mercredi 31 octobre 2018

La guerre des clans, Le destin de Nuage de Jais - Erin Hunter


La Guerre des clans, Erin Hunter
Le destin de Nuage de Jais



Scénariste : Dan Jolley
Illustrateur : James L. Barry
Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Tome 1 : Une paix menacée (90 pages)
Tome 2 : Un Clan en danger (92 pages)
Tome 3 : Un cœur de guerrier (90 pages)



Mon avis sur « Une paix menacée »

Résumé de l’éditeur : Nuage de Jais coule des jours heureux à la ferme, près de son ami Gerboise. Sa vie dans le Clan du Tonnerre, la famine, le danger permanent appartiennent au passé. Mais l’arrivée de chats errants va mettre en péril son confort et toutes ses certitudes…

Nuage de Jais et Gerboise sont devenus les meilleurs amis du monde. Malgré la proximité des Bipèdes et de leurs chiens, ils vivent heureux dans la grange : ils ont un toit, du gibier à profusion et sont tranquilles loin des tumultes de la forêt et des Clans. Mais l’arrivée d’un petit groupe de chats errants vient bouleverser leur quotidien : peuvent-ils leur faire confiance ?

Quel plaisir de retrouver Nuage de Jais ! Depuis que le jeune apprenti a quitté le Clan du Tonnerre afin de fuir la menace de son terrible mentor, Griffe de Tigre, on n’avait que peu de nouvelles de lui : cela met du baume au cœur de le revoir et s’en savoir plus sur son existence à la ferme, au côté de Gerboire, le solitaire qui l’a pris sous son aile. Ça fait du bien de le voir si joyeux, si insouciant, lui qui était si nerveux et si maladroit …

Mais on s’en doute bien, cette quiétude ne va pas durer : voilà qu’une nuit débarque un petit groupe de chats errants, dont une jeune chatte à deux griffes de mettre bas. Les deux solitaires les accueillent volontiers sous leur toit : la grange est suffisamment grande et suffisamment giboyeuse pour eux tous ! Mais, tandis que Nuage de Jais se réjouit de leur présence, chassant volontiers pour eux et jouant avec les chatons, Gerboise est plus méfiant : il est persuadé que ces chats sont dangereux … Entre les deux amis éclatent ainsi la première dispute. L’histoire est vraiment sympathique, il y a du suspense, de l’action, de l’émotion … On a envie de savoir comment tout cela va se dénouer ! Les dessins sont vraiment très jolis, simples et détaillés à la fois, j’ai eu un vrai coup de cœur pour les illustrations de James L. Barry ! Une trilogie qui commence vraiment bien …

Mon avis sur « Un Clan en danger »

Résumé de l’éditeur : Chassés de leur ferme par la bande de Willie, Nuage de Jais et Gerboise se tournent vers leur seul allié… le Clan du Tonnerre. Hélas, les guerriers d’Étoile de Feu sont eux aussi menacés par un terrible ennemi ! Sans leur aide, comment Gerboise et Nuage de Jais retrouveront-ils leur foyer ?

Chassés de leur grange par des chats errants, rescapés du Clan du Sang, Nuage de Jais et Gerboise vont demander de l’aide à Etoile de Feu. Malheureusement, le Clan du Tonnerre souffre également du désir de vengeance des cruels lieutenants du défunt Fléau, qui font régner la terreur dans la ville en enlevant les chatons … Si Nuage de Jais et Gerboise veulent retrouver leur foyer, il leur faut d’abord aider le Clan …

Si j’étais ravie de retrouver Nuage de Jais et Gerboise, je ne le suis pas du tout de retrouver le Clan du Sang ! Ils font froid dans le dos … Ils enlèvent les chatons pour les embrigader, ils volent du gibier aux chats de la forêt, ils renient leur famille et ne jurent que par la violence et la terreur … On s’en doute, il va y avoir de la bagarre, parce qu’il est hors de question de les laisser faire ainsi !

Il a beau affirmer le contraire à son ami Gerboise, on sent bien que Nuage de Jais est à sa place dans la forêt : il est vraiment heureux de retrouver le Clan du Tonnerre … Il rencontre les filles d’Etoile de Feu et de Tempête de Sable, il revoit Plume Grise et Pelage de Poussière. Tout lui rappelle son apprentissage, et ça se voit qu’il est nostalgique de tout cela. Malgré tout, son objectif reste clair : il veut retourner à la ferme avec Gerboise. J’ai eu beaucoup de peine pour le vieux solitaire : tout cela ravive de terribles souvenirs de son existence passée, et on le voit tiraillé entre l’envie d’aider et le besoin de chasser ses pensées douloureuses. C’est incroyable à quel point une si courte bande dessinée peut être riche en actions ! L’histoire est palpitante, mais surtout, les illustrations sont magnifiques : mention spéciale aux chatons, adorablement craquants !

Mon avis sur « Un cœur de guerrier »

Résumé de l’éditeur : Après avoir vaincu le Clan du Sang, Nuage de Jais et Gerboise sont prêts à reconquérir leur ferme. L’aide du Clan du Tonnerre suffira-t-elle à chasser la bande de chats sauvages qui s’y est établie ? Les deux amis devront trouver le courage de se battre en guerriers, sous peine de perdre à jamais leur territoire …

La paix est revenue sur la forêt : les guerriers du Clan du Tonnerre, soutenus par Nuage de Jais et Gerboise, ont fait comprendre au Clan du Sang que leur gibier leur appartenait. Désormais, c’est au tour du Clan du Tonnerre d’aider les deux solitaires à chasser les chats errants ayant pris possession de leur territoire … Mais pour récupérer durablement la ferme, il leur faudra bien du courage et bien de la détermination.

Pour Nuage de Jais et Gerboise, il est temps de dire au revoir au Clan du Tonnerre et de rejoindre la ferme. Accompagnés par un petit groupe de guerriers, ils sont prêts à chasser les intrus qui se sont installés chez eux … Mais une terrible surprise les attend une fois sur place : les exilés du Clan du Sang ont rejoint les chats errants, et les propres frères de Gerboise refusent de fuir avec les autres une fois vaincus !

Dans ce tome, Nuage de Jais prouve que son cœur est toujours celui d’un vrai guerrier : il reste loyal au Code et se battra jusqu’à la mort pour protéger son territoire. Et cela d’autant plus qu’il se sent responsable de son vieil ami, Gerboise, visiblement secoué par cette terrible épreuve … Il veut le protéger, mais ne veut pas se fâcher avec lui : aussi, même si les frères de Gerboise lui en font voir de toutes les couleurs durant leur séjour à la ferme, il ne fait pas de vague, car il ne veut que son bonheur. Mais l’amitié, ici, est plus forte que tout, et le solitaire va faire comprendre à ses frères que Nuage de Jais est son meilleur ami et qu’il ne laissera personne le blesser ! J’ai toujours aimé Gerboise, mais là, il s’est surpassé ! En bref, une petite trilogie fort sympathique, magnifiquement bien illustrée, centrée sur deux personnages secondaires vraiment attachants !



Ces livres ont été lus dans le cadre du Challenge de l’été 2018
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dimanche 28 octobre 2018

L'échange - Rebecca Fleet


L’échange, Rebecca Fleet

Editeur : Robert Laffont
Collection : La Bête Noire
Nombre de pages : 315
Résumé : Quand Caroline et Francis reçoivent une offre pour échanger leur appartement contre une maison en banlieue londonienne, ils sautent sur l’occasion de passer une semaine loin de chez eux, déterminés à recoller les morceaux de leur mariage. Mais une fois sur place, la maison leur paraît étonnamment vide et sinistre. Difficile d’imaginer que quelqu’un puisse y habiter. Peu à peu, Caroline remarque des signes de vie, ou plutôt des signes de sa vie. Les fleurs dans la salle de bains, la musique dans le lecteur CD, tout cela peut paraître innocent aux yeux de son mari, mais pas aux siens. Manifestement, la personne chez qui ils logent connaît bien Caroline, ainsi que les secrets qu’elle aurait préféré garder enfouis. Et à présent, cette personne se trouve chez elle…

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour l’envoi de ce volume et à la plateforme Babelio pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Soit on aime, soit on n’aime pas. Soit ça arrive, soit ça n’arrive pas. Et tenter de s’en dissuader c’est comme pisser dans un violon. »

- Mon avis sur le livre -

Il semblerait que je prenne gout aux thrillers : contrairement à la fois dernière où je me suis longuement interrogée en me demandant pourquoi Babelio me proposait un ouvrage d’un genre que je ne lisais presque jamais, j’ai cette fois-ci immédiatement acceptée la proposition (même si je persiste à trouver cela surprenant, et même un peu triste puisque je ne reçois plus aucune proposition dans les genres qui sont mes favoris) ! Le résumé de ce thriller psychologique m’intriguait fortement : quels sont ces « secrets que Caroline aurait préféré garder enfouis » ?  quel rapport avec ce mystérieux individu qui loge chez eux ? à quoi tout cela va-t-il mener ? Ce fut également pour moi l’occasion de découvrir la collection « La Bête Noire » de chez Robert Laffont, que je ne connaissais que de nom … la documentaliste de mon ancien collège serait contente : je m’ouvre enfin à des horizons littéraires de plus en plus éloignés de ma zone de confort !

Caroline et Francis ont besoin d’un nouveau départ pour effacer le souvenir des années de tourmente qui ont failli déliter définitivement leur mariage. Ils laissent donc leur petit garçon chez sa grand-mère afin de passer une semaine de vacances en amoureux loin de chez eux, grâce à un site d’échange de maisons. Mais leur enthousiasme retombe rapidement lorsqu’ils découvrent la maison : inhospitalière, froide, spartiate, elle donne le sentiment d’être inhabitée. Au fil du temps, cependant, Caroline découvre quelques objets apparemment anodins – un bouquet de fleurs, un parapluie, un flacon de lotion après-rasage, un pull-over …. – mais qui résonnent douloureusement avec son passé. Un passé qu’elle tachait à tout prix d’oublier. Mais qui est donc le propriétaire de cette maison, qui semble la connaitre aussi bien ? Et surtout, qu’est-il en train de faire chez elle ?

Certains lecteurs semblent visiblement regretter la « banalité » de l’alternance « passé-présent » sur laquelle est construite ce récit … A mes yeux, rien de choquant, bien au contraire ! Petit à petit, le passé se dévoile au lecteur, lui permettant progressivement de saisir toute l’horreur de la situation présente, sans pour autant lui offrir de véritables certitudes. La tension monte au fur et à mesure que ce passé se révèle, au fur et à mesure que les découvertes du présent font écho à ces événements ultérieurs. On le sent, un drame va survenir, ou est survenu, on ne sait pas vraiment très bien, on se demande où tout cela va nous mener, on fait des suppositions, on émet des hypothèses … Et au final, tout le château de cartes s’effondre. L’auteur m’a menée en bateau, je m’attendais à tout sauf à cela, j’ai vraiment trouvé la Révélation très bien amenée et vraiment surprenante. Pour un premier roman, c’est incroyablement bien ficelé, je trouve : tous les indices sont là pour mener le lecteur par le bout du nez, pour le mener vers de fausses pistes qui semblent pourtant être les seules envisageables. Car on ne peut pas deviner ce qui va arriver, car on ne sait pas encore ce qui s’est véritablement passé il y a deux ans …

Mais ce roman n’est pas seulement un bon thriller : il y est également question d’addiction, d’adultère, de vengeance, de responsabilités … En temps normal, j’aurai probablement écrit un paragraphe entier sur les réflexions et développements psychologiques cachés derrière l’intrigue, mais … pas cette fois-ci. Je dois bien l’admettre, j’ai été particulièrement gênée par la relation extraconjugale de Caroline, même si cette relation est le moteur de l’intrigue : je n’aime pas les histoires de tromperie, c’est contraire à tous mes principes, à toutes les valeurs qu’on m’a inculquées depuis mon enfance. Du coup, j’avais envie de baffer Caroline et son amant, tout simplement, leur faire comprendre que c’était pas bien joli tout ça, et hurler à Caroline qu’elle ferait mieux d’aider son mari à se sortir de sa toxicomanie au lieu de l’enfoncer comme elle le fait. Et ce pauvre petit garçon qui doit supporter les disputes de ses parents, si c’est pas malheureux tout ça ! Je n’ai pas réussi à m’attacher à Caroline, qui est pourtant notre personnage principal et notre narratrice : elle est trop égoïste et égocentrique pour moi. Du coup, je n’avais pas spécialement peur pour elle : je continuais plus parce que l’envie de comprendre était forte que par inquiétude pour l’héroïne … et c’est dommage dans ce type de récit !

En bref, une bonne lecture malgré un personnage principal plutôt antipathique. Beaucoup de suspense grâce au parallélisme entre le passé et le présent qui se font écho, beaucoup de rebondissements grâce aux révélations successives qui prennent souvent le lecteur au dépourvu … Il ne me manquait, finalement, que l’émotion : ce roman ne m’a clairement pas pris aux tripes, je n’ai pas eu l’estomac noué, je n’ai pas eu le cœur qui accélérait … Pour un thriller psychologique, c’est vraiment dommage ! L’envie de tourner les pages, de dévorer les chapitres, est bien là, mais uniquement par curiosité, parce qu’on a envie de connaitre le fin mot de l’histoire. Une histoire sympathique et surprenante, mais qui est bien loin du coup de cœur à cause du caractère des protagonistes, un peu trop caricaturés et bien trop désagréables pour être attachants !

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
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Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
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samedi 27 octobre 2018

L'art de se prendre les murs - Guilhem Meric


L’art de se prendre les murs, Guilhem Meric
Une nouvelle vision de Peter Pan

Editeur : Pygmalion
Nombre de pages : 254
Résumé : À peine né, Charlie Gabian est déjà une farce ambulante. Personne, dans sa grande famille sétoise, ne se résout d’ailleurs à y croire. Un garçon, aujourd’hui, le 1er avril ? Allons donc! Eh bien si. Les yeux écarquillés, il découvre le monde, ses formes et ses couleurs, tous ces gens qui se pressent autour de lui pour le tatouer de bisous baveux. Lorsqu’on naît huitième merveille du monde, il n’est pas aisé de grandir. Alors, tout en croisant quelques fées clochettes et capitaines Crochet, notre Peter réincarné va se battre pour trouver son Pays Imaginaire.


Un grand merci aux éditions Pygmalion et à l’auteur pour l’envoi de ce volume.

- Un petit extrait -

« Mais la vie n'est pas foutue comme ça. Elle t'oblige sans cesse à te remettre en question, à te battre contre les autres, contre toi-même, contre tout ce qui voudrait t'enfouir dans la tombe. Elle te montre les dents, te griffe, te charcute le cœur jusqu'à ce que tu apprennes une bonne fois pour toutes à relever la tête. A tordre le cou à tes peurs. A ces milles choses dans lesquelles tu t'englues et qui t'empêchent d'avancer. De grandir.
Le mot est lâché.
Je ne veux pas grandir.
C'est une arnaque. Un jeu pipé dont personne ne ressort vivant. »

- Mon avis sur le livre -

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fascinée par le mythe de Peter Pan … Toute petite déjà, je regardais le dessin-animé Disney en boucle des semaines entières et attendais chaque soir en vain l’arrivée de ce cher Peter à la fenêtre, m’inventant mille et une aventures au Pays Imaginaire. Et, autant apprendre que le Père Noël n’était qu’une invention des adultes ne m’a fait ni chaud ni froid, du moment que des cadeaux m’attendaient chaque année au pied du sapin, autant prendre conscience que Peter Pan n’existait pas et que je n’avais aucun moyen de rejoindre les Garçons Perdus m’a littéralement dévastée. Il ne m’a pas fallu longtemps pour additionner un et deux, et j’ai rapidement compris que je n’avais pas d’autre choix que de grandir, que rien ne pouvait arrêter cette effrayante machine et que j’étais condamnée, un jour ou l’autre, à devenir adulte. Le cauchemar absolu pour l’enfant que j’étais alors … et pour la « jeune adulte » que je suis censée être aujourd’hui. Aussi, lorsque Guilhem Meric m’a parlé de cette transposition contemporaine du conte sur fond d’autofiction, je n’avais plus qu’une seule envie : lire ce roman ! Et c’est maintenant chose faite …

 Quand on nait un 1er avril, il ne faut surtout pas s’attendre à avoir une vie banale, et ce n’est pas Charlie Gabian qui va vous dire le contraire ! Bichonné par sa mère, ses grands-mères et sa ribambelle de tantes, le petit dernier de la famille ne se plains pas d’être fils unique : lorsqu’on a des mondes imaginaires pleins la tête, pas besoin d’un petit frère ou d’une petite sœur, on s’auto-suffit … Jusqu’au jour où il ressent le besoin viscéral de faire sortir les milliards d’histoire de sa tête afin de les partager au monde entier et de voir briller, au moins une fois, une lueur de fierté dans les yeux de son père obnubilé par son abbaye en ruine … De la bande-dessinée au roman en passant par le cinéma, la musique et la comédie-musicale, Charlie s’efforce de donner vie à ses rêves. Contre vents et marées. En dépit des embuches que le monde s’obstine à placer sur son chemin. Envers et contre tout. Sans jamais se laisser abattre. Car tout le monde le sait : tant qu’on croit aux fées, celles-ci existent. Tant qu’on est persuadé de pouvoir voler, alors on vole …

« Quant à moi, je n’ai guère envie de sortir. Cette histoire de naissance flaire l’arnaque. Je le sens, je vais en baver pour des lustres » … Le pauvre Charlie ne croyait pas si bien dire ! En quelques lignes à peine, en effet, le ton est donné : la huitième merveille du monde n’en est qu’au début de ses déboires avec la vie, cette traitresse, qui vous fait miroiter le bonheur pour mieux vous l’arracher quand il est à votre portée. Quel régal que cette narration, vivante, drôle et décalée à souhait ! Quel plaisir que de suivre les pérégrinations de Charlie le rêveur, Charlie le passionné, qui se bat sans jamais – trop – baisser les bras malgré les déboires et les désillusions ! A chaque fois que ce malheureux Charlie voit l’un de ses incroyables projets tomber à l’eau et être piétiner par la cruauté du monde, on est triste pour lui. Et à chaque fois qu’il se redresse vaillamment pour se plonger dans une nouvelle entreprise encore plus audacieuse, on a le cœur qui se gonfle d’espoir avec lui. Charlie nous apprend à ne jamais laisser le monde des adultes éteindre tout à fait la flamme de l’enfance en nous, parce que c’est elle qui nous pousse en avant, elle qui nous pousse à vivre nos rêves au lieu de les enterrer sur les conseils de la raison … Charlie, c’est celui qui nous rappelle qu’il faut toujours croire en ses rêves, même si la vie s’acharne contre eux, parce qu’ils ne peuvent se réaliser que si l’on ne les laisse pas tomber.

Mais ce roman est loin d’être une simple fiction … et Charlie est loin d’être un simple personnage. Derrière cette histoire à l’humour décapant se cache en réalité une autofiction pleine d’autodérision : Charlie Gabian et Guilhem Meric ne forme qu’une seule et même personne, et la frontière entre fiction et réalité est bien floue pour qui ne connait pas bien l’auteur ! Auteur qui nous relate son parcours du combattant pour faire vivre les histoires qu’il a dans la tête, qui nous raconte ses mésaventures sans jamais tomber dans l’auto-apitoiement, qui nous expose ses espoirs et ses doutes … Quelle expérience singulière que de suivre, à travers cette histoire où le « vrai » se mêle au « faux », la genèse de la fantastique saga grâce à laquelle on a découvert l’auteur ! Ce livre montre à quel point un auteur déverse une partie de son être dans ses histoires, à quel point l’écriture est à la fois un exutoire et une thérapie. Découvrir la blessure qui se cache derrière la thématique des Ames-Sœurs si chère à l’auteur m’a bouleversée, et prendre conscience du long chemin parcouru pour donner vie à ces romans qui siègent désormais sagement dans mes bibliothèques m’a impressionnée … Je suis pleine d’admiration et de gratitude envers Guilhem Meric, qui a mis tout son cœur et toutes ses forces dans ses livres, qui a lutté pour que des lecteurs puissent avoir l’immense joie de les lire et de les relire. Deux mots, donc : merci, et bravo.

En bref, vous l’aurez compris, ce livre m’a fait rire à en pleurer et m’a émue aux larmes. Ce livre, c’est à la fois une belle histoire et un beau témoignage. C’est un livre qui invite à croire en ses rêves, qui nous appelle à chercher coûte que coûte notre Pays Imaginaire, qui nous exhorte à fuir les Capitaine Crochet qui nous font du mal et à se rapprocher de nos Fées Clochette qui nous aime et nous soutienne. C’est un livre qui nous pousse à se battre pour mener à bien nos projets, qui nous donne la force de nous relever quand tout semble perdu ou désespérer, qui nous aide à garder courage et motivation pour laisser la magie opérer en nous. C’est un livre qui montre à quel point le monde, malgré sa cruauté et sa dureté, a quelque chose à offrir à chacun de nous, même si ce quelque chose est bien différent que ce que l’on s’imaginait avoir besoin pour être heureux. C’est un livre qui fait du bien au moral, un livre qui met du baume au cœur, un livre qui donne le sourire. C’est un livre d’espoir pour tous les Peter Pan de notre monde : la magie existe, elle vit en chacun de nous …


 
Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
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