samedi 20 janvier 2018

Il était une foi - Tristan Valure



Il était une foi, Tristan Valure

Editeur : Autoédition
Nombre de pages : 217

Résumé : La vie est dure pour Seric, orphelin adopté par une famille de paysans qui voient plus en lui une aide supplémentaire, qu’un nouveau fils. Lorsqu’un prêtre de l’Église lui propose d’embrasser la foi, et de suivre le chemin vertueux, la vie du jeune homme va changer à tout jamais. Avec enfin un avenir, et des rêves plein la tête, Seric va partir de son petit village de campagne pour découvrir qui il est vraiment. À travers les yeux d’un jeune dévot de l’Église de l’Étoile du Matin, « Il était une foi » vous plongera dans une aventure inattendue, où les dieux s’affrontent à travers leurs fidèles pour assoir leur pouvoir. Sous l’œil des puissants, que la foi vous accompagne !

Un grand merci à Tristan Valure pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

- Un petit extrait -

« Seric s’assit contre un mur et commença à réfléchir. Comment faire le vide en soi ? Comment oublier sa vie passée ? Il se remémora son parcours depuis sa famille d’accueil, pensant à toutes les épreuves qu’il avait enduré. Ces trois jours dans ce cachot sans manger seraient peut-être les plus difficiles de sa vie, ou au contraire les plus joyeux, si Dieu voulait bien lui manifester un peu d’intérêt. […] Il devait se concentrer, il devait réussir. Sa foi était plus grande que jamais, Dieu le savait. Il fallait faire le vide en lui. »

- Mon avis sur le livre -

Bien que j’y sois atterrie un petit peu par hasard, je suis en licence de théologie, et c’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai demandé à recevoir ce livre via SimPlement : un roman de fantasy qui explore la thématique religieuse en proposant un récit ciblé sur un membre d’une communauté ecclésiastique, c’est assez peu courant pour éveiller ma curiosité ! Trop souvent, dans ce genre d’univers, l’aspect religieux est à peine survolé, est parfois même parfaitement inexistant … Quelle originalité, donc, de consacrer un roman entier aux religions, à leur place dans la société ! Toute la question était de savoir comment l’auteur allait-il construire une intrigue autour de cette thématique …

Seric est un jeune orphelin, élevé par une famille de paysan qui ne lui a jamais manifesté la moindre sympathie, le considérant comme une paire de bras supplémentaire pour les travaux de la ferme. Aussi, lorsqu’un prêtre de l’Église de l’Étoile du Matin lui propose de partir au Grand Temple pour suivre la formation de prêtre, il n’hésite pas une seule seconde. Après un éprouvant pèlerinage, le jeune dévot, qui n’avait jusqu’alors jamais quitté son petit village natal, arrive enfin à destination. Commence alors pour lui une existence bien différente de celle qu’il connaissait jusqu’à présent … et cela d’autant plus que sa foi va être mise à l’épreuve, tandis que les dieux du panthéon s’affrontent sans pitié par l’intermédiaire de leurs fidèles. 

Seric, notre personnage principal, n’a rien d’un héros. Plutôt naïf et insouciant, plutôt versatile et impulsif, il reste néanmoins particulièrement attachant. C’est juste un jeune homme qui n’a rien demandé à personne, qui tente de donner un sens à sa vie sans réellement savoir comment y parvenir. Les décisions sont d’autant plus difficiles à prendre pour lui qu’il va se retrouver entrainé dans un engrenage qu’il ne soupçonnait même pas, et il va rapidement devoir choisir entre vertu et vie sauve : un choix plutôt cornélien lorsque l’on sort à peine de l’adolescence ! Seric, je le répète, n’est pas un noble héros comme on en croise tant dans les récits de fantasy, qui n’ont pas peur de la mort et ne désirent ni argent ni pouvoir : il est juste humain, avec ses faiblesses et ses ambitions. Qu’il est bon de faire la connaissance d’un tel personnage, auquel on peut plus facilement s’identifier -même si j’admets avoir été à de très nombreuses reprises en profond désaccord avec ses décisions ! 

Mais la grande force de ce récit, c’est bien son univers. On sent que celui-ci a été pensé dans les moindres détails, qu’il a une vraie consistance : il ne s’agit pas d’un univers « faire-valoir » de l’histoire, mais bien d’un cadre géographique et politique sans lequel l’histoire ne pourrait avoir lieu. Les relations entre les différentes religions sont au cœur de l’intrigue, car elles sont au cœur du quotidien de cet univers : l’Église de l’Étoile du Matin s’impose progressivement comme la seule religion officielle et autorisée du Royaume, situation que les autres cultes peinent à accepter. Les conflits éclatent, plus ou moins latents, plus ou moins ouvertement, tandis que les hautes sphères, loin d’être preuve d’une foi inébranlable, sont le cadre de luttes de pouvoir et d’influence. Moi qui aime les intrigues riches et complexes, je suis servie : des mythologies cohérentes et originales, des personnages intrigants et hauts en couleur, des rebondissements inattendus et des développements intéressants, et une petite dose de magie qui vient pimenter la chose, quel régal !

Il y a, toutefois, un petit bémol à mes yeux. Le rythme est un petit peu bancal : si le début est légèrement trop long et trop lent, la seconde moitié est au contraire trop rapide et pas assez développée pour être facilement compréhensible. J’ai eu quelques difficultés à entrer dans l’histoire, car les premiers chapitres ne présentent finalement rien de très palpitant : Seric officie dans sa petite chapelle en tant que dévot, il effectue son trajet de pèlerinage jusqu’au Grand Temple, il suit sa petite vie de moine en alternant formation, charité et prière. Rien d’exceptionnel. Mais par la suite, tout s’accélère, les événements se précipitent, Seric est entrainé dans un engrenage infernal qui remet tout en question. A partir de ce moment-là, plus moyen de souffler : les événements s’enchainent, sans relâche, et j’ai eu du mal à suivre le rythme. Certaines situations me semblaient artificielles, ou tout du moins pas suffisamment développées pour être crédibles. Cette seconde moitié du récit manquait de profondeur, d’explications : je ne comprenais pas toujours pourquoi Seric en voulait à telle ou telle personne, je ne saisissais pas vraiment les intérêts politico-religieux qui se cachaient derrière telle ou telle action. J’étais perdue, tout simplement, car les choses allaient trop vite. En clair, la première moitié du roman aurait mérité à être un peu plus courte, moins détaillée, pour éviter d’ennuyer le lecteur. Et, au contraire, la seconde partie aurait gagné en consistance en étant un peu plus développée, pour éviter de perdre le lecteur. Ce n’est rien de rédhibitoire, mais ma lecture aurait été bien plus savoureuse avec un rythme un peu plus équilibré.

En bref, une histoire joliment racontée, avec une narration très simple et très fluide, qui se lit très rapidement et très facilement. S’appuyant sur une thématique rarement abordée dans la fantasy, la religion, ce récit reste toutefois assez classique : certains personnages sont finalement assez stéréotypés, certaines situations également, mais cela ne l’empêche pas d’être captivant. On s’attache assez facilement au personnage principal, bien moins aux personnages secondaires qui ne sont pas très développés, et on se laisse entrainer dans cette intrigue qui affaiblit les frontières entre le bien et le mal : Seric ne sait plus vraiment à quel Saint se vouer (littéralement parlant), et c’est particulièrement intéressant de le voir se débattre intérieurement pour savoir ce qu’il doit faire. Je regrette toutefois cette inégalité de rythme qui rend l’introduction au récit un petit peu laborieuse et le cœur de l’intrigue bien trop rapide. Je conseille cet ouvrage à tous ceux qui aiment la fantasy et qui cherchent une lecture sympathique mais sans prise de tête, un roman qui se lit d’une traite sans que l’on ne s’en rende compte, un livre avec une pointe d’originalité mais qui reste conforme aux attentes du genre.

Ce livre a été lu dans le cadre de la Coupe des 4 maisons
(plus d’explications sur cet article)

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