elle n’a quasiment pas connu, dont elle ne garde aucun souvenir, mais qui les aimait, elle en est certaine, n’aurait pas voulu que sa famille se morfonde perpétuellement dans la tristesse et l’aigreur. Mais Alana ne sait pas comment faire, d’autant plus que Mamie Rose se braque dès qu’on a le malheur d’aborder ce sujet …

Et cela d’autant plus que la mère d’Alana s’est remariée, et qu’elle a eu un petit garçon avec son nouveau compagnon. Pour Mamie Rose, ce n’est rien de plus que de la trahison, et elle n’a jamais voulu rencontrer le petit frère d’Alana, qui est par conséquent tiraillée entre son affection pour sa grand-mère et son amour pour son beau-père – qu’elle aimerait tant appeler Papa – et son petit frère. A cet instant, je me suis sentie très proche d’Alana : elle m’a rappelé ce fameux jour où, du haut de mes cinq ans, j’ai couru après la voiture de mon beau-père qui partait au travail pour lui demander s’il voulait bien être mon Papa … Plus globalement, je me suis beaucoup attachée à cette jeune héroïne, qui quitte doucement l’enfance pour entrer dans l’adolescence, et dont les émotions jouent aux montagnes russes. D’autant plus quand l’impensable se produit, quand sa grand-mère laisse échapper des mots qui viennent tout remettre en question, quand un inconnu vient bouleverser toutes ses certitudes. Elle ne sait plus que croire, elle ne sait plus si elle veut y croire. Elle ne sait plus ce qu’elle veut, ce dont elle a besoin pour avancer sur ce vaste chemin qu’est la vie.

En bref, vous l’aurez bien compris, avec ce petit roman d’une cinquantaine de pages, Mido invite ses lecteurs à marcher aux côtés d’Alana, l’espace de quelques jours, de quelques semaines. Ce n’est pas une enquête policière, ce n’est pas un récit d’aventure, ni même une histoire d’amour … C’est juste une tranche de vie, qui permet d’aborder des thématiques universelles : le deuil, le bonheur, la question des familles recomposées … Le tout est très joliment raconté, c’est un court roman empli de douceur (comme souvent avec la collection Saute-Mouton) et de délicatesse. Et en arrière-fond, comme un fil rouge qui guide le lecteur tout au long de l’intrigue, il y a la légende du Bugul-Noz : je ne connais pas du tout les mythes bretons, aussi suis-je très contente d’avoir pu effleurer ces légendes aussi belles que terrifiantes ! Un livre que je conseille donc fort volontiers, pour tout petit lecteur déjà autonome dans la lecture !

1 commentaire:

  1. Merci beaucoup pour votre joli retour, plein de justesse et de sensibilité.

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