mercredi 15 décembre 2021

Jonathan Sato et les armures d'or - Jean-François Morin

Jonathan Sato et les armures d’or, Jean-François Morin

 Editeur : Le lac aux fées

Nombre de pages : 424

Résumé : Après être devenu alchimiste malgré lui, le jeune Jonathan Sato doit désormais quitter sa famille pour apprendre à maîtriser ses nouvelles capacités. Guidé par le légendaire Samérion et accompagné de sa sœur Emy et de son ami Jany, il entame alors un long voyage qui doit le conduire sur l’île d’Alméria. Mais cette quête va se révéler plus périlleuse que prévue. Car sur leur chemin, au cœur des montagnes, ils devront récupérer et protéger les mythiques armures d’or tant convoitées par le terrible Odon Lémoras.

 Un grand merci  aux éditions Le lac aux fées pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.

 

- Un petit extrait -

« Dès les premières lueurs, le soleil arborait son plus bel éclat, à l’instar de tous les matins de ce début de printemps exceptionnellement sec et ensoleillé. Mais ce n’était pourtant pas une journée habituelle, car aujourd’hui, les rayons du soleil éclaireraient le chemin du premier jour de notre voyage. Un voyage d’une durée encore incertaine. Deux mois ? Trois mois ? Un an ? Plusieurs années ? C’était cette perspective inconnue qui rendait notre départ si douloureux. Principalement pour Emy, Jany et moi. Nous, de jeunes enfants de neuf et onze ans, qui n’étions pas préparés à quitter si tôt nos repères et nos familles …. »

- Mon avis sur le livre -

 Dans la conclusion de ma chronique du premier opus, je vous faisais part de mon désarroi à l’idée de devoir attendre neuf mois avant de découvrir enfin la suite de l’histoire … Pour tout vous avouer, même s’il m’est souvent arrivé de resonger aux aventures de nos petits héros (surtout au moment de conseiller des amoureux de fantasy), je n’ai pas vraiment eu l’occasion de me languir autant que je l’imaginais de la suite : malgré tous mes efforts pour ralentir la cadence et souffler un tantinet, les services presse n’ont cette année encore cessé de s’accumuler sur ma table de chevet … j’ai été bien occupée ces derniers mois ! Le hasard a voulu que le deuxième tome de Jonathan Sato soit également … le dernier service presse de cette infernale pile : ça y est, je suis venue à bout de tous mes engagements ! Autant vous dire que cette perspective réjouissante m’a drôlement aidé à savourer encore plus ce volume tant attendu : la pression s’étant envolée de mes épaules, je me sentais suffisamment détendue pour profiter sereinement et tranquillement de ma lecture, sans m’inquiéter de savoir si j’allais réussir à tenir tous les délais encore à venir. Après l’effort, le réconfort, dit-on souvent : retrouver Jonathan et ses compagnons a assurément été le meilleur réconfort possible après ces mois d’efforts pour garder la tête hors de l’eau !

Suite à leurs incroyables découvertes dans les souterrains oubliés, Jonathan, Jany et Emy doivent désormais apprendre à contrôler leurs capacités naissantes d’alchimiste blanc ou d’almas … tout en consolidant leur lien tout neuf avec leurs dragonneaux respectifs. Face au danger grandissant que représentent le terrible alchimiste rouge Odon Lémoras et son armée, il n’y a plus un seul instant à perdre : non seulement les trois enfants doivent absolument être mis en sécurité pour effectuer leur apprentissage sans risque, mais leur mentor Samérion doit également absolument récupérer les armures d’or des anciens alchimistes blancs pour éviter qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains. Malgré la peine de quitter leur famille, malgré la peur de faire de nouvelles rencontres, les trois enfants ont terriblement hâte de découvrir l’ile d’Alméria, demeure ancestrale des fées et de leurs alliés alchimistes blancs. Mais leur long voyage ne sera pas de tout repos : entre les cols à franchir, les rivières à traverser, et les inévitables embûches et mauvaises rencontres, le chemin semble s’allonger et se compliquer de jour en jour. Parviendront-ils à trouver ces mystérieuses armures d’or dont semble dépendre l’issue de cette nouvelle guerre alchimique ? Arriveront-ils sains et saufs à destination ? Et surtout, sauront-ils garder confiance en eux-mêmes et les uns envers les autres, coute que coute ?

Quel bonheur de retrouver les petits Jonathan, Jany et Emy pour de nouvelles aventures ! Et quelle aventure ! Rien de moins qu’un grand voyage au cœur de l’inconnu digne des plus grandes épopées : la fantasy est friande de ces longues et périlleuses expéditions où nos héros doivent affronter la fatigue et les douleurs, leurs ennemis et leurs peurs, tandis que s’égrène un compte à rebours inflexible. Une saga de fantasy sans un tel périple, c’est un peu comme un éclair au chocolat sans chocolat : ça n’a assurément aucune saveur ! Quel bonheur, donc, de partir sur les routes aux côtés de nos braves petits héros, de leurs adorables petits dragons et de leurs sages et puissants compagnons ! Quel bonheur également de découvrir un peu plus ce monde, si différent du nôtre et pourtant, étrangement, fort familier : l’auteur a vraiment su jouer sur les cordes « sensibles » pour donner au lecteur le sentiment de se sentir comme chez lui. A vrai dire, je rêve de me glisser dans cet univers et d’aller m’installer dans l’un de ces petits villages montagnards, où règnent la joie, la convivialité, la solidarité, la quiétude. Le lecteur voyage, chemine, lui aussi : il redécouvre la paix, la sérénité, la douceur, la lenteur … tant de choses oubliées dans notre temps où les mots « toujours plus » semblent prédominer. Je le disais déjà dans le premier tome, mais c’est vraiment cette ambiance « champêtre et familiale » qui me marque le plus dans cette saga : ça fait du bien !

Malgré tout, cet opus est nettement moins léger que le premier : doucement, mais sûrement, on s’oriente vers un récit plus sérieux, plus profond. Il y a le retour des alchimistes rouges, dévorés par la soif de pouvoir, de puissance, de gloire, de vengeance : ils aiment inspirer la peur, ils aiment se sentir plus grands et plus forts que les autres, ils aiment les écraser pour assouvir leur désir démesuré de domination absolue … Leur ombre plane sans cesse, soit dans leurs attaques, soit dans les souvenirs effrayés de nos petits héros. Ces derniers eux-mêmes quittent progressivement cette innocence et cette insouciance propre à l’enfance : confrontés à la dure réalité de la vie, ils murissent à vue d’œil. Pauvres, pauvres petits ! On ne peut que les plaindre : du jour au lendemain, ils doivent non seulement quitter leur famille, leur maison, leur vie quotidienne, pour affronter l’inconnu, mais en plus ils doivent lutter pour leur survie … et celle de leurs dragonneaux, dont ils ont l’entière responsabilité. Ils vont être confrontés à des scènes horribles qu’aucun enfant ne devrait vivre … Et tout ceci va les conduire à se poser des questions. Jusqu’à présent, ils ne voyaient que le « côté lumineux » de l’alchimie, mais ils vont progressivement comprendre que « de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités », que les choses sont loin d’être aussi simples qu’ils ne le pensaient et qu’il faut parfois prendre de dures décisions quand on poursuit un idéal, aussi juste et beau soit-il ....

Notre petit héros principal, Jonathan, est assurément celui qui va subir la plus grand tourmente existentielle, et qui va donc connaitre l’évolution la plus « spectaculaire ». Fils de chevaliers, ainé de sa fratrie, il est celui qui a embarqué son meilleur ami et sa petite sœur dans toute cette histoire : on le sent, confusément, il se sent responsable d’eux et se sent donc aussi coupable. Mais ce fardeau est bien lourd à porter pour un garçon aussi jeune … C’est donc tout naturellement que, incapable de tout supporter sur ses seules épaules, il va rejeter (et pas complétement à tort) une partie de cette responsabilité sur celles de Samérion, leur « mentor », leur « guide », qui semble ne jamais tout leur dire, qui leur fait prendre tous ces risques sans vraiment leur expliquer le pourquoi du comment, qui attend d’eux qu’ils se comportent comme de parfaits petits alchimistes mais qui continue en même temps à les traiter comme des bébés. Oui, Jonathan a quelques bonnes raisons d’être en colère … mais le problème de la colère, c’est qu’elle rend aveugle, et qu’elle s’appuie sur nos peurs pour grossir plus que de raison, jusqu’à envahir tout le reste. C’est vraiment intéressant, car Jonathan est assurément un très gentil petit garçon, au très grand cœur, qui ne veut que le bien … mais cela ne va pas l’empêcher d’être injuste, d’être même méchant par moment. Et c’est cela aussi qui le rend si attachant : il ressemble à l’enfant que nous avons été, et on se sent proche de lui.

En bref, vous l’aurez bien compris je pense : ce fut une immense joie de cheminer à nouveau aux côtés de nos trois petits héros, de vivre à travers eux ces aventures parfois fabuleuses, parfois effroyables. On se laisse vraiment entrainer par les aventures et mésaventures de ce petit groupe de voyageurs, de ces trois enfants et de leurs dragonneaux, de ce vieil alchimiste et de ses amies fées : on tremble pour eux, on pleure pour eux, on souffre pour eux … Ce qui est assez incroyable, finalement, c’est que malgré la « simplicité » de l’intrigue (il ne s’agit, finalement, « que » d’un voyage d’un bout à l’autre d’une contrée, malgré quelques embûches qui restent assez classiques et même répétitives), on se laisse vraiment pleinement, totalement, parfaitement et absolument entrainer par l’histoire ! Difficile de vous dire exactement pourquoi, je n’en sais rien moi-même, mais le fait est là : j’ai beau avoir lu des tas de livres plus « riches en rebondissements » que celui-ci, peu ont su me happer à ce point ! Peut-être parce que cette « simplicité » rend aussi l’histoire plus « crédible », plus « réaliste », parce que du coup on arrive plus aisément à s’y projeter, à s’imaginer à leur place, je ne sais pas, mais une chose est sûre et certaine : c’est un roman dont on ne voit pas les pages défiler, ça se lit remarquablement bien, et on est vraiment surpris (et triste) lorsqu’arrive la fin ! Vivement la suite, donc !

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