samedi 8 mai 2021

Les Prélats de Faneas, tome 1 : Les terres d'exil - Charlotte Abécassis Weigel

Les prélats de Faneas1, Charlotte Abécassis Weigel

Les terres d’exil

 Editeur : Autoédition

Nombre de pages : 422

Résumé : Astéria vient d'emménager à Maleross avec sa cousine Cléora. Les deux jeunes femmes arrivent tout droit du royaume de Faneas. Elles ont fui leurs terres natales envahies par le royaume limitrophe d'Endor et sont venues se réfugier dans notre monde. Elles cherchent à présent les prélats de Faneas afin de regagner leur monde et de restaurer la paix, mais la tâche s'avère bien plus ardue qu'il n'y paraît et les mystérieux prélats demeurent introuvables.

 Un grand merci à Charlotte Abécassis Weigel pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« Vous qui n’avez ni dieu, ni pouvoir,

Vous qui avez abandonné vos rêves, les prenant pour des chimères.

Ne vous êtes-vous jamais demandé où naissent les récits de vos anciennes légendes ?

Ces histoires héroïques qui peuplent encore les rêves des enfants et ces contes relatant la vie de créatures oubliées, où se sont-ils égarés ?

Les rêves peuvent quelques fois se réaliser et tourner au cauchemar, car dans chaque légende se cache une part d’ombre…

Prenez garde…

Les trésors les plus convoités sont aussi les plus dangereux et les plus grands secrets sont souvent plus préjudiciables qu’instructeurs. »

- Mon avis sur le livre -

 Je suis bien souvent nostalgique de l’époque où je pouvais encore passer des heures, voire même des journées entières, à lire, où je pouvais m’immerger totalement et longuement dans ma lecture en oubliant complétement l’existence du monde extérieur et de tous les soucis qui y sont associés … Mais voilà, années après années, ma vue a doucement mais sûrement baissée, et même avec une bonne correction et des séances d’orthoptie, je ne parviens désormais plus à lire plusieurs heures d’affilée, comme je le faisais auparavant, sans avoir les yeux qui brulent voire même un début de crise de migraine. Je dois donc me contraindre à faire régulièrement des pauses, même (et surtout) quand ma lecture en cours est captivante au plus haut point … et c’est parfois tellement difficile d’être raisonnable quand l’intrigue est prenante ! Pour Les prélats de Fanaeas, la situation a été pire encore : c’est écrit vraiment tout petit, je devais faire de gros efforts visuels pour lire, et mes yeux étaient donc fatigués beaucoup plus rapidement que d’ordinaire, mais j’étais tellement happée par l’histoire que je n’avais vraiment pas envie de m’arrêter … quel dilemme !

Suite à l’invasion meurtrière du royaume de Faneas par les démons d’Endor, la jeune Astéria et sa cousine Cléora ont été envoyées dans notre monde pour retrouver la trace des deux derniers prélats de Faneas. Elles n’ont plus beaucoup de temps devant elles : le sort jeté par le roi Calm pour protéger momentanément le pays ne durera plus très longtemps, et alors les démons anéantiront définitivement leur royaume natal. Et leur mission s’avère plus complexe que prévu : au bout de six mois de recherches acharnées, toujours pas la moindre trace des deux hommes qu’elles sont venues chercher ! Leur dernière piste : Maleross, une ville qui semble abriter des êtres magiques suffisamment puissants pour brider leur propre aura. Nuit après nuit, les deux jeunes magiciennes poursuivent inlassablement leurs recherches, subissant les attaques de nombreux démons attirés comme des mouches par leur puissance. Et comme si cela n’était pas suffisamment épuisant comme cela, voici que jour après jour, Astéria doit également supporter la présence de l’insupportable Klay, dont le seul but semble être de lui gâcher l’existence par tous les moyens possibles et inimaginables …

En fantasy, nous avons généralement l’habitude de voir un terrien soudainement téléporté dans un autre monde … mais l’inverse est beaucoup moins fréquent, et donc beaucoup plus original ! Tandis que leur monde est au bord de la destruction, deux jeunes femmes, accompagnées d’un petit garçon et de son chat-tigre protecteur, débarquent sur notre Terre dans le but d’y retrouver deux hommes dont elles ne savent pas grand-chose, hormis qu’ils doivent avoir environ trente ans, que l’un maitrise le feu et l’autre la terre … Autant dire qu’avec si peu d’informations à leur disposition, elles cherchent une aiguille dans une botte de foin, surtout en milieu inconnu ! Je dois bien reconnaitre que j’aurai bien  aimé en savoir un peu plus sur leur acclimatation à notre monde, mais six mois se sont déjà écoulés entre le moment où ils sont arrivés et celui où commence le récit. Mais qu’à cela ne tienne, les voici arrivés dans une nouvelle ville, peut-être celle de la dernière chance : le temps presse, les deux adolescentes doivent absolument retrouver les deux prélats manquants avant que le sortilège de protection lancé par le roi Calm ne s’estompe … Et bien sûr, si l’histoire débute à cet instant, c’est bien parce que leur quête va prendre un nouveau tournant dans cette ville.

Autant le dire tout de suite : autant j’ai apprécié le prologue, autant les premiers chapitres ne m’ont pas convaincue plus que cela … En voulant éviter les longs paragraphes explicatifs qui brisent le rythme de la narration, ce qui est tout à son honneur, l’autrice est tombée dans un autre piège : elle place ces-dites informations dans la bouche de ses personnages. « Il ne nous reste plus que quelques mois avant que le sort lancé par Calm et Rena, le roi et la reine de Faneas, ne s’effondre », déclara ainsi Astéria à Cléora … Dites-moi, ça vous arrive souvent, quand vous parlez avec votre propre cousine, de lui rappeler que votre oncle et votre tante sont le roi et la reine de votre propre royaume ? Cela ne fait pas très naturel, comme dialogue ! Plus globalement, c’est ce que je peux reprocher à l’histoire : un manque certain de naturel. Pour le lecteur quelque peu coutumier à ce type de récit, les ficelles de l’intrigue sont aussi visibles qu’un tigre au milieu d’un troupeau d’agneaux ! A la page 47, je savais donc déjà ce qui allait nous être « révélé » à la page 272 … pour l’effet de surprise, on repassera, alors que c’est vraiment censé être une des deux grosses révélations du bouquin. Ça manque quelque peu de subtilité, certains choses sont trop souvent répétées, ressassées, juste en devenir un peu lassantes.

Et c’est particulièrement le cas de la relation entre Astéria et Klay : si dans un premier temps leurs joutes verbales et leur agacement mutuel nous font sourire, au bout d’un moment, cela tourne un peu en rond et prend beaucoup trop de place. C’est d’autant plus dommage que ce sont deux personnages particulièrement intéressants pris séparément, mais qui sombrent vraiment dans les plus mauvais travers de la littérature young-adult quand vous les considérez ensemble. Je veux bien admettre qu’à cet âge, les hormones fonctionnent à plein régime, mais est-ce vraiment nécessaire de mettre aussi lourdement en scène ce « je t’aime moi non plus » malsain sur les bords ? Est-ce vraiment nécessaire de piétiner aussi allégrement les personnalités aussi complexes de ces personnages au profit d’un simulacre de romance tumultueuse, alors que nous sommes supposés lire une quête de fantasy dont dépend le sort de tout un royaume et de ses innocents habitants ? Je pense vraiment que tout le problème est dans la (dé)mesure : c’est typiquement le genre de sous-intrigue qui est sympathique lorsqu’elle reste subordonnée à l’intrigue, mais qui devient problématique quand elle envahie tant et si bien l’histoire que cette dernière stagne lamentablement.

Je sais bien que, jusqu’à présent, je donne vraiment le sentiment d’être très critique vis-à-vis de ce roman … mais croyez-moi, je l’ai pourtant beaucoup aimé. C’est juste qu’on ressent vraiment que l’autrice a voulu faire un long roman de ce qui n’est finalement qu’une introduction à la vraie histoire, celle qui aura lieu à Faneas même maintenant que les fameux prélats qui titrent la saga sont réunis. Et du coup, c’est parfois un peu longuet, et on n’en remarque que plus ces petits détails propres aux premiers romans, ces petits détails qui parasitent quelque peu l’expérience de lecteur, sans pour autant la gâcher complétement. Pour tout dire, le dernier quart m’a vraiment fascinée : il y avait vraiment tout ce qui fait un excellent récit dans ces 150 dernières pages ! Impossible de m’arrêter, alors même qu’il se faisait tard, que la luminosité déclinait et que mes yeux étaient au supplice : enfin l’histoire montrait tout son potentiel ! Un combat final épique, des retournements de situation effroyables, sans oublier une révélation finale explosive que je n’avais cette fois-ci pas vu venir (mais qui a répondu à certaines de mes interrogations face à ce que je pressentais au début comme des incohérences), franchement, c’était absolument merveilleux, et ce cliffhanger final  est vraiment génial !

En bref, vous l’aurez bien compris : ce livre avait tout le potentiel pour être un vrai coup de cœur, mais quelques petits détails m’ont tout de même chagrinée et ce n’est donc « que » une bonne lecture. Les personnages ont beau sembler au premier abord assez « stéréotypés » et souvent imbuvables (en particulier quand ils sont ensembles), je me suis malgré tout attachée à eux (en particulier au petit Sora, quel adorable petit bonhomme), j’ai pris plaisir à cheminer à leurs côtés … et j’ai vraiment hâte de les retrouver dès ce soir dans le deuxième opus. Je vous invite donc à vous laisser tenter par cette saga, même si ce premier tome souffre de quelques imperfections, sans doute liées à son statut de « volume introductif » : à partir du moment où vous aurez survécu à cet interminable jeu du chat et de la souris entre Astéria et Klay, vous savourerez pleinement cette histoire qui promet d’être très riche en action, en émotion, en retournements de situation et en révélations. Nous ne sommes clairement pas au bout de nos surprises, et j’ai vraiment un très bon pressentiment pour la suite : je me prépare d’ores et déjà à parlementer avec mes yeux pour qu’ils tiennent « encore un chapitre de plus » !

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