Faceless
Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 424
Résumé : Au cœur de la nuit, un hovercraft de fret
d’Harmattan Associés se fait abattre. Une mission digne des Black Vipers. Quand
Blayne met la main sur un chargement inattendu, le jeu commence. Le maître de
celui-ci ? On le nomme Augure et le dit terroriste ; lui se voit comme un
modeste joueur d’échecs. Il trouve en Kayla un moyen d’abattre roi et reine. La
jeune femme, mue par son amour pour Blayne, sème la discorde au sein de la
fraternité. Une occasion rêvée pour les rebelles d’agir. Et s’ils étaient, eux
aussi, contrôlés par l’Augure ?
Un grand merci à Ellen Raven
Martin pour l’envoi de ce volume (et la petite dédicace) et à la plateforme SimPlement
pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« — Ne me tourne pas le dos, Brother, fit Blayne d’un ton glacial.— Je n’ai aucun ordre à recevoir de toi, rétorqua Shadow.À quelques mètres de là, Aryan Turner s’était figé. Comme il lui fit signe de l’imiter, ainsi qu’à son assistante, Cutlaw leva un sourcil interrogatif. Son regard, à l’instar de tous les autres, se tourna vers l’échange des deux cyborgs.— Au contraire, Shadow, enchaîna Centurion. Je suis le chef des Vipers. TON chef.— Il n’y a qu’un seul chef des Vipers, et ce n’est pas toi.— Redis-le. En face.Shadow s’arrêta et se retourna, affrontant son frère.— Il n’y a qu’un seul chef des Vipers, répéta-t-il, Et. Ce n’est pas. Toi.Blayne le rejoignit à pas lents. Comme si la tension émanait réellement des deux hommes, le ciel gronda. La tempête redoubla d’intensité, fouettant leur visage, détrempant leurs os. Shadow ne bougea pas d’un iota.— Il n'y a qu'un seul chef des Vipers..., murmura Blayne. Et. Ce n'est pas. Moi.Le combat de regards continuait : aucun des deux ne flancha. Shadow ne dit mot, il n’en avait pas besoin. Soudain, sans que rien ne prédise son geste, Centurion écrasa sa mâchoire de son poing dans un coup d’une telle force qu’il manqua de la lui déboîter. »
- Mon avis sur le livre -
Vous vous souvenez de ma bonne résolution
2019, « commencer moins de nouvelles sagas » ? C’est plus facile
à dire qu’à faire … Je suis tout simplement incapable de résister à l’attrait d’une
série prometteuse, et ce même si j’ai déjà beaucoup trop de sagas en cours …
Car le problème n’est pas de commencer une nouvelle saga, finalement : le
problème, c’est de réussir à les terminer. Dans l’idéal, il faudrait que tous
les tomes soient déjà sortis, et pouvoir se les procurer en une seule fois,
pour pouvoir se faire un merveilleux marathon … Mais dans la réalité, cela fonctionne
rarement comme ça ! Heureusement, pour Project Viper, j’ai eu la chance d’avoir les deux
premiers tomes en même temps, histoire de pouvoir les lire d’affilée … un vrai
bonheur ! Mais aussi une sacrée frustration : je veux la suite
maintenant ! Et cela d’autant plus qu’Ellen Raven Martin, adorable par
ailleurs, est vraiment cruelle envers ses lecteurs : la fin est tout
simplement atroce !
Kayla en est persuadée : Blayne, son
fiancé, n’est pas mort dans l’incendie qui a ravagé leur appartement. Pour le
retrouver, pour lui présenter son fils, leur fils, pour que ce petit bébé ne
grandisse pas sans connaitre son père, la jeune femme est prête à absolument
tout. Même à s’allier avec un illustre inconnu masqué, qui se fait appelé l’Augure,
dont nul ne connait réellement les motivations. Même à se jeter dans la gueule
du loup en s’infiltrant chez Pinxit Industrie. L’arrivée de Kayla sème le
trouble au sein des Vipers : Shadow la hait viscéralement, convaincue qu’elle
n’est pas digne de confiance et qu’elle représente un danger pour la fraternité,
et par conséquent pour leur « Père », Aryan Turner … Centurion,
quant à lui, se sent inexplicablement attirée par la jeune femme, et est prêt à
lui accorder toute sa confiance. Entre les deux frères, la tension est plus
forte que jamais … Parviendront-ils à faire face à la menace que le mystérieux
Augure fait peser au-dessus de Pinxit malgré leurs différents ?
Le premier tome était très bon … mais
celui-ci est tout simplement excellent ! On entre réellement dans le vif
du sujet, dans le cœur de l’action, et c’est tout simplement époustouflant. Les
complots se multiplient, s’accumulent, se nouent, s’entremêlent : on ne
sait plus du tout qui est aux commandes de toutes ces machinations ... et on ne
peut que faire des suppositions sur les motivations réelles de ces mystérieux
meneurs. On ne sait plus à qui se fier, et surtout, on ne sait plus du tout qui
classer chez les « gentils » et qui classer chez les « méchants »
… car personne n’est réellement « gentil » dans cette histoire. Même
Kayla, qui semble au premier abord animée de la plus belle des intentions –
retrouver son fiancé pour réunir sa petite famille –, accepte finalement pour atteindre
cet objectif de sacrifier allégrement pleins d’autres personnes … L’enfer est
pavé de bonnes intentions, dit-on. Avec cette saga, la frontière finalement
assez artificielle entre le bien et le mal s’efface totalement : on le
voit parfaitement ici, c’est rarement au nom de ces grands principes qu’un
individu agit … il agit principalement pour satisfaire ses intérêts propres.
Mais la fin justifie-t-elle les moyens ? A chacun d’en juger.
Souvenez-vous : dans le premier tome,
nous avons assisté à la déshumanisation progressivement de Blayne et Skylar,
devenus Centurion et Shadow. Véritables machines de guerre humaines,
entièrement dévoués à celui qu’ils nomment Père, les deux Vipers semblent ne
plus ressentir la moindre émotion, à part peut-être la volonté farouche d’être
le favori d’Aryan Turner. On le sent, la moindre étincelle risque de mettre le
feu aux poudres et de transformer leur rivalité en véritable chaos fraternel …
Le lien qui unit Centurion et Shadow est pleine d’ambivalence, d’ambigüités, de
paradoxes. Ils sont attachés l’un à l’autre, tels deux frères, ils se sentent
responsables l’un de l’autre et n’hésiteront pas une seule seconde à tuer
quiconque fera du mal à l’autre … mais ils se haïssent, aussi, chacun étant
jaloux de la place de l’autre, de l’importance que l’autre a aux yeux de Père.
Tels deux loups alpha qui se disputent la dominance de la meute. L’arrivée de
Kayla vient rompre le semblant d’équilibre qui régnait encore : les
passions se déchainent, les divergences d’opinion s’affirment, et les voici qui
se liguent l’un contre l’autre tandis que des bribes d’humanité refont surface.
Des failles apparaissent dans leur formatage tandis que les sentiments viennent
bouleverser leur rationalité parfaite … et mettre en danger leur fraternité et
leur maitre.
Qu’il est difficile de vous expliquer
pourquoi j’ai tant aimé ce livre sans trop vous en dévoiler ! C’est un
livre bien plus « complet » qu’on ne peut le penser au premier abord :
il ne s’agit pas uniquement d’un roman bourré d’actions, de bagarres, de sang …
Il ne s’agit pas uniquement d’un roman riche en rebondissements, en mystères,
en complots et machinations socio-économico-politico-idéologiques. A travers
ces histoires se pose finalement de grandes questions sur la nature humaine,
sur le transhumanisme, sur la moralité, sur l’évolution de notre société. C’est
discret, mais c’est présent en arrière fond. J’aime vraiment beaucoup …. Et
cela d’autant plus que la plume de l’autrice est encore mieux maitrisée que
dans le premier opus : c’est vraiment bien écrit, le style est vraiment riche,
le rythme est superbement géré. C’est un livre qui se lit sans s’en rendre
compte, tant la narration se calque avec brio sur ce qui est raconté : ça
coule tout seul. Seules questions scènes d’action m’ont un peu perdue, mais
rien de bien grave …
En bref, vous l’aurez bien compris, si j’avais
beaucoup aimé le premier opus, j’ai amplement préféré ce second tome ! Une
fois encore, Ellen Raven Martin n’épargne si ses personnages ni ses lecteurs :
âmes sensibles s’abstenir, et surtout, ne lisez pas pendant les repas !
Aussi étonnant que cela puisse paraitre quand on connait les personnages, qui n’ont
rien de vrais héros honorables, on s’attache énormément à Blayne, Shadow, Kayla
… Ils sont, finalement, victimes du hasard : ils sont nés au mauvais
endroit au mauvais moment et se retrouvent bien malgré eux au cœur de conflits
et complots qui les dépassent et leur volent leur existence. On les plaint …
mais un peu seulement, car ne nous voilons pas la face : sans leurs
souffrances, physiques et psychologiques, l’histoire serait drôlement moins
captivante et palpitante ! Des histoires de rébellions et de machinations,
il y en a plein, mais celle-ci se démarque des autres justement parce que la
douleur de ces protagonistes est le fil-rouge de l’intrigue … A moins que ce ne
soit la douleur du lecteur n’ayant pas le tome suivant sous la main ?!
Ce livre a été lu dans le cadre du Tournoi des 3
Sorciers
(plus d’explications sur cet article)
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