mercredi 28 décembre 2022

Les Chroniques occultes, tome 3 : L'Ombre de Nyarlathotep - Guy-Roger Duvert

Les chroniques occultes3, Guy-Roger Duvert

L’ombre de Nyarlathotep

 Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 383
Résumé :
Les événements qui se sont déroulés à Arkham ne laissent aucun doute : un sinistre épisode s’est déroulé, deux ans plus tôt, dans le détroit du Bengale, et dont les répercussions pourraient être terribles. Financés par la Miskatonic University, Milton, Kristen, Lillian et Howard traversent donc la planète en direction des Indes Britanniques, afin d’y remonter la piste et tenter d’identifier l’origine de la menace, sans se douter qu’un nouveau drame s’apprête à s’y produire...

 

Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« La journaliste acquiesça amicalement. Oui, après tout, il s’agissait là d’un passe-temps traditionnel des classes aisées de la société. Jusqu’à son séjour à Arkham, elle avait toujours vu ces histoires avec condescendance. Qui pouvait croire à de telles fadaises ? Maintenant qu’elle savait l’innommable possible, elle avait du mal à faire la part de ce qui était envisageable ou non. Dans tous les cas, se retrouver à nouveau face à l’étrange la mettait terriblement mal à l’aise. »

- Mon avis sur le livre -

 Novembre 1934 : moins de deux mois après les sinistres événements qui secouèrent la petite ville d’Arkham, quatre voyageurs pas tout à fait comme les autres embarquent pour les Indes. Milton, Kristen, Lillian et Howard doivent à tout prix comprendre ce qu’il s’est passé deux ans plus tôt, dans des ruines nichées au cœur du détroit du Bengale, lors d’une expédition financée et menée par un certain Lord Koenig. L’objectif ? Déterminer quelle sombre entité est apparue aux individus présents sur place, ce qu’elle a bien pu leur enseigner ou leur ordonner, et évaluer ainsi la dangerosité de ces-dits individus … Tandis que Milton, ancien détective privé désormais entièrement dévoué à la lutte contre les occultistes, et Kristen, ancienne archéologue qu’un contact prolongé avec un artefact maudit a doté de capacités surnaturelles mais aussi d’un certain déséquilibre psychologique, se rendent directement sur place, Howard, ancien agent secret revenu changé d’un long exil dans une autre dimension, et Lillian, journaliste ayant encore du mal à assimiler l’existence de ces forces occultes, vont à la rencontre du fameux Lord. Eux qui craignaient que les assauts de moustique soient leur plus grand désagrément dans leur enquête vont rapidement se retrouver face à des menaces autrement plus dangereuses que de simples démangeaisons …

Six petites pages de prologue : voilà tout ce que le lecteur a à sa disposition pour reprendre le wagon en marche, se remémorer vaguement les événements précédents avant d’entamer cette nouvelle aventure. Au début, le service est rude : les premiers chapitres m’ont quelque peu perdue, mais tout doucement, les pièces du puzzle ont retrouvées leur place et j’ai réussi à tout remettre en ordre. Il faut dire que Guy-Roger Duvert est tout sauf avare de rebondissements et révélations : ses récits sont particulièrement denses, il s’y passe toujours énormément de choses, et si cela rend l’ensemble absolument croustillant, difficile de nier que cela nécessite une certaine concentration (et une bonne mémoire) de la part du lecteur, si ce dernier ne veut pas rester sur la touche et nager dans le brouillard ! Alors accrochez-vous bien : une fois encore, l’auteur nous embarque dans une folle épopée, entre course contre la montre et lutte contre des forces obscures, entre mystères entremêlés et légendes plus ou moins oubliées, entre soupçons et trahisons, entre effroi et exaltation. Impossible de rester impassible lorsqu’on lit du Guy-Roger Duvert : d’une façon ou d’une autre, on a toujours le cœur qui s’emballe, la gorge qui se noue, les yeux qui s’écarquillent, la respiration qui se coupe. Peur, surprise, peine, colère : si vous envisagez de vous plonger dans Les Chroniques occultes (ce que je vous conseille ardemment), préparez-vous à vivre une montagne-russe d’émotions !

Nous retrouvons donc ici nos quatre héros, très différents les uns les autres, mais liés par la même envie, viscérale, de lutter contre les effroyables entités du Mythe et leurs serviteurs occultistes, humains si avides de puissance, de richesse ou de gloire qu’ils n’hésitent pas à ouvrir grandes les portes aux forces sombres. Et c’est d’ailleurs ce désir qui me les rend sympathiques : dans l’absolu, je n’ai aucune affinité avec Howard ou Milton, peu avec Lillian ou Kristen, mais je les rejoins et les soutiens farouchement dans leur combat, et je désire donc profondément les voir triompher de leurs ennemis, qu’ils soient humains ou non. Qu’ils débarrassent le monde de toutes ces aberrations qui ont conduit tant de gens dans l’erreur, la folie sanguinaire, la folie tout court, la mort, toutes ces croyances ésotériques qui ont causé tant de mal et de souffrance, oui, qu’ils nous en débarrassent une bonne fois pour toutes ! Leurs motivations sont différentes (soif de vengeance pour Milton qui a vu sa femme égorgée pour un de ces sacrifices rituels, joie du combat pour un Howard quelque peu perturbé par sa longue errance dans une dimension peuplée par une de ces étouffantes entités, curiosité enfantine pour Kristen qui ne sait plus vraiment faire la distinction entre la réalité et ses réalités, désir de vérité pour Lillian qui ne sait toujours que penser de toutes ces histoires), mais leur quête finale est la même : mettre fin à ces atrocités.

Mais on s’en doute, leur tâche est loin d’être facile : il est par définition même difficile de localiser, puis de vaincre des individus versés dans les arts occultes, dans ce qui est « caché », ce qui est « mystérieux », incompréhensible, insaisissable. Si certains aiment les démonstrations publiques et spectaculaires, à l’instar de certains « médiums » qui apprécient « entrer en transe » au milieu d’une foule ébahie et béate, d’autres préfèrent œuvrer dans l’ombre, fomentant en silence leurs funestes desseins, sans attirer l’attention. Si les premiers distillent une fascination pour ses forces venues du mal, et sont donc dangereux à leur manière, les seconds sont assurément les plus nuisibles : bien souvent aveuglés, ils ne se doutent pas qu’ils s’apprêtent à déverser sur le monde et ses innocents des fléaux qui dépassent tout ce qu’ils peuvent imaginer. Ou s’ils s’en doutent, l’égoïsme et l’avidité ont tant dévoré leur cœur et leur âme qu’ils s’en contrefichent allégrement … certains même le désirent, s’en délectent, influencés par les entités maléfiques qui se servent d’eux. Oui, vraiment, nos quatre héros vont devoir s’armer de courage, de détermination, de sang-froid, d’ingéniosité pour réussir à démêler le vrai du faux, distinguer l’innocent du coupable, prendre rapidement la meilleure décision, tout en veillant les uns sur les autres. Tâche d’autant plus difficile qu’ils prennent conscience, tout comme le lecteur, que tout ceci n’est finalement qu’écran de fumée, que diversion : il semblerait que la vraie menace reste encore fermement cachée, indiscernable, méconnaissable. Ils ne font encore que se battre contre des moulins à vent, des moulins terrifiants qui, pourtant, ne sont rien à côté de ce qu’ils ont encore à affronter. S’ils le peuvent encore …

En bref, vous l’aurez bien compris, c’est encore une fois un récit des plus captivant, époustouflant, palpitant, fascinant, saisissant que nous offre Guy-Roger Duvert avec ce troisième opus ! Même si l’intrigue semble n’en être encore qu’à ses premiers balbutiements, même si nous avons bien souvent le sentiment qu’il reste encore tant de choses à découvrir et à vivre aux côtés de ces héros qui ne manquent pas de vaillance et d’obstination, la tension est telle que nous sommes d’ores et déjà happés comme si nous étions arrivés au moment fatidique de l’ultime bataille … C’est vraiment tout le génie de l’auteur, qui sait parfaitement comment rendre chaque scène haletante au possible, chaque chapitre totalement addictif. Impossible de s’ennuyer une seule seconde : il n’y a aucun temps mort, rien qui nous donne l’occasion de reprendre notre souffle. Quand bien même tout semble calme, le lecteur sent bien que ce calme est trompeur, et qu’il annonce une tempête imminente et fracassante : quand c’est trop beau pour être vrai, c’est forcément faux. Et, parfois honteusement, le lecteur se rend compte qu’il attend cette tempête autant qu’il la redoute : d’un côté, la peur qu’il arrive quelque chose de terrible aux personnages est belle et bien là, mais de l’autre, il y a cette curiosité un peu malsaine qui nous donne terriblement envie de voir ce qu’il va leur arriver ! Vous devinez donc bien que j’attends avec une impatience indicible la sortie du prochain tome, qui promet d’être encore follement passionnant !