samedi 20 juin 2020

Outsphere, tome 2 : Le réveil - Guy-Roger Duvert


Outsphere2, Guy-Roger Duvert
Le réveil

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 344
Résumé : La colonie, dernier vestige de l'humanité échoué sur la planète Eden, tente de se reconstruire après sa guerre civile. Par ailleurs, un conflit avec les tribus primitives voisines semble de plus en plus inévitable. Alors que militaires et politiciens opposent deux visions, l’une pacifiste et l’autre belliqueuse, les scientifiques se concentrent eux sur le passé d’Eden, qui leur réserve encore de nombreuses surprises. Dans le même temps, les colons s’étendent géographiquement. Mais s’agit-il du développement d’une nouvelle civilisation, ou bien du chant du cygne de la nôtre ?

Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -
« N’importe qui serait mort sur Eden une fois abandonné par les siens. N’importe qui n’aurait jamais réussi à retrouver son chemin sur une planète inconnue. N’importe qui n’aurait pas réussi à échapper à une espèce dont il ignorait tout. N’importe qui n’aurait pas réussi à apprivoiser un environnement hostile. Il n’était pas n’importe qui. C’était un survivant. Et un survivant est quelqu’un qui s’adapte. Un survivant est quelqu’un qui apprend. Un survivant sait subir. Un survivant sait endurer. Un survivant sait attendre. Il sait attendre son heure.  »
- Mon avis sur le livre -

Quand on attend la suite d’une saga que l’on aime beaucoup, le temps passe à la fois très vite et très lentement. D’un côté, on a vraiment le sentiment que l’attente s’éternise, on tourne en rond d’impatience, on se tortille le cerveau pour tenter de deviner ce qui va bien pouvoir se passer, on se languit de cet univers qui nous a tant émerveillé … Mais de l’autre côté, quand on se replonge enfin dans ce-dit univers, on a le sentiment de l’avoir quitté hier seulement tant on s’y sent chez soi, comme si la longue année de latence était finalement passée plus vite que l’éclair. C’est exactement ce que j’ai ressenti pour Outsphere : d’un côté, j’avais le sentiment que cela faisait une éternité entière que j’attendais le deuxième tome tant j’étais impatiente de connaitre enfin la suite de l’histoire, mais de l’autre, j’avais presque le sentiment que cela ne faisait que quelques petites semaines (et non douze longs mois) que le premier tome était arrivé dans ma boite aux lettres … Etrange chose que le temps, qui semble tantôt se dilater tantôt se contracter !

L’heure est venue pour la colonie humaine installée sur le sol d’Eden de renaitre de ses cendres : après la terrible bataille qui opposa les Atlantes aux Anciens, l’urgence est de reconstruire ce qui a été détruit, tant sur le plan matériel que psychologique. Il s’agit tout autant de rebâtir les bâtiments qui ont été réduits en poussière par les tirs orbitaux de l’Utopia que de renforcer la cohésion entre les Anciens et les Atlantes survivants, ceux-là même qui se sont dressés contre leurs homologues en orbite pour protéger les habitants d’Eden ... sans oublier de poursuivre l’exploration de cette planète qui est bien loin d’avoir révélé tous ses secrets. Alors que les humains découvrent progressivement leur nouvel environnement, le soldat Olsen débarque avec des nouvelles bien inquiétantes : les Edeniens, peuple autochtone de l’exoplanète, se regroupent et marchent en direction d’Outsphere ! La guerre est imminente, et l’issue de la bataille est loin d’être évidente à prévoir … 

Moi qui attendais énormément de ce second opus, je dois avouer que le premier quart m’a quelque peu refroidie : il y avait pourtant de quoi faire, entre les mystérieuses découvertes que font les scientifiques au fil de leurs explorations de cette nouvelle planète, la menace grandissante bien qu’encore discrète du peuple autochtone, et les dissensions plus ou moins latentes au sein même de la communauté humaine formée par les Anciens et les Atlantes … mais ça trainait un peu trop en longueur. La dynamique qui animait le premier tome semblait s’être soudainement volatilisée … tout comme la narration très cinématographique et visuelle qui rendait l’histoire si trépidante ! En effet, avec cette première partie, l’auteur est tombé dans un travers qu’il avait évité jusque-là en oubliant le si fameux « show, don’t tell » (montre, ne dis pas) que tous les jeunes auteurs entendent rabâcher à longueur de temps. Ici, on était vraiment trop dans l’énumération de faits : untel a pris le commandement à la place de l’Amiral, un nouveau comptoir a été créé … Cette entrée en matière fait trop compte-rendu, pas assez récit, et c’est vraiment dommage.

Et puis, soudainement, l’intrigue s’est enfin mise en route pour de bon. Et à partir de cet instant-là, j’ai retrouvé tout l’enthousiasme qui m’avait habité lors de la lecture du premier tome. Au fil des nouvelles découvertes faites par les scientifiques et explorateurs, au fil des bouleversements qui s’opèrent au sein des colonies naissantes, la tension enfle progressivement. Autant vous dire qu’il m’est alors devenu très difficile de m’arrêter de lire : je sentais que quelque chose d’énorme, et de terrible, approchait à grand pas. Entre angoisse et excitation, je tournais chaque page avec une impatience grandissante. L’auteur est vraiment doué pour jouer avec les nerfs de ses lecteurs, pour distiller par-ci par-là des informations que les personnages eux-mêmes ne connaissent pas encore, pour mieux faire trépigner le lecteur qui sait qu’une nouvelle menace pèse sur la colonie alors que les colons, eux, vaquent à leurs occupations en toute insouciance … Plus d’une fois, je me suis retrouvée à parler bêtement aux personnages pour les prévenir du danger qui les guettait ! C’est un page-turner fichtrement efficace que l’auteur nous offre, quel régal !

Mais comme c’était déjà le cas pour le premier opus, ce n’est pas un simple récit d’action et d’aventure que nous raconte Guy-Roger Duvert. Cette histoire est aussi un prétexte pour évoquer pas mal de questionnements philosophiques, éthiques, sociologiques, psychologiques … Les colons ont quitté une Terre à bout de souffle, dévastée par les erreurs humaines, dans l’espoir de fonder une société nouvelle … mais ne sont-ils pas déjà en train de retomber dans les mêmes travers ? « N’a-t-on pas déjà expérimenté sur Terre les risques de l’escalade militaire ? » interroge ainsi Fulton. « Ne reproduisait-on pas sur Eden les pires travers de la Terre » se demande également Jenson, avant de se dire « mais en même temps, quelles étaient les alternatives ? ». Face à un peuple avec lequel il n’est pas possible de parlementer et qui menace de détruire l’intégralité de la colonie, dernier vestige de toute l’humanité dans l’univers entier, que peut-on faire à part se défendre ? Ajoutez à cela la question des capacités psychiques des Atlantes, certains s’avérant capables d’imposer leur volonté à autrui, et vous comprendrez qu’il y a vraiment matière à réflexion dans ce roman, ce qui le rend doublement intéressant ! Et quelque chose me dit que c’est loin d’être terminé …

En bref, vous l’aurez bien compris, si les cinquante premières pages m’ont quelque peu chagrinée, j’ai très rapidement repris un immense plaisir à découvrir les aventures de ces colons de l’espace, qui se rendent progressivement compte que leur « planète d’adoption » est loin d’être aussi accueillante qu’ils ne l’espéraient ! Je suis vraiment époustouflée par l’imagination de l’auteur : on vogue de surprises en surprises, et chaque révélation est plus incroyable que la précédente ! Je suis plus d’une fois restée bouche bée, totalement ébahie face aux implications potentielles de telle ou telle découverte (même si je pense que je suis bien loin de soupçonner ne serait-ce que le centième de ce qui va effectivement se dérouler). Et surtout, je suis restée complétement ahurie face à l’atroce cliffhanger de l’épilogue : ça devrait être moralement interdit de faire subir une chose pareille à ses lecteurs ! C’est juste le summum de la cruauté ! Comment vais-je pouvoir survivre jusqu’à la sortie de la suite ?! En tout cas, une chose est sûre et certaine, celle-ci promet d’être exceptionnelle, car la saga prend vraiment un tournant inattendu mais passionnant, on entre dans de la science-fantasy d’une certaine manière, et je suis vraiment curieuse de découvrir ce que l’auteur nous concocte (même si j’ai un peu peur, aussi, car je sens que ni les personnages ni les lecteurs n’en sortiront parfaitement indemnes) ! Vivement !

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