Editeur : Monsieur Toussaint Louverture
Nombre de pages : 541
Résumé : C’est dans les fourrés de collines verdoyantes et idylliques que se terrent parfois les plus terrifiantes menaces. C’est là aussi que va se dérouler cette vibrante odyssée de courage, de loyauté et de survie. Menés par le valeureux Hazel et le surprenant Fyveer, une poignée de braves choisit de fuir l’inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, malices et légendes vont guider ces héros face aux mille ennemis qui les guettent, et leur permettront peut-être de franchir les épreuves qui les séparent de leur terre promise, Watership Down. Mais l’aventure s’arrêtera-t-elle vraiment là ?
« Les bêtes, a-t-il-dit, ne se comportent pas comme les hommes. S'il faut se battre, elles se battent ; s'il faut tuer, elles tuent. Elles ne passent pas leur temps à inventer des moyens d'empoisonner l'existence des autres créatures ou de leur faire du mal. Elles sont pétries de bestialité et de dignité. »
A l’heure où est posté cet article (vive la prépublication programmée), je peux désormais le confesser haut et fort : j’ai commandé ce live afin de l’offrir à Noël à une amie chère … et je l’ai très subtilement détourné afin de le lire avant de lui envoyer ! A ma décharge, il me semble humainement impossible de résister à l’attrait de ces adorables petites boules de poils que sont les lapins ainsi qu’à cette magnifique édition de chez Monsieur Toussaint Louverture, et en plus il me fallait un titre commençant par W pour terminer un défi sur un challenge … Et puis, il fallait bien que je m’assure personnellement que l’histoire avait une chance de plaire à mon amie avant de l’emballer, n’est-ce pas ? Vous l’aurez bien compris, toutes les excuses étaient bonnes pour découvrir enfin ce fameux ouvrage dont je ne cessais d’entendre parler autour de moi ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je me joins désormais à l’immense foule clamant les louanges de cet ouvrage : quel formidable roman, à faire lire aux petits comme aux plus grands !
Hazel était plutôt heureux dans sa garenne natale. Certes, tout n’y était pas toujours rose, en particulier pour les lapins les plus frêles qui peinaient à s’intégrer dans la colonie, mais il y avait suffisamment d’herbe pour que tous les habitants puissent y farfaler tranquillement, les prédateurs et les hommes n’y étaient pas trop nombreux, et les terriers étaient pratiques et confortables … Jusqu’au jour où son jeune frère, Fyveer aux prémonitions infaillibles, prédit une catastrophe imminente qui ravagera tout sur son passage. Faisant fi de l’interdiction du Maitre de la garenne, qui refuse de prêter attentions aux prophéties d’un petit jeunot, Hazel quitte cette terre qui fut toujours son foyer. Accompagné d’un petit groupe de lapins déterminés, il part en quête d’un nouvel havre de paix pour finir paisiblement ses jours. Mais leur exode ne sera pas de tout repos, les embûches seront nombreuses à se dresser sur leur route, et nos braves lapins devront ruser et lutter pour rejoindre ces collines qui, selon Fyveer, leur fourniront sécurité et prospérité …
Ne vous laissez pas tromper par les apparences, car rappelez-vous que celles-ci sont souvent trompeuses : contrairement à ce qu’on peut imaginer, ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une « histoire de lapins » que nous sommes en présence d’un ouvrage destiné à la jeunesse ! Je dirais même : bien au contraire. L’éditeur nous promet « une épopée sombre et violente, néanmoins parcourue d’espoir et de poésie », et je pense que c’est la meilleure des descriptions possibles. Car cette histoire, c’est avant tout une lutte impitoyable pour la survie : saut après saut, ces petits lapins sans défense affrontent tous les dangers du monde dans l’espoir fou de trouver la terre promise. C’est une formidable histoire de courage et de dépassement de soi : imaginez donc la bravoure et la persévérance de ces lapins qui affrontent l’inconnu sans savoir ce qui les attend au bout du chemin ! A chaque instant, ils risquent le tout pour le tout, rivalisent d’ingéniosité et de vaillance, s’entraident coute que coute, poussés par un instinct de survie qui dépasse tout ce que nous, pauvres humains, pouvons bien imaginer. Ces lapins nous offrent une leçon de dignité mais aussi d’humilité …
Nous ne sommes pas des lapins – et c’est sans doute bien dommage –, mais le temps de quelques centaines de pages, nous vivons cette terrifiante épopée comme si nous étions des lapins. Nous voyons, entendons et sentons le monde comme si nous avions désormais de longues oreilles et un petit museau frémissant. Car l’auteur a réussi l’incroyable et l’admirable pari de nous immerger complétement dans cette société lapine : au fil du récit nous sont relatées les fabuleuses légendes que racontent les hases à leurs lapereaux, au fil du récit nous apprenons à « parler le lapin » sans même nous en rendre compte, au fil du récit nous apprécions le moindre rayon de soleil ou sursautons au moindre bruit annonciateur de danger. On sent que l’auteur s’est très longuement documenté sur les us et coutumes de ces petits animaux que nous trouvons mignons sans nous y intéresser plus que cela … et il a su intégrer ce sens du réalisme et du détail au cœur de cette fiction. D’ailleurs, comment affirmer qu’il s’agit bien d’une simple fiction ? Petit à petit, nous y croyons : oui, Hazel et ses compagnons ont réellement effectué ce périple !
Dernier point que je souhaite aborder, et pas des moindres : la plume de l’auteur. Je suis tout simplement ébahie par ce style, qui correspond finalement à tout ce que je recherche inconsciemment quand j’ouvre un livre. C’est une narration à la fois atrocement sérieuse et admirablement ironique, une narration à la fois incroyablement incisive et fantastiquement poétique. Les descriptions sont d’une beauté à vous couper le souffle : on a réellement le sentiment d’être transporté dans cette garenne anglaise, de savourer la douce chaleur de la terre et de humer la subtile flagrance de l’herbe fleurie. La nature s’incarne à travers les mots pour mieux vous émerveiller … Car il y a, bien caché derrière cette formidable aventure, une véritable ode à notre terre et à tous ses habitants, y compris et surtout les plus « insignifiants », ceux qui ne peuvent que subir la folie de l’homme, ceux qui vivent en harmonie avec leur environnement et qui souffrent donc à chaque blessure que nous infligeons à la nature. Mais c’est aussi une narration pleine de vie, une narration pleine d’émotions qui vous captive tant et si bien que vous tremblez d’impatience de connaitre le fin mot de l’histoire !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un récit surprenant mais exceptionnel que nous offre ici l’auteur, une épopée incroyablement palpitante, follement captivante et admirablement prenante qui a su surpasser toutes les attentes (pourtant fort élevées) que je plaçais en ce roman. Derrière son apparente simplicité – « ouais, c’est une histoire de lapins, quoi », pourrait-on être tenté de dire pour le présenter –, c’est un récit d’une richesse, d’une complexité et d’une profondeur incroyable que le lecteur découvre en se plongeant dans cet ouvrage. Que tous ceux qui hésitent encore, craignant qu’il soit trop « enfantin » parce que les héros sont des animaux, balaient d’un revers de la main toutes leurs réticences et qu’ils courent immédiatement en librairie pour le découvrir ! Et que tous ceux qui aiment les animaux mais ne lisent pas d’aventure ou de fantasy osent élargir leurs horizons littéraires ! Car c’est vraiment un roman extraordinaire, audacieux et fascinant, que je conseille sans la moindre restriction et que je relirai vraisemblablement bien souvent (du moins, une fois que j’aurai repassé commande chez l’éditeur) !
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