dimanche 30 septembre 2018

Zouck - Pierre Bottero


Zouck, Pierre Bottero

Editeur : Flammarion jeunesse
Nombre de pages : 157
Résumé : Anouck, dite Zouck, a une passion : la danse. Qu'elle partage avec sa meilleure amie : Maïwenn. Jusqu'au jour où elle s'éloigne l'une de l'autre. Zouck, obsédée par l'idée de perdre quelques kilos superflus, se coupe du monde. De son côté, Maïwenn, follement amoureuse, devient de plus en plus distante …

200ème chronique du blog !





- Un petit extrait -

« Nous vivons dans un monde où l'apparence est reine. Tant pis pour ceux qui ne sont beaux que dedans. Sinon comment expliquer qu'un expert comme Alonzo Perez se soit focalisé sur mes fesses et non sur mon bonheur de danser ? »

- Mon avis sur le livre -

Je dois bien l’avouer, j’ai beau adorer Bottero, j’appréhendais énormément au moment de débuter cette lecture : l’anorexie et moi, on n’est pas copines. Hospitalisée pendant plusieurs semaines à cause d’un diagnostic erronée – certains médecins associent obligatoirement « adolescente maigre » à « anorexique » alors que ce n’est pas la seule explication possible –, j’ai passé mon adolescence à tenter de prouver au monde entier (sauf à mes parents qui s’évertuaient eux-aussi à expliquer que je mangeais comme un ogre et que non, je ne me faisais pas vomir pour compenser) que je ne souffrais pas de cette maladie …  J’ai beau être « lavée de tous soupçons » depuis quelques années maintenant, je tressaille toujours d’angoisse et de découragement à chaque fois qu’un médecin me scrute et m’annonce, réprobateur, « vous êtes bien maigrichonne, vous mangez suffisamment ? ». Du coup, toute allusion à ce trouble du comportement alimentaire m’est très difficile à supporter … Mais voilà, j’aime tellement la plume de Bottero que j’ai décidée de passer outre cette réticence première, et j’en suis désormais fort ravie !

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la vie d’Anouck, dite Zouck, dix-sept ans. Bonne élève, elle passe la plupart de son temps libre avec sa meilleure amie, Maïwenn, et le reste du temps, elle le passe à danser. Danser, ce n’est pas seulement un passe-temps, ni même une passion, pour Zouck : quand elle danse, elle se sent vivre, elle se sent devenir oiseau, elle se sent devenir elle-même. Mais voilà que ce bel équilibre est brusquement rompu. Son amie s’éloigne, progressivement, éprise d’un homme de trente ans son ainé rencontré sur internet … Et voilà qu’un grand chorégraphe, mondialement reconnu, affirme à sa professeure de danse qu’elle est bien trop grosse pour espérer être véritablement douée et gracieuse. Pour Zouck, c’est la douche froide … mais surtout, c’est le début d’une véritable descente aux enfers. Bien décidée à reprendre le contrôle de son existence, bien décidée à perdre ces kilos disgracieux, la jeune fille s’enfonce progressivement sur le « chemin sombre » de l’anorexie, et ceci malgré les avertissements de sa professeure et de sa mère …

Contrairement à certains auteurs qui s’enfoncent tête baissée dans les affreux stéréotypes du genre « toutes les jeunes danseuses tombent dans l’anorexie », Pierre Bottero nous montre bien, avec ce livre, que la réalité est toute autre. Ce n’est pas la danse classique qui a fait sombrer Zouck, mais une combinaison de plusieurs choses : son perfectionnisme, sa solitude et le regard d’autrui. Si Zouck n’avait pas surpris, en allant chercher son gilet oublié dans le studio, la conversation entre sa professeure et ce chorégraphe, sans doute se serait-elle contenter de suivre un petit régime innocent comme le font bien d’autres adolescentes de son âge. Mais voilà, le jugement de ce monsieur, qui s’affirme comme un expert en son domaine, est venu remettre tout en question. Parce qu’on vit dans un monde où le regard et le jugement des autres dictent tout … Pierre Bottero ne diabolise pas la danse classique, bien au contraire, il montre bien à quel point danser est bénéfique pour Zouck. Ce qu’il dénonce, c’est bien le dictat de la minceur : il n’y a qu’à voir les comportements des camarades de Zouck pour s’en rendre compte. Tandis qu’ils ignoraient complétement Zouck quand elle avait encore « ses kilos en trop », ils se mettent tous à lui tourner autour à partir du moment où elle a « une taille de guêpe », quand bien même elle est en train de mettre sa vie en danger ! Alors qu’elle est toujours Zouck, à l’intérieur d’elle, tout le monde ne voit que l’extérieur, et c’est atroce !

Si la plupart des ouvrages de Pierre Bottero sont finalement assez légers et se finissent bien, celui-ci est indéniablement plus sombre : ni Zouck ni Maïwenn ne s’en sortent réellement, on sent que le chemin de la guérison sera très long pour les deux adolescentes … Je pense que l’objectif, ici, n’est pas uniquement de raconter une histoire émouvante, mais bien plus de mettre en garde : jeunes filles – et jeunes garçons, même s’ils sont moins touchés –, méfiez-vous des idéaux de beauté et des rencontres par internet interposés. L’instant d’euphorie que ressent Zouck lorsqu’elle se rend compte qu’elle parvient à discipliner son corps pour le modeler à sa guise laisse très rapidement place à la fatigue, l’apathie, le désespoir, le besoin maladif de maigrir toujours plus, engrenage infernal qui ne s’arrête plus et finit par contrôler celle qui cherchait à tout contrôler. De même, la béatitude de Maïwenn, amoureuse comme on peut l’être à dix-huit ans, est vite remplacée par la douleur de la trahison, la honte et la violence d’une relation basée sur un mensonge et sur les mauvaises intentions d’un homme qui n’en n’a finalement que faire d’elle. Je pense que c’est indéniablement le roman le plus dur que Bottero ait écrit, même s’il reste beau, même si les mots sont toujours aussi poétiques et magiques … Ce n’est pas un livre qui fait du bien, mais c’est un livre coup de poing.

En bref, un très beau roman qui m’a énormément bouleversée, bien plus que n’avaient pu les faire les autres contemporains de l’auteur. C’est un livre douloureux, car on souffre pour Zouck qui se fait du mal, on souffre pour Maïwenn dont on devine la désillusion, on souffre pour les parents de Zouck qui ne savent pas comment faire pour l’aider, on souffre pour la petite sœur de Zouck qui se sent parfois écrasée par la « perfection » de son ainée, on souffre aussi pour la professeure de danse qui se sent désemparée en voyant une élève sombrer … Ce livre aborde la question de l’adolescence, du passage à l’âge adulte qui se profile, la question de l’amitié et de la solitude, la question de la pression sociale qui fait de tellement de jeunes filles des victimes de cette course à la minceur pour être acceptées et aimées … Ici, la plume de Bottero a été mise au service de ce message de prévention, elle est là pour nous faire saisir le mal-être de Zouck tandis qu’elle s’enfonce dans l’anorexie mentale … D’ailleurs ce livre montre bien qu’il ne s’agit pas uniquement d’une volonté de maigrir, mais bien d’une volonté de maigrir pour se prouver qu’on est capable de contrôler quelque chose, nuance que l’on oublie bien souvent …

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus d’explications sur cet article)

samedi 29 septembre 2018

Le théorème des Katherine - John Green


Le théorème des Katherine, John Green

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 349

Résumé : Dix-neuf fois Colin est tombé amoureux.
Dix-neuf fois la fille s’appelait Katherine.
Pas Katie, ni Kat, ni Kittie, ni Cathy, et surtout pas Catherine, mais KATHERINE.
Et dix-neuf fois, il s’est fait larguer.


Un grand merci à lecteurs.com pour l’envoi de ce roman dans le cadre de l’opération Explobooks.






- Un petit extrait -

« Comme le disait Lindsey, le passé est une histoire logique. Il donne un sens au vécu. Or l'avenir, dont on ne se souvient pas encore, se fiche d'avoir du sens. »

- Mon avis sur le livre -

A mes yeux, ce livre est la preuve vivante qu’il ne faut surtout pas se laisser trop influencer par les avis des autres lecteurs … Si j’avais prêté attention à la ribambelle de commentaires négatifs à propos de ce roman – « lent, ennuyant, prévisible, fade, long, plat, décevant » ... la liste est longue ! –, je serais passé à côté de ce que je considère personnellement comme une petite merveille littéraire. Non, je n’ai pas trouvé ce livre fade ou décevant, non je ne l’ai pas trouvé plat ou ennuyant, bien au contraire. Je suis vraiment heureuse de ne pas m’être arrêté à la sale note dont il est affublé sur la plupart des sites littéraires, je suis vraiment heureuse d’avoir suivi mon intuition qui me hurlait « tu as adoré tous les autres bouquins de John Green que tu as lu, alors fonce ! ». Parce que j’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ce livre !

Colin, dix-sept ans, ex-enfant surdoué, spécialiste des anagrammes et des langues, aujourd’hui adolescent surdoué persuadé qu’il a définitivement perdu toutes ses chances d’être un jour un génie – parce que ce n’est pas la même chose –, vient d’avoir son bac. Et de se faire larguer par sa dix-neuvième Katherine. Convaincu qu’il ne se remettra pas de cette énième déception amoureuse, le jeune homme suit sans trop y croire son meilleur ami Hassan dans sa « virée en bagnole » censée lui remonter le moral. Ils débarquent à Gutshot, bled paumé du Tennessee, et se retrouvent sans trop savoir comment embauchés pour interviewer tous les habitants du village afin de « reconstituer l’histoire orale de Gutshot à l’intention des générations futures ». En parallèle, Colin tente d’élaborer un Théorème lui permettant de prédire combien de temps dureront ses futures relations amoureuses avec les Katherine à venir … Colin aura-t-il enfin sa « minute Euréka » tant attendue ?

On ne va pas se mentir, ce qui m’a d’abord attiré dans ce roman, c’est son résumé, concis, mystérieux et totalement déjanté. Au moment de commencer ce récit, je ne savais rien de plus à ce propos (excepté le fait que nombre de lecteurs le trouvaient « lent, ennuyant, prévisible, fade, long, plat, décevant » comme indiqué ci-dessus). Je ne m’attendais donc pas une seule seconde à me retrouver face à un adolescent surdoué ! Quelle belle surprise ! Colin est un personnage auquel je me suis immédiatement attachée et identifiée : sa maladresse sociale, son amour des apprentissages, son besoin maladif d’être aimé, apprécié, reconnu … Pour la première fois de ma vie de lectrice, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir rencontré un personnage qui me ressemble, dont je peux comprendre les raisonnements et agissements. Je sais que certains le trouvent agaçant, à ruminer sans cesse ses problèmes comme s’il n’y avait que lui qui comptait, mais étant moi-même hypersensible, je comprends tout à fait à quel point ce qui peut sembler minime aux yeux de quelqu’un d’autre peut vraiment prendre des allures de catastrophe dans son esprit. Mais Colin a quelque chose que je n’ai pas : il a un ami. Un vrai bon ami, Hassan, qui l’accepte tel qu’il est, qui fait tout son possible pour le comprendre mais aussi pour l’aider, qui ne le laisse pas tomber à la première difficulté, qui s’adapte à ses difficultés sans pour autant en faire tout un plat … Si quelqu’un a une solution pour faire sortir Hassan du livre afin que je puisse lui demander d’être mon meilleur ami, je signe immédiatement !

Vous l’aurez bien compris, ce roman est incroyablement drôle. Oui, Colin vient de se faire larguer pour la dix-neuvième fois, oui, il a le cœur en miettes – métaphoriquement parlant, bien évidemment –, mais ce livre n’est absolument pas déprimant, bien au contraire. C’est vraiment un livre qui met de bonne humeur, qui fait du bien, qui donne le sourire. Mais ce livre est bien plus qu’un simple divertissement à base de situations cocasses et de dialogues hilarants : derrière ce road-trip un peu déluré, un peu abracadabrant, se cache finalement une vraie leçon de vie. En brisant la routine, en bouleversant son quotidien, en acceptant de prendre le risque de « gâcher son potentiel » en partant au beau milieu de l’été au lieu d’apprendre le sanskrit comme son père l’espérait, Colin va vivre un véritable voyage initiatique. Colin a besoin que les choses soient bien définies, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il consacre autant d’énergie à élaborer son Théorème : l’imprévu est effrayant, et il cherche donc à prévoir le futur à l’aide de la logique mathématique afin de se rassurer. Mais, tandis qu’il progresse dans la conception de cette équation miracle permettant de prédire l’issue et la durée de ses relations à venir, Colin va découvrir bien plus. Il va comprendre qu’il n’est pas défini uniquement par son haut potentiel intellectuel, et qu’il y a bien plus important dans la vie que d’être mondialement reconnu, qu’« aucun théorème mathématique ou autre ne pouvait renfermer » l’avenir et qu’il n’a toutefois pas à redouter ce dernier …

En bref, la conclusion est prévisible – déjà parce que je l’ai annoncée en introduction – : j’ai adoré ce roman. A la fois drôle et émouvant, mignon et intéressant, léger et profond, il m’a fait passer du rire aux larmes, mais surtout des larmes au rire. Avec ce livre, John Green nous brosse le portrait d’un jeune surdoué, et il le fait très bien, sans jamais tomber ni dans le cliché ni dans le stéréotype. Il montre à la fois les « avantages » de ce haut potentiel intellectuel et les « inconvénients », les difficultés que cela entraine, la souffrance que cela fait naitre, également, mais une fois encore, il ne sombre pas dans le pathétique ou le tragique. Mais surtout, il nous raconte une belle histoire d’amitié, d’amour, de famille, de vie. Une histoire où le passé et le présent se mêlent, délicatement, pour laisser la place au futur. Une histoire qui nous invite à rester humble dans les objectifs que l’on se donne, une histoire qui nous rappelle où se situe l’essentiel, une histoire qui nous appelle à vivre, tout simplement, et à mordre la vie à pleine dent. Alors, par pitié, je vous en conjure : donnez sa chance à ce roman. Il n’est peut-être pas aussi profond que Nos étoiles contraires ou Qui es-tu Alaska ?, mais il est vraiment excellent … en particulier pour ceux qui aiment les mathématiques (mais ceux qui n’aiment pas peuvent aussi le lire) !

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
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Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3 Sorciers
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mercredi 26 septembre 2018

La guerre des clans, cycle 1, tome 4 : Avant la tempête - Erin Hunter


La Guerre des clans, Erin Hunter
Cycle 1, tome 4 : Avant la tempête

Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre de pages : 345

Résumé : Depuis la trahison de Griffe de Tigre, Cœur de Feu a pris de nouvelles responsabilités dans son clan. Mais le traître rôde toujours. Cœur de Feu se sent plus seul que jamais. Heureusement, l'amour qu'il porte à la belle Tempête de Sable le soulage du poids de ses lourdes tâches. Quand un danger terrible est sur le point de s'abattre sur la forêt, Cœur de Feu va devoir à nouveau prouver sa valeur.





- Un petit extrait -

« Le vétéran au poil brun hantait ses rêves depuis qu’Étoile Bleue l’avait banni du Clan quelques jours plus tôt. Son crime ? Avoir essayé de tuer leur chef. C’est Cœur de Feu lui-même qui avait fait échouer ses plans avant de dévoiler tous ses méfaits à la tribu. Depuis, on n’avait plus revu le matou exilé. Pourtant, tandis que le guerrier roux écoutait le silence de la forêt, la peur lui tordit les entrailles. Les arbres eux-mêmes semblaient tendre l’oreille en retenant leur souffle. Les derniers mots prononcés par son vieil ennemi lui revinrent alors à l’esprit : Ouvre l’œil. Dresse l’oreille. Parce qu’un jour je te retrouverai, et je te ferai la peau. »

- Mon avis sur le livre -

Généralement, lorsque je conseille La guerre des clans à quelqu’un, il me répond : « Ça semble sympa, mais il y a trop de tomes, j’ai pas envie de me lancer une saga à rallonge » … Peur de se lasser, peur que l’intrigue ne finisse par tourner en rond, peur du « fan-service » qui pousserait les auteurs à la continuer indéfiniment et artificiellement pour gagner toujours plus d’argent … les explications sont nombreuses. Et pourtant, ça m’attriste à chaque fois de voir tellement de lecteurs passer à côté de cette merveilleuse série ! Pour ma part, c’est tout l’inverse : c’est précisément parce que la saga « s’éternise » que je l’aime tant et la suis si assidument ! Loin de m’ennuyer, je m’émerveille à chaque nouveau cycle des idées toujours plus surprenantes des auteurs, qui n’hésitent pas à tout bouleverser pour offrir aux lecteurs une intrigue toujours plus palpitante ! Toutefois, je l’avoue volontiers : le premier cycle a une place fort importante dans mon cœur, puisque c’est le premier, celui de la découverte …

Après le bannissement du traitre Griffe de Tigre, Cœur de Feu est devenu le lieutenant du Clan du Tonnerre. Mais le jeune guerrier peine à assumer cette lourde responsabilité … Entre la dépression d’Etoile Bleue qui semble se méfier du monde entier et en vouloir même à ses ancêtres, les inquiétudes des Anciens qui voient dans sa nomination trop tardive un mauvais  présage pour le Clan, la fugue de son neveu Nuage de Neige qui semble vouloir retourner à la vie de chat domestique, la sécheresse et la menace que représente toujours Griffe de Tigre et ses alliés, Cœur de Feu est dépassé. Grâce à l’amour de Tempête de Sable, à l’amitié de Croc Jaune et Museau Cendré, et au soutien des membres de son Clan, le jeune lieutenant va pourtant parvenir à faire face à toutes les épreuves qui se dressent sur son chemin … et même à la plus terrible des catastrophes.

Comme l’indique bien le titre, ce tome, c’est un peu le calme avant la tempête ... Cela ne veut toutefois pas dire qu’il ne s’y passe rien, bien au contraire ! Comme tous les autres volumes de la saga, ce tome est rythmé par nombre de péripéties et de rebondissements ! Pas de repos pour les braves, voilà ce qui pourrait devenir la devise de notre pauvre Cœur de Feu, qui ne sait plus où donner de la tête. Toujours peiné par le départ de son meilleur ami, Plume Grise, qui a rejoint le Clan de la Rivière avec ses chatons, très inquiet pour sa chef, Etoile Bleue, qui semble s’enfoncer toujours plus dans le désespoir et le découragement, le jeune lieutenant doit également faire face aux mépris des uns et aux inquiétudes des autres : il est seul contre tous … ou presque. Il peut compter sur l’amitié de Croc Jaune et Museau Cendré, ainsi que sur l’amour qui l’unie à la jeune Tempête de Sable. On ne va pas se mentir, ces petites touches de romantisme nous font un bien fou : tout semble tellement désespéré qu’on a besoin de se souvenir que la vie continue et est plus forte que les pertes … Dans ce livre, il est question de confiance en soi, de confiance en l’autre, il est également question d’éthique et de responsabilités, de dépression et de préjugés … Ces chats ont beaucoup de choses à apprendre au lecteur !

Comme toujours, les auteurs nous offrent donc un délicat mélange entre action et émotion. Tantôt l’heure est à l’introspection, au doute et à l’inquiétude, tantôt au contraire elle est à la fuite, au combat et à la fuite. L’équilibre est bien respecté, si bien qu’on ne s’ennuie jamais mais qu’on ne se sent pas non plus débordé par les événements. On passe d’un versant à l’autre sans véritablement s’en rendre compte … et c’est vraiment quelque chose que j’apprécie énormément dans cette saga ! Même les révélations les plus incroyables et les retournements de situation les plus effroyables coulent de source, car on sent que tout est bien planifié, que les auteurs savent où elles veulent emmener les lecteurs et connaissent parfaitement leurs personnages, principaux comme secondaires. On s’y croit vraiment, on se laisse embarquer sans jamais avoir l’envie de résister à cet univers et à cette histoire. A chaque fois qu’une catastrophe survint, à chaque fois qu’une bataille advint, on a la gorge nouée et la respiration coupée : la narration est tellement vivante, tellement expressive, qu’on tremble de frayeur à l’unisson des personnages ! Et quand le calme revient, quand arrive l’heure de la peine et de l’angoisse, on a le cœur noué : c’est tellement émouvant, tellement déchirant ! 

 En bref, vous l’aurez compris, c’est toujours avec le même plaisir que j’ai dévoré ce tome et m’apprête à me plonger dans le suivant ! Bien loin de s’essouffler, la saga devient de plus en plus palpitante au fil des tomes : Cœur de Feu n’est plus le petit chaton insouciant qu’il était au début du premier opus mais bien un guerrier loyal et courageux qui fera tout pour protéger son Clan de toutes les menaces possibles et inimaginables … et cela au péril de sa vie. Il perd progressivement tous ceux qui lui sont chers, il doit apprendre à aller de l’avant malgré le chagrin et la peur, il doit apprendre à faire confiance aux bonnes personnes sans se laisser influencer d’un côté ou de l’autre. Comme le lecteur, Cœur de Feu sent que la confrontation finale avec son ennemi de toujours est proche, mais il sent également que bien d’autres épreuves l’attendent … Il ne fait aucun doute que les deux volumes à venir seront bien plus éprouvants encore, bien plus sombres également …

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus d’explications sur cet article)