Ellana : La prophétie
Editeur : Rageot
Nombre
de pages : 1158
pour l’intégrale
Résumé : Désormais marchombre accomplie, Ellana a
rejoint Ewilan, Edwin et Salim. Alors qu’elle croit avoir enfin trouvé l’amour
auprès d’Edwin, les mercenaires du Chaos menacent la guilde et l’Empire,
s’appuyant sur une antique prophétie…
- Un petit extrait -
« Au moment où Sayanel était entré dans la salle, une paix prodigieuse était descendue sur elle.Elle savait pourtant qu'il serait là, ils en avaient parlé à plusieurs reprises, mais le voir lui donnait le sentiment que le dernier élément d'un puzzle se mettait en place, qu'un cycle s'achevait.Ce qu'elle avait vécu depuis sa naissance, ce que la voie du marchombre lui avait permis de découvrir, ses certitudes et ses choix, prenaient tout à coup un sens qui étendait ses ramifications au-delà de son être.Elle eut soudain l'impression que Jilano se tenait près d'elle.Qu'aux côtés de Jilano se tenait Esîl qui avait guidé ses pas.Qu'aux côtés d'Esîl se tenait le maître marchombre qui lui avait enseigné la voie.Qu'une chaîne ininterrompue de marchombres à la fois maîtres et élèves la liait aux origines du monde.L'impression que, devenue elle-même maillon de cette chaîne, elle contribuait à un dessein qui, en les dépassant, leur permettait de se surpasser. »
- Mon avis sur le livre -
Comme vous l’aurez sans doute remarqué à l’ordre
des articles (qui suivent mon ordre de lecture), j’ai choisi de relire les
trois trilogies selon l’ordre chronologique de l’histoire : d’abord les
deux premiers opus du Pacte, ensuite
les deux trilogies d’Ewilan, et enfin l’ultime tome du Pacte … Je tiens tout de même à remarquer que je
ne conseille absolument pas cet ordre de lecture (quelque peu chaotique :
je reconnais que c’est surprenant de couper ainsi une trilogie en deux pour en
intercaler d’autres au milieu) à ceux qui découvrent la saga pour la toute
première fois. Dans ce cas-là, il est amplement préférable de suivre l’ordre de
parution, à savoir : en premier la Quête d’Ewilan, en second les Mondes d’Ewilan, pour terminer en beauté avec le Pacte des
Marchombres. En effet, il y
a une réelle évolution, tant dans le fond que dans la forme, et commencer par
le Pacte (la plus « aboutie »
des trois trilogies) risque d’entrainer une sérieuse déconvenue au moment de se
plonger dans la Quête (qui est
bien plus « enfantine »). Toutefois, une fois qu’on connait bien l’univers,
je trouve que c’est une expérience vraiment intéressante de remettre les
événements dans le bon ordre !
A chaque fois qu’Ellana pose son regard sur
le petit corps endormi de son fils, Destan, elle redécouvre pleinement le sens
du mot « bonheur ». A chaque fois que ses pensées se tournent vers
Edwin, son compagnon, son cœur menace d’exploser dans sa poitrine. Et à chaque
fois qu’elle observe son apprenti Salim, elle est envahie de fierté. Il a suffi
de quelques secondes aux Mercenaires du Chaos pour mettre fin à cette plénitude …
Mortellement blessée, Ellana souffre cependant bien plus de l’enlèvement de son
fils et de la mort de tous ceux qui lui sont chers que de cette plaie
sanguinolente. Alors que la mort se rapproche, la jeune femme parvient à
utiliser un de ces arbres-passeurs qui permettent à qui sait les utiliser de se
déplacer d’un lieu à l’autre. Soignée par ses « pères adoptifs »,
Ellana n’a qu’une seule et unique idée en tête : retrouver son fils, et
venger la mort de son compagnon et de son apprenti … Pendant ce temps, dévastés
par la disparition de Destan et la mort d’Ellana, Edwin, Salim et Ewilan
mettent tout en œuvre pour retrouver le petit garçon et venger sa mère …
Pourquoi s’encombrer de longues phrases quand
un seul mot (éventuellement complété d’un adverbe) suffirait pour décrire ce
livre ? Absolument parfait, voilà ce qui résume tout ce que j’ai à dire à
propos de cet ultime volume. Et encore, même ce mot n’est pas assez fort pour
exprimer la puissance de ce roman, qui éclipse à lui seul les huit autres tomes
lus précédemment. Car ce livre, c’est vraiment le condensé dans sa forme la
plus accomplie de tout ce que Pierre Bottero nous avait déjà offert jusqu’à
présent. C’est l’aboutissement de toutes ces aventures en Gwendavalir,
l’apothéose de toutes ces péripéties qui semblaient avoir pour seul et unique
but de nous amener vers ce final qui m’a secouée, bouleversée, émue … Il y a
une puissance vraiment inouïe dans ce récit : du début à la fin, l’émotion
est pleinement au rendez-vous. C’est un déchirement vraiment atroce que de voir
Ellana et Edwin, chacun de leur côté, complétement dévastés par la mort de l’autre.
C’est d’autant plus terrible que le lecteur, lui, sait parfaitement bien qu’ils
sont tous deux vivants, et cela ne rend leur souffrance qu’encore plus
insupportable. J’ai éclaté en sanglots à de si nombreuses reprises,
complétement ravagée par leur peine qui suintait à travers chaque phrase.
Mais rassurez-vous, ce roman est loin, très
loin de se limiter à cette seule douleur. Bien au contraire. Bjorn l’exprime
bien : « La gloire, l’amitié, une quête impossible … il baignait dans
le bonheur », tout comme le lecteur, qui assiste avec stupéfaction mais
ravissement à l’improbable, pour ne pas dire l’impossible. « Ellana
connaissait énormément de monde, des guerriers valeureux qui, lorsqu’ils
apprendront que son fils est en danger, n’hésiteront pas à se joindre à nous,
surtout si cela leur offre la possibilité de la venger » … Plus que jamais,
l’amitié est la force de nos héros. C’est au nom de cette amitié, une amitié
indestructible, une amitié indescriptible, que vont converger des individus de
tous les horizons, des ennemies de toujours qui vont cette fois-ci avancer main
dans la main vers le même objectif. Certains passages sont d’une puissance
incroyable et m’ont tiré les larmes aux yeux, car quoi de plus émouvant que de
voir ces milliers de personnes réunis pour sauver le petit Destan des griffes
maléfiques des Mercenaires du Chaos ? « Nous ne formons qu’un et ce un-là est
invincible », voilà comme Edwin, qui « avait beau être mort, était
bouleversé » s’adresse à tous ceux qui se sont déplacés pour le soutenir
dans sa quête …
Beaucoup d’émotions, donc, mais également de
l’action. Moins que dans les autres, assurément, mais suffisamment pour nous tenir
en haleine, pour la simple et bonne raison qu’elle est bien dosée, qu’elle
arrive toujours à point nommé. Ni trop, ni pas assez. Pierre Bottero était
vraiment un maitre pour trouver l’équilibre en toute chose. Du moins à mes
yeux. Je sais que certains lecteurs ont été décontenancés, voire même agacés,
par les nombreux retours en arrière qui parsèment le récit, ces flash-backs qui
permettent de faire le lien entre la fin des Mondes d’Ewilan et cet opus … Pour ma part, je n’ai
absolument rien à redire : j’ai adoré cet incessant va et vient entre le
passé et le présent, j’ai apprécié découvrir ce qu’il s’est passé durant ces
quelques années qui séparent les deux livres. Car comment apprécier le
marchombre accompli qu’est devenu Salim sans suivre son apprentissage, par
exemple ? Non, vraiment, j’ai du mal à voir comment on peut avoir envie de
« sauter » ces passages comme certains l’affirment, car ils font
pleinement partie de l’intrigue et la rendent tellement plus riche encore !
Equilibre enfin entre la lourdeur et la légèreté : alors même que tout
semble perdu, il y a toujours cette lumière d’espoir. J’ai beaucoup apprécié de
revoir Oukilip et Pilipip : ils sont une vraie bouffée d’air frais dans
cette noirceur ! J’ai également beaucoup aimé Doudou : chacune de ses
apparitions fait tellement de bien !
En bref, vous l’aurez bien compris, cet
ultime opus fait clairement parti des plus beaux livres que j’ai eu l’honneur
de pouvoir lire, et je pourrais vous en parler des journées entières sans
réussir à exprimer totalement la puissance de cet ouvrage. Je suis vraiment
ébahie, époustouflée, ahurie, émerveillée, abasourdie, estomaquée par l’intensité
de ce récit : non seulement l’histoire est vraiment magnifique, mais la
plume de l’auteur l’est tout autant. Vraiment, Pierre Bottero s’est surpassé
pour nous offrir ce grand final en apothéose, qui relie habilement toutes les
trilogies pour mieux nous happer. Tantôt tendre et émouvant, tantôt triste et
déchirant, c’est un gros roman qui se dévore sans que l’on ne s’en rende
vraiment compte. On tourne chaque page comme si notre vie en dépendant, comme
si la mort nous guettait si l’on s’arrêtait, car on est totalement et
pleinement envahi par cette histoire. Et j’ai beau avoir pleuré toutes les
larmes de mon corps, je ne peux qu’affirmer une seule chose : ce livre est
si beau, si beau que je n’aurai jamais pensé que c’était possible. Vraiment,
pour mettre fin aux escapades du lecteur en Gwendalavir, il n’y a pas mieux :
c’est une fin vraiment si jolie, si réjouissante, après toute cette souffrance,
toutes ces difficultés … Un régal, tout simplement !
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