Editeur : Ex Aequo
Nombre
de pages : 51
Résumé : Alana n'est qu'un bébé lorsque son papa
disparaît en mer. Sa grand-mère pourrait lui parler de ce père qu'elle n'a pas
connu mais elle s'enferme dans un mur de silence. Mamie Rose est méchante, à
l'image de ce Bugul-Noz, créature des légendes bretonnes dont l'ombre s'étend
sur les pas d'Alana. Ne pas se retourner et prendre le bon chemin. Est-ce bien
celui-ci qu'Alana s'est choisi?
Un grand merci aux éditions Ex Aequo pour l’envoi de ce
volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Le chemin qui mène à la plage aurait pu être si doux. Pourquoi faut-il que les légendes des hommes le peuplent de créatures malfaisantes ? »
- Mon avis sur le livre -
On s’imagine parfois que pour écrire une
bonne histoire, un auteur doit nécessairement avoir une imagination débordante
et des idées extraordinaires plein la tête … C’est peut-être vrai dans certains
cas – quand on veut écrire de la fantasy, du fantastique ou de la
science-fiction innovante, par exemple –, mais ce n’est à mes yeux assurément
pas une obligation. Car une bonne histoire, ce n’est pas forcément une histoire
pleine d’extravagance ou de loufoqueries … Car la plus belle des histoires, finalement,
ne serait-ce pas la vie ? Avec tous ses rebondissements, dignes parfois d’un
vrai polar, avec toutes ses émotions, qui n’ont rien à envier aux histoires les
plus dramatiques, avec tous ses éclats de rire et ses mystères … Un bon auteur,
ce serait peut-être finalement un bon observateur, capable de déceler dans
les petites choses de la vie quotidienne quelque chose à raconter, quelque
chose à figer sur le papier pour en faire une histoire captivante et émouvante.
Et c’est pour cela que je l’affirme : Mido est un bon auteur, et Les chemins
d’Alana est une bonne
histoire !
Alana n’avait qu’un an lorsque son père a
disparu en pleine mer. Elle a aujourd’hui douze ans, et est la seule personne
de la famille que sa grand-mère accepte de voir … bon gré mal gré. Car le cœur de
Mamie Rose s’est transformé en pierre la nuit où son fils unique s’est noyé :
désormais, chaque mot qu’elle prononce est chargé de venin, de colère, de
méchanceté, qui attriste et effraye Alana qui ne sait que faire pour redonner
le sourire à sa grand-mère. Mais l’adolescente a un autre sujet de préoccupation :
voilà que le soir, tandis qu’elle rentre chez elle en passant par la plage, une
étrange présence semble la suivre. Serait-ce le Bugul-Noz, créature malfaisante
des légendes bretonnes contre laquelle Mamie Rose la met si souvent en garde ?
Contrairement à ce que je pensais au vu du
résumé, la mention du Bugul-Noz n’est qu’un prétexte à raconter une histoire
tout ce qu’il y a de plus « réaliste ». Pas la moindre petite trace
de fantastique dans ce court roman, et c’est tant mieux ! Car les « aventures
ordinaires » d’Alana sont suffisamment intéressantes comme cela. Alana, c’est
une petite fille qui apprend à grandir, mais surtout, c’est une petite fille
profondément marquée par la méchanceté de sa grand-mère, méchanceté qu’elle ne
comprend pas mais qu’elle subit de plein fouet à chaque fois qu’elle va lui
rendre visite. Car Alana, c’est aussi une adolescente pleine d’amour et de
bonté, qui s’est promis de redonner le sourire à sa Mamie Rose … Car Alana en
est persuadée : son père, qu’elle n’a quasiment pas connu, dont elle ne
garde aucun souvenir, mais qui les aimait, elle en est certaine, n’aurait pas
voulu que sa famille se morfonde perpétuellement dans la tristesse et l’aigreur.
Mais Alana ne sait pas comment faire, d’autant plus que Mamie Rose se braque
dès qu’on a le malheur d’aborder ce sujet …
Et cela d’autant plus que la mère d’Alana s’est
remariée, et qu’elle a eu un petit garçon avec son nouveau compagnon. Pour
Mamie Rose, ce n’est rien de plus que de la trahison, et elle n’a jamais voulu
rencontrer le petit frère d’Alana, qui est par conséquent tiraillée entre son
affection pour sa grand-mère et son amour pour son beau-père – qu’elle aimerait
tant appeler Papa – et son petit frère. A cet instant, je me suis sentie très
proche d’Alana : elle m’a rappelé ce fameux jour où, du haut de mes cinq
ans, j’ai couru après la voiture de mon beau-père qui partait au travail pour
lui demander s’il voulait bien être mon Papa … Plus globalement, je me suis
beaucoup attachée à cette jeune héroïne, qui quitte doucement l’enfance
pour entrer dans l’adolescence, et dont les émotions jouent aux montagnes
russes. D’autant plus quand l’impensable se produit, quand sa grand-mère laisse
échapper des mots qui viennent tout remettre en question, quand un inconnu
vient bouleverser toutes ses certitudes. Elle ne sait plus que croire, elle ne
sait plus si elle veut y croire. Elle ne sait plus ce qu’elle veut, ce dont
elle a besoin pour avancer sur ce vaste chemin qu’est la vie.
En bref, vous l’aurez bien compris, avec ce
petit roman d’une cinquantaine de pages, Mido invite ses lecteurs à marcher aux
côtés d’Alana, l’espace de quelques jours, de quelques semaines. Ce n’est pas
une enquête policière, ce n’est pas un récit d’aventure, ni même une histoire d’amour
… C’est juste une tranche de vie, qui permet d’aborder des thématiques universelles :
le deuil, le bonheur, la question des familles recomposées … Le tout est très
joliment raconté, c’est un court roman empli de douceur (comme souvent avec la
collection Saute-Mouton) et de délicatesse. Et en arrière-fond, comme un fil
rouge qui guide le lecteur tout au long de l’intrigue, il y a la légende du
Bugul-Noz : je ne connais pas du tout les mythes bretons, aussi suis-je
très contente d’avoir pu effleurer ces légendes aussi belles que terrifiantes !
Un livre que je conseille donc fort volontiers, pour tout petit lecteur déjà
autonome dans la lecture !
Merci beaucoup pour votre joli retour, plein de justesse et de sensibilité.
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