Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 282
Résumé : Une auberge, perdue au milieu de montagnes boisées, est soudainement attaquée par une troupe de soldats vêtus de noir. Les survivants, un groupe éclectique de guerriers, mercenaires, voleurs et autres rôdeurs ne se connaissant pas les uns les autres, parviennent à se barricader à l'intérieur avant le second assaut. Leur point commun : ce sont tous des professionnels de la survie. Ils partagent désormais un objectif double : découvrir pourquoi on les veut tous morts, et surtout, malgré les suspicions et tensions qui se développent entre eux, survivre...
Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
« Gorgen observait le ciel, le visage fouetté par le vent, se demandant dans quelle mesure le changement des conditions climatiques pouvait impacter sa mission. Les nuages étaient épais et menaçants. S’ils restaient là assez longtemps, ils rendraient la nuit beaucoup plus obscure, offrant ainsi aux assiégés des chances de s’enfuir. Il ne fallait pas courir ce risque. »
Science-fiction sous toutes ses formes (anticipation, planet-opera, cyberpunk …), fantastique, polar et désormais heroïc fantasy : il semblerait que Guy-Roger Duvert soit bien parti pour explorer (et exceller dans) tous les genres les uns après les autres, pour le plus grand bonheur des lecteurs les plus éclectiques ! Mais sa marque de fabrique, sa signature littéraire, reste toujours la même : un style subtilement cinématographique mêlé d’un gout fort prononcé pour l’action, le suspense, le mystère. Il sait happer son lecteur, le tenir en haleine, mais aussi le mener par le bout du nez, le surprendre … et parfois même le frustrer : sa véritable spécialité, c’est bel et bien le page-turner ! Haletants au possible, ses récits font indiscutablement partis de ceux qui se dévorent d’une traite sans que l’on ne s’en rende compte : on a le sentiment qu’on vient à peine de commencer à lire que l’épilogue est déjà là … la plupart du temps avec un cliffhanger bien marqué, sinon ce n’est pas drôle ! Et le plus dingue, finalement, c’est que ça marche à tous les coups : loin de se lasser, quand bien même les schémas narratifs sont suffisamment similaires pour être prévisibles, on se laisse à chaque fois prendre au jeu, et on en redemande encore et toujours plus ! Peut-être justement parce qu’on sait à quoi nous attendre : à des romans follement palpitants qui nous font passer à tous les coups un incroyable moment de lecture !
Tandis que la guerre entre l’Empire et le petit royaume de Derenos menace d’éclater à tout instant, le Capitaine Jorekin et quelques-uns de ses soldats, parmi lesquels Roeken, sont chargés d’escorter le prisonnier Fendir jusqu’à la capitale. Chasseur de primes à la solde de l’Empire, Logan se voit contraint de retourner à Derenos pour poursuivre sa cible, le terrible Buckley, en route pour la capitale. Voleurs réputés, Revan et sa petite protégée Cassandra se sont aventurés au fin fond de la province de Derenos pour y récupérer la relique convoitée par leur client. Tobias et Trevor, mercenaires de leur état, ont acceptés d’escorter quelques marchands de passage à Derenos. Tous ont décidé de faire halte dans une paisible petite auberge nichée au cœur de la forêt avant de reprendre le cours de leur existence … Mais voici que l’établissement est subitement attaqué par des hommes vêtus de noir : en l’espace de quelques instants, la plupart des clients sont froidement assassinés, et ceux qui tentent de s’enfuir sont méthodiquement abattus. Ayant survécu à ce premier assaut, nos guerriers, mercenaires et petits bandits se retranchent dans l’auberge encerclée. Ils le savent, pour venir à bout de ce siège, ils vont devoir faire fi de leurs différences et unir toutes leurs forces … Mais difficile de se faire mutuellement confiance sans savoir pourquoi cette petite auberge a été prise pour cible. Etaient-ils là au mauvais endroit au mauvais moment, où l’un d’entre eux est-il la cause de ce carnage ?
La fantasy, genre codifié par excellence, peine à se renouveler : même en essayant coute que coute de se démarquer, la plupart des auteurs restent sagement dans les chemins battus … Mais Guy-Roger Duvert, lui, n’hésite pas à faire du hors-piste : les codes du genre, c’est bien, mais un peu d’audace, c’est encore mieux. Et c’est ainsi que, loin de nous présenter un futur petit héros bien comme il faut, qui portera avec honneur et vaillance le poids de la Grande Quête Salvatrice, il nous invite à faire la connaissance de ceux que les héros-bien-comme-il-faut évitent comme la peste. Les mercenaires, les pillards, les chasseurs de prime, les simples soldats. Ceux qui ont du sang plein les mains, et rarement pour servir de Nobles Causes Héroïques. Ceux qui ne se préoccupent que de leur propre survie et existence, même si c’est au détriment de celles des autres. Ceux qui n’hésitent pas à travailler avec les pires crapules si le butin est plus aguicheur que celui proposé par les autorités. Ceux qui font le sale boulot à la place de ceux qui se veulent honorables et respectables. Tout, sauf des héros de fantasy, en somme. Ce parti pris est risqué : même avec toute la bonne volonté du monde, le lecteur aura assurément plus de mal à s’attacher à un mercenaire sanguinaire ou à une voleuse sans foi ni loi qu’à un brave petit orphelin au grand cœur. Mais ce pari est selon moi gagnant : c’est tellement différent de tout ce qu’on a l’habitude de voir que notre curiosité est autrement plus attisée que si nous avions rencontré un énième petit héros bien comme il faut !
On s’en doute : il n’y aura donc pas non plus de Grande Quête Epique. Nos différents protagonistes ne sont pas amenés à former une Compagnie destinée à sauver le monde des Ténèbres. Ils ne se connaissaient pas et n’avaient nullement l’intention de se connaitre : ils venaient seulement se reposer et se sustenter un peu avant de reprendre leurs plus ou moins sinistres magouilles. Mais la fatalité en a décidé autrement : bien mieux armés (littéralement et mentalement) pour survivre à cette attaque fulgurante, les voici tous enfermés dans cette auberge remplie de cadavres et cernée d’assassins bien organisés et visiblement très déterminés à ne laisser aucun survivant. Désormais, ils n’ont plus le choix : ils savent tous parfaitement que le seul moyen pour chacun d’eux de s’en sortir, c’est de travailler en équipe. Les réticences sont nombreuses : le droit capitaine peine à accepter de se fier à un chasseur de primes, et le mercenaire est le premier à se méfier de la voleuse. Sans oublier le prisonnier et le criminel avéré : faut-il suivre la voie de la raison et les enfermer à la cave et perdre deux paires de bras, ou faut-il prendre le risque de les intégrer au groupe ? Sans oublier la question qui empoisonne chaque esprit mais que nul n’ose poser à haute voix : l’attaque est-elle dirigée spécifiquement contre l’un d’entre eux, et livrer cet individu permettrait-il à tous les autres de survivre à ce massacre ? Individualistes convaincus, aucun d’eux n’hésiterait une seule seconde avant d’abandonner celui ou celle qui les a mis dans cette fâcheuse situation …
Autant vous dire que l’auberge ressemble à une grenade dégoupillée qu’un simple choc suffirait à faire exploser : la tension ne fait que monter, au fur et à mesure que les assauts s’enchainent, que les issues se bloquent, que le siège s’éternise. Ils le savent tous pertinemment bien : plus ils laisseront le temps à leurs assaillants de s’organiser, plus la prochaine offensive risquera d’être la dernière. Les blessures s’accumulent, la fatigue également. Il faut trouver une solution, et vite. Au bout d’un moment, il faut bien l’admettre, on commence à se dire, nous aussi, qu’il faut en finir, qu’il faut passer à autre chose : ce qu’on veut, c’est comprendre le fin mot de l’histoire. Savoir, enfin, pourquoi cette auberge précise a été attaquée à ce moment précis, ce qui motive les assaillants. Car on s’en doute, c’est derrière cette raison que se cache le véritable enjeu de l’histoire. Histoire qui tarde donc à se mettre en place, tout cet opus ne constituant finalement qu’une longue, très longue exposition, très longue introduction : ancrer posément le contexte, c’est toujours une bonne chose, mais sur le coup, Guy-Roger Duvert a peut-être péché par excès de zèle ! D’autant plus qu’au final, on peine encore à comprendre véritablement quelles sont les implications de toute cette affaire sur le plan politique : on a saisi qu’une guerre était imminente, mais pour le reste, tout reste particulièrement confus. Peut-être qu’un peu moins d’action et un peu plus d’explications n’aurait pas été inutile …
En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut globalement une bonne lecture, riche en rebondissements et en suspense, mais je reste tout de même un tantinet sur ma faim. Disons que c’est un premier tome trop introductif : tout au plus, nous avons commencé à faire la connaissance des différents protagonistes (et encore, ils sont nombreux et se ressemblent suffisamment pour qu’on continue à se mélanger les crayons, même si certains quittent l’équation en cours de route) et à saisir quelques bribes du contexte politique, mais nous avons encore bien du mal à comprendre où est l’intrigue, où est l’histoire. Ça manque en quelque sorte de profondeur, de consistance : on nous tient en haleine, ça s’est sûr, car même si ce sont pour la plupart de sombres crapules, on ne peut s’empêcher d’espérer qu’ils se sortiront vivants de ce guêpier, car on pressent tout de même qu’ils ont joué de malchance en se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, et on se dit que c’est tout de même fort injuste de perdre la vie pour avoir choisi de s’arrêter à telle auberge tel jour … mais on en attendait tout de même plus. Mais connaissant Guy-Roger Duvert, il ne fait aucun doute que les choses sérieuses vont très bientôt commencer : bien contre leur gré, nos rôdeurs détiennent désormais quelque chose de très dangereux et de très convoités … et toute la question est désormais de savoir ce qu’ils vont les uns et les autres décider d’en faire. Et quelque chose me dit qu’ils n’ont pas fini de subir les conséquences de ce qui aurait dû être un simple repas !
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