samedi 29 février 2020

Demain tout recommence - Valentin Auwercx


Demain tout recommence, Valentin Auwercx

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 225
Résumé : Après l’apocalypse du 2 janvier 2112, le Big Cloud a poussé les derniers survivants du monde à se réfugier sous terre. Quand Liv Monroe remonte à la surface, quelques années plus tard, elle découvre un environnement dévasté où chacun cherche sa place. Alors que les cannibales semblent représenter la plus grande des menaces, d’étranges individus vêtus de combinaisons noires apparaissent. Dans un monde libre de tout, les monstres n’existent plus, il ne reste que les Hommes.

Un grand merci à Valentin Auwercx pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Qui a dit que l’enfer était le dernier sous-sol de la souffrance ? A bien des moments, on croit ne pas pouvoir tomber plus bas, puis on se rend vite compte qu’on s’est trompé. La vie est parfois une succession de chutes plus douloureuses les unes que les autres. On finit parfois au fond d’un précipice où se creuse un autre précipice, puis encore un autre … La souffrance est un escalier, et ses marches sont si hautes qu’elles sont plus difficiles à monter qu’à descendre.
Quand on tombe, au bout d’un moment, on finit dans les flammes. En plus d’être percutante, la douleur nous brûle alors jusqu’au plus profond de notre être. Mais on ne termine pas en enfer, on le traverse. D’un sens, ou dans l’autre, on finit toujours par en sortir - jamais indemne, mais on en sort. Quand on tombe encore plus bas, on chute dans des ténèbres sans fond. Là, il ne demeure plus rien, si ce n’est le souvenir de douleurs interminables - le souvenir de l’enfer après l’enfer. »

- Mon avis sur le livre -

Quand j’ai pris connaissance du résumé de ce court roman, je me suis dit en souriant « Ca y est, il récidive ! Encore une préquelle de Le temps d’une étoile ! Il en a combien en stock ?! ». Il faut dire que jusqu’à présent, j’étais plutôt frileuse vis-à-vis de ces « romans dérivés », mais Demain les hommes m’avait réconciliée avec ce concept, et c’est donc les yeux fermés que je me suis lancée dans celui-ci … Grosse erreur ! Sinon, j’aurai sans aucun doute prêté attention à la petite étiquette « horreur » glissé par l’auteur sur Simplement.pro. Vous le savez, étant hypersensible, c’est un genre que j’ai tendance à éviter … ou du moins, que je m’efforce de lire dans des moments propices (c’est-à-dire où je ne suis ni déprimée ni angoissée). Or, n’ayant absolument aucune idée de ce qui m’attendait, je me suis allégrement lancée dans ce bref récit alors que je n’étais pas dans une forme morale mirobolante … et je l’ai regretté, car vous allez vite vous en rendre compte, ce roman n’a rien d’un conte de fée !

2 janvier 2112. L’apocalypse se déchaine sur le monde : une éruption solaire à la puissance inédite a tout dévasté sur son passage, et toute la technologie humaine sature, faisant des centaines de milliers de victimes en l’espace de quelques secondes. Les piles nucléaires explosent à leur tour, et c’est un immense nuage radioactif qui prend le relais pour tuer tous les malheureux qui n’ont pas eu le réflexe de se calfeutrer. Liv n’est qu’une enfant lorsqu’elle se retrouve orpheline, amputée d’une main, dans ce monde à l’agonie. Recueillie par Alex, un homme aussi solitaire que débrouillard, l’enfant passe plusieurs années cloitrée dans un entrepôt, fort heureusement rempli de victuailles leur permettant de survivre dans des conditions acceptables. Jusqu’au jour où les « oiseaux » débarquent chez eux : après une grosse frayeur, les voici invités à rejoindre le Nid, siège de la communauté, à condition de partager leurs ressources. Tout semble aller pour le mieux, jusqu’à ce que les stocks s’effilochent et que débarquent de nouveaux inconnus, autrement plus dangereux … 

Il semblerait que, roman après roman, Valentin Auwercx met en scène les facettes les plus sordides de la nature humaine … Soyez prévenus : des atrocités vous attendent dans ce roman, d’autant plus insoutenables qu’on sait pertinemment que ce n’est pas qu’une affabulation de l’auteur. Celui-ci n’a malheureusement rien inventé : il n’a fait qu’intégrer à son récit de science-fiction des agissements bien avérés de l’être humain. Trahison, séquestration, viol, meurtre, pour aller jusqu’au cannibalisme : contrairement à ce qu’on pense, il n’y a pas que poussé dans ses derniers retranchements que l’homme recourt à ces horreurs (même si j’admets que le dernier crime est moins répandu que les premiers, fort heureusement, et qu’il a plus de risque d’être commis lorsque l’homme ne trouve plus rien à manger que dans une situation confortable où la nourriture lui tombe tout cuit dans l’assiette). Mais bien sûr, les conditions extrêmes exacerbent ces mauvais travers de l’être humain : contrairement à ce qu’on aimerait penser, lorsqu’on en est réduit à la survie la plus primaire, c’est chacun pour soi et souvent au détriment des autres.  Et quand il n’y a plus rien à manger, il y a fort à parier que quelqu’un proposera rapidement la solution la plus impensable …

Fort heureusement, dans ce récit, il y a tout de même de beaux exemples de solidarité, d’altruisme et de bienveillance. La petite Liv, atrocement blessée, n’aurait pas survécu plus de quelques heures sans la bonté d’Alex, qui a aussitôt pris cette petite orpheline sous son aile, la soignant, la consolant, l’éduquant et la protégeant. J’ai vraiment beaucoup aimé la relation entre eux : un père et sa fille, liés non pas par le sang mais par le cœur, par les épreuves vécues et surmontées ensemble, par des années de solitude partagée … On le sent, Alex n’a plus qu’un seul but dans la vie : veiller sur sa petite protégée, même au péril de sa vie. On devine également assez rapidement que cette situation idyllique ne peut pas durer, et que tout ceci va se terminer bien tragiquement. C’est un pressentiment qui nous suit du début à la fin : à chaque fois que tout semble s’arranger, que tout semble aller pour le mieux, on sait que quelque chose va mettre fin à cette quiétude, la seule question étant finalement de savoir quand et quoi exactement. Et d’une certaine façon, on aimerait ne jamais le savoir, car on sent que notre petite Liv va souffrir atrocement … et nous aussi.

C’est peut-être finalement le premier reproche que je peux faire à ce roman : la construction est un peu trop « linéaire ». On alterne entre des moments où tout va « pour le mieux dans le meilleur des mondes » (façon de parler, car on reste dans du post-apocalyptique, mais disons des moments de calme et de sérénité où Liv est en sécurité et s’épanouit au contact de personnes amicales) et l’irruption d’un nouvel ennemi toujours plus cruel, jusqu’à ce que tout s’arrange et que la boucle recommence. C’est un petit peu lassant à la longue, d’autant plus que chaque épisode est raconté très succinctement … ce qui s’explique cependant par le fait que notre héroïne et narratrice couche tout ceci sur papier dans la précipitation, en allant à l’essentiel. Deuxième reproche, malheureusement plus problématique encore : je n’ai pas retrouvé la si belle plume que j’avais tant aimée dans Le temps d’une étoile et Demain les hommes. La narration m’a semblée bâclée : il y a un nombre incalculable de grosses fautes d’orthographes (« une pose café », « les suicident étaient nombreux », pour exemple) et de syntaxe (des phrases sans verbe, ou bien des problèmes de ponctuation), et cela a considérablement perturbé ma lecture … 

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est une lecture en demi-teinte : d’un côté, j’ai trouvé le récit en lui-même particulièrement intéressant (bien que très difficile à assumer émotionnellement, certaines scènes étant vraiment très difficiles à lire), mais de l’autre, je n’ai pas retrouvé le style si particulier de Valentin Auwercx, celui qui faisait toute la différence. A travers le témoignage de Liv, l’auteur évoque les thématiques de la survie, de la condition humaine, de la société en tant que regroupement d’individus tendus vers un même objectif … Il y a un sacré potentiel, d’autant plus que notre jeune héroïne et narratrice est assez attachante (sans doute parce qu’elle nous ressemble : ce n’est pas une « bête de survie », elle a besoin des autres pour s’en sortir, tout en étant prête à donner du sien pour aider les autres), mais ce potentiel n’a pas été aussi exploité qu’il aurait pu l’être. Le fond était vraiment très intéressant et prometteur, mais la forme n’a pas suivie, et c’est bien dommage, car j’attendais beaucoup de ce récit … Mais que l’auteur se rassure : cela ne m’empêchera clairement pas de tenter ma chance pour ses prochains romans, car j’aime beaucoup ses idées, j’espère juste retrouver sa si belle plume qui m’avait tant charmée !

mercredi 26 février 2020

L'intégrale F.A.U.S.T. - Serge Lehman


F.A.U.S.T., intégrale, Serge Lehman

Editeur : Au diable vauvert
Nombre de pages : 829

Résumé : 2095. Les Puissances – ces grands empires industriels qui règnent sur l’économie mondiale – rassemblent leurs forces. Demain, à New York, le Sénat des Nations Unies ouvre ses portes… Une conspiration est en marche – si vaste qu’elle pourrait bien faire basculer le destin de l’humanité. De l’autre côté de l’Atlantique, un groupe de scientifiques, d’intellectuels, de diplomates et d’espions prépare la riposte. Ils n’ont pas de nom, pas d’argent, pas de statut… Mais leur détermination est digne des utopistes de la Renaissance.

Un grand merci à lecteurs.com pour l’envoi de ce volume dans le cadre des Explorateurs de l’imaginaire.

- Un petit extrait -

« Vous ne trouverez rien ici. Ni chaleur, ni douceur, ni lumière. Seulement la souffrance et le travail. Quand la tension deviendra trop forte, et que vous aurez besoin d'aide, il n'y aura personne pour vous écouter. Vous devrez tout inventer vous-mêmes." Le sergent fit une pause. Il se tourna vers eux et les dévisagea, l'un après l'autre. Ses yeux étaient vides. "Ceci est votre première leçon... Apprenez à vous connaître, et à vous aimer. Protégez-vous. Sauvez ce que vous pourrez. Soyez des Défenseurs. Parce que lorsque j'aurai achevé ma tâche, vous ne serez plus réellement des êtres humains.  »

- Mon avis sur le livre -

Lorsque cet énorme pavé a fait son apparition dans la boite aux lettres, en lieu et place de l’un des quatre petits ouvrages de moins de 200 pages que j’avais sélectionnés, autant vous dire que j’ai ressenti une bonne vague de panique : entre ses 800 pages, sa minuscule police d’écriture et la renommée de son auteur, je ne me sentais clairement pas à la hauteur pour tenir les délais demandés par lecteurs.com pour cette opération « Explorateurs de l’imaginaire » ! Fort heureusement pour moi, cette imposante intégrale – regroupant la trilogie F.A.U.S.T. et deux novellas se déroulant dans le même univers – s’est avérée bien plus agréable et facile à lire que prévu : bien sûr, c’est écrit tout petit (une galère pour la grande myope que je suis), bien sûr, c’est un des plus gros pavés de ma bibliothèque (il pèse son poids), bien sûr, c’est un classique de la science-fiction française (moi qui jusqu’à présent me cantonnait à la science-fiction jeunesse) … mais tout cela n’est rien face au haut potentiel romanesque de cette saga ! 

2095. Après des dizaines d’années de recherches et de manigances, les Puissances économiques mondiales vont enfin faire passer au Sénat des Nations-Unies la loi la plus audacieuse de l’histoire de l’humanité … Mais également la plus dangereuse. Après s’être accaparé le contrôle de toutes les prérogatives auparavant dévolues aux Etats – sécurité, santé, éducation, communications, énergie … tout passe désormais par elles –, voici que les Puissances s’approprient ce qui jusqu’à présent n’appartenait à personne : le monde, et les hommes qui y grouillent. Mais la Fédération européenne n’a pas dit son dernier mot : sur l’impulsion de la présidente est créé le Square, qui doit lutter coute que coute contre la prise de pouvoir de l’Instance, qui règne désormais en maitre sur le Village comme sur le Veld … La résistance est en marche.

Difficile de vous résumer le contenu de cinq ouvrages en quelques lignes. Plus difficile encore de vous parler de cette incroyable intégrale sans trop vous en dévoiler. Et cela d’autant plus que j’aurai grandement besoin d’une deuxième lecture pour en saisir toutes les subtilités, tous les messages. Car ce que je peux dire sans problème, c’est que Serge Lehman nous offre ici un récit incroyablement dense. Il nous plonge dans un futur qui peut sembler effroyable, effrayant, mais qui pourrait bien être le nôtre un jour au rythme où vont les choses : déjà l’économie prend le pas sur la politique, déjà nous assistons à une uniformisation mondiale qui trouve chez Serge Lehman son aboutissement dans le Village, immense agglomération où Paris, New-York et Tokyo ne forment finalement qu’une seule entité. Dans ce futur littéraire, les grandes entreprises, les Puissances, ont finalement plus de poids que les reliquats d’Etats dans la gestion du monde : elles font la pluie et le beau temps, elles gèrent les écoles, les hôpitaux, les moyens de communication … Et à côté du Village, il y a le Veld, où vivent les « indésirables » de cette société où seul compte l’argent, le profit, la productivité, l’utilité, la réussite. Décharge matérielle mais aussi humaine, le Veld est une zone de non-droit où s’entassent tous ceux qui feraient « tâches » dans le beau Village, avenir de l’humanité …

Les deux novellas sont des préquelles à la trilogie F.A.U.S.T. qui donne son nom à l’intégrale. La première nous présente la quête de Paul Coray, historien médiéviste, dont les recherches intéressent grandement les plus grandes Puissances … Mais Paul, soudainement conscient des implications possibles de ses trouvailles, bien conscient qu’il vient de condamner l’humanité à une nouvelle forme d’esclavage, cherche Liverion, la ville qui n’existe pas … Je dois avouer avoir eu un peu de mal à m’immerger dans ce premier récit, le temps de m’habituer à tous les termes spécifiques à l’univers – mais qu’est-ce donc qu’un bondisseur ? un B-man ? –, mais une fois tous ces mots intégrés, ce ne fut que du bonheur. Une entrée en « douceur » dans cet univers d’une richesse incroyable, mais surtout une belle introduction à l’intrigue de la trilogie. La seconde novella est, de ce fait, moins intéressante : j’ai un peu de mal à en saisir l’intérêt pour la chronologie globale du récit. Elle nous présente plus en détail la vie au sein du Veld, parfois surnommé Wonderland, mais n’apporte à mes yeux rien d’essentiel pour la suite. Cette histoire m’a donc moins passionnée que le reste de l’intégrale …

Et enfin, la trilogie F.A.U.S.T., le cœur même de la saga. Un vrai régal, tout simplement. Serge Lehman nous offre à la fois des personnages grandioses, soit détestables soit attachants, une narration d’une finesse et d’une fluidité rare, associée à un style d’une élégance inouïe, sans oublier une intrigue à couper le souffle où s’entrecoupent machinations économiques et politiques, luttes de pouvoirs et d’influences médiatiques, mais aussi quêtes personnelles et idéologiques. Je suis encore toute époustouflée par le génie littéraire de cet auteur que je découvre … Il nous offre à la fois un univers et une intrigue d’une complexité incroyable, où les complots et autres conspirations se mêlent et s’entremêlent, et une histoire captivante et passionnante qui se lit sans peine. J’ai adoré suivre les pérégrinations de Chan Coray, ce jeune homme qui ne cherchait qu'à venger la mort de son père et qui devient bien malgré lui le symbole, à la fois adulé et haï, de l’ultime résistance à l’omniscience des Puissances. Chan est un paradoxe ambulant, il est capable du pire comme du meilleur, il n’a tantôt rien d’un héros et parfois l’âme du plus grand humanisme. Il nous mène d’un bout à l’autre du monde pour nous faire vivre à ces côtés la déchéance d’une l’humanité à bout de souffle, dépassée par l’ambition des plus grands et le pouvoir de l’argent. Il porte sur ses épaules cette histoire pleine de nœuds qui fait le régal des lecteurs.

En bref, vous l’aurez bien compris, une fois ma panique initiale passée, je suis tout simplement ravie de découvrir enfin cette « œuvre majeure de la science-fiction française », pour reprendre les mots d’Alain Damasio, qui a rédigé la préface de cet ouvrage. J’ai passé une dizaine de jours merveilleux en compagnie de ces personnages, au cœur de ce futur aussi effrayant que fascinant, au sein de cette histoire tout simplement palpitante et poignante. A chaque fois que je posais ce livre pour reprendre d’autres occupations – mes études par exemple –, je n’avais qu’une envie : reprendre ma lecture, découvrir la suite de cette intrigue incroyable, de cette véritable course contre la montre. On se laisse totalement happer par ce récit haletant, et une fois la dernière page tournée, on en redemande. Car on le sent, rien n’est véritablement fini, il y aurait encore tellement de choses à dire ! Car dans ce livre comme dans la vie, l’homme ne s’arrête jamais de comploter, de grignoter la moindre miette de pouvoir supplémentaire, de trouver le moyen de discréditer son adversaire … Mais aussi de sauver ce qui peut encore l’être. Un vrai coup de cœur pour cette saga que je relirai fort volontiers un jour ou l’autre, car elle a tant de choses à apporter à ces lecteurs, tant de messages à déchiffrer, et une seule lecture n’est clairement pas suffisante pour déceler tout le potentiel de cette histoire !

dimanche 23 février 2020

Top 5 : Ces livres à qui vous déclarez un amour sans bornes


- Top 5 : Ces livres à qui vous déclarez un amour sans bornes. -

C’est le retour des tops ! Et cela grâce à Mange-Nuages qui a mis en place un petit challenge/jeu que je vous invite à retrouver sur Livraddict ! Un thème par semaine, rien de plus simple, d’autant plus que j’ai décidé de faire ceci sous forme de mini-article pour ne pas me surcharger … C’est l’heure de répondre au thème de la semaine que voici

Ces livres à qui vous déclarez un amour sans bornes

Cette semaine, pour rester sur le thème de l'amour mais sans avoir à chercher du côté des couples, il est temps de déclarer votre amour à cinq livres qui éveillent en vous de tendres sentiments !

Et voici donc mon petit top 5 :

L’héritage des Darcer de Marie Caillet
Je dis souvent que retourner en Edrilion, c’est comme rentrer à la maison, et retrouver Mydria, Orest et leurs compagnons, c’est comme retrouver de bons amis longuement perdus de vue. Il y a une sorte de complicité qui s’instaure entre le narrateur et le lecteur, et c’est toujours un réel bonheur que de replonger dans cette histoire ! Je m’y sens bien au chaud, bien au doux, et je m’y sens bien, tout simplement !

Tara Duncan de Sophie Audouin-Mamikonian
Parce que c’est incontestablement la saga qui me remonte le plus le moral, même dans les moments les plus difficiles. Tara et ses amis sont toujours au rendez-vous pour me faire rire, et il n’y a rien de plus réconfortant que de retrouver l’univers fantasque d’AutreMonde ! Dès que j’ai le cafard, ou bien un grand coup de stress, je sais vers quelle saga me tourner : toujours fidèle au poste, toujours fidèle à elle-même, Tara est là !

La guerre des clans de Erin Hunter
Ce n’est une surprise pour personne : j’aime d’amour cette interminable saga ! Elle regroupe absolument tout ce que j’aime : de l’aventure, des complots, de la magie, des histoires d’amour, d’amitié, de trahison, des mystères … et surtout, des chats ! Et en plus, elle semble ne pas avoir de fin, ce qui fait qu’il y a toujours un nouveau tome à y découvrir, c’est un éternel ravissement, mon cœur n’est que joie en pensant à cette saga !

Les portes du secret de Maria V. Snyder
Je ne suis pas une grande amoureuse de romances (et encore moins de romances Harlequin) … mais clairement, je suis amoureuse de cette trilogie, car le cœur a ses raisons que la raison ignore. Je suis rapidement tombée sous le charme de cet univers, de ces personnages, de cette histoire, bref, de cette saga dans ses moindres aspects … Difficile à dire pourquoi, mais le fait est là : je l’aime terriblement, cette trilogie !

Les Eveilleurs de Pauline Alphen
Une saga que je relis nettement moins régulièrement que les précédentes … mais cela ne veut pas dire que je l’aime moins que les autres, bien au contraire. C’est juste que c’est une histoire qui vit avec tellement de force dans ma mémoire que je ressens moins le besoin de la relire … Elle m’accompagne avec discrétion et légèreté au quotidien, fidèle compagne qui met du baume au cœur en silence, car la magie se tapie entre les lignes …

samedi 22 février 2020

Le pitre de la classe - Louis Sachar


Le pitre de la classe, Louis Sachar

Editeur : Bayard Jeunesse
Nombre de pages : 300
Résumé : Barry Boone, dit Baboon, a douze ans, collectionne les chapeaux et adore inventer des blagues. Son rêve: devenir un comique renommé. Mais ses camarades le considèrent plutôt comme le bouffon de la classe. Ses incessants jeux de mots ne font rire qu'Angeline, sa meilleure amie, partie étudier dans une lointaine et prestigieuse école. Quand un concours de jeunes talents est lancé dans son école, Baboon s'inscrit, bien décidé à faire hurler de rire le public. Pour ne pas dévoiler son spectacle avant le grand soir, il arrête de faire le pitre et commence alors à se faire des amis. Troublé, il ne sait plus s'il doit monter sur scène...

- Un petit extrait -

« Barry prit plusieurs respirations profondes. C'était censé l'aider à se détendre, et pourtant il avait la tête qui tournait.
- Nous avons vu beaucoup de candidats, lança Miss Longajey, mais il reste encore un jeune talent. Je vous présente Barry W. Boone !
Barry fit pipi dans son pantalon. »

- Mon avis sur le livre -

C’est par un heureux hasard que je suis tombée sur ce roman : c’est en cherchant d’occasion Des poissons dans la tête, livre que j’avais emprunté des dizaines et dizaines de fois en bibliothèque et que je souhaitais acheter, que j’ai remarqué la couverture de celui-ci, étrangement similaire à celle de l’autre roman … J’ai donc lu le résumé, intriguée, et mon petit cœur a explosé de joie : un roman centré sur Barry, personnage secondaire mais capital des aventures d’Angeline, mais quelle merveilleuse nouvelle ! Ni une ni deux, ce titre a sauté dans mon panier, et quelques jours plus tard, il atterrissait dans ma boite aux lettres, avant de patienter bien gentiment plusieurs années sur les étagères (enfin, sur les piles de « livres sans étagère fixe » pour être exacte) … Car le problème est toujours le même : j’achète et reçois bien plus de livres que je ne peux en lire, et rares sont ceux qui sont lus rapidement après leur arrivée ! Il aura fallu un coup de blues, l’envie de relire Des poissons dans la tête et le besoin de découvrir cette « suite » pour sortir enfin ce petit roman de son antre !

Depuis qu’il est tout petit, Barry Bonne, dit Baboon, a une passion : raconter des blagues. Etre sérieux, très peu pour lui : à chaque minute de chaque journée, Barry ne pense qu’à sortir des vannes plus grosses que lui. Mais il doit bien se rendre à l’évidence : personne ne rit jamais à ses histoires drôles – sauf sa meilleure amie Angeline, avec qui il joue au croquet tous les week-ends, quand elle revient de son école pour petits génies. Pire encore, ses camarades de classe et ses professeurs le prennent pour un idiot fini : les premiers le raillent et le rejettent, les seconds l’exhortent à cesser ses bêtises et à se concentrer sur ses études. Comme s’il avait besoin d’étudier pour devenir comique professionnel ! Non, ce qu’il a vraiment besoin, c’est de participer et gagner au concours de jeunes talents organisé par le collège : après cela, ils seront tous obligés de reconnaitre qu’il a du talent ! Pour être certain de ne pas dévoiler son numéro avant le grand soir, Barry cesse de raconter des blagues à tout bout de champs … et jour après jour, le miracle survient : il se fait progressivement des amis. Et cela vient tout remettre en question.

Le petit garçon blagueur et joyeux que nous avons rencontré dans Des poissons dans la tête est entré au collège … mais grandir est une chose bien compliqué, et Barry peine à s’adapter à ce nouvel environnement. Et cela d’autant plus qu’il n’a pas d’amis pour l’aider et le soutenir : sa seule et unique amie, Angeline, a reçu une bourse pour entrer dans un prestigieux institut pour enfants surdoués, et même s’il est très fier d’elle, il se sent bien seul. Chaque jour, il doit faire face aux moqueries et autres injures de ses camarades, ainsi qu’aux réprimandes de ses professeurs et de ses parents. Mais Barry ne pleure jamais. Plus il souffre, plus il rit. Plus il a mal, plus il raconte de blagues. Et c’est un terrible cercle vicieux qui se met en place, car plus il raconte de blagues, plus les autres élèves le traitent de bouffon, de babouin … Autant vous dire que mon cœur s’est brisé en mille morceaux à chaque brimade que subissait ce pauvre Barry, ce si gentil petit Barry qui ne comprend pas pourquoi personne ne rit jamais à ses blagues. Alors il faut être honnête, elles ne sont pas réellement drôles … mais c’est effrayant de constater à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux, de se rendre compte qu’ils cherchent le moindre prétexte pour humilier ceux qui ont le malheur d’être un peu différent.

C’est d’autant plus déchirant que Barry ne peut même pas compter sur le soutien de ses parents : non seulement ces derniers ne l’encouragent pas lorsqu’il leur annonce qu’il s’est inscrit au concours, mais en plus ils ne cessent de lui dire de ne pas y croire, de ne pas prendre ça au sérieux. Alors certes, on pourrait considérer qu’ils veulent le protéger en lui évitant une désillusion, mais briser systématiquement tous les rêves d’un enfant, je trouve tout de même ça un peu cruel aussi. Ne devraient-ils pas plutôt à chercher à comprendre pourquoi leur petit garçon se réfugie sans cesse dans ses livres de blagues, au lieu de le rabrouer sans cesse à chaque fois qu’il souhaite leur raconter une histoire drôle ? Ne voient-ils pas les larmes qui se cachent derrière les sourires, les doutes qui se cachent derrière ce masque d’assurance et d’insouciance ? On a parfois l’impression, et ce livre ne fait que le mettre en lumière, que les humains deviennent soudainement sourds et aveugles en devenant adultes : c’est tellement plus simple de crier aux caprices et à l’insolence face à un enfant blagueur et dissipé que de chercher à voir la souffrance soigneusement cachée … C’est tellement plus simple de lui dire que c’est de sa faute s’il n’a pas d’amis, que de combattre le harcèlement – que bien des adultes « approuvent » presque en utilisant ce genre d’arguments, faisant ainsi passer la victime pour le responsable de sa propre douleur ! Oui, c’est un récit bien plus sérieux et bouleversant qu’il n’en a l’air au premier abord, tout comme Barry est bien moins insouciant et joyeux qu’on ne le croit au premier regard.

Mais rassurez-vous, ce livre est loin d’être déprimant, bien au contraire ! C’est un livre qui, étonnamment, rayonne d’espérance et de joie. On le sent, malgré toutes les embûches, malgré toutes les épreuves, malgré les moments de doute et de découragement, notre adorable petit Barry va s’en sortir. Il va juste grandir un peu au passage. Au fil des chapitres, on le voit qui prend conscience de son isolement, des regards railleurs et hautains que les autres enfants portent sur lui, on le voit qui prend également conscience que ses blagues perpétuelles sont loin d’être aussi drôles qu’il ne le croyait, et que ce n’est pas en cherchant à tout prix à faire rire les autres qu’il sera apprécié d’eux. Il y a ce douloureux dilemme entre l’envie d’être accepté et le refus de rentrer dans le moule, de devenir quelqu’un qu’on n’est pas, uniquement pour être « comme les autres ». Il y a les maladresses de celui qui n’a pas encore compris les codes sociaux du collège, si différents de ceux de l’école primaire, les codes sociaux de l’adolescence, si différents de ceux de l’enfance. Oui, Barry grandit, murit, et cela passe par des moments difficiles. Mais c’est avec un grand sourire que nous tournons la dernière page, que nous disons au revoir à Barry qui se remet de toutes ses émotions, que nous l’applaudissons pour être allé au bout de ses rêves. C’est un livre rempli d’espoir.

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est encore une très belle histoire que nous offre l’auteur. Bien que je l’ai légèrement moins apprécié que Des poissons dans la tête, surement parce qu’il aborde une question plus difficile, avec finesse mais sans détour, surement aussi parce qu’on perd ici la magie de l’enfance pour entrer dans les déconvenues de l’adolescence, j’ai tout de même pris un énorme plaisir à suivre Barry dans cette année scolaire riche en émotions. C’est un petit héros incroyablement attachant, on ne peut pas s’empêcher d’avoir de la peine pour lui, de vouloir le serrer dans nos bras pour le réconforter, de vouloir aussi le défendre contre ses camarades, de vouloir lui apporter notre soutien … C’est un livre au message éminemment positif malgré tout, un livre qui donne la banane, un livre dont on ressort un peu plus léger. Tout comme son prédécesseur, c’est un livre qui conviendra autant aux petits lecteurs et petites lectrices en herbe qu’aux grandes lectrices et grands lecteurs chevronnés : il se lit vite et bien, sans pour autant être simpliste. Il aborde avec brio des thématiques délicates, mais toujours avec délicatesse et poésie. Oui, vraiment, c’est un très beau petit livre que je suis très heureuse d’avoir découvert par hasard !