mercredi 22 juin 2016

Aeternia : L'envers du monde - Gabriel Katz




Aeternia2, Gabriel Katz
L’envers du monde

Editeur : Scrineo
Nombre de pages : 390
Résumé : (Risque de spoiler du tome 1) C’est l’heure du duel décisif entre les deux camps qui s’entredéchirent pour la cité mère de Kyrenia. Deux champions vont s’affronter sur le sable de l’arène, un combat qui peut faire basculer le destin d’un peuple entier. Mais quelques heures à peine avant le coup de gong, le culte du Prophète a perdu son champion. Qui affrontera le redoutable gladiateur du Temple ? Déchirée par les luttes de pouvoir, la plus grande cité du monde est au bord de la guerre civile. Entre complots,  combats et trahisons, chacun lutte pour sauver sa place et parfois sa vie …


- Un petit extrait -

« Attendre. Laisser venir. Ne pas deviner, ne pas prévoir. Ne regarder que les yeux, le fond des yeux, le fond de l’âme. Attendre l’étincelle, le souffle imperceptible qui s’infiltre dans les épaules, dans les poignets, jusqu’au bout de la lame. Attendre l’attaque comme on attend une vague, au bruit, à l’instinct, à la sensation d’écume. Distinguer l’animal apeuré derrière le jeu des postures… Et frapper. »

- Mon avis sur le livre -

Suite à ma lecture du premier tome, qui m’avait énormément plu malgré cette fin horriblement frustrante, je n’ai pas hésité une seule seconde avant de sortir le second et dernier opus de ma pile à lire. Je vous conseille d’ailleurs de ne surtout pas vous lancer dans la lecture du premier si vous n’avez pas le deuxième sous la main : vous risqueriez de devenir fou d’impatience dans le cas contraire ! Car monsieur Katz sait jouer avec nos nerfs : la fin du premier tome ouvre un univers d’interrogations, et la tension est insoutenable.

L’envers du monde est marqué par un changement capital : le point de vue. Souvenez-vous : dans le premier tome, nous suivions l’histoire à travers le personnage de Leth Marek, un ancien gladiateur qui, suite à un terrible drame, se retrouve à escorter et protéger les fidèles d’un culte nouveau, le culte d’Ochin. Dans le second tome, c’est Desmeon qui porte l’histoire, et j’en suis ravie : outre le fait qu’il s’agit de mon personnage-chouchou, je trouve cela terriblement intéressant d’avoir un autre point de vue sur les événements. Car Desmeon est très différent de Leth Marek : là où le gladiateur était violent et impulsif, le jeune combattant est ironique et nonchalant, et cette différence se ressent dans la narration. 

L’histoire est donc la suite directe du premier tome : on retrouve les personnages là où on les avait quittés. Mais les événements s’accélèrent : la confrontation entre le culte de la Déesse et celui d’Ochin est imminente, la tension monte et la violence se fait de plus en plus présente. On ne s’ennuie pas une seule seconde au cours de ce roman, car l’action se fait omniprésente : il ne se passe pas une seule page sans rebondissements. L’ambiance se fait également bien plus sombre que dans le premier opus : outre les nombreux combats qui rythment l’histoire, c’est surtout la noirceur de l’âme humaine qui est mise en évidence au cours de ce livre. On en apprend plus sur les coulisses des deux religions antagonistes, et il n’y a pas à dire : elles se ressemblent bien plus qu’elles ne veulent bien l’admettre. Complots, machinations et manipulations sont le lot quotidien des deux camps. 

En ce qui concerne les personnages, je vais redire ce que j’ai déjà dit dans ma chronique du premier tome : ils sont terriblement bien construits, réalistes et profonds. Je pense que cela est dû au fait qu’ils ne sont pas caricaturaux : il n’y a pas d’un côté les super-gentils et de l’autre les super-méchants. Chaque personnage a sa part de clarté et de noirceur, ils sont humains et s’intéressent donc surtout à eux-mêmes, et ce au détriment des autres si besoin. Ce tome met d’ailleurs en évidence cette ambivalence propre à chaque être humain : certains personnages qui m’apparaissaient comme corrects et sympathiques au cours du premier opus se révèlent finalement être aussi fourbes que les autres. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce roman ne dresse pas un portrait bien élogieux de la nature humaine … 

Au cours de ce livre, toutes les certitudes des personnages et du lecteur se voient réduites à néant, brisées par les nombreuses révélations qui ponctuent le cours de l’histoire. Une fois encore, l’auteur parvient à surprendre toujours plus ses lecteurs : j’avais beau m’attendre à des coups de théâtre et à des retournements de situation, je me suis laissée avoir à chaque fois car ce qui arrivait réellement n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. J’adore être surprise quand je lis un roman, j’aime quand l’auteur arrive à nous mener par le bout du nez pour ensuite nous mettre devant le fait accompli sans prévenir. Et sur ce point, je suis servie, un grand merci à l’auteur !

Mais, parce qu’il y a un mais … c’est quoi cette fin ? Depuis que j’ai tourné la dernière page, je ne cesse de répéter ces quelques mots, cette interrogation vitale, expression de la frustration qui m’a envahi lorsque le dernier paragraphe s’est achevé. Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas une fin, cela, c’est un instrument de torture ! L’auteur cherche vraisemblablement à faire buguer le cerveau de ses lecteurs … dans mon cas, il a réussi, je suis resté bloquée sur ce final si inattendu et si énigmatique. J’ai beau l’avoir terminé hier soir, je suis encore sous le choc et je n’arrive toujours pas à m’en remettre. C’est quoi cette fin, nom d’un petit bonhomme en mousse ?! Ne vous y méprenez pas, je ne voudrais pas d’une autre fin car, en tentant d’oublier mon effarement, je suis bien forcée d’admettre que ce final clôt magnifiquement le dyptique. Mais il n’en reste pas moins que cette fin est terriblement frustrante, en particulier pour ceux qui, comme moi, aiment que les choses soient claires et nettes. Bref, une fin inoubliable !

Il est désormais temps de conclure. Il m’est toujours très difficile d’abandonner des personnages que j’apprécie, et c’est surement pour cette raison que je préfère habituellement les longues sagas qui me permettent de rester plus longtemps en compagnie des personnages. Mais dans le cas d’Aeternia, je n’ai pas tant de regrets : je ne veux pas d’une suite, j’ai trop peur de ce qu’on pourrait y trouver ! Je ne sais pas s’il est nécessaire de le redire encore une fois : ce dyptique est un vrai coup de cœur, le genre de sagas que je relirais avec beaucoup de plaisir dans quelques mois, que je redécouvrirais avec joie même si je connais désormais les grands dénouements de l’histoire. 
C’est une saga que je recommande aux amoureux de la fantasy, bien évidemment, mais également à tous ceux qui aiment se faire surprendre, qui adorent les intrigues où se mêlent complots et trahisons, manipulations et révélations. Je conseille également ces deux romans à ceux qui ont envie de réfléchir sur la nature humaine, sur la religion, sur le bien-fondé d’un conflit … Je pense qu’il y a matière à réflexion dans cette saga ! Plus généralement, je conseille ce dyptique à tout le monde, car il ne faut pas passer à côté de cette petite merveille …

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