Editeur : l’école des loisirs
Nombre
de pages : 200
Résumé : Lorsqu’elle découvre l’étonnante lettre de
Max, Flora est à la fois heureuse et troublée, elle reçoit peu de courrier
depuis qu’elle est en prison… Que peut bien lui vouloir ce garçon excentrique
qui semble persuadé qu’ils ont des points communs ? Que peut-il partager avec
une lycéenne condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille
qui la harcelait ? Max ne tarde pas à révéler qu’il vit lui aussi enfermé. Il a
quitté le lycée après une grave crise d’angoisse, depuis, il ne peut plus mettre
un pied dehors et vit retranché chez lui, avec ses livres, son ordinateur, son
chat gourmet et son ukulélé …
- Un petit extrait -
« Il y a beaucoup de choses qui m'échappent chez les humains (le fait qu'ils soient si peu humains principalement). [...] Je te disais que je ne supportais pas la violence physique. Mais je ne supporte pas davantage la violence psychologique des rapports humains habituels. La réalité est trop dure pour moi. J'ai l'impression que la vie quotidienne passe son temps à me tabasser. »
- Mon avis sur le livre -
Il y a bien des années de cela, alors que je
n’étais encore qu’une petite collégienne bien trop timide, qui passait plus de
temps le nez plongé dans des romans qu’à échanger avec les autres élèves, j’ai
tenté d’écrire en duo avec une amie rencontrée sur un forum de lecture. Autant
vous dire que l’expérience n’a pas été très concluante : nos très
nombreuses tentatives sont rapidement tombées à l’eau, et même si nous nous
étions bien amusées à s’échanger des centaines de bouts de chapitres que nous
collions les uns aux autres, force est de reconnaitre que nous n’étions pas
prêtes pour cet exercice fort délicat. A partir de ce moment-là, mon respect
pour les duos d’auteurs s’est transformé en profonde admiration : après
avoir touché du doigt la difficulté qui se cache derrière l’écriture à quatre
mains, je ne peux que m’incliner face à ceux qui réussissent là où nous avons
lamentablement échoué … Alors, avant même de commenter plus en profondeur cet
ouvrage : toutes mes félicitations à Martin Page et Coline Pierré !
Pour avoir violemment frappée l’élève qui la
harcelait et la persécutait depuis le début de l’année scolaire, Flora est
condamnée à six mois d’emprisonnement dans un établissement pénitentiaire pour
mineurs. Depuis plusieurs mois maintenant, Max est tout simplement incapable de
poser un pied dehors : agoraphobe, le jeune homme angoisse à la seule idée
de sortir de chez lui. Jour après jour, semaine après semaine, ces deux
adolescents vont s’échanger des lettres. Mot après mot, phrase après phrase,
ils apprennent à se connaitre : ils confient à l’autre leurs rêves, leurs
doutes, leurs peines, leurs peurs. Les petits et gros tracas du quotidien, les
grandes questions sur le monde et sur la vie. Ils se réconfortent mutuellement,
solidaires dans leur enfermement respectif. Parce qu’à deux, on est toujours
plus forts pour faire face aux problèmes, pour trouver des solutions, pour
croire que, peut-être, les choses s’arrangeront un jour …
Je dois bien le reconnaitre : j’étais
plutôt hésitante à l’idée de commencer ce roman épistolaire. C’est un genre que
je lis assez rarement, pour la simple et bonne raison que jusqu’à présent,
aucun ne m’avait vraiment convaincue … J’ai l’immense honneur de vous annoncer
que La folle rencontre de Flora et Max m’a quelque peu réconciliée avec l’épistolaire ! Car autant le
dire tout de suite : j’ai tout simplement adoré ce livre ! J’ai bien
sûr quelques petites choses à lui reprocher, en particulier le fait qu’il
présente l’enfermement de Max comme un « choix volontaire » alors qu’on
subit l’agoraphobie ou la phobie sociale – cela nous fait presque passer pour
des fainéants qui se la coulent douce chez eux, alors que nous aimerions bien
être capable de sortir sans faire de crise de panique, c’est très loin d’être
une situation confortable ou enviable et je trouve ça un peu dommage que ça ne soit
pas plus visible –, mais cela ne m’a nullement empêchée de savourer et d’apprécier
toutes les pages de ce roman aussi bref que puissant.
J’ai été d’autant plus émue par ce livre que
je me suis sentie très proche des deux personnages, et tout particulièrement de
Max. Il faut dire que lui et moi avons bien des points en commun … Depuis
maintenant cinq ans, ma phobie sociale s’est considérablement aggravée, et je
ne sors plus de chez moi qu’en de très rares occasions : pour sortir me
promener en forêt – en arpentant inlassablement les chemins les moins
fréquentés pour être sûre de ne croiser personne – et pour voir divers
thérapeutes jusqu’à présents incapables d’extirper de mon être les centaines de
peurs qui m’empêchent d’avancer. Autant vous dire que l’histoire de ce jeune
homme m’a beaucoup touchée, et que j’ai plus d’une fois hocher la tête pour
approuver ses propos : je me reconnaissais vraiment dans ses mots, et c’est
étrangement réconfortant de se sentir sur la même longueur d’onde qu’un
personnage de fiction. Mais j’ai également des points en commun avec Flora :
comme elle, j’ai été harcelée, et j’ai donc eu beaucoup de peine pour elle, qui
n’a jamais été reconnue comme victime à cause de son explosion de violence qui
a conduit sa tortionnaire à l’hôpital.
Vous l’aurez deviné en lisant ces quelques
lignes : ce roman aborde des sujets très difficiles. Les troubles
psychiatriques, le harcèlement scolaire, le milieu carcéral … C’est la vie dans
tout ce qu’elle a de plus sombre, de plus impitoyable. Il y a l’injustice et l’hypocrisie,
l’intolérance et l’indifférence. Et surtout, il y a la souffrance et la
désespérance. Certains passages sont assez déchirants, car on s’attache
tellement à deux nos jeunes héros qu’on a mal pour eux, qu’on est triste pour
eux, qu’on a envie de hurler pour eux. Mais malgré tout, c’est un livre
incroyablement lumineux, dont on ressort étrangement apaisé et joyeux. Flora et
Max se réconfortent mutuellement, et réconfortent le lecteur par la même
occasion. C’est parfois drôle, souvent émouvant, et toujours d’une douceur et d’une
bienveillance inespérée. Leur amitié est si belle que j’en ai eu le souffle
coupé : sans jamais s’être rencontré, ces deux jeunes à la fois si
différents et si semblables semblent se comprendre comme s’ils se connaissaient
depuis toujours. C’est un livre qui fait du bien, un livre qui redonne foi au
lendemain …
En bref, vous l’aurez bien compris, en dépit
d’un petit détail qui m’a quelque peu chagrinée, j’ai tout simplement adoré ce
roman, qui se lit si vite qu’on se demande où sont passés les deux-cent pages. C’est
un récit d’une simplicité inouïe, mais surtout d’une justesse fabuleuse :
on a vraiment le sentiment que Max et Flora existent, quelque part, et que ce
sont réellement eux qui se sont échangés ces lettres durant quelques mois.
Cette impression d’authenticité est sans doute due au fait que les deux auteurs
ont joué le jeu jusqu’au bout et ont véritablement entretenu cette
correspondance épistolaire ! C’est un roman très profond, qui pose de grandes
questions sur notre mode de vie, sur les rapports que nous entretenons avec nos
semblables, sur le sens de l’existence … Flora et Max ont beaucoup de choses à
nous dire, et beaucoup de choses à nous apprendre, et c’est un vrai délice que
d’être le témoin privilégié de cette amitié naissante, de ces échanges qui
rendent la vie un peu plus douce même dans les moments les plus durs. Un petit
livre que je conseille donc bien volontiers, à découvrir quand on a besoin d’un
peu de lumière pour affronter la sombre réalité …
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