samedi 28 juillet 2018

Absurditerre - Azelma Sigaux


Absurditerre, Azelma Sigaux

Editeur : Rebelle
Nombre de pages : 193
Résumé : Dans un futur utopique, les humains vivent au sein d'un monde verdoyant, pacifique, généreux et altruiste. Pour éviter que les erreurs du passé ne se répètent, et afin de préserver cette vie idéale pour l’éternité, un programme scolaire est mis en place. Il s’agit de sensibiliser les élèves aux plus grands échecs de l’Histoire. Mais le futur s’avérera-t-il aussi parfait qu’il n’y paraît ?

Un grand merci à Azelma Sigaux pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.


- Un petit extrait -

« Ne cherchez pas à suivre un ordre chronologique, fit Rami à ses élèves. Les textes ont été choisis pour leurs propos et non pour leur époque. Chacun de ces récits doit être entendu comme un conte. Il s’agit de démontrer, par des évènements précis ou de simples anecdotes, que les créations humaines poussées à l’extrême sont néfastes. L’objectif est de prouver que certaines situations peuvent devenir absurdes lorsqu’elles sont exagérées.  »

- Mon avis sur le livre -

Je devais avoir six ou sept ans la première fois que j’ai affirmé à mes parents, avec beaucoup de sérieux et de gravité, que j’étais une extraterrestre égarée sur Terre. Je ne savais pas comment exprimer plus clairement le profond sentiment de « décalage » que je ressentais continuellement : je ne me sentais pas à ma place dans ce monde, dans cette société aux mœurs si étranges, aux règles si compliquées … et à la logique fort peu évidente. Et malheureusement pour moi, les choses ne se sont pas arrangées, bien au contraire : aujourd’hui encore, je me demande où diable ai-je atterrie ! Vous comprendrez donc que le titre de cet ouvrage – joli mélange entre « absurdité » et « terre » qui veut tout dire – a attiré mon attention … Et je suis vraiment très heureuse que l’auteur ait acceptée ma demande de service de presse, ce fut un réel plaisir de découvrir ce petit roman à la couverture si magnifique !

En l’an 3000, les habitants de la Terre vivent en harmonie. Entre eux, et avec la nature. Respect, égalité et générosité sont les fondements de cette société sans frontières ni guerres, sans violences ni gouvernances. Les comités d’éducation, chargés de concevoir les programmes scolaires – identiques pour tous les enfants du globe – font ainsi appel à l’avis du peuple pour entériner leurs décisions … Et comme chacun leur fait confiance, leurs propositions sont généralement adoptées. Cependant, le jour où le sujet du référendum est « Voulez-vous que nos enfants connaissent l’existence des maux qui ont détruits l’Ancien Monde ? » – drames du passé que les membres des comités avaient choisi de taire pendant des siècles –, le résultat est plus mitigé … mais positif. Ainsi, puisqu’il vaut mieux « prévenir que guérir », tous les enseignants du monde devront cette année apprendre aux enfants les catastrophes de l’humanité, afin d’éviter que l’humanité ne reproduise un jour les mêmes erreurs. Mais quelles seront les conséquences de ces révélations ?

Imaginez un monde sans gouvernement, un monde sans argent, un monde sans frontière, un monde sans pollution, un monde sans guerre, un monde sans maltraitance animal … un monde idéal, où chacun respecte chacun, où vous avez la possibilité de faire ce qui vous plait sans avoir à rendre de compte à personne du moment que vous ne dérangez personne, où tout le monde est heureux et où tout le monde aide tout le monde. Et maintenant, imaginez-vous tenter d’expliquer aux enfants de ce monde idyllique ce que c’est que l’argent, que la démocratie ou la monarchie, que le meurtre ou la justice … Et surtout, essayez d’imaginer leur réaction. A votre avis, que penseraient-ils de tout cela ? Plus important encore : mettez-vous à leur place … comment réagiriez-vous ? que penseriez-vous ? Ce livre, il nous invite à prendre du recul, à poser un regard extérieur sur notre monde, sur notre société … et ainsi d’en apprécier toute l’absurdité.

En effet, si nous faisons l’effort de tâcher de nous délivrer de tout l’endoctrinement social que nous subissons depuis notre naissance – qui veut nous faire croire que les frontières sont légitimes, et qu’il est parfaitement raisonnable d’avoir besoin d’une autorisation pour franchir une ligne invisible et imaginaire, décidée arbitrairement par les Grands de ce monde –, alors nous ne pouvons que nous dire « Mais quelle aberration ! ». Nous vivons dans un monde – et l’anecdote est véridique –, où une maman va appeler son fils pour diner par sms interposés, alors qu’ils sont dans la même pièce ! Nous vivons dans un monde où nous ne pouvons rien faire sans « l’assistance » d’une machine : ce sont désormais des bracelets « intelligents » qui nous dictent combien de kilomètres nous devons courir pour évacuer le surplus de calories du repas ! Nous vivons dans un monde où nous torturons des animaux innocents … pour rien, car la surproduction au nom de la sacro-sainte « Croissance » nous conduit à jeter des tonnes et des tonnes de viande. Nous vivons dans un monde où nous courrons après la productivité, après l’argent, après les richesses, au détriment du bonheur : nous passons notre vie à courir dans tous les sens, à stresser, à penser que plus notre compte en banque sera rempli mieux ce sera, alors qu’à côté nous n’avons même pas le temps de jouer au Monopoly avec nos enfants … Nous vivons dans un monde qui se meurt, sur une planète que nous tuons à petit feu, nous détruisant nous-mêmes sans vouloir le voir …

Car voilà ce que dénonce ce livre, également : l’aveuglement volontaire de l’humanité. Nous nous mettons des œillères, pour ne pas voir ce qui dérange. On se dit qu’on ne peut rien faire, à notre niveau, et alors des milliards de veaux et d’agneaux sont égorgés dans d’atroces souffrances chaque jour. On croit nos gouvernements qui affirment que l’électricité est une énergie « propre » – alors qu’il semble évident que les déchets nucléaires sont tout sauf propres ! – et alors on se rue sur les voitures électriques, qui vont nécessiter la construction de nouvelles centrales … Centrales que les ingénieurs ont « l’excellente » idée de construire sur des failles sismiques, alors qu’un minimum de bon sens suffit pour comprendre que c’est dangereux. On suit aveuglément les « modes » vestimentaires, jetant notre collection de jeans datant de six mois à peine pour en acheter de nouveaux, en réalité rigoureusement identiques, mais que « tout le monde s’arrache » … et voici des hectares et des hectares de champs de coton qui finissent à la poubelle ! Les exemples se multiplient, le livre en apporte d’autres, mais ce qu’il en ressort, finalement, c’est bien : allons-nous continuer à suivre aveuglément le troupeau, ou allons-nous choisir de montrer qu’un autre chemin existe ? 

Malgré tout, ce roman ne nous oblige pas à être d’accord avec tout ce que dit l’auteur : en tant que croyante, je suis donc parfaitement en désaccord avec le conte abordant l’absurdité de la croyance en un Créateur – mais je suis d’accord avec le fait que les extrémismes sont dangereux ! A chacun, finalement, de se faire sa propre opinion, en fonction de ses convictions, de ses intérêts … Ce livre n’impose rien, il expose. Il expose des situations dont le ridicule est poussé à son paroxysme. Le lecteur est obligé de réfléchir, de faire un travail d’interprétation, d’analyse, d’appropriation du message véhiculé, afin d’en retirer ce qui correspond à son propre cheminement de pensée, à sa propre vision critique de la société. Mais ce livre ne laissera personne indifférent, parce qu’il montre crûment la cruauté, oui la cruauté, de notre monde. C’est un livre coup de poing, un livre qui va très loin pour nous obliger à nous demander : mais voulons-nous vraiment en arriver là ? Car, le retournement de situation final le montre bien : l’humain est, par essence, par nature, attiré par le pouvoir, la violence, la gloire … Même si je ne m’attendais pas à cela, je trouve finalement que cette fin est encore plus évocatrice que tout le reste … et c’est même douloureux de s’en rendre compte.

En bref, un ouvrage très intéressant, très joliment écrit, qui a pour objectif d’ouvrir les yeux du lecteur pour l’inviter à voir plus loin que le bout de son nez. J’ai énormément apprécié le fil rouge du récit : un instituteur qui, par l’intermédiaire de contes subtilement choisis, transmet à ses petits écoliers l’Histoire … et surtout, j’ai beaucoup aimé les réactions de ces enfants. Choqués, mais pourtant fascinés par toutes les atrocités qu’ils découvrent, ils sont tiraillés entre l’éducation qu’ils ont reçus depuis leur naissance et l’attrait de ces terribles choses qui sont notre quotidien … C’est un livre assez dur, certains passages sont même vraiment difficiles à supporter, mais c’est un livre qui ouvre tout de même à l’espoir : tout n’est pas perdu, on peut cheminer vers un monde plus sain, plus harmonieux … Le monde parfait et idéal n’adviendra jamais, car la nature humaine est ce qu’elle est, mais en acceptant une vie plus simple, on pourrait tout de même avoir une vie plus belle !

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
(plus d’explications sur cet article)

samedi 21 juillet 2018

Chroniques des secondes heures de Tanglemhor, tome 1 : L'oeuf de Tanglemhor - Azaël Jhelil


Chroniques des secondes heures de Tanglemhor1, Azaël Jhelil
L’œuf de Tanglemhor

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 772
Résumé : L’Alliance n’est plus. Le Premier vindicateur a imposé sa tyrannie à la rayonnante civilisation du Bassin ctasharre. Les rois ont été exécutés, la liberté de culte abolie. Le pouvoir du semi-lacertys est absolu. Il ne lui reste plus qu’à soumettre le duché de la Marche, dernier flambeau d’une résistance à l’agonie. Tout espoir est vain. Il ne reste rien. Il paraît cependant qu’un audacieux s’est introduit dans la Citadelle noire et en a dérobé l’un des biens les plus sacrés du Très Saint Libérateur. Toutes les forces de l’Empire ont pour ordre de le ramener … vivant.

Un grand merci à Azaël Jhelil pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Qlorn brûlait.
Les magnifiques statues, les fières colonnes, les délicates fontaines qui faisaient la fierté de la plus belle cité du Tramilion étaient ravagées dans un tumulte indescriptible. Les édifices prestigieux, les temples élégants, l’illustre agora du plus grand port de Sarulie étaient la proie des flammes.
La cité payait sa folle arrogance, entretenue par un prophète d’Ymna-Mesh. La Grande Créatrice. La Forgeuse. Un culte interdit. Nulle autre divinité que Qraasch ou Naarubsahoum ne devait être vénérée dans l’empire du Premier vindicateur. Qraasch, le dieu de la Vengeance du Bassin ctasharre. Naarubsahoum, le Grand Dévoreur, sombre dieu des contrées du Grand Aghar. Deux facettes d’une même pièce. Une pièce unique, frappée par leur plus grand dignitaire : Krûl de Ssylsune.
Qlorn brûlait. »

- Mon avis sur le livre -

Ils sont rares, les romans qui parviennent à me rendre complétement muette d’admiration, mais celui-ci fait assurément parti de cette catégorie : cela fait déjà trois heures que je tente désespérément d’écrire cette chronique, trois heures que j’essaye de coucher sur papier mon ressenti, sans y arriver. Car les mots me manquent pour vous parler de ce livre, qui n’a eu besoin que de quelques pages pour faire une entrée fracassante dans le cercle très fermé des « trois meilleurs livres que j’ai jamais lu de toute ma vie de lectrice » ! La rumeur voudrait même qu’il se soit hissé tout en haut du podium, détrônant sans vergogne son prédécesseur … Ma mission du jour ? Parvenir à vous expliquer comment cet énorme pavé de presque 800 pages, premier tome d’une tétralogie de dark-fantasy épique, a réussi cette incroyable prouesse !

Le Vénérable Kannlis l’avait prédit, mais nul ne l’avait cru : le Divin Krûl, Premier vindicateur du dieu de la Vengeance, règne désormais en maître absolu sur le Bassin ctasharre devenu son Empire. A la tête d’une armée de non-vivants et autres créatures des ténèbres, auréolé d’une aura de noirceur et de cruauté, le semi-lacertys écrase dans le sang et la douleur toute tentative de rébellion. Seul le duché de la Marche résiste encore à sa domination … mais plus pour bien longtemps. Du moins le croit-il. Car Oriana, fille du duc, échappe au sorcier qu’il a envoyé pour soumettre le duché, et autour d’elle se forme progressivement un petit groupe fort hétéroclite de rebelles bien décidés à mettre fin à la tyrannie de l’empereur du Levant. Le périple sera long et difficile pour la jeune femme et ses compagnons, mais au terme de l’épopée se trouve peut-être la clef qui permettra de détruire l’artefact qui permet à Krûl de commander aux démons : l’œuf de Tanglemhor …

Quel roman incroyable ! Avec ce premier tome, l’auteur plonge le lecteur dans un univers admirablement bien construit et maitrisé, où se côtoient des dizaines de peuplades aux coutumes et croyances diverses et où cohabitent diverses formes de magie et de sorcellerie … On s’y croirait ! Ou plutôt : on s’y croit ! Je suis vraiment époustouflée par le travail de l’auteur, qui a poussé le détail jusqu’à mettre en évidence les maladresses linguistiques de ce cher Baar-Hal-kryne (que j’ai personnellement surnommé Baaral, j’espère qu’il ne m’en voudra pas) qui ne maitrise pas parfaitement la lingua franca ! Le réalisme est épatant et l’immersion assurée ! Beaucoup d’informations sont apportées, autant par le narrateur que par les personnages eux-mêmes, et pourtant je ne me suis pas une seule fois sentie perdue ou submergée : ces explications s’inséraient très naturellement dans le récit, sans l’alourdir ou le ralentir, elles étaient à leur juste place. Du grand art, vraiment, autant dans la création de cet univers que dans sa présentation au lecteur !

Mais plus encore, l’auteur entraine son lecteur dans une intrigue d’une richesse et d’une complexité éblouissantes ! Le prologue annonce la couleur : l’histoire qui va nous être contée est sombre, violente, cruelle … mais surtout, addictive. Que de rebondissements, que d’actions, que d’émotions ! On retient son souffle, on pleure, on rit, on grogne de colère, on a le cœur qui s’emballe … Cette histoire ne se lit pas, elle se vit. Quelle expérience saisissante ! Lorsque j’ai tourné la dernière page de ce récit, lorsque le livre s’est refermé pour la dernière fois entre mes mains, j’étais en larmes : je ne parvenais pas à me faire à l’idée que c’était fini, qu’il allait me falloir quitter ces personnages, devenus de véritables compagnons de route, qu’il allait me falloir quitter cet univers, rapidement devenu familier. C’est un livre que l’on voudrait voir s’éterniser, un livre qu’on aimerait sans fin. Pas uniquement pour connaitre le fin mot de l’histoire, mais bien plutôt parce que ce livre vous habite, et ne vous quitte plus. Je pense que je n’attendrais même pas la sortie du second tome pour me replonger dans cet univers, j’ai déjà tellement hâte de retrouver Oriana … et Meldaïn !

Car une autre grande force de ce roman, ce sont ses personnages : l’auteur nous en offre une ribambelle, tous aussi intéressants les uns que les autres ! Certains sont franchement détestables – pensons à l’empereur, à son assassin, et pire encore, à son nécromancien – alors que d’autres sont incroyablement attachants – mention spéciale à Elperïn, ce myrmidon est tellement drôle et attendrissant ! –, mais tous sont vraiment intrigants. Des personnalités riches et complexes, des caractères hauts en couleur … tous les éléments sont là pour les rendre inoubliables. J’ai beaucoup apprécié Oriana, notre héroïne, seule femme au milieu de ce troupeau de mâles : sa bonté, son altruisme, sa douceur, son sens de l’honneur et du devoir, sa fragilité, ses doutes … la rendent vraiment très attachante à mes yeux. Elle est courageuse, certes, mais d’un courage qui se veut discret : elle n’est pas du genre à éventrer tout le monde sur son passage comme le font la plupart des héroïnes de récits young-adult ! Que c’est rafraichissant, une héroïne qui reste sensible malgré son statut d’héroïne ! Mais, malgré tout, mon personnage préféré reste Meldaïn. Ceux qui me suivent depuis un certain temps comprendront pourquoi lorsqu’ils liront le livre !

Car, vous l’aurez bien compris, je vous encourage, non, je vous exhorte, à lire ce roman ! C’est une vraie perle littéraire, un ouvrage comme on n’en trouve que peu. Une plume magnifique au service d’une histoire incroyable, un récit dynamique sans aucun temps mort qui captive totalement le lecteur, des personnages attachants que l’on a envie d’avoir pour amis … et beaucoup d’humour malgré la noirceur de l’histoire, malgré le danger qui rôde sans relâche au-dessus de la tête de nos héros … Ne vous laissez pas impressionner par l’épaisseur de cet ouvrage, et lisez-le, vous ne le regretterez pas ! Ce livre est le digne successeur des plus grands classiques de la fantasy, alors ne passez pas à côté ! Rejoignez la Conjuration de Tanglemhor, laissez-vous happer par cette histoire pleine de suspense et de magie … Vit ma hal ! (Comprendra qui lira)

*~*~*

A la fin de l’ouvrage, une belle surprise, très émouvante, attend le lecteur : un hommage à Xavier Moreaux, ami de l’auteur. Le Cygne d’Arbélia est le seul écrit que cet ami a eu le temps de terminer, aussi l’auteur a-t-il décidé de la publier en guise d’hommage. Et quel bel hommage, cela m’a mis les larmes aux yeux ! Et cela d’autant plus que la nouvelle est très belle, à la fois très sombre et incroyablement poétique, c’est vraiment très joli. Imaginez un arbre qui rêve … qui rêve de ne plus être seul, qui rêve d’une douce jeune fille qui rêve. Lorsque l’on lit cette nouvelle, le temps s’arrête, et nous voici transporté dans un univers onirique, brumeux, où rien n’est ce qu’il semble être au premier abord … Préparez-vous à rêver …

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
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samedi 14 juillet 2018

Une seconde chance - Elodie Nowodazkij


Une seconde chance, Elodie Nowodazkij

Editeur : Dreamland
Nombre de pages : 285
Résumé : Depuis sa rupture avec Nick, Emilia ne croit plus en rien. La jeune danseuse a été meurtrie par sa rupture avec Nick qui est sorti avec une autre fille. Elle fait tout pour l’oublier et se concentrer sur son objectif : décrocher la première place dans le spectacle de son école de danse. Elle répète sans relâche pour réussir à devenir danseuse étoile et avoir le brillant destin dont elle rêve. Mais dans la vie rien ne se passe jamais comme prévu et Emilia doit se rendre à l’évidence : ce n’est pas facile d’être la meilleure. C’est le moment que Nick choisit pour revenir dans sa vie. Il affirme avoir réalisé son erreur et semble prêt à tout pour avoir une seconde chance…

Un grand merci aux éditions Dreamland pour l’envoi de ce volume.

- Un petit extrait -
« Etre le meilleur, ça ne veut pas forcément dire avoir la première place sur le podium. Etre le meilleur, c’est aussi savoir ce qui nous rend heureux, s’accrocher à ses rêves, ne jamais abandonner, et rester fidèle à soi-même. Etre le meilleur, c’est surtout prendre plaisir à chaque étape de ce chemin qui nous mène à nos rêves. »
- Mon avis sur le livre -

Je me rends compte aujourd’hui à quel point il est difficile de parler d’un livre sans parler de soi par la même occasion : comme cela me l’avait fait avec In love et autres désastres, j’ai eu l’étrange sentiment qu’Une seconde chance avait été écrit spécifiquement pour moi, et comme cela me l’avait fait avec Pour toujours … jusqu’à demain, j’ai également eu la sensation qu’Une seconde chance était entré dans ma vie exactement au bon moment. Moi qui m’attendais à une simple romance sur fond de danse classique, je me suis retrouvée face à un miroir de ma propre vie, ou plutôt face à un reflet de mes questionnements, de mes doutes, de mes peurs. Ce livre est présenté comme une « leçon de vie », et c’est effectivement ce qu’il fut pour moi … Mais avant toute chose, ce livre, c’est une très belle histoire d’amour, d’amitié et de famille !

Plusieurs mois ont passé, et pourtant Emilia est toujours aussi dévastée par les événements survenus l’été précédent. Elle a beau tenter de se convaincre que tout est définitivement terminé entre Nick et elle, elle ne peut s’empêcher de souffrir lorsqu’elle le voit en compagnie d’une autre fille. Elle a besoin de lui, son meilleur ami de toujours, son petit copain d’un été. Elle a besoin de lui pour surmonter le rejet de sa mère biologique, le stress des auditions qui approchent, l’angoisse que fait naitre la santé fragile de sa grand-mère. Elle a besoin de lui, mais n’est pas certaine d’être prête à lui pardonner. Parce qu’il est parfois difficile de donner, de se donner, une seconde chance …

Petit conseil préliminaire : avant de vous lancer dans ce roman, lisez le premier tome, Un été pas comme les autres. Il est parfaitement possible de comprendre ce livre sans cela – j’en suis la preuve – mais cela sera probablement bien plus agréable pour vous ! Autre petit conseil, peut-être plus important encore : prévoyez le paquet de mouchoirs. C’est un livre atrocement émouvant, il est rare que je pleure autant devant un roman, mais là, je ne pouvais pas retenir mes larmes. Pas uniquement parce que l’histoire est triste, mais plutôt parce que l’histoire est belle. Nick et Emilia sont deux personnages très attachants. Un jeune homme malheureux comme la pierre de faire souffrir celle qu’il aime mais obligé de se plier aux exigences paternelles s’il veut voir sa scolarité financée, une jeune fille douce et gentille qui ne sait plus comment faire pour rendre son entourage fier d’elle … Deux jeunes gens qui ne savent plus vraiment quoi faire de leurs rêves, de leur vie. Mais qui sont sûrs d’une chose : c’est à deux qu’ils sont heureux.

Cela aurait donc pu être simplement une jolie romance pour adolescente comme on en trouve tellement. Mais ce livre a vraiment un petit quelque chose en plus, qui le rend unique. Déjà, il ne s’agit pas uniquement d’une histoire d’amour : il est également question d’amitié, de famille … Emilia est en quête de vérité sur ses origines : elle veut comprendre pourquoi sa mère biologique l’a abandonnée, pourquoi elle l’a rejetée avec tant de violence cet été, elle veut savoir ce que son père lui cache encore. Nick a décidé de remettre les pendules à l’heure avec son père : il refuse d’obéir plus longtemps à ses règles absurdes et entend mener sa vie comme il l’entend, choisir la petite amie qui lui plait et exercer le métier qu’il désire. Car voilà quelles sont les véritables thématiques de ce roman : l’avenir et le bonheur. Pour Nonna, la grand-mère d’Emilia, l’important est de faire de sa vie un conte de fées, de vivre avec le sourire aux lèvres, pour mourir en paix avec soi-même après une vie entière de joie. 

Et pour cela, Nonna offre plusieurs conseils à sa petite fille et, par la même occasion, au lecteur : il faut se fier à son cœur et non à sa raison. Il faut aimer et pardonner. S’aimer et se pardonner. Les deux vont souvent ensemble. Emilia veut prouver au monde entier, veut se prouver à elle-même, qu’elle est capable d’être la première, la meilleure, et non pas l’éternelle seconde. Elle travaille dur, avec acharnement, et sa technique est proche de la perfection. Mais la technique ne suffit pas en danse classique : pour décrocher le premier rôle de la pièce, il va lui falloir faire la paix avec son cœur, avec ses émotions, pour les laisser transparaitre dans ses mouvements. Mais Emilia va se retrouver confrontée à une question cruciale : danser pour être la meilleure, est-ce vraiment une passion ? Je me suis retrouvée dans le perfectionnisme d’Emilia, dans son besoin maladif de faire toujours mieux, dans son insatisfaction chronique envers elle-même, et dans son incertitude quant au futur. Je ne suis pas certaine que les enseignements emplis de sagesse de Nonna vont suffire à me faire changer du tout au tout, mais je remercie chaudement l’auteur pour ces conseils avisés. A moi d’essayer de les mettre en pratique, maintenant …

En bref, vous l’aurez compris, je suis tombée amoureuse de ce livre. Des personnages incroyablement attachants avec qui on a envie d’être amis, une histoire émouvante et sympathique qui aborde pléthore de thématiques importantes : le besoin de connaitre ses origines pour se construire, les mensonges et les secrets qui empoisonnent les relations familiales, le pardon, le handicap, l’avenir professionnel, le bonheur, le deuil, l’amitié … Bien plus qu’une simple romance, ce récit invite le lecteur à suivre les deux narrateurs au cours de cette année scolaire qui va bouleverser leur vie toute entière. C’est un livre qui mêle légèreté et gravité, qui vous fait passer du rire aux larmes, qui vous prend par les tripes et qui vous fait battre le cœur un peu plus vite. Quel livre, mais quel livre ! Je pense qu’il me faudra plusieurs mois pour m’en remettre et qu’il me faudra plusieurs relectures pour assimiler la belle leçon de vie que nous donnent Emilia et Nick. Foncez, vraiment, n’hésitez pas, ce livre est une perle rare qui fait un bien fou !

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2018
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