samedi 12 mai 2018

Antarcticas - Etienne Cunge


Antarcticas, Etienne Cunge

Editeur : Rivière blanche
Nombre de pages : 434

Résumé : Le changement climatique impose sa loi de chaos et les économies chancellent un peu plus chaque année. L’Antarctique dégèle, libérant l’accès à des ressources convoitées mais légalement inaccessibles. Pourtant, des hommes braconnent les minerais. C’est le cas de Mike, qui est en pleine campagne de prospection lorsqu’il sauve la vie de Jérémy. Mais que cache la fuite éperdue de ce dernier ? Les deux hommes vont tenter de rallier Blanc Nassau, une course dangereuse de plusieurs centaines de kilomètres ... Pendant ce temps, en Europe, la Conférence des Parties sur le statut de l’Antarctique va débuter.


Un grand merci à Philippe Ward pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Soan se sentait heureux. Il avait retrouvé le contact avec la nature et ses angoissent refluaient. C’était une grande joie car il avait, jusque-là, perdu tout espoir de renouer avec cette harmonie. Il se rendait compte qu’il l’avait perdue depuis bien plus longtemps qu’il ne le croyait ... »

- Mon avis sur le livre -

Je n’abandonne que très rarement mes lectures (cela a dû m’arriver tout au plus trois fois au cours de mon existence), et jamais les services de presse : par devoir, mais aussi par respect (je sais que cela représente un coût aux éditeurs d’envoyer des ouvrages aux blogueurs), je m’oblige à les lire en intégralité afin de pouvoir offrir une chronique aussi complète et détaillée que possible. Et c’est bien triste à dire, mais je pense que sans ce statut, ce roman n’aurait pas échappé à l’abandon. C’est pourtant très enthousiaste que je me suis plongée dans cette lecture, même si j’ai été dès le départ très décontenancée par la très petite taille des caractères (une vraie torture pour la grande myope en pleine rééducation orthoptique que je suis !) : le résumé me promettait un thriller d’anticipation écologique et politique, palpitant, riche en messages et en rebondissements … 

L’équilibre du monde est de plus en plus menacé par l’instabilité du climat et de l’économie, par la précarité de la paix et par l’amenuisement des ressources naturelles. Pour pallier à ce dernier point et tenter de relancer la croissance économique, certains désirent la légalisation de l’exploitation des sous-sols de l’Antarctique : en effet, la fonte des glaciers a permis de découvrir la richesse de ce continent jusqu’alors préservé. Tiraillés entre les exigences des associations écologistes et la pression des lobbies industriels, les dirigeants mondiaux vont devoir statuer au cours de la Sixième Conférence Antarctique … Mais au cœur même du Grand Blanc, au milieu de ces étendues encore glaciales et dangereuses, un jeune biologiste lutte pour sa survie afin de protéger son invention, une innovation qui pourrait redonner l’espoir à l’humanité … mais qui fait l’objet de convoitises et de détracteurs, car dans ce monde au bord de l’implosion, chacun lutte avant tout pour lui-même …

Un résumé très prometteur, donc, qui laissait présumer une intrigue autant politique qu’écologique, qui garantissait un roman palpitant au rythme effréné, une course contre la montre pour sauver ce qui peut encore l’être sur cette Terre désolée, ruinée par l’ambition démesurée et la bêtise humaine. Je m’attendais à un véritable plaidoyer pour la protection de l’environnement, pour la mise en place d’une société plus respectueuse de la nature et moins avide de richesses démesurées … Je pensais vraiment que tous les éléments étaient réunis pour que ce roman soit un coup de cœur - une thématique qui m’intéresse au plus haut point, l’insertion de cette thématique dans un ouvrage de science-fiction, le côté « thriller » pour  rendre l’histoire encore plus palpitante, l’irruption même d’une touche d’ésotérisme inattendue mais bien intégrée au reste du récit -, et la chute n’en a été que bien plus brutale. Car malgré toutes les bonnes idées de l’auteur, et elles sont nombreuses, ce roman n’a clairement pas été à la hauteur de mes attentes.

En cause ? La narration, sans le moindre doute. Celle-ci noie littéralement le lecteur sous un tsunami d’explications scientifico-politico-moralistes, sous une avalanche d’informations superflues sur le passé du monde et des personnages, un peu comme si l’auteur voulait absolument démontrer à quel point il avait bien construit son univers et ses protagonistes. J’ai fini par me lasser de cette déferlante de renseignements : ce que je cherchais, c’était une histoire, pas l’exposé d’une situation catastrophique (sinon, je me serais tournée vers un magazine sur le développement durable, pas vers un roman). Au final, j’ai eu le sentiment que l’auteur ne faisait que poser le décor pendant 300 pages sur 440 : l’action ne fait son apparition que dans cette ultime partie, qui était par conséquent bien plus intéressante, plus rythmée, plus riche en émotions aussi. J’ai trouvé la narration assez lourde, trop peu fluide, et la lecture était vraiment laborieuse car j’avais le sentiment de faire du sur-place, de ne pas avancer … Poser le contexte, présenter les personnages, expliquer les enjeux, ce sont des étapes nécessaires dans un roman, mais il ne faut pas que cela compose 75% du contenu de ce dernier ! 

En bref, un roman d’anticipation basé sur d’excellentes idées et ayant visiblement fait l’objet de recherches préalables très poussées (on sent que l’auteur maitrise bien les différents sujets évoqués), mais bien trop riche en informations trop complexes et parfois superflues pour être véritablement intéressant en tant qu’histoire romanesque. L’intrigue est noyée sous ces explications très précises et détaillées qui ne laissent aucune liberté à l’imagination du lecteur. Arrivée à la moitié du livre, je ne ressentais encore aucune empathie pour les personnages qui n’étaient que des pions sans âme malgré leur enfance lourdement racontée, et surtout, je me demandais quelle était l’histoire. Tout l’intérêt de ce roman est concentré dans les cent dernières pages : enfin de l’action, du rebondissement, de l’émotion, enfin de la vie dans ces pages ! Bien que déçue par le dénouement final des deux derniers chapitres, j’ai apprécié cette dernière partie qui ressemblait enfin à une histoire racontée et plus à un contexte figé. Je suis donc vraiment mitigée vis-à-vis de ce récit qui n’en est finalement pas tout à fait un …

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus d’explications sur cet article)

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